Metz : Charles de Gaulle et la traversée du désert

Historien local, Christian Fauvel nous emmène sur les traces du général de Gaulle à Metz, photographié par Paul de Busson.

Charles de Gaulle, écœuré par le régime exclusif des partis et la défense de leurs petits intérêts mesquins, démissionne de ses fonctions de président du gouvernement provisoire de la République française le 20 janvier 1946 et entame sa traversée du désert durant laquelle il crée le Rassemblement du peuple français (RPF). Il espère ainsi bousculer les partis et l’opinion. Pour cela, il sillonne la France. Les politiques en place, communistes en tête, ripostent avec cynisme et le gouvernement décide de retirer au général le droit aux honneurs militaires.

Charles de Gaulle revient une deuxième fois à Metz après la Libération, le 30 juin 1948. Il porte à son bras droit un brassard noir, portant le deuil de sa fille Anne. C’est le chef du RPF qui est reçu à Metz et le gouvernement en profite pour rappeler aux autorités locales l’interdiction de lui rendre les honneurs militaires.

Ceci provoque la colère du député-maire Raymond Mondon qui appelle les Messins à venir clamer leur attachement au libérateur de la France.

Tour de passe-passe

Le tour de passe-passe consiste à inclure dans la visite, des manifestations patriotiques et du souvenir comme l’inauguration du monument aux morts du Sablon et la pose d’une plaque du souvenir en mémoire au général Delestraint, ancien chef de Charles de Gaulle au quartier Lizé, grand résistant organisateur de l’Armée secrète, mort en déportation à Dachau le 19 avril 1945. L’armée se devait d’être présente pour ces occasions. Après moult bains de foule, le cortège se rendit au monument aux morts.

C’est à pied et toujours acclamé que le visiteur et ses accompagnateurs gagnèrent la cathédrale pour un Te Deum qui fut perturbé par les cris et des applaudissements à tout rompre. Le général rejoint ensuite les salons de l’hôtel de ville où Raymond Mondon le reçoit au double titre de premier résistant de France, libérateur de la Patrie et citoyen d’honneur de la ville. Le résultat est spectaculaire et Charles de Gaulle reçoit un accueil encore plus chaleureux qu’en février 1945.

Le discours politique du balcon de l’hôtel de ville qui devait clôturer cette journée est perturbé par un violent orage où les Messins restent stoïques sous les trombes d’eau. Mais son mouvement s’essouffle. Il devra attendre 1958 et une crise grave pour revenir au premier plan de la scène politique.

1 commentaire sur Metz : Charles de Gaulle et la traversée du désert

  1. Flamant rose // 20 mars 2018 à 19 h 36 min //

    Sur la traversée du désert l’avis des historiens divergent. De Gaulle quitte le pouvoir le 20 janvier 1946. Pour certains historiens, la « traversée du désert » couvre, dans la vie du général de Gaulle, la période de janvier 1946 à juin 1958 (retour au pouvoir). Pour d’autres elle ne commence qu’en 1954, à la mise en sommeil du RPF.

    Sur le général Delestraint, on pourrait s’étendre un peu plus sur la carrière de cet homme tant il a compté pour de Gaulle. C’est dans la clandestinité et sous le pseudo de Vidal avec pour profession négociant en vin que Delestraint a préparé l’armée secrète et la coordination de toutes les activités militaires des mouvements de résistance métropolitaine. Il est arrêté le 9 juin 1943 au métro « la Muette » alors qu ‘il avait rendez vous avec René Hardy. Emprisonné a Fresnes, il est conduit au camp du Struthof en mars 1944 puis a Dachau en septembre où il a servi la messe de Mgr Piguet, évêque de Clermont-Ferrand, déporté lui aussi . Le général de Gaulle qui le fit Compagnon de la libération, eut les larmes aux yeux en apprenant sa mort.

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