La question du régime politique

Revenir à la Ve République

 Par maxime tandonnet

L’image de la politique italienne et allemande soulève nombre de réflexions et de commentaires. Le régime parlementaire de ces deux pays donne lieu à des recherches de coalition politiciennes, des négociations interminables et stériles. L’immense majorité des « experts » radio-télévision en concluent que les Français s’en tirent mieux avec leur système « présidentiel ».

Le constat me paraît superficiel, fondé sur les apparences immédiates. Il faut juger d’un régime sur le long terme, dix quinze ans au moins : favorise-t-il, sur plusieurs années, un gouvernement du pays compatible avec le bien commun. Pour cela, la bonne démarche est de comparer les résultats : chômage, commerce extérieur, état de l’industrie, déficit, pouvoir d’achat, violence, pression fiscale, dette publique, prélèvements obligatoires, niveau de pauvreté, maîtrise de l’immigration et intégration des populations issues de l’immigration, influence internationale, sécurité, niveau scolaire… Une fois cette comparaison faite, il est possible de juger de la réussite respective des régimes politiques.

La Constitution n’est qu’un aspect de la question du régime. Le mode de sélection des élites politiques, le régime électoral, l’organisation territoriale, la culture politique, bref, tout ce qui contribue à la décision publique doit être prise en compte. A cet égard, il n’est pas question de chercher le « meilleur des systèmes », mais le « moins mauvais ». Les régimes italiens et allemands ont d’énormes défauts qui apparaissent au grand jour. Mon sentiment, à contre-courant de tout ce qui se dit et s’écrit, est que le régime français, tel qu’il est aujourd’hui, une Ve République dégénérée, est encore pire.

À travers le présidentialisme outrancier, il détruit le débat d’idées, lui substituant le culte de l’image et de l’émotion médiatique – positive ou négative – autour d’un visage. À cet égard, il cultive l’abêtissement national. Il saccage idée d’intérêt général et de bien commun au profit d’une sorte de « vanité providentielle ». Il remplace l’esprit de la res publica, la chose publique, par le naufrage narcissique et l’obsession de la « trace dans l’histoire ». Il plonge le pays dans un climat de gesticulation médiatique permanente, de fausses décisions, de réformes factices, de démagogie délirante, d’immobilisme absolu au profit d’un culte du « moi » stérile et sans issue. Il ne cesse d’éloigner la classe dirigeante du monde des réalités et de creuser l’abîme entre elle et le pays. Pis : le régime français ne sait plus produire des hommes d’État, tournés vers l’intérêt général et le destin du pays. À travers le filtre de la télévision, il produit des acteurs et des illusionnistes.

Le débat qui agite l’opposition sur la question d’un rapprochement de la « droite avec le FN », avec la bénédiction du monde médiatique, est absolument minable et méprisable. S’il existe une opposition digne de ce nom, dans la France d’aujourd’hui, elle n’a qu’une seule question à se poser : comment remettre à plat le régime politique français qui sombre dans la déchéance, entraînant comme un boulet la France avec lui.

Les réponses existent : septennat non renouvelable, respect de la lettre de la Constitution autour d’un premier ministre en charge du Gouvernement et responsable devant un Parlement souverain et déconnecté de l’Élysée, recours au référendum pour quelques choix fondamentaux qui engagent la nation, démocratie locale et décentralisation dans le respect de l’unité nationale. D’ailleurs, je n’en suis pas à attendre des réponses de la classe politique : mais au moins qu’un responsable politique, un seul, ait la lucidité, la vision nécessaire, que dis-je, l’audace de soulever ces questions cruciales au rebours du matraquage et de la dictature du conformisme.

Maxime TANDONNET

8 commentaires sur La question du régime politique

  1. Flamant rose // 19 mars 2018 à 15 h 06 min //

    Edmond Romano : Nous sommes donc d’accord y compris sur votre dernière phrase « Il faut donc en conclure que seule la réduction du nombre des députés est possible aujourd’hui. En effet, s’il s’agit uniquement de réduire le nombre de députés sans toucher à celui des sénateurs alors Macron peut même se passer d’un référendum art 11 puisque s’agissant d’une loi organique (comme vous le soulignez), il lui suffit d’avoir la majorité absolue à l’Assemblée nationale et c’est le cas.

  2. Edmond Romano // 18 mars 2018 à 17 h 23 min //

    Flamant rose: le projet du Gouvernement de limiter dans le temps les mandats parlementaires touche à la Constitution et si l’Exécutif maintient ces prétentions à ce sujet il ne pourra pas avoir recours à un référendum basé sur l’article 11. Il devra obligatoirement recourir à l’article 89 qui prévoit, avant tout appel au Peuple, que les deux chambres parlementaires votent dans les mêmes termes le projet, ce qui ne sera pas le cas au Sénat. Dans cette procédure de révision constitutionnelle l’Assemblée Nationale, contrairement aux lois ordinaires, n’a pas le dernier mot par rapport au Sénat. S’agissant de la réduction du nombre de députés la question est différente puisque le nombre de députés est prévu par une loi dite « organique » qui peut, elle, faire l’objet d’une révision par le biais d’un référendum via l’article 11. La réduction du nombre de sénateurs doit obtenir l’assentiment de ceux-ci car l’exécutif ne peut toucher au mode d’élection, au nombre de sénateurs qu’avec l’assentiment majoritaire de ceux-ci. Il faut donc en conclure que seule la réduction du nombre des députés est possible aujourd’hui.

  3. Flamant rose // 17 mars 2018 à 11 h 26 min //

    Pourquoi Gérard Larcher ne lâchera pas la pression ?

    Ce que le général de Gaulle a réussi à imposer, contre l’avis du Conseil d’État, parce que c’était de Gaulle, il n’est pas du tout évident que Emmanuel Macron y parvienne. Il y a 2 articles de la constitution qui permettent le référendum , l’article 11 qui prévoit tout type de référendum sauf ceux qui concernent une modification constitutionnelle et l’article 89 qui lui régit ce type de réforme. Si l’article 11 s’adresse au peuple, en revanche l’article 89 exige de passer par le congrès et d’obtenir les 3/5 des voix ce qui n’est pas du tout acquit pour le président. Le conseil constitutionnel s’il est saisi pourrait interdire l’utilisation de l’article 11 et donc le référendum populaire. Gérard Larcher le sait comme il sait qu’il peut bloquer cette révision constitutionnelle et c’est probablement la raison pour laquelle il maintient ses exigences.

    Si malgré tout, Emmanuel Macron, élu pour 5 ans, faisait ce référendum, et s’il le perdait rien ne l’oblige à démissionner et ce quelque en soit la question posée. En 2005, Chirac ne l’a pas fait.

  4. « À travers le présidentialisme outrancier, il détruit le débat d’idées, lui substituant le culte de l’image et de l’émotion médiatique – positive ou négative – autour d’un visage. » apparemment et sauf erreur de notre part ,tel est bien le cas en France.
    Balayons-donc devant notre porte !

  5. Edmond Romano // 16 mars 2018 à 18 h 39 min //

    Monsieur Tandonnet,
    Je partage votre idée sur la médiocrité de la classe politique actuelle. Toutefois, je ne pense absolument pas que le problème puisse être réglé en bidouillant sans cesse la Constitution de 1958. Celle-ci a prouvé son efficacité depuis 60 ans. La France n’a connu aucune crise de Régime même quand elle s’est retrouvée trois fois en période de cohabitation. La réduction du mandat présidentiel et la concomitance des élections présidentielles et législatives ont été deux erreurs graves voulues par monsieur Jospin mais reconnaissons que deux ans de plus de François Hollande auraient été une catastrophe. Le retour au septennat ne sera possible que lorsqu’un gaulliste reviendra au Pouvoir. En ce qui concerne le recours au référendum, je suis d’accord en précisant bien que le résultat d’une telle consultation ne puisse pas être détourné par un autre texte adopté par la voie parlementaire et que si le Référendum, proposé par le Gouvernement, est rejeté que cela vaille motion de censure et emporte la démission du Gouvernement.

  6. On ne peut envisager la question de la vie politique italienne ou allemande même sous l’angle institutionnelle dans la mesure où ces pays ont une histoire politique et constitutionnelle si différente de la notre. En Italie la difficulté de constituer des gouvernements stables est congénitale à depuis 1944 où la République a été instaurée. Le souvenir de la période fasciste de Mussolini de 1922 à 1944 est rédhibitoire pour l’instauration d’un pouvoir exécutif moins faible et un parlementarisme rationalisé comme chez nous depuis 1958.
    En Allemagne la crise politique est plus récente suite à la gestion gouvernementale de Madame Merkel en coalition avec le SPD, donc la droite et la gauche gouvernent ensemble donc émergent des formations alternatives suite à la gestion de la crise migratoire en 2015, et des politiques néolibérales entérinées par le SPD. Il est probable que la même cause produira les mêmes effets et que l’AFD va être amené à êtte encore puissant si ce n’est un parti de gouvernement en coalition avec la CDU/CSU à l’instar de ce qui vient de se passer en Autriche.
    En France la gravité de la crise se situe entre les deux dans la mesure où, faute de véritable alternative politique la droite et la gauche gouvernaient en alternance pour faire les mêmes politiques au-delà des apparences. Macron a habilement profité de la situation en imposant sous sa houlette voire férule un gouvernement de cohabitation harmonieuse entre la variante de droite et celle de gauche de l’oligarchie qui adapte notre pays à l’Europe et à la mondialisation néolibérale. Financé par de riches mécènes il en est leur fondé de pouvoir pour faire une politique de classe de destruction du compromis social élaboré le 15 mars 1944.

  7. Feltrin Francis // 16 mars 2018 à 17 h 27 min //

    Citoyen Tandonnet

    Tu es brillant de culture et de bon sens….Mais tu as en face de toi des soudards grassement appointés dont l unique fiction consiste à brouiller les cartes et à faire de l esbrouffe en paraphrasant radio OTAN.
    S ils occupent le devant de la scène c est parce que cette scène est en carton de chez guignol.
    Ils consomment de gros budgets alors que les salaries et de nombreux artisans et d agriculteurs n arrivent pas à survivre.
    Mais ce théâtre est perçu comme une usine à mensonges par de plus en plus de citoyens qui ainsi cessent d être des gogos.
    Et la machine à mentir se transforme peu à peu en machine à interdire la liberté de penser sous prétexte de lutte contre les fausses nouvelles qui prennent peu à peu le statut qui était celui des hérésies au moyen âge.
    Mais il n y a plus « radio Londres » les radio libres sont en passé d interdiction comme RT France.
    Il nous reste le souvenir de notre histoire qui est constituée essentiellement des combats des esprits éclairés contre le mensonge institutionnalisé et qui a abouti à la Déclaration des Droits de l Homme et à cette République que nos instituteurs nous avaient appris à chérir

  8. le FN est leur bouée de sauvetage , sans lui ils sont foutus : c’est leur raison de garder MARINE LEPEN sous la main .
    d’ailleurs le FN fut légalisé par ce Mitterrand pour semer le désordre politique et gagner un joker durant son mandat .

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*