Le premier Institut Charles de Gaulle hors de France s’implante au cœur de Beyrouth

Le Liban se souvient du général de Gaulle

COOPÉRATION – L’accord sur sa création a été signé à l’ESA en présence du président de la Fondation Charles de Gaulle, Jacques Godfrain, et de l’ambassadeur de France Bruno Foucher. par Édouard MERLOJ

C’est officiel, la convention scellant la création de l’Institut Charles de Gaulle-Liban a été signée le mardi 27 février 2018 à l’École supérieure des affaires (ESA). Sa construction va désormais débuter sur le campus de l’ESA. Le choix du lieu ne s’est pas fait au hasard puisque le commandant de Gaulle, affecté à l’état-major des troupes du Levant à Beyrouth entre 1929 et 1932, se rendait régulièrement sur ce site qui était à l’époque l’hôpital militaire Maurice Rottier.

La salle de l’ESA accueille les officiels et journalistes avec une imposante photographie du général de Gaulle projetée sur le mur blanc. Sur le bureau où va être signé l’accord, quatre écriteaux plaçant les quatre acteurs qui ont contribué à la concrétisation du projet : la Fondation Charles de Gaulle, la Fondation pour la sauvegarde du patrimoine de Charles de Gaulle au Liban, l’ambassade de France et l’ESA.

« Ce sera le premier Institut Charles de Gaulle hors de France », indique Stéphane Attali, directeur général de l’ESA, qui va accueillir au sein de son campus le futur institut. L’objectif est de renforcer les liens dans la francophonie, particulièrement ici au Liban, qui possède en son sein le plus grand réseau d’enseignement français à l’étranger.

DE GAUCHE À DROITE, MM. STÉPHANE ATTALI, CHRISTIAN BESSE, JACQUES GODFRAIN ET BRUNO FOUCHER, LORS DE LA SIGNATURE DE LA CONVENTION.

Jacques Godfrain, président de la Fondation de Gaulle, remarque que « l’histoire est humoristique, rusée ». Il rappelle en effet que la première initiative prévue par la fondation était de rénover la maison de Charles de Gaulle à Beyrouth, sa résidence de 1929 à 1932. Néanmoins, ce projet s’avère trop onéreux et a dû être abandonné. Face à cette déception, un projet plus important encore voit le jour. C’est ce futur institut qui fera office de « nouvelle maison de Gaulle ».

Un institut tridimensionnel 
L’Institut Charles de Gaulle a pour ambition d’être un musée vivant, comportant un espace culturel sur l’héritage gaullien et insistant sur son passage à Beyrouth. Il s’adressera en priorité à la jeunesse libanaise et aux 60 000 enfants parlant le français au Liban. La modernité technique y aura toute sa place pour attirer les jeunes : des projections holographiques sont notamment prévues pour ancrer cet espace dans la modernité. Il aura en outre une dimension pédagogique, enseignant aux collégiens et lycéens le parcours du général, mais aussi une dimension professionnelle, formant les étudiants et cadres à « l’exemple gaullien et son sens de la civilisation française », comme le déclare le président de la fondation.

Bruno Foucher, ambassadeur de France, soutient que « ce partenariat dépasse l’entente à quatre, il concerne les peuples français et libanais ». Durant la Seconde Guerre mondiale, le Liban va en effet connaître les soubresauts de l’histoire française. En 1940, il passera sous l’autorité du régime de Vichy, puis relèvera de nouveau de la France libre après le renversement du régime collaborationniste par les armées française et britannique en 1941. Charles de Gaulle déclarera ainsi le 27 juillet 1941, au lendemain de son arrivée à Beyrouth : « Les Libanais ont été le seul peuple dont jamais le cœur n’a cessé de battre au rythme du cœur de la France. »

Ce lien entre les peuples semble important pour cet institut au point où il va jusqu’à s’afficher dans l’architecture du bâtiment. Pour Ernest Baduy, architecte responsable de la construction de l’institut interrogé par L’Orient-Le Jour : « L’objectif est de créer un bâtiment, un monolithe épuré, en référence à la personnalité de Charles de Gaulle. » La singularité se situera dans la faille qui séparera la construction en deux parties, symbolisant le développement des cultures dans l’altérité et les antagonismes. « Néanmoins, plusieurs passerelles et ponts relieront ces deux blocs comme invitation à la coopération et au dialogue », souligne l’architecte.

La personnalité du général, véritablement au centre de l’institut, y est vénérée dans la salle, le président de la Fondation Charles de Gaulle « saluant les personnes qui détiennent les écrits du général de Gaulle dans la salle ». Interrogé par L’OLJ, le vice-président de la Fondation Charles de Gaulle au Liban Georges Nour affirme : « Les valeurs portées par l’institut se basent sur celles du général de Gaulle, sur sa vision de l’Orient. Il est source d’inspiration en matière d’éducation, de convivialité (lexique gaullien pour le mélange des cultures). L’objectif est de remettre à jour le message du général de Gaulle. »

« Les grandes choses se font par la valeur des hommes bien plus que par des textes », disait Charles de Gaulle. Gageons qu’après la signature de l’accord, la jeunesse libanaise et française saura s’emparer de cet héritage, le discuter et se l’approprier.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*