Corse : Chevènement et Valls appellent à la fermeté

La France : une et indivisible ?

Quelle attitude adopter face aux revendications des nationalistes ? Alors qu’Emmanuel Macron n’a jusqu’alors pas apporté de précisions sur ses intentions, Jean-Pierre Chevènement et Manuel Valls, sans surprise, défendent une ligne ferme sur le sujet.

Ministre de l’Intérieur lors de l’assassinat du préfet Erignac, Jean-Pierre Chevènement sera aux côtés du chef de l’État lors de l’hommage qui doit être rendu ce mardi à Ajaccio. Dans un entretien au « Monde« , l’ancien socialiste se montre hostile à la quasi-totalité des demandes des dirigeants corses. « Je ne vois pas l’utilité d’introduire une référence à la Corse dans la Constitution. Ou alors, pourquoi pas pour le Territoire de Belfort ? », ironise-t-il notamment. L’ancien ministre dénonce également la pression maximale mise par les nationalistes sur les autorités de la République « pour les amener à reculer ».

« La victoire des nationalistes en décembre 2017 couronne quatre décennies de reculades de la droite et de la gauche, des élus locaux, mais aussi des gouvernements. »

7 commentaires sur Corse : Chevènement et Valls appellent à la fermeté

  1. Michel Chailloleau // 7 février 2018 à 13 h 28 min //

    Depuis Giscard le pouvoir est centralisé effectivement à Paris. Les régions n’existent que pour donner l’impression d’une décision prise par les élus régionaux mais les grandes décisions sont toujours prises à Paris par le gouvernement. La Bretagne, la Corse et d’autres régions souffrent notamment sur le plan économique de cette centralisation. Et ce n’est pas le gouvernement actuel qui va changer cela.

  2. Jean-Dominique Gladieu // 7 février 2018 à 11 h 27 min //

    Je rejoins entièrement les commentaires de Cording et Arnaud Ducourthial.
    Concernant celui d’Edmond Romano, je répondrai que les statuts dont la Corse a été dotée depuis 1981 n’ont jamais consisté qu’en la mise en place d’assemblées croupions sans réel pouvoir. Quand à la Collectivité Unique mise en place le 1er janvier, elle remplace les deux départements et le conseil régional. Ce qui devrait vous rassurer, cher Edmond, car cette institution coutera moins cher que les trois précédentes. Maintenant, il faudra voir l’usage qui sera fait de ce nouveau statut tant du côté des élus locaux que du pouvoir central.
    Pour ce qui a trait à l’intérêt ou non pour la France de garder la Corse, vous avez parfaitement saisi le fond du problème. Lorsque les armées de Louis XV ont conquis l’île au XVIII° siècle, il y avait un intérêt stratégique : prendre pied en Méditerranée, lieu d’affrontements des grandes puissances de l’époque. Puis, la Corse a servi de réservoir pour l’armée et l’administration coloniales. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Par conséquent, la question du développement de la Corse ne constitue pas la préoccupation des pouvoirs publics. D’où le sentiment des Corses d’être laissés pour compte et, en corollaire, la montée du nationalisme.Persister ainsi ne fera que renforcer le courant indépendantiste.
    Enfin, pour répondre aux questionnements de René Floureux, un nationaliste corse c’est quelqu’un qui est préoccupé du développement et du bien être de son pays et qui en arrive à la conclusion que la solution passe par la prise en charge de leurs problèmes par les Corses eux-mêmes étant donné le désintérêt dont fait preuve le pouvoir parisien. Ce qui ne signifie pas forcément indépendance mais qui pourrait y aboutir si on laisse encore pourrir la situation. Quant aux plasticages, je vous rappelle que le FLNC a décidé depuis plus de 2 ans de suspendre ses opérations, créant ainsi une opportunité que le gouvernement pourrait saisir au vol. Mais le veut-il vraiment?
    Bonne journée à tous.

  3. La victoire électorale des nationalistes-autonomistes corses n’est que la réponse des Corses à l’impuissance publique voulue et délibérée de nos dirigeants nationaux depuis 30 ans.

  4. Arnaud Ducourthial // 6 février 2018 à 19 h 43 min //

    Je me demande si ce n’est pas aussi le reflet du dégout de la politique Européenne qui relance la problématique identitaire et indépendantiste qui a toujours couvé dans certaines régions, aidé par un état défaillant qui ne répond plus aux attentes.

  5. Edmond Romano // 6 février 2018 à 16 h 16 min //

    Nous voyons bien que les indépendantistes et les nationalistes sont dans la surenchère. La Corse a déjà un statut spécial (très avantageux pour eux et très onéreux pour nous), le seul but qu’ils recherchent est l’indépendance et franchement si nous pesions le pour et le contre de façon objective, je ne sais pas si l’intérêt de la France ne serait pas de leur donner satisfaction.

  6. OMERTA
    Qu’est-ce un nationaliste corse ?
    Quel est l’objectif final recherché par les nationalistes ?
    Qu’ils répondent déjà avec honnêteté à ces deux ambiguïtés martelées dans les consciences car nous vivons un dialogue de sourds permanent !
    Leurs explications nous éclairerons alors un peu plus sur leurs revendications, leurs plastiquages et leurs règlements de compte à la sauce corse.
    Il y a toujours eu un canal parallèle utilisé entre les insulaires et le sommet de l’Etat non décryptable par les continentaux. La situation s’est ensuite enlisée jusqu’au pourrissement après négociations et tractations dans l’ombre. On en est là et le bras de fer continu derrière des sourires de façade !
    Il serait peut-être temps que ce jeu de guignols dans les deux camps cesse !
    Rf 6.2.2018

  7. Jean-Dominique Gladieu // 6 février 2018 à 11 h 33 min //

    La question se pose de savoir si les pouvoirs publics entendent ou non respecter le suffrage universel. Dans le cas présent, les nationalistes corses n’ont pas pris la tête des institutions locales à coups de bombes mais de bulletins de votes.

    Pendant des décennies, les différents gouvernements ont refusé de prendre en compte les revendications « corsistes » aux motifs officiels, d’une part, qu’on ne discute pas avec des « terroristes » (alors qu’en fait on « blablatait » avec eux) et, d’autre part, que les nationalistes étaient minoritaires électoralement.

    Aujourd’hui, les choses ont changé. Depuis mai 2016, le FLNC a suspendu ses opérations. En outre, depuis 2014, les nationalistes volent de succès électoral en succès électoral (élections municipales 2014 avec, notamment, la mairie de Bastia ; élections régionales 2015 ; élections territoriales 2017). Les deux causes invoquées pour refuser de négocier ont donc disparu.

    Toutefois, rien de nouveau sous le soleil parisien. L’attitude de JPC semble démontrer que quoi qu’il arrive, une frange de la classe politique persistera dans le refus. Non, Monsieur Chevènement, la victoire des nationalistes en décembre 2017 ne couronne pas quatre décennies de reculades mais quatre décennies d’indigence politique !

    Un petit exemple : en 1983 (alors que le mouvement nationaliste radical était au creux de la vague), l’Assemblée de Corse (au sein de laquelle ne siégeait alors aucun sympathisant du FLNC)avait voté (à l’unanimité des 51 membres moins 7 abstentions) une motion demandant au gouvernement d’envisager la mise en place de mesures en vue d’instaurer l’enseignement obligatoire de la langue corse de la maternelle à l’université. Cette motion ne mettait absolument pas en danger l’unité de la République ni l’existence de la France. Accepter le principe de l’enseignement obligatoire du corse aurait d’ailleurs coupé l’herbe sous le pied des nationalistes les plus durs et avantagé les réformistes. Politiquement, c’était tout bénéfice pour le pouvoir central. Eh bien non ! Refus cinglant. Résultat des courses : le FLNC, dont l’aura avait un peu pâli à l’époque, est reparti de plus belle (effectivement puisque le pouvoir central ne respectait pas le vœu d’une assemblée de notables plan-plan, cela justifiait, dans l’esprit de nombre d’insulaires, le recours à des procédés plus bruyants !).

    Et la victoire des décembre 2017 s’inscrit dans cette logique. A ne rien vouloir céder (si ce n’est des statuts dits particuliers fondés sur des cénacles à bla-bla-bla), on finit par faire le jeu de l’adversaire.

    Finalement, les Giscard, Mitterrand, Jospin, Valls ou Chevènement se sont avérés des alliés objectifs du nationalisme. En tireront-ils la leçon ? La réponse ne dépend que d’eux.

    Il y a cependant un point sur lequel je rejoins JPC. En juillet 2003, un référendum consultatif avait été organisé en Corse. Les électeurs s’étaient prononcés contre une réforme du statut de l’île (31% des inscrits opposés à une réforme, 29% favorables à la réforme, 40% d’abstentions et de votes blancs). JPC aurait donc légitimement été fondé à demander à ce que la transformation de la Corse en collectivité unique soit instituée par référendum puisque seul un référendum peut annuler les effets d’un référendum précédent.

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