Laurent Wauquiez dans l’Émission politique : le retour du gaullisme social

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Maxime Tandonnet voit dans les thèmes défendus par Laurent Wauquiez lors de son passage dans l’Émission politique un retour aux fondamentaux du gaullisme : un discours social tourné vers la France périphérique, de la fermeté sur l’islam et sur l’immigration, et un plaidoyer pour le souverainisme.

L’Émission politique de France 2 consacrée à Laurent Wauquiez jeudi 25 janvier a représenté un événement qui n’était pas anodin pour la politique française. D’abord, les Français présents devant leur écran ont découvert un personnage bien éloigné de l’image caricaturale forgée par une partie de la presse et des médias à son encontre. « Ambitieux et carriériste »? Il a clairement expliqué, bien au contraire, que l’élection présidentielle de 2022 n’était pas sa préoccupation. « Cassant et intolérant »? Face à des contradicteurs d’une rare agressivité, il ne s’est à aucun moment départi de son calme et sa courtoisie, conciliant humanité et convictions personnelles. Accusé de puiser son discours sur la province opposée au parisianisme chez Barrès et Maurras, il a répliqué avec talent à Alain Minc en invoquant Stendhal.

Son discours dénote à l’évidence une rupture au regard de la tradition du courant politique auquel il appartient. Depuis les années 1990, la mouvance dite «la droite», par mimétisme avec l’évolution des socialistes, n’a cessé de prendre ses distances avec l’idée de nation. Elle s’est ralliée au libéralisme effaçant les frontières, aux transferts de compétences inconditionnels à Bruxelles, à l’affaiblissement de l’autorité de l’État, à la capitulation dans la défense de la langue et de l’intelligence française. Ceux qui l’ont mise en garde contre ce mouvement, tel Philippe Séguin, ont été broyés.

Ni l’immigration zéro ni l’ouverture inconsidérée, mais un flux adapté aux capacités d’accueil du pays.

Laurent Wauquiez renoue pour la première fois avec la tradition du gaullisme social, la politique du général de Gaulle, de Georges Pompidou et de Chaban Delmas, reprise sans succès par Philippe Séguin. Il a voulu s’adresser à la France périphérique, celle du monde rural, des quartiers populaires. Sur un ton nouveau pour son camp politique, il prenait comme référence le couple de retraités qui gagne 1 000 € par mois, confronté aux difficultés de la vie, frappé de plein fouet par la hausse de la CSG, et dénonçant une politique fiscale qui, à ses yeux, bénéficie à une infime minorité déjà ultra-privilégiée.

Sur l’immigration et l’intégration, sa position était parfaitement claire: ni l’immigration zéro ni l’ouverture inconsidérée, mais un flux adapté aux capacités d’accueil du pays. D’une fermeté absolue sur l’intégrisme islamiste, il a pris en revanche, sans aucune ambiguïté, la défense des «Français de confession musulmane».

Le chef des Républicains renouait avec un discours gaullien axé sur l’Europe des nations. Le thème de la refondation de l’Europe, dans un sens moins bureaucratique et plus ouvert sur la démocratie était omniprésent. Sur l’affaire de la fusion Siemens / Alsthom, le leader des Républicains a déploré la perte d’un champion de l’industrie française, allant jusqu’à invoquer «l’intérêt national», un concept maudit par la classe politique française depuis des décennies.

Au moment sans doute le plus fort de l’émission, il a su retourner en sa faveur l’inévitable procès en «populisme» intenté par M. Minc, par une réplique invitant ce dernier à aller sur le terrain à la rencontre d’une France abasourdie à la suite des attentats terroristes, des scandales politiques de ces dernières années, du chômage massif et de la montée de la pauvreté. D’ailleurs, M. Wauquiez a clairement écarté la perspective d’une combinaison d’appareil avec le Front national, tout en tendant la main aux millions de Français qui par dépit et sentiment d’abandon, ont voté pour ce parti. À cet égard, il s’inscrit donc dans une tradition fermement établie depuis Chirac, Séguin et Sarkozy.

Le chef des Républicains renouait avec un discours gaullien axé sur l’Europe des nations.

Faut-il parler d’un tournant pour l’opposition? La déflagration de 2016/2017 qui a balayé la classe politique n’était sans doute qu’un début. L’opinion reste profondément instable et méfiante. Le renouvellement des visages a été spectaculaire. Pour autant, la vie politique a-t-elle vraiment changé sur le fond? A-t-il été mis fin au copinage et au clanisme, à la défense des corporatismes, au carriérisme, à l’excès de personnalisation du pouvoir, à l’obsession de la réélection, à la démagogie, à la tyrannie de la posture et de la communication au détriment du bien commun? Sans doute est-il trop tôt pour le dire. En tout cas M. Wauquiez, comme il a commencé à le faire hier soir, dans un rôle de catalyseur des énergies et sûrement pas de mythique et énième «sauveur providentiel», aurait tout avantage à prendre ces questions à bras-le-corps. L’avenir se jouera en grande partie sur elles.

11 commentaires sur Laurent Wauquiez dans l’Émission politique : le retour du gaullisme social

  1. RIGOLAT JOEL // 5 février 2018 à 23 h 22 min //

    comment Wauquiez peut-il se proclamer gaulliste alors qu’il a été l’héritier du trés centriste et du trés européen Jacques barrot ? Wauquiez s’affirmait modéré, centriste, libéral et européen… et puis la présidence Sarkozy m’a laissé un très mauvais souvenir ! j’ai du mal à y voir une expérience d’un gaullisme social…bref, moi Wauquiez, j’ai beaucoup de mal à y croire !

  2. Edmond Romano // 5 février 2018 à 22 h 40 min //

    Je vais vous livrer le fond de ma pensée: toute personne qui parle du gaullisme comme de son inspiration et qui se dit de « filiation gaulliste » sans remettre en cause la façon dont les différents gouvernements ont accepté la marche vers « toujours plus d’Europe » ne peut être qu’un rêveur (au mieux) ou un imposteur (au pire).
    On ne peut être Gaulliste en acceptant que les Français ne soient plus maîtres chez eux. On ne peut être Gaulliste en acceptant la transcription automatique dans le droit français de directives votées par une Assemblée supranationale qui n’a aucune légitimité. On ne peut être Gaulliste quand on se place en état de soumission vis à vis de la Commission Européenne.
    On ne peut être Gaulliste quand on accepte que la Nation française s’efface devant l’Europe.

  3. Jean-Dominique Gladieu // 5 février 2018 à 15 h 26 min //

    Je n’ai pas vu l’émission en question.
    Par contre, je ne demande qu’à croire en la volonté de Laurent Wauquiez de retour au gaullisme. A priori donc pourquoi pas … tout en restant néanmoins vigilant !

  4. Michel Chailloleau // 5 février 2018 à 12 h 03 min //

    Enfin le signe d’un retour aux sources du gaullisme! Il faut mettre cela en application très rapidement.

  5. Vallon était une valeur sûr et profonde du Gaullisme, car la véritable pensée du Général était « révolutionnaire ».

  6. Totalement en accord avec votre commentaire Edmond. Mais la presse d’aujourd’hui ne peut rien faire, ou ne veut rien faire, qui puisse donner une définition du gaullisme. Gaullisme social, gaullisme souverainisme… sont effectivement des pléonasmes pour ceux qui ne prennent plus la peine de réfléchir. Dommage ! Mais il faut faire avec.

  7. Edmond Romano // 5 février 2018 à 9 h 19 min //

    Pourquoi parler de « gaullisme social »? Le Gaullisme a toujours été et sera toujours social. C’est un pléonasme de plus comme dire « Gaulliste et Souverainiste ». Toute approche différente sur ces deux questions est une négation du Gaullisme.

  8. Jacques Payen // 4 février 2018 à 20 h 36 min //

    « …la tradition du gaullisme social…de Georges Pompidou… »

    Il y a de grands humoristes qui s’ignorent !

    Et mon cher Louis Vallon doit se retourner dans sa tombe.

  9. Pour moi,Laurent Wauquiez a été très bien et comme tous ces journalistes gauchos l’ont tout de même critiqué et démolisant ses déclarations,je me suis précipité a adhérer aux « Républicains »….

  10. L’homme au parka rouge et la dame à la robe rouge qui se sont produits à la tribune du dernier congrès LR ont remis en scelle que les politicards aux couleurs des anciens de la place du Colonel Fabien peuvent penser pareil tout en s’exprimant différemment…tout un programme pour mal voyants politiques !!!

  11. Du grand n’importe quoi ! Monsieur Tandonnet a été proche de Sarkozy, le plus a-gaulliste avec Hollande des présidents de la Vè. C’est dire qu’il s’illusionne beaucoup.
    Le retour au gaullisme social dont Arnaud Teyssier affirme que c’est un pléonasme ne peut s’accommoder d’une UE supranationale aux dogmes économiques stupides et mortifères à tous égards. Il passe par une rupture complète avec 30 ans de politiques néolibérales négatrices de toute forme de gaullisme. De cela je n’en vois pas du tout avec Wauquiez, un oligarque ultralibéral et européiste qui tente de se trouver un créneau politique suite à la victoire de Macron qui fait la politique que son parti approuve puisque la plupart de ses membres l’ont rallié officiellement ou du bout des lèvres.

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