Ivan Rioufol : « La parole se libère contre les idées fausses »

Libres propos

 Par Ivan Rioufol

L’indignation des élus de Clichy face aux prières de rue ou la levée de boucliers contre Edwy Plenel sont, dans le rejet des dénis et le retour au bon sens, les premiers pas vers une émancipation des esprits.

Le vent tournerait-il ? Le déconomètre, qui s’emballe depuis près de quarante ans, a du plomb dans l’aile. Vendredi dernier, une centaine d’élus de Clichy (Hauts-de-Seine) ont manifesté leur indignation devant les prières de rue. Elles y sont organisées illégalement depuis huit mois par des fidèles qui se plaignent de l’éloignement de leur mosquée. La suite dira si, après ce premier face-à-face tendu, le ministre de l’Intérieur sortira de sa torpeur. Tout aussi réjouissante est l’avoinée qui s’abat sur le journaliste Edwy Plenel, patron de Mediapart. L’ami de Tariq Ramadan, accusé de viols, était le symbole sacralisé du journalisme moralisateur. Même à gauche, les outrances du faux curé commencent à être comprises pour ce qu’elles ont toujours été : des complaisances avec le totalitarisme coranique. Manuel Valls mène l’assaut contre ce drôle d’« antiraciste ». Mercredi, l’ex-premier ministre a accusé Plenel de « complicité intellectuelle » avec le terrorisme. La « parole libérée » est une glasnost à la française qui déborde des rangs des seules néoféministes.

Les résistants de la 25e heure découvrent la lune. Hier encore, beaucoup étaient avec la meute quand il s’agissait de marginaliser les premiers lanceurs d’alerte, forcément réactionnaires et infréquentables. Votre serviteur se souvient des inepties des procureurs d’alors. Mais Schopenhauer avait prévenu : « Toute vérité franchit trois étapes : d’abord elle est ridiculisée. Ensuite elle subit une forte pression. Puis elle est considérée comme ayant toujours été une évidence ». Reste la satisfaction d’être moins seul, et celle de ne s’être pas trompé sur cette presse militante qui nie les faits, sur cette gauche perdue qui croit retrouver les vertus du communisme, Allah en plus, dans l’islamisme en guerre contre l’Occident. Cependant, les persistantes réticences à regarder en face les faux gentils, la fracture identitaire, la guerre civile qui vient, la grande mascarade du macronisme, sont des encouragements pour continuer d’enfoncer les clous…

Ce qui survient, dans ce rejet des dénis et ce retour au bon sens, sont les premiers pas vers une émancipation des esprits. Les mobilisations populaires contre le maintien d’une croix à Ploërmel ou d’une crèche à Béziers sont d’autres expressions d’une même exaspération contre des institutions trop brutales. La démission du général d’armée Pierre de Villiers, en juillet, n’a pas été une « tempête dans un verre d’eau », comme l’a dit le chef de l’État avec dédain. Le soldat a fait comprendre qu’il y avait une limite à ne pas franchir par le pouvoir, quand la survie de la nation était en jeu. C’est la logique technocratique et financière, qui a rempilé en mai, que l’ex-chef d’État-major des armées a dénoncé après l’annonce d’une coupe claire de 850 millions d’euros dans un budget de la Défense déjà sacrifié. « Quels Français accepteraient de voler dans des avions Caravelle ou de rouler sur l’autoroute en 2 CV ?», questionne Villiers (1). Il rappelle aux oublieux que la France est en guerre.

Pour commémorer les attentats islamistes du 13 novembre 2015 à Paris (130 morts, 683 blessés), Gérard Collomb, ministre de l’Intérieur, a allumé, lundi soir, une bougie sur le rebord de sa fenêtre ; il a posté l’image sur Twitter. Un peu plus tôt sur les lieux des tragédies, Macron, les yeux mouillés, avait participé à un lancer de ballons biodégradables et multicolores. Mais ce n’est pas avec de tels signes puérils que la nation impressionnera l’ennemi. Il n’est pas seulement disséminé en Irak et en Syrie. Il est à l’intérieur du pays ; il veut tuer au nom du Prophète. « La menace est endogène », confirme le patron de la Sécurité intérieure (DGSI), Laurent Munez. Cette insécurité, nombreux sont les citoyens qui la comprennent comme un choc des cultures entre le monde libre et l’islam des interdits. Cependant, cette lecture conflictuelle est refusée par le chef de l’État, empli d’idées fausses et dangereuses. Les sonneurs de tocsin ont encore du pain sur la planche.

Fuite en avant

Le chef de l’État, qui feint l’autoritarisme, ne se confronte pas aux sources du djihadisme. Il voit ce phénomène, plus commodément, comme la conséquence de difficultés économiques et sociales surmontables par l’argent, voire comme le résultat du réchauffement climatique. L’autre jour, à Abu Dhabi, Macron a déclaré, s’adressant aux musulmans : « Ceux qui veulent faire croire que l’islam se construit en détruisant d’autres monothéismes sont des menteurs et vous trahissent ». Pourtant, c’est l’islam conquérant qui éradique les chrétiens d’Orient ou les juifs des terres d’islam. C’est le même suprématisme salafiste qui a déclaré la guerre à la France et recrute dans les cités. Quand Macron, mardi, excuse la radicalisation en accusant la République d’avoir « démissionné » dans « nombre de nos territoires en difficulté », il condamne les Français à payer leur tribut à une idéologie qui réclame et obtient leur soumission. Comment accepter cette humiliation ?

La « politique de la ville », relancée mardi par le président, est construite, comme depuis plus de trente ans, sur l’achat de la paix civile.

La « politique de la ville », relancée mardi par le président, est construite, comme depuis plus de trente ans, sur l’achat de la paix civile : une fuite en avant qui a englouti 100 milliards d’euros, déversés sur des « quartiers sensibles » qui réclament toujours plus. Leur nombre ne cesse d’ailleurs d’augmenter, sous le flot d’une immigration ininterrompue. 1514 « quartiers prioritaires » sont recensés. C’est vers eux qu’iront encore les attentions du gouvernement. Macron assume une discrimination positive en faveur de cette « France de demain ». Il la préfère au « monde ancien » dont il veut se défaire. Dans cette politique si peu équitable, la France rurale et périphérique est plus invisible que jamais. Il est peu probable qu’elle se laissera mépriser encore longtemps.

Société civile : l’arnaque

La révolte gagne même la macronie. Mardi, une centaine d’adhérents de la République en marche ont annoncé leur départ du mouvement, coupable d’« arrogance », de « mépris », de « déni de la démocratie ». De fait, l’appel à la société civile lancé par le candidat Macron se révèle être une arnaque. La rupture des élites avec le peuple, que le macronisme était censé résorber, s’est perpétuée et accentuée.

La grande mascarade

Macron, la grande mascarade : sous ce titre, argumenté par une longue introduction, sont rassemblés les blocs-notes qui vont de janvier 2016 au 13 octobre 2017. En vente depuis mercredi dans les bonnes librairies (L’Artilleur).


(1) «Servir», Fayard

 

8 commentaires sur Ivan Rioufol : « La parole se libère contre les idées fausses »

  1. Si je partage l’avis d’Ivan Rioufol sur l’inquiétante avancée de l’islamisme en France, je trouve que ses prises de position sur la gestion (certes entachée d’erreurs) de la pandémie par le gouvernement manque singulièrement de nuance.
    Ses surprenants appels à une rébellion contre la « dictature sanitaire » que nous subissons d’après lui révèlent une haine obsessionnelle, irrationnelle d’Emmanuel Macron et de ses ministres, au point qu’elle confine parfois au ridicule.

  2. Gilles Le Dorner 77 // 9 décembre 2017 à 5 h 03 min //

    9 ambassadeurs des USA en Israël sur 11 comme d’ autres aussi en sagesse contredisent les projets de la politique étrangère de M. Trump

  3. Les langues se délient

    Le courage gagne les esprits. Le poids sur le coeur devenait insupportable. Le recours au soulagement était impérieux.
    Qu’importe le ridicule, la honte, les quolibets et même les intimidations. La peur doit changer de camp.
    A chacun son examen de conscience et pour d’autres le temps de se mettre à table.
    Le vent tourne.
    Vient le temps des évidences et des preuves qui s’accumulent. La vérité perce.
    Les masques tombent.
    Fini les rhétoriques habituelles bien huilées. Fini le double langage, mielleux pour les uns, violent pour les autres.
    La revanche vient à point à qui sait attendre.
    Les sempiternelles excuses et les dénégations ne passent plus.
    Parfois un petit séjour à l’ombre avant un retour à la case départ.
    La majorité silencieuse se réveille à son tour. Elle doit être prise très au sérieux.
    D’autres esprits se libèrent. La parole devient plus facile. Elle bouillonne. La force change de camp.
    D’autres têtes vont tomber.
    Le sol tremble déjà sous leurs pieds.
    La société indignée vient de secouer le cocotier. Le sommet du pouvoir vacille et s’apprête enfin à agir sous la pression populaire.
    Elle réclame que le palais l’entende.

    RF 26.11.2017

  4. Je ne connais pas Monsieur IVAN RIOUFOL, mais je suis tout à fait en phase avec la teneur de son article. Son analyse de la situation en France est bien telle qu’il la décrit, même probablement pire, et de toute façon irréverssible sans des actions fortes qui seraient le début de nouveaux embrasements des cités. Aucun gouvernement n’a jamais eu le courage de le faire et oui le réveil sera terrible! il faut s’y attendre. Acheter la paix civile en injectant des milliards dans les banlieues c’est de la lacheté et considéré comme telle par les bénéficiaires, et les incitent à en demander toujours plus, et cela dure depuis des décennies sans résultats autres que le recul de l’autorité de l’état dans ces quartiers ou il devient dangereux de s’aventurer même en voiture, car cela gêne le juteux business de la drogue. Il faut regarder la réalité, la France continue à vouloir faire le gendarme de l’Afrique alors qu’elle n’en a plus les moyens financiers, en matériels et en hommes, pour satisfaire l’égo de tous les présidents qui se succèdent, mais sont incapables de rétablir l’ordre dans les banlieues perdues de la république.A quand une opération coup de poing d’envergure pour vider les caves, boxes, coffres de voitures, appartements des tonnes d’armes qui sommeillent dans l’attente de prendre du service. Bon courage aux forces de l’ordre et à leurs familles qui vivent au quotidien cette « chienlit »et sont soutenue  » mollement  » par leur hiérarchie,aux ordres de leur ministre, le lev-motiv c’est : surtout pas de vagues pendant le quinquénnat, c’est mauvais pour la prochaine élection …!!!

  5. Un peu tendancieuxl’article….! Macron est un peu « mou  » , mais va dans le bon sens ….! On verra bien ; Attendons juin 2018 ,pour une éventuelle dissolution , on fera le point …

  6. Pour avoir souvent lu le blog d’Ivan Rioufol sur « Le Figaro » je ne puis qu’avoir des réserves sur ses analyses qui me paraissent avoir une tonalité réactionnaire.
    Il faut faire en sorte que les musulmans qui le souhaitent aient des lieux de culte digne et selon les besoins. Les pouvoirs publics doivent y contribuer d’une modalité à définir ce qui n’est pas impossible quand on le veut bien. Qu’ils ne doivent pas recourir à des financements étrangers et des imans à la culture incompatible avec celle de notre pays.
    Sur le sujet évoqué de l’islam, l’islamisme et des complaisances de l’extrême gauche Valls joue son va-t-tout parce qu’il est isolé sur la scène politique : le parti du président ne veut pas de lui, la France insoumise non plus, pas plus que ce qui reste de PS, ni les LR qui ne savent plus « à quel saint se vouer » puisque Macron fait la politique qu’ils voulaient faire d’où le ralliement de nombre de personnalités des LR comme Edouard Philippe, Bruno Le Maire et Gérald Darmanain. Juppé fait un pas en avant puis un pas en arrière en direction du gouvernement. En fait Macron a mis fin aux fausses alternances droite/ gauche qui faisaient le même politique, UE oblige. En fait Macron a réconcilié la bourgeoisie de droite et de gauche qui faisaient semblant de s’opposer pour faire en réalité la même politique. Cette bourgeoisie que le Général n’a pas vu à Londres entre 40 et 44 parce qu’elle préférait déjà l’Europe sous tutelle allemande.
    Valls risque gros en cas d’invalidation s’il n’est pas réélu, sa carrière politique comme celle de bien d’autres sera finie.
    Cela dit, il va de soi que la lutte contre l’islamisme et ses complices doit être menée sans concession avec eux malgré mes réserves.

  7. « Macron, la grande mascarade » Yvan Rioufol va à l’essentiel et cela est très bien !

  8. BIEN DIT Monsieur Ivan RIOUFOL ,le RÉVEIL va être TERRIBLE pour les jeunes FRANÇAIS ?

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