Mai 68 ? Il y a mieux comme référence.

Il est interdit d'interdire : donc je dis ce que je pense !

Le très sérieux hebdomadaire en 2008.

Emmanuel Macron veut commémorer le 50eme anniversaire de Mai 68. Mais lequel ? Comme le précise Henri Guaino dans la tribune qu’il a publiée sur www.atlantico.fr et reprise sur gaullisme.fr, s’agit-il de mai 68 des étudiants ou celui des ouvriers ? Commémorer ce 50ème anniversaire c’est accentuer une fois de plus la coupure entre la France d’en haut et celle d’en bas (Lire tribune de Maxime Tandonnet ici).

Certes, ces événements importants font partie de notre histoire contemporaine, mais il convient néanmoins d’analyser tous les aspects de cette période et de ne pas la résumer en « une libération » et une « avancée démocratique » comme l’a laissé entendre le présentateur du journal de France2 (journal de 20h. le 19 octobre dernier).

Le ministre des Affaires sociales, Jean-Marcel Jeanneney (2eg) est en compagnie du Premier ministre Georges Pompidou, de Jacques Chirac, secrétaire d’Etat chargé de l’Emploi et de Georges Séguy, secrétaire général de la CGT.

Pour les salariés, il suffit de revenir sur deux avancées phares des accords de Grenelle conclus entre le gouvernement Pompidou et les organisations syndicales pour relativiser leur importance : une augmen-tation générale des salaires de plus de 10%, augmentation largement et rapidement ingérée suite à une inflation qui plombera les années suivantes, et d’autre part, la création des sections syndicales d’entreprise (mais sans supprimer le monopole syndical des organisations syndicales dites « représentatives »), sections syndicales dépecées et mises en cause aujourd’hui par les ordonnances « droit du travail » du Président Macron lui-même.

S’agit-il aussi de commémorer la réaction du peuple de France, sur les Champs-Élysées le 30 mai[1] où un million de Parisiens sont venus, de la Concorde à l’Etoile, soutenir le Président Charles de Gaulle ? S’agit-il aussi de « fêter » la totale victoire des candidats se réclamant du gaullisme aux élections législatives[2] qui ont mis un terme à cette période ambiguë ?

30 Mai 68 – Andre Malreau et Michel Debre ont pris la tete de l’impressionnante manifestation de la « majorite silencieuse »

L’histoire de France est suffisamment prolifique pour aligner des événements bien plus glorieux, hors commémorations militaires (11 novembre 1918, 8 mai 1945, etc.). Retenons quelques exemples qui nous concernent tous encore aujourd’hui :

  • Le « Front Populaire» bien plus précieux pour la cause ouvrière que mai 68 ! Congés payés (15 jours), durée hebdomadaire du travail fixée à 40 heures ;
  • Le droit de vote et d’éligibilité accordé aux femmes par une ordonnance signé par le général de Gaulle le 21 avril 1944, une avancée démocratique essentielle qui fait aujourd’hui l’unanimité ;
  • A la libération, après cette longue nuit de l’occupation nazie et la victoire de la France « rebelle » et des alliés, la mise en œuvre par ordonnances signées Charles de Gaulle, d’un plan complet concernant la généralisation de la Sécurité sociale et la création des allocations familiales;
  • En 1958, l’instauration de la Vème République par la volonté de Charles de Gaulle et du peuple consulté par référendum, constitution modifiée 4 ans plus tard par l’instauration de l’élection présidentielle au suffrage universelle.

Les événements de mai 68 ont été lancé par le « mouvement du 22 mars » suite à l’arrestation de manifestants contre la guerre du Vietnam. Ce mouvement du 22 mars dont Daniel Cohn-Bendit (dit Dany le rouge, et qui revendique aujourd’hui l’étiquette « libéral-libertaire » – tout un programme !) fut l’un des dirigeant a été dénommé ainsi en hommage au mouvement du « 26 juillet » créé en l’été 1955 par Fidèle Castro à Cuba.

Commémorer mai 68, c’est faire fi des réalités quant aux conséquences sur la société d’aujourd’hui.

« En 68, l’ouvrier était aliéné car il ne pouvait se reconnaître dans une voiture dont il avait fixé le volant » précise le sociologue Michel Lallemand. Aujourd’hui, « l’identification excessive à son activité ou à son entreprise façonne le nouveau visage de l’aliénation » poursuit-il. C’est la raison pour laquelle le général de Gaulle a voulu mettre en œuvre son grand projet tendant à l’association libre et réelle du capital et du travail, projet de participation destiné à réduire la fracture sociale.

Cette révolution sociale proposée par le Général reste notre héritage. Nous l’assumons et le revendiquons sans « entrave » ni restriction. Pas mai 68.

Alain Kerhervé


[1] Le lendemain, dans toutes les villes de France, les manifestations ont également apporté leur soutien au Général.

[2] Les élections législatives françaises de 1968 ont eu lieu les 23 et 30 juin 1968, après la dissolution de l’Assemblée nationale par le président de la République Charles de Gaulle pour répondre à la crise de mai 68 (IVe législature). Les partis de gauche, alors considérés comme co-responsables de ladite crise, ont subi une cuisante défaite au profit de la majorité sortante, qui avait pourtant éprouvé de sérieuses difficultés à l’emporter lors des précédentes élections, un an auparavant.


 

16 commentaires sur Mai 68 ? Il y a mieux comme référence.

  1. @ Alain Kerhervé,
    Il peut y avoir contradiction, divergence d’intérêts entre le fait d’être actionnaire et salarié. Il suffit d’observer ce qui se passe en ce moment où ce qui compte est la création de valeur pour l’actionnaire au détriment des salariés. Dans ces conditions il faut privilégier les salariés plus nombreux et payant des cotisations sociales pour le présent et l’avenir comme pour sa retraite.

  2. gilbert perrin // 30 octobre 2017 à 10 h 34 min //

    Bonjour Alain Kerhervé, par expérience, au vu de ce qui se vit dans les coop par exemple… je maintiens mon point de vue, En effet quand çà va bien, çà va bien, mais quand çà va moins bien, c’est moins bien ???

  3. Je ne suis pas « totalement d’accord » avec vous. A partir du moment où les salariés sont également actionnaires, ils sont « traités » comme les apporteurs de capital. En bien si l’entreprise marche bien, en moins bien en cas de difficultés. Le comportement des salariés changerait également… dans le sens des responsabilités.

  4. gilbert perrin // 28 octobre 2017 à 14 h 14 min //

    pas toutes, en cas de difficultés de l’entreprise, il n’y a avait pas partage des déficits ????? là est et sera toujours le problème ????

  5. Le pancapitalisme défini par Marcel Loichot donnait, mécaniquement des responsabilités aux ouvriers-actionnaires.

  6. gilbert perrin // 28 octobre 2017 à 10 h 38 min //

    en MAI68, j’étais jeune CADRE de 29 ans, responsable d’une (petite usine) fabrication de produits en béton et, négoce de matériaux. Aussi nuls qu’aujourd’hui, les gauchistes voulaient me séquestrer, parce que je faisais durer le dialogue afin que la benne à béton de 1 m3 se vide ??? sinon imaginez ce qu’il en aurait été après plusieurs jours d’arrêts…l’INCONSCIENCE de ces gens là visait et vise toujours à détruire l’outil de travail ??????

  7. gilbert perrin // 28 octobre 2017 à 10 h 27 min //

    l’émancipation que voulait deGaulle, n’était pas celle là ? de Gaulle voulait une participation des ouvriers dans l’entreprise…son modèle de participation était le mien, j’en avais parlé avant qu’il n’en parle ? et pourquoi cela n’est il pas passé ? eh bien tout simplement parceque comme d’habitude, quand il y a droit, il y a devoir … le devoir était en l’occurrence la participation positive et négative ? NEGATIVE dont on ne veut pas ????

  8. Effectivement, il y a eu un rdv manqué. La cause : les apparatchik des mouvements dits de « gauche » et le patronat ultra réactionnaire, accompagnés de Pompidou et VGE. De Gaulle a toujours voulu l’émancipation ouvrière.

  9. GENTY Jean Claude // 27 octobre 2017 à 15 h 44 min //

    A cording : Mai 68, je l’ai vécu ! comme la manifestation crasse d’une population toujours aussi conne. Charles De Gaulle et c’est vrai aussi « Tante Yvonne » qu’une bande de tarés libertaires (voir ce qu’est devenu Cohn Bennedite) ont cru bon de considérer comme ringards. En vertu de « l’interdit d’interdire ». Pour le remplacer par le n’importe quoi du laxisme et du grand bazar d’une fausse liberté de faire tout et son contraire. Ne pas oublier que la « gôche » de l’époque a soutenu sans réserves, puisqu’il s’agissait de dégager le Grand Charles.Cinquante ans plus tard, le résultat est plus qu’édifiant. Et il y a encore des cons pour penser commémorer pareil décadence !!!! Le pays du siècle des lumières qui illuminait le monde s’est éteint ! Amen !

  10. Edmond Romano // 27 octobre 2017 à 14 h 34 min //

    @cording: on comprend mieux votre commentaire quand on sait que vous prônez, par ailleurs, un rapprochement avec Mélenchon! Ce que je comprends moins c’est le fait que vous n’ayez pas encore rejoins la France Insoumise qui par la voix de certains de ses élus qualifient les terroristes de « martyrs ».

  11. Edmond Romano // 27 octobre 2017 à 14 h 31 min //

    Pour moi une commémoration de mai 1968 aurait la même signification que de commémorer l’attribution des pleins pouvoirs à Pétain: deux coups de force contre la République sauvée en ces deux occasions par le Général de Gaulle.

  12. Jean-Dominique Gladieu // 27 octobre 2017 à 14 h 02 min //

    Il y a plusieurs Mai-68. En tout cas, au moins deux. Celui des leaders gauchistes (ou prétendus tels … quand on voit ce que sont devenus la plupart d’entre eux !) et celui des ouvriers.
    Si les premiers sont macrono-compatibles et finiront dans les oubliettes de l’histoire, les seconds mériteraient qu’on leur rende hommage.
    En fait, on a le sentiment d’un rendez-vous raté entre le mouvement ouvrier et De Gaulle car il existait là une occasion inespéré de se débarrasser de la droite et de la gauche parasites. Rendez-vous manqué dont on pâtit encore, et plus que jamais, aujourd’hui.

  13. gilbert perrin // 27 octobre 2017 à 10 h 42 min //

    MAI 68 … MAI 2018 : 50 ans de malheur !!!, la CONCLUSION aujourd’hui avec MACRON, la commémoration serait une INSULTE à la FRANCE, à la liberté et à l’égalité, ..
    OUI, MAI 68, c’est le début de tous nos malheurs ….

  14. Bien vu Alain Kerhervé, et, une fois de plus ,le « chérubin de chantier » sème ses bêtises, légitimé par une abstention record des électeur(ice) inscrit(e)s aux présidentielles et une défaillance ahurissante de toute l’opposition à ses « élucubrations » intellectuelles..

  15. Les intellectuels de MAI 1968 (les 68 tars) ont bafoue le monde du travail
    pour mieux les exploiter par la suite;
    les 68 sont les socialistes qui nous ont gouverne sous Mitterrand ,Hollande et maintenant Macron
    tous ces gens sont contre la PARTICIPATION de TOUS LES TRAVAILLEURS a l’expansion aux résultats de leur lieu de travail

  16. S’il s’agit d’avoir un esprit critique à l’égard de Mai 68 il ne faut pas oublier la contestation d’un ordre social parfois pesant faisant obstacle à l’aspiration à plus de liberté individuelle quant aux moeurs dont le général de Gaulle et Tante Yvonne furent des expressions. A leurs détriments ce fût le slogan « 10 ans, ça suffit ». A 78 ans il ne pût accomplir la révolution politique et sociale voulue mais empêchée par ses présumés héritiers mais en fait liquidateurs: Pompidou puis Giscard et Chirac qui pointait déjà. Il n’a pas eu le courage politique d’imposer comme véritable successeur le Comte de Paris qui lui avait exprimé la nécessité d’une révolution sociale pacifique.
    Nous n’en serions pas là avec la liquidation de toute l’oeuvre du Général notamment celle institutionnelle de la Vè par le quinquennat.

    Il n’en demeure pas moins un acquis de Mai 68 dans les rapports sociaux positif.

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