Juppé éreinte le début du quinquennat Macron : « C’est de la com ! »… et F. Bayrou aussi…

Alain Juppé

Après François Hollande et François Bayrou (voir à la fin du texte), c’est au tour d’Alain Juppé de mettre en garde Emmanuel Macron. Dans une interview accordée au quotidien régional Sud Ouest, quelques heures avant le rassemblement des juppéistes à Bordeaux, l’ancien candidat à la présidentielle multiplie les critiques. « Je ne sais pas ce que c’est le macronisme. Dire qu’on veut faire de la politique autrement, ça me fait bien rigoler. Ça fait quarante ans que je l’entends dire », juge sévèrement Alain Juppé. « C’est de la communication. Les vrais problèmes sont ailleurs : quelle éducation, quelle politique européenne, quelle politique de contrôle aux frontières européennes, quelle politique de transition énergétique vraiment efficace ? Voilà les priorités. Le reste, c’est de la mousse. »

Une mousse manifestement trop visible au goût d’Alain Juppé, qui trouve ce début de quinquennat « contrasté ». « Il y a eu beaucoup de communication. Avec la bienveillance des médias. Si j’avais dit : “Je suis Jupiter”, j’en aurais pris plein la gueule… », ironise-t-il. « Jupiter, c’est le roi des dieux. Mitterrand s’était borné à être Dieu… », lance-t-il sarcastique dans Sud-Ouest.

« Je ne sais pas ce que c’est le macronisme. Dire qu’on veut faire de la politique autrement, ça me fait bien rigoler. Ça fait quarante ans que je l’entends dire » Alain Juppé dans Sud-Ouest

Si Alain Juppé estime qu’à « l’international, l’image de la France s’est améliorée incontestablement », l’ex-premier ministre juge plus sévèrement la conduite de la politique nationale… menée par le chef de l’État et par un juppéiste de la première heure, Édouard Philippe. « Il y a un grand flou artistique sur le budget 2018. Comment promettre à nos armées 2 % du PIB et en même temps leur retirer plus de 700 millions d’euros dès cette année ? Ensuite, en matière de fiscalité, les idées du gouvernement sont floues, ça manque de cohérence et d’ambition. » Et d’ajouter encore, entre conseil et avertissement : « La performance économique est d’autant meilleure que la justice sociale est assurée. »

La rentrée des juppéistes à Bordeaux

Autant de sujets dont les juppéistes pourront débattre tous ensemble à Bordeaux. Jusqu’à dimanche, ils se retrouvent pour un séminaire de rentrée. Si Édouard Philippe, devenu premier ministre, n’a pas été invité, deux de ses principaux conseillers seront présents : Gilles Boyer (aujourd’hui conseiller politique du premier ministre), Charles Hufnagel (conseiller communication à Matignon).

Le reste de l’équipe de campagne d’Alain Juppé pendant la primaire sera aussi présent à ses côtés : Jean-Pierre Raffarin, Dominique Bussereau, Fabienne Keller, Valérie Pécresse, Maël de Calan, Virginie Calmels, Christine Albanel, Alain Lamassoure, Benoist Apparu, Marie Guévenoux, devenue députée LREM… ou encore Isabelle Juppé.

Si l’objectif n’est pas de créer un nouveau « club », explique Dominique Bussereau, il s’agit d’« une occasion amicale de se réunir autour d’Alain Juppé », précise Maël de Calan, « et de réfléchir sur les conditions qui permettent qu’une droite ouverte se fasse entendre». « La campagne de la primaire a créé des liens très forts entre nous. Et nous avons senti le besoin de nous parler », énonce Alain Juppé dans Sud-Ouest en ajoutant qu’il ne compte ni revenir dans le jeu politique ni être candidat à la présidence des Républicains. « Cette réunion n’est pas ma rentrée politique. Je ne suis pas François Hollande…, raille Alain Juppé. Je n’ai pas l’intention de me relancer dans l’arène politique nationale. Le but, c’est de faire le point et d’envisager l’avenir. »

« Cette réunion n’est pas ma rentrée politique. Je ne suis pas François Hollande… » Alain Juppé

Pour y parvenir et faire le point sur la situation politique, plusieurs ateliers de réflexion seront organisés ce week-end : « Où en sommes-nous 100 jours après la victoire d’Emmanuel Macron ? », animé par le directeur adjoint de l’Ifop, Frédéric Dabi ; « Quelles sont nos valeurs et comment se positionnent-elles sur l’échiquier politique ? ». Autre réunion de travail : « Le clivage gauche-droite a-t-il disparu, ou assiste-t-on simplement à un rapprochement au centre ? ». Alors que se profile l’élection du président LR, les 10 et 17 décembre, un atelier devrait être très suivi par les participants : « Comment faire entendre la voix de la droite ouverte, humaniste ? Au sein des Républicains ? À l’extérieur des Républicains ? » « Je veux exprimer mes idées. Vérifier qu’elles sont partagées par beaucoup. Et si elles ont leur place à l’intérieur de LR ? C’est ça le défi », répond Alain Juppé dans Sud-Ouest, qui explique qu’ « un des grands enjeux de cette rencontre» consiste à savoir si les juppéistes se reconnaissent encore dans les Républicains. « Des passerelles entre une conception très à droite de LR et le Front national » marqueraient pour lui « une ligne rouge ».

Autre atelier dont les conclusions devraient intéresser au-delà des participants : « Comment faire entendre la voix de la droite ouverte, humaniste ? Au sein des Républicains ? À l’extérieur des Républicains ?» « On est un certain nombre à croire toujours en l’union de la droite et du centre, à penser que c’est une des conditions de la victoire de la droite et de son retour au pouvoir », analyse Maël de Calan, qui juge « encore possible de se faire entendre au sein des Républicains, à condition aussi que les autres LR respectent cette sensibilité politique. Si la chasse aux sorcières de la droite moderne commence, Les Républicains vont finir dans une cabine téléphonique ! » ironise-t-il.

Les juppéistes n’ont pas encore adopté de stratégie commune pour l’élection de décembre, mais « toute la palette des options est sur la table », reconnaît l’un d’entre eux. Plusieurs participants du week-end réfléchissent d’ailleurs à présenter leur candidature, comme Virginie Calmels, adjointe au maire de Bordeaux, ou Maël de Calan. Pour faire entendre les siens, Alain Juppé prône, lui, une « pépinière » de talents qui permettrait surtout à de nouveaux visages d’émerger. En continuant à faire vivre le juppéisme.

Marion Mourgue

 


« L’opinion ne voit pas clairement la direction, le but, que l’on se fixe », déplore le maire de Pau dans un entretien au magazine « le Point ».  

Le président du parti centriste s’inquiète également de la chute de popularité du président, en raison notamment de « l’atmosphère suscitée par la baisse des APL, la hausse de la CSG et, en même temps, certains avantages fiscaux pour les plus favorisés »*. Des annonces qui ont « fâché une partie des retraités et des fonctionnaires », assure-t-il.

« Une très grande partie de l’opinion publique fait crédit à Macron de sa nouveauté, de sa bonne volonté. Il y a ainsi un climat de bienveillance qui n’est pas une preuve d’engagement », prévient encore François Bayrou.

* Le groupe Modem va-t-il s’opposer à augmentation de la CSG pour les retraité ?


 

4 commentaires sur Juppé éreinte le début du quinquennat Macron : « C’est de la com ! »… et F. Bayrou aussi…

  1. Union de la droite et du centre, question sur « quelle Europe » …. les vieilles lunes qui ont amené déclin de notre Nation, chômage de masse par la déconstruction de notre tissus industriel (je ne peux m’empêcher de rappeler la France sans usines de serge Tchuruck qui a démantelé Alcatel-Alsthom)
    Nous n’avons plus rien à faire avec ces gens là. Malheureusement, ce que nous avions construit avec courage et enthousiasme a été annéanti entre les deux tours de l’élection présidentielle !

  2. Jean-Dominique GLADIEU // 28 août 2017 à 9 h 27 min //

    Curieuse l’attitude d’Alain Juppé qui tire à boulets rouges sur la présidence Macron et invite à son séminaire le conseiller politique et le conseiller en communication du Premier Ministre ainsi qu’une députée LREM !
    Quant à François Bayrou ……

  3. Il faut bien que le vieux Juppé fasse parler de lui et les siens qui, quoiqu’ils en disent ne sont pas loin de la ligne politique de Macron.

  4. Edmond Romano // 26 août 2017 à 15 h 17 min //

    Où étaient-ils durant la campagne présidentielle? Nous étions nombreux à dire que Macron n’était que de la com! Et pourtant chacun de ces deux-là à sa façon est responsable de son élection. Alors, il est bien temps de critiquer aujourd’hui!

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