Le nouvel exécutif a-t-il un problème avec la liberté de la presse ?

Recadré par Édouard Philippe, François Bayrou revendique sa liberté de ton

François Bayrou a téléphoné à Radio France, ce qui suscite l'inquiétude dans de nombreuses rédactions. REUTERS/Philippe Wojazer

Collectif de société des journalistes, publié le 13/06/2017

Après la tentative de pression de François Bayrou sur Radio France et la plainte du ministère du Travail après la publication de documents sur la réforme du Code du travail, plusieurs sociétés de journalistes, dont celle de L’Express, s’alarment de « signaux extrêmement préoccupants ».

Le nouvel exécutif a-t-il un problème avec la liberté de la presse ? Le 18 mai, nous nous étions inquiétés de la façon dont l’Élysée organisait le voyage au Mali du président de la République, en sélectionnant les journalistes chargés de couvrir ce déplacement. Pas question d' »imposer » des choix aux rédactions, fût-il alors répondu. Or la semaine dernière, ce sont cette fois deux ministres qui ont envoyé des signaux extrêmement préoccupants, quant à la manière dont ils conçoivent l’indépendance des médias et la protection des sources, ou plutôt leurs limites.

Mercredi 7 juin, quelques heures avant la diffusion par France Inter de révélations sur des soupçons d’emplois fictifs d’assistants parlementaires européens au MoDem, François Bayrou, président de ce parti et surtout garde des Sceaux, a appelé en personne le directeur de la cellule investigation de Radio France pour se plaindre de prétendues « méthodes inquisitrices », ajoutant qu’il étudiait, avec ses avocats, la possibilité d’une qualification de « harcèlement »… Interrogé à ce sujet par Mediapart, il a eu cette réponse qui laisse pantois: « Ce n’est pas le ministre de la Justice ni le président du MoDem qui a appelé, c’est le citoyen »!

Vendredi 9 juin, la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, a annoncé que son administration avait porté plainte contre X pour « vol, violation du secret professionnel et recel » suite à la publication, deux jours auparavant dans Libération, de documents listant les pistes étudiées par son ministère pour préparer la future réforme du Code du travail. Une procédure qui permet d’attaquer aussi bien les sources de Libération que le quotidien lui-même.

Ces deux événements, particulièrement inquiétants, ne sont pas les seuls motifs de préoccupation. Le 11 mai, En marche, le mouvement d’Emmanuel Macron, a porté plainte contre la lettre d’information spécialisée la Lettre A pour « recel d’atteinte à un système de traitement automatisé de données », après un article s’appuyant sur des éléments tirés des « MacronLeaks ».

Et ce dimanche 11 juin au soir, Richard Ferrand, ministre de la Cohésion des territoires et candidat d’En marche aux élections législatives dans le Finistère, a relégué au rang d' »efforts méritoires » des journalistes contre sa personne les investigations sur l’attribution d’un marché de location à sa compagne par les Mutuelles de Bretagne, lorsqu’il en était le directeur général.

Face à la liberté d’informer, le nouvel exécutif fait le choix de la tentative de pression, de la répression judiciaire et du procès d’intention. « Continuez à nous irriter, car elle est là, la liberté », lançait le même Richard Ferrand le 3 mai à la Maison des journalistes à Paris, lors de la Journée mondiale de la liberté de la presse. Nous continuerons, à n’en pas douter. Parce qu’informer le public est un devoir autant qu’un droit, et parce qu’une presse libre et indépendante est essentielle à la démocratie.


Premiers signataires :

Les sociétés des journalistes de l’AFP, Alternatives économiques, BFM TV, Europe 1, L’Express, France 2, Rédaction nationale de France 3, Libération, Mediapart, Le Monde, L’Obs, Les Échos, Le Point, Télérama, La Vie, Radio France, RFI, RMC, RTL, les JT de M6, et les rédactions de Dream Way Production, Premières Lignes Télévision, et de LaTéléLibre.

 

6 commentaires sur Le nouvel exécutif a-t-il un problème avec la liberté de la presse ?

  1. Suivant ce qu’elle écrit, nous sommes favorables ou non à la LIBERTÉ de la presse. Mais aujourd’hui il existe un faisceau d’action du gouvernement ou de membres du gouvernement qui montrent un chemin dangereux. Je partage totalement ce qu’écrit l’ami Floureux.

  2. Mais non, mais non, c’est la Presse qui n’a plus ses repères …pépère !

  3. JEAN-PAUL DELAISSE // 14 juin 2017 à 11 h 15 min //

    Il est décidément de son âge…..

  4. Jean-Dominique GLADIEU // 14 juin 2017 à 9 h 31 min //

    Moi ça ne m’étonne pas … Mais ne nous a-t-on pas dit, pendant l’entre-deux-tours des élections présidentielles, qu’il fallait votre Macron pour faire barrage au « fascisme » ?

  5. Gilles Le Dorner 77 // 14 juin 2017 à 3 h 23 min //

    Hommage à Chateaubriand en lecture , des Mémoires d’outre-tombe (livre quarante-quatrième) , bien-commun aussi

  6. Edmond Romano // 13 juin 2017 à 20 h 58 min //

    Depuis qu’il est ministre Bayrou perd la raison. Ou plutôt il montre son vrai visage.

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