Présidentielle : le souverainisme d’abord !

Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Nicolas Dupont-Aignan en campagne. SIPA.

4 des 11 candidats veulent rendre à la France son indépendance

Par Pierre-Henri Picard

Jamais, depuis Maastricht, autant de candidats à l’élection présidentielle n’avaient fait de la question de l’indépendance de la France à l’égard de Bruxelles un axe majeur de leur programme.

Marine Le Pen, Nicolas Dupont-Aignan, Jean-Luc Mélenchon ou encore François Asselineau. Parmi les onze prétendants à la magistrature suprême qui sont parvenus à obtenir les 500 parrainages nécessaires, quatre ont fait de la reconquête de la souveraineté de la France leur base programmatique. De fait, rarement le souverainisme n’aura obtenu pareille tribune lors d’une élection présidentielle en France et remis à l’ordre du jour un concept honni par la majorité des médias hexagonaux et les élites.

Même Fillon s’y met…

Pour autant, avec près de 45% du corps électoral séduit par les quatre candidats précités, force est de constater que la question de l’indépendance de la France en Europe interpelle les Français. Il suffit d’ailleurs pour s’en convaincre de jeter un rapide coup d’œil au classement des 10 meilleures ventes des livres politiques sur Amazon, que L’avenir en commun de Jean-Luc Mélenchon et Mon agenda de président de Nicolas Dupont-Aignan ne quittent pas depuis plusieurs semaines.

Même François Fillon, qui n’a pourtant jamais véritablement remis en cause les transferts de souveraineté aux institutions européennes, ne s’est pas fait prier lundi dernier à Nantes pour faire l’éloge du souverainisme, affirmant que « défendre notre souveraineté, c’est défendre l’idée que l’indépendance du peuple est aussi indispensable à nos concitoyens qu’elle l’est au monde ». Véritable résurgence gaulliste de la part de l’ancien dauphin de Philippe Séguin, ou obscur calcul électoraliste au moment où Theresa May adressait à Bruxelles sa lettre de rupture avec l’Union européenne ? Sans doute un peu des deux…

Toujours est-il que ce sursaut et cette critique à l’égard de Bruxelles interviennent dans un contexte européen marqué depuis plusieurs mois par un sentiment d’insécurité culturelle.

Inutile de rappeler ici que la crise migratoire, sur fond d’absence de frontières, a été perçue en France comme un symptôme des revendications multiculturelles, dans un pays où l’assimilation fait figure de socle inébranlable sur lequel repose l’unité républicaine.

Ainsi, si outre-Manche le succès du Brexit s’est construit sur l’idée selon laquelle la démocratie est indissociable de la souveraineté nationale, les Français assistent dans le même temps au dépérissement de leur État au nom d’un idéal européen galvaudé.

Vent debout contre Bruxelles !

Dans un sondage Elabe – Les Échos paru le 16 mars dernier, près de 60 % d’entre eux déclaraient d’ailleurs que l’influence de la France en Europe et dans le monde s’était dégradée au cours des cinq dernières années. Il faut dire aussi que les atermoiements du gouvernement sur les sujets majeurs comme la crise syrienne, ou le camouflet infligé par l’Allemagne lors de l’afflux des migrants, ont cruellement matérialisé l’atrophie de la parole diplomatique française sur la scène européenne et internationale.

En outre, comme l’écrivait Guillaume Bigot en décembre dans les colonnes du FigaroVox« au vingtième siècle, c’est la toute-puissance de l’État qui a tué. Au vingt et unième, c’est l’impuissance de l’État et le débordement du politique par le religieux (islamisme) ou par l’économique (libéralisme) qui tueront ». Il est vrai que depuis un quart de siècle, la négation de la nation a conduit au délitement politique et social et n’a entraîné aucune amélioration significative des conditions économiques.

Tout le génie de Marine Le Pen, de Nicolas Dupont-Aignan et de Jean-Luc Mélenchon réside d’ailleurs dans cette capacité à refuser – du moins dans leurs discours – toute renonciation du pouvoir étatique face à Bruxelles et à structurer leur programme par une cohérence économique et politique en faisant de la souveraineté, bâtie autour de la nation, le seul et unique horizon possible et souhaitable dans le monde contemporain.

Unis dans la diversité

Affirmer toutefois que le concept de souveraineté défendu par ces candidats est identique, reviendrait à nier des différences fondamentales qui relèvent du clivage politique traditionnel droite-gauche. Si pour le Front national la souveraineté nationale est structurellement liée à l’identité fondée sur des valeurs culturelles communes, le candidat de la France insoumise préfère parler d’une « France universaliste », dans laquelle le pouvoir de décision serait donné à « chaque citoyen, qu’il soit de nationalité française ou détenteur d’un titre de séjour ».

Il y a entre ces deux candidats aux accents souverainistes un clivage socio-politique entre une « nation ethnie », fondée sur les racines chrétiennes de la France, et une « nation peuple », qui retire sa légitimité dans le libre déploiement des droits. Au centre de ces deux conceptions antinomiques de la nation demeure toutefois notre modèle républicain basé sur le concept d’État-nation, concept de plus en plus dévoyé sous les coups de boutoir des communautarismes, des transferts de souveraineté et du pouvoir désormais exorbitant des multinationales.

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Une situation que dénonce depuis longtemps Nicolas Dupont-Aignan, rappelant que la France ne fut jamais aussi grande que lorsqu’elle sut seule influencer les grandes orientations du monde à travers sa culture et ses idées.
De fait, à l’heure où américains et britanniques renouent avec le protectionnisme en jouant sur la fibre patriotique, où la souveraineté nationale apparaît comme le seul garant légitime de l’indépendance de la nation, l’ensemble des candidats précités ont au moins un même mérite, celui de défendre un projet politique permettant à la France de s’affirmer de nouveau comme un État décidé à redevenir maître de son destin.
Et si en 2017, le souverainisme cessait enfin d’être un gros mot voué aux gémonies d’un glorieux passé ?
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11 commentaires sur Présidentielle : le souverainisme d’abord !

  1. Jean-Dominique GLADIEU // 20 avril 2017 à 10 h 23 min //

    A Flamand Rose :
    Je vous invite à relire le fameux discours « Je vous ai compris » du Général à Alger en 1958. Il ne comporte aucune promesse quant au maintien de l’Algérie Française. Le Général a déclaré « Je vous ai compris » pas « Je vous approuve » ! Si on lit son discours entre les lignes, on y entrevoit même les prémisses de l’autodétermination …

    Quant au traité de Lisbonne, je suis d’accord avec Alain Kerhervé : seul un référendum peut annuler les effets d’un référendum. Or le référendum de 2005 a été annulé sans recourir à l’arbitrage du Peuple. Ce n’est peut-être pas une imposture mais c’est, au minimum, une forfaiture !

  2. Dans un monde hyper interdépendant , prétendre qu’un pays peut redevenir maître de son destin serait convenir que ses intérêts vitaux sont universels en oubliant que les autres habitants de la planète peuvent revendiquer les mêmes ! Maîtriser le cours des évènements ne peut donc s’envisager sans ouverture à des compromis et c’et bien là que le bas blesse chez nos politicards incapables de définir le limites de nos intérêts vitaux et d’en défendre le respect dans nos rapports internationaux.
    A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire!

  3. Vous faites référence au bon score de N.S au 1er tour. Personne ne le conteste… mais cela ne l’autorise pas à décréter que son programme était majoritaire sur tout. D’où la nécessité pour les points importants de recourir au référendum.Ce qu’il n’a pas fait.

  4. Flamant rose // 18 avril 2017 à 15 h 16 min //

    @ Alain Kéhervé

    Quelques remarques à votre réponse et ce, sans aucune animosité de ma part croyez le bien tant je ne doute pas un seul instant de vos convictions gaullistes et de votre largesse d’esprit.

    La première est, que dés que l’on parle de gaullisme , vous ramenez à votre livre comme s’il était la bible du gaullisme. Bien des gaullistes partagent vos convictions sur des points, à peu prés sur d’autres et pas du tout sur d’autres encore. Plusieurs centaines de livres ont été écrits sur le général de Gaulle et tous ne sont pas d’accord sur bien des points, sur son arrivée au pouvoir, sur sa position sur l’Algérie, sur les événements de mai 68 etc..Le gaullisme est pluriel et votre livre en est un parmi d’autres avec une idée du gaullisme qui est la votre.

    Seconde remarque, vous écrivez , je cite « ce n’est pas parce que Sarkozy a été élu (à la majorité car 2d tour) que sont programme a été validé à 100% et vous ajoutez un référence au premier tour. Mais, depuis 1988 et la réélection de François Mitterrand aucun candidat n’a fait mieux que Nicolas Sarkozy et ses 31,18 % au premier tour et ce sera encore le cas cette année. Hormis de Gaulle et ses 44,65 % au premier tour en 1965, le meilleur premier tour n’a jamais dépassé 35 % et il y en a eu 2 en dessous de 20 %. Voilà pourquoi je ne vous comprends pas car le premier tour de Nicolas Sarkozy en 2007 a été l’un des meilleurs de la V éme République.

    Cette année encore, le candidat élu appliquera, comme ses prédécesseurs son programme et pourtant, il est très probable qu’il ne dépassera pas les 25 % au premier tour soir moins du quart des électeurs.

    Quand au terme « d’imposteur » je le réfute totalement. Nicolas Sarkozy avait dit au cours du débat avec Ségoléne Royal je cite qu’il voulait ramener la France dans le giron de l’Europe et que pour cela il n’utiliserait pas le référendum. Or d’après le Larousse, un imposteur est quelqu’un qui trompe son monde, ce ne fut pas le cas.

    Je suis certain que vous n’avait jamais traité de Gaulle d’imposteur (moi non plus) et pourtant certains lui reproche, notamment les rapatriés d’Algérie d’avoir dit « je vous ai compris » quand on connaît la suite. Les mots, je le répète ont un sens et notre vocabulaire est assez riche pour ne pas se tromper.

  5. bonjour
    MACRON c’est le deuxième HOLLANDE , il est propulsé par le système financier mondial afin d’empêcher les français de sortir de l’UE voter MACRON c’est revoter pour les socialos , et en finir avec le rêve français de sortie de la zone euro MACRON est un personnage hybride niveau politique mi sarkozy et mi hollande .

  6. Pour savoir ce qu’est un vrai gaulliste je vous invite à lire mon ouvrage « une révolution en héritage ». Quant au référendum 2005, « recalé » par le traité de Lisbonne, oui, Sarkozy et ses amis sont des imposteurs. Ce qu’à fait un référendum, seul un autre ré&référendum peut le défaire. Par ailleurs, ce n’est pas parce que Sarkozy a été élu (à la majorité car 2d tour) que sont programme a été validé à 100%. En réalité, son promme a été accepté par le % du 1er tour. Sarkozy a trompé le peuple, et celui-cil’a bien fait comprendre en 2012. .. au détriment de la France.

  7. Les Pharisiens débusqués

    25 ans se seront écoulés, presque jour pour jour, le 7 mai prochain, jour du second tour de la présidentielle de 2017, depuis le discours de Phillipe Ségin le 5.5.1992 à l’Assemblée Nationale lors des débats sur le traité de Maastricht de 1992.

    « On est souverain ou on ne l’est pas ! Mais on ne l’est jamais à demi ! Il s’adressait alors aux « Pharisiens de la République « , les conspirateurs du silence qui n’ont eu de cesse depuis de minimiser les conséquences futures du traité.

    N. Dupont-Aignan lors du débat télévisé le 4.4.2017 sur BFMTV ne s’y est pas trompé en fustigeant notamment l’attitude de l’ex UMP nouvellement appelé « Les Républicains » en s’adressant à son représentant F.Fillon sur le projet de traité de la Constitution Européenne de 2005, désapprouvé par le peuple Français à 55% (Y compris par les Pays-Bas à 61%), est qui a été en définitive piétiné sous la Présidence de Nicolas Sarkozy en le faisant approuvé sous l’appellation du Traité de Lisbonne, frère jumeau de la défunte de 2005, par la voie du Parlement réuni en Congrès en 2008, tenu d’ adapter notre Constitution à ce traité.

    A l’attention des Pharisiens qui se reconnaîtront, je cite De Gaulle : « Puisque ceux qui avaient le devoir de manier l’épée de la France l’ont laissé tomber brisée, moi j’ai ramassé le tronçon du glaive ».

    Toute explication complémentaire adaptée au temps présent serait inutile.

    François Fillon qui fait l’éloge de la souveraineté a soutenu contre toute logique ce traité européen. Il n’a donc rien ni d’un Séguin ni d’un De Gaulle ou alors les mots n’ont plus de sens.

    A l’instar de tous les opportunistes de la dernière heure, positionnés tantôt à bâbord tantôt à tribord, le skipper Fillon sur son catamaran, dans un même mouvement synchronisé, hisse les voiles gonflées par les vents porteurs du moment.

    Que nos candidats cessent d’abord de tenir un double langage. Les Français préfèrent toujours les originaux aux copies.

    L’important c’est d’abord de rester fidèle à ses convictions. La duplicité se décèle tôt ou tard et se retourne contre son imposteur.

    Le peuple jugera ensuite de l’honneur ou des fourberies d’un candidat tenté par des mouvements de girouette au gré des vents.

    Le peuple abusé saura je l’espère sanctionner les imposteurs pour que son message soit bien compris.

    R.F.17.4.2017

  8. Flamant rose // 17 avril 2017 à 20 h 49 min //

    @ Ummite

    En quelques lignes vous commettez de nombreuses erreurs :

    « tous sauf FRANCOIS ASSELINAUX font de la souveraineté française leur premier argument ! «  dites vous. Tous, où situez vous Emmanuel Macron pourtant l’un des favoris de cette élection ? Macron fait-il de la souveraineté française son premier argument. En voila un scoop !

    Ensuite vous affirmez que François Fillon a pour père spirituel Nicolas Sarkozy. C’est totalement faux, Fillon a eu deux pères spirituels, tout d’abord son parrain en politique à savoir l’ancien secrétaire d’État aux transports de Valery Giscard d’Estaing Joël Le Theule , puis Philippe Seguin.

    Vous traitez Nicolas Sarkozy d’imposteur. Pour revenir sur le référendum, on peut ne pas être d’accord avec la méthode employée à savoir le vote du congrès, mais ce n’est en aucun cas une imposture. En effet Nicolas Sarkozy n’a trompé personne puisque cela figurait dans son programme et cela avait été annoncé. Le mot « imposteur « est donc tout à fait inapproprié dans ce cas. Pourtant le vocabulaire français ne manque pas de mots.

    Et puis qu’est ce qu’un vrai ou un faux gaulliste ? Vous ne le dites pas, vous faites une affirmation gratuite. Tout ça en quelques lignes. En voulant être excessif et en caricaturant vous êtes inaudible.

  9. Les arguments excessifs ne portent pas.

  10. Fort bien mais qui donc est ce monsieur ?

  11. tous sauf FRANCOIS ASSELINAUX font de la souveraineté française leur premier argument ! TOUS !c’est prendre les français pour des godiches , voir fillon et son père spirituel sarkozy , sa réaction le jour du viol du référendum du non au traité de lisbonnes par ce sarkozy ! tous des imposteurs fillon faux gaulliste mais vrai de circonstancee font tout cela pour la visée électorale : le grand CHARLES , si il pouvait revenir , il foutrait tous ces imposteurs et traitres à la FRANCE en taule ! pour en revenir aux 10 imposteurs donnez leurs vos voix , vous êtes tous assurer de ne plus jamais , au grand jamais avoir l’espoir de voir la FRANCE quitter l’UE un jour , tout ces ex rêves seront du passé .

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