Portrait : Nicolas Dupont-Aignan, souverainisme, gaullisme et mise en scène

TV5 Monde

La présidentielle de 2017 est la deuxième course à l’Élysée pour le candidat souverainiste de Debout la France. Nicolas Dupont-Aignan avait bien tenté de se présenter à celle de 2007 mais il avait dû renoncer, faute de parrainages nécessaires. En 2012, il avait obtenu 1,8% des voix. Aujourd’hui, Nicolas Dupont-Aignan garde un enthousiasme inaltérable et reste persuadé qu’il sera au second tour de l’élection en mai prochain.

De la jeunesse du petit Nicolas, on ne sait pas grand chose. Tout au mieux ce que le candidat met en avant sur son site internet et qui peut servir ses desseins politiques. Né en 1961 dans une famille de la classe moyenne « profondément attachée à la France », il est le benjamin d’une fratrie de trois enfants. Un père chasseur-alpin fait prisonnier et qui s’est évadé lors de la Seconde Guerre mondiale. Un grand-père qui fût l’un des premiers aviateurs de la Guerre de 14-18 et qui lui racontait ses combats aériens lors des déjeuners dominicaux. De ces récits et de ces figures tutélaires, le candidat développe très tôt, dit-il, une passion pour l’histoire. Il devient aussi un fervent lecteur des Mémoires de guerre du Général de Gaulle.

Les débuts en politique

De l’histoire à la politique, il n’y a qu’un pas que Nicolas Dupont-Aignan s’empresse de franchir. Il a 13 ans quand il colle des affiches pour Jacques Chaban-Delmas, le candidat du gaullisme social à l’élection présidentielle de 1974. Puis il adhère au RPR en 1976.

Quelques années plus tard, il intègre Sciences Po, obtient un diplôme à l’université de Paris-Dauphine puis entre à l’ENA (promotion Liberté-Egalite-Fraternité). Il commet son premier fait d’armes en s’engageant auprès de Philippe Seguin contre la ratification du Traité de Maastricht en 1992 (un engagement partagé alors par le candidat des Républicains François Fillon). Puis Nicolas Dupont-Aignan devient conseiller dans le cabinet de François Bayrou alors ministre de l’Éducation nationale et dans celui de Michel Barnier, ministre de l’Environnement.

C’est en 1995 que le RPR décide de le parachuter à Yerres, un coin de l’Essonne que l’actuel candidat de Debout la France connaît vaguement, ses parents ayant possédé une maison un peu plus loin à Morsang-sur-Seine. Cela ressemble quelque peu à un cadeau empoisonné : la ville est surendettée, gauche et droite s’y déchirent. Mais le candidat au physique de premier de la classe – à l’époque il porte lunettes de technocrate et raie sur le côté – plaît aux Yerrois. Contrairement à toute attente, il remporte la mairie dès le premier tour. Deux ans plus tard, il conforte sa victoire aux élections législatives et devient député de l’Essonne.

Nicolas Dupont-Aignan continue sa trajectoire politique au sein de la majorité présidentielle et adhère à l’UMP en 2000. Deux fois, il se présente à la présidence du parti. Deux fois, il est battu.

L’épopée en solitaire

En 2007, en désaccord avec Nicolas Sarkozy alors président de la République, il quitte l’UMP. « Le plus beau jour de ma vie », affirme-t-il. Le député-maire de Yerres décide de voler de ses propres ailes. Le courant Debout la République, qu’il a fondé quelques années auparavant, devient un parti autonome. Nicolas Dupont-Aignan y défend un souverainisme de droite aux confins des Républicains et du Front National, une position sur l’échiquier politique qu’il rejette. L’homme se revendique – comme d’autres – du gaullisme et dit défendre  » un projet original ».

Mais sur le fond, peu de choses distinguent vraiment le discours de Nicolas Dupont-Aignan de celui du Front National. Comme Marine Le Pen, il fustige les grands partis traditionnels, dénonce l’immigration, souhaite réinstaurer une forme de protectionnisme comme rempart à la mondialisation. Il veut aussi mettre en place un délai de carence de cinq ans avant que les étrangers ne puissent bénéficier des prestations sociales françaises, une mesure qui rappelle « la préférence nationale » du Front National. Dans une interview accordée au Figaro Magazine en 2012, Nicolas Dupont-Aignan affirme qu’il pourrait choisir Marine le Pen comme Premier ministre s’il était élu à l’élection présidentielle.

La présidentielle de 2012

Car en 2012, le maire de Yerres se voit déjà accéder aux plus hautes fonctions de l’Etat. Il se lance dans la course à la présidentielle et termine septième avec 1,8% des voix. Mais le candidat de Debout la République peut avoir un motif de satisfaction : en multipliant les actions symboliques pendant la campagne, il a bénéficié d’une certaine exposition médiatique. Comme cette fois où il ouvre les barrières d’un péage autoroutier pour laisser passer les automobilistes. Le candidat entendait protester contre l’augmentation des tickets d’autoroute. Ou lorsqu’il fait passer de l’Italie vers la France une Kalachnikov dans le coffre de sa voiture pour réclamer un rétablissement des contrôles douaniers. « Nous avons montré que nos frontières étaient des passoires », expliquera le député souverainiste. Ou encore quand, invité du Grand Journal de Canal Plus, il brocarde les éditorialistes et interpelle Michel Denisot et Jean-Michel Apathie sur le montant « exorbitant » de leur rémunération.

Le candidat des coups d’éclat

Ces coups d’éclat et ces « coups de gueule » vont devenir la marque de fabrique du candidat. La recette est reprise pour la campagne de 2017. Entre temps, son parti a changé de nom. Il s’appelle désormais Debout la France ! Mi-mars, Nicolas Dupont-Aignan quitte le plateau du journal de 20 heures de TF1 pour protester contre son éviction du premier débat télévisuel. La vidéo, postée par le candidat sur sa page Facebook, est vue plus de 12 millions de fois. Un écho rarissime pour un homme politique français. Selon l’équipe de campagne du candidat, la recherche du buzz ne serait pas l’objectif principal du maire de Yerres.

Le candidat souverainiste, qui se plaint de ne pas exister dans cette présidentielle, a bel et bien trouvé le moyen de faire parler de lui. Le soir du premier débat, alors que les cinq principaux candidats débattent sur TF1, il fait une apparition ubuesque sur le plateau de l’émission Touche pas à mon poste sur C8.
Crédité de 4% des intentions de vote dans les sondages, Nicolas Dupont-Aignan reste persuadé qu’il « correspond exactement à ce qu’attendent les Français » comme il le confiait à Libération en mars 2016 et que sa présence au second tour pourrait être l’une des surprises de cette campagne.

15 commentaires sur Portrait : Nicolas Dupont-Aignan, souverainisme, gaullisme et mise en scène

  1. Nicolas Dupont Aignan mérite le soutient total des Gaullistes! il est le seul aujourd’hui capable de rassembler les Français qui ne veulent pas que la France disparaisse dans ce tourbillon ultra libéral au seul bénéfice de la mafia Bilderberg!
    La France doit être le village Gaulois Laïque du monde qui résiste aux légions étrangères de toutes obédiences!

  2. Le site gaullisme.fr peut répondre à vos attentes…

  3. VILLEPONTOUX // 24 février 2019 à 23 h 00 min //

    Gaulliste, souverainiste, je me sens orphelin. J’ai cherché en vain à trouver sur le net un blog, un mouvement, pouvant répondre à mes attentes. Les plus récents sont de 2o17! Les souverainistes royalistes inaudibles ! Les vrais gaullistes ? en reste t-ils ? lntrouvables. Pauvre France ! Je fais quoi pour les européennes, Melanchon ? Un comble.

  4. « Un mouvement qui se réclame du gaullisme ». NON, un mouvent « gaulliste ». Le gaullisme n’est pas mort. Ce qu’a fait le Général est une oeuvre inachevée. Donc nous avons un héritage et une mission à poursuivre.

  5. Michel Chailloleau // 16 avril 2017 à 10 h 05 min //

    Les sondages ne reflètent pas la vérité. Cela dépend d’abord de la manière dont la question est posée. Ensuite il faut promouvoir les « grands candidats » au nom de quoi?? Mr Dupont-Aignan atteint surement un taux favorable plus élevé que celui indiqué dans les medias car un autre candidat(dont je ne citerai pas le nom mais je vous laisse deviner!) lui envoie des messages lui impliquant de se retirer!!!! Alors c’est sûr il faut voter pour un mouvement qui se réclame du gaullisme et cherche à en appliquer actuellement les valeurs. Cela me rappelle l’époque ou j’étais plus jeune…. et ou je militais déjà pour un général.

  6. 5% ou pas le seul mérite, le droit de ce battre pour la France nos enfants et petits enfants auprès d’un HOMME courageux qui a choisit le combat plutôt que la gamelle.
    DUPONT – AIGNAN est un Homme de conviction, courageux et honnête.

  7. Complètement d’accord avec l’analyse!
    Ce qui est désolant! c’est que, de nombreux Français aiment Nicolas Dupont Aignan et sont plutôt d’accord avec son projet mais la manipulation des sondages décourage ces même personnes qui, je l’ai remarqué depuis longtemps aiment voter pour un candidat qui fait un gros score!
    Le chien qui se mord la queue!

  8. Vous proposez quoi?

  9. Michel Chailloleau // 11 avril 2017 à 17 h 42 min //

    Si les sondages avaient existé en juin 1940, de combien de % de chance de figurer dans les vainqueurs de la seconde guerre mondiale, le général de Gaulle aurait été crédité? probablement moins de 5% et pourtant l’Histoire lui a donné raison. Il ne faut pas se fier aux sondages qui sont manipulés autant par les « Grands » partis que par les medias. Il faut non seulement croire aux chances de Debout la France mais aussi faire une campagne active pour que les Français lisent son programme détaillé.

  10. Arnaud Ducourthial // 10 avril 2017 à 23 h 41 min //

    NDA est étouffé par l’inégalité du traitement médiatique. A la différence de Marine Le Pen il connait bien les dossiers et à une vision économique de droite alors que le programme du FN ressemble au projet communiste des années 80. Enfin à la différence de Fillon il veut réellement remettre en cause les traités Européens comme celui de Maastrich jugé trop défavorable à la France et permettre, entre autre chose, l’arrêt de notre système de financement auprès du secteur privé ( à grand frais ) pour pouvoir enfin commencer à rembourser cette dette qui remet toute la politique du pays en cause. La souveraineté de la France commence par son indépendance financière et pour le moment on n’est même plus capable de rembourser ne serait ce que les intérêts sinon par du nouvel emprunt. C’est là je crois que Fillon se trompe et échouera à désendetter le pays. Enfin il veut une Europe qui serve la France au lieu de l’asservir. Le digne héritier du grand Philippe Séguin. Dommage qu’il ne soit pas rejoint par d’autre tel Ph. de Villiers, H. Gaino etc… dans son combat inovant. Le rpogramme de Fillon est très bien, ormis ce problème évoqué sur l’Europe mais il est à craindre qu’il soit entravé par des sarkozistes trop encombrant et des UDIstes et Juppéistes trop à gauche.

  11. Désolé, mais a son rythme de progression électoral nous y serons encore dans 20 ans….la France peut-elle attendre 20 ans ?

  12. Très bien, si je comprend bien N D A a totalement raison alors qu’attendent les vrais Gaullistes pour le soutenir haut et fort?
    Il a autant les épaules que d’autres simplement les autres sont soutenus! pas toujours par gens très recommandables! pas Gaulliste c’est sûr!
    Il n’est pas trop tard pour se mobiliser
    Un peu de courage messieurs!

  13. Il défend une ligne, et propose un projet aux français. Il sait aussi que le combat des idées ne s’arrêtera pas à l’élection présidentielle. Heureusement ! c’est ainsi qu’on parle de démocratie.

  14. La ligne politique de M. Dupont-Aignan correspond en effet à celle que souhaitent une grande partie de nos concitoyens :
    Etat protecteur, indépendance nationale, progrès social, coopération avec les pays européens sans subordination systématique de nos lois à un droit supranational, régulation de la finance, refus du communautarisme, maitrise des flux migratoires, assimilation républicaine. Diplomatie de paix, ouverte sur le vaste Monde.

    C’eût été la ligne de Philippe Séguin. C’est celle d’un indispensable Salut Public.

    M. Dupont-Aignan est un homme de convictions, courageux et intègre.

    Je suis cependant convaincu qu’il a eu tort de vouloir porter lui-même
    cette ligne très exigeante. Sans doute trop lourde pour lui.

  15. fremondiere // 10 avril 2017 à 12 h 57 min //

    OUI..M. moins 5% va faire certainement 4% et après , il va dire QUOI ?

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