Fillon mis en examen (suite)

François Fillon a été mis en examen hier. Au cours de l’entretien qu’il a eu avec les juges chargés de cette affaire, il a choisi, conformément à la procédure qui lui en donne le droit, de faire une déclaration.
Gaullisme.fr se doit d’être impartial en laissant la justice agir. Nous avons relayé l’essentiel de ce feuilleton, et nous continuerons à le faire. La déclaration de François Fillon est un élément important et nous vous la proposons dans sa totalité. À vous de vous forger votre propre conviction.

Mesdames les Juges, Monsieur le Juge,

Il est de mon devoir de répondre à la convocation que vous m’avez adressée. Quels que puissent être mes désaccords sur la méthode qui a présidé à la détermination de la date de cet interrogatoire, le respect dû à l’autorité judiciaire s’impose à chacun d’entre nous.

Il est également de mon devoir de venir aujourd’hui devant vous afin de vous affirmer : oui, j’ai employé mon épouse et la réalité de son travail est indéniable.
Cette réalité a été confirmée dans le détail par plusieurs personnes qui ont travaillé à ses côtés durant de nombreuses années.

Il est faux de prétendre que tout le monde ignorait que mon épouse était collaboratrice parlementaire. Plusieurs témoins vous confirment la réalité de ce travail, qui correspond en tous points aux déclarations de mon épouse devant les enquêteurs. Il est tout aussi faux de prétendre que son emploi à La Revue des Deux Mondes n’avait aucune réalité. La seule personne qui l’affirmait a été contredite. En définitive, depuis l’origine, la charge de la preuve a été renversée, me mettant dans l’obligation, contrairement à la règle, de démontrer mon innocence, c’est-à-dire l’effectivité du travail de mon épouse, quelles qu’en aient été les formes.

Pendant toutes ces années, mon épouse a travaillé à mes côtés et aux côtés de mon suppléant pour assurer une parfaite continuité entre lui et moi.
De la gestion de mon courrier en lien avec ma secrétaire à la tenue de l’agenda, mon épouse était présente aux événements locaux, aux inaugurations, manifestations sportives et culturelles dans la Sarthe, aux remises de décorations, son travail a pris de nombreuses formes. Pour citer l’un des témoins entendus par les enquêteurs, “sa force c’était d’être un relais au quotidien accessible et direct à tout moment”.

Nous avons versé de nombreux messages électroniques qui prouvent la réalité du travail réalisé et confirment point par point ce que mon épouse déclarait aux enquêteurs lors de son audition.

Nous avons versé la preuve des réunions auxquelles elle assistait, sa présence indéniable et fondamentale à mes côtés dans l’exercice de ma vie d’élu et la conduite de mes activités politiques. Nous avons versé des attestations précises et circonstanciées.

La réalité de ce travail est établie, l’emploi de mon épouse comme collaboratrice parlementaire n’était pas fictif et il n’appartient pas à l’autorité judiciaire de porter une appréciation sur la qualité ou la teneur de ce travail.

Entendons-nous bien et dissipons tout malentendu. Les élus ne bénéficient pas d’une immunité absolue confinant à l’impunité dans l’emploi des ressources mises à leur disposition par le Parlement. Bien entendu, ce n’est pas le cas.

Les mots, cependant, ont encore un sens. “Toute Société dans laquelle la garantie des Droits n’est pas assurée, ni la séparation des Pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution.” L’article 16 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen a gravé dans le marbre la séparation des pouvoirs, fondement même de nos institutions, de la démocratie et donc de l’autorité judiciaire elle-même.

Dès lors que l’emploi de mon épouse n’était pas fictif, ce que démontre le dossier, il n’est pas possible, sans violer cette séparation des pouvoirs, de porter un jugement sur le travail d’un parlementaire et la manière dont celui-ci s’organise avec ses collaborateurs parlementaires.

Je vous renvoie à cet égard à la réponse faite par le Président de l’Assemblée Nationale aux enquêteurs le 13 février 2017. Interrogé par réquisition des enquêteurs sur les niveaux de rémunération des collaborateurs parlementaires bénéficiant d’un lien familial avec un élu, mon collègue Monsieur Claude Bartolone a refusé de répondre “au nom du principe de séparation des pouvoirs”.

Je ne demande ni dérogation, ni faveur, mais simplement le respect du Droit. Je m’inquiète d’ailleurs que vous n’ayez pas pris connaissance de deux notes sur les faits et sur le droit applicable que mon avocat avait déposées auprès du Procureur national financier et que celui-ci ne vous a pas transmises. Est-il conforme aux principes que de mener un interrogatoire dans de telles conditions ? J’ai le droit de me défendre sur toutes les preuves en possession de la justice, sur le fondement d’une analyse exhaustive des éléments saisis et sur un travail d’enquête complet. On ne lutte jamais à armes égales avec le soupçon.

Vous avez décidé de me convoquer de façon précipitée pour des faits remontant pour certains à près de vingt ans. Vous savez que je consacre mes journées à faire campagne pour l’élection présidentielle qui aura lieu dans quarante jours. Je respecte les institutions judiciaires et la charge que la loi vous confie. J’attends d’être traité comme tous les citoyens de notre pays, sans précipitation et avec le seul souci que la justice soit rendue en toute impartialité. Le code de procédure m’offrait le choix de répondre à vos questions, de me taire ou de faire une déclaration. C’est le calendrier de cette procédure, en plein cœur de la campagne présidentielle, qui m’impose le choix de cette déclaration. »

5 commentaires sur Fillon mis en examen (suite)

  1. « Qui imagine le Général de Gaulle mis en examen ? ».

    Une pique jubilatoire envoyée hier contre un adversaire et qui se retourne aujourd’hui contre son auteur.
    De quoi irriter les pourfendeurs du complot permanent de forces occultes, sans la moindre démonstration toutefois.
    Qui imaginait avant, pendant et même après les primaires de la droite Fillon mis en examen ? La douche froide !
    Les rebondissements de ce feuilleton politico- judiciaire s’amoncellent au détriment de l’image de notre pays, par-delà même nos frontières .
    Rétrospectivement résonnent dans nos mémoires, l’engagement du candidat à se retirer de cette course à l’élection présidentielle en cas de soupçon voire de mise en examen, ses arguments à décharge et c’est son droit le plus absolu bien entendu, son propos ensuite sur «l’élection présidentielle qu’on assassine ».
    Cela dit, sans vouloir chercher à prendre parti, le moins que l’on puisse affirmer en tant que simple témoin des événements, c’est que la parole publique n’est plus crédible dans ce pays.
    Ensuite le maintien de ce candidat dans la course présidentielle soulève la question de la « trêve judiciaire ». Mais dans ce cas n’importe qui demain peut revendiquer une trêve de circonstance s’il est mis en examen, peu importe un motif futile ou sérieux qui lui accorderait une immunité provisoire le temps de passer du bon temps pourquoi pas sur une belle plage des Bahamas à l’abri d’une arrestation.
    C’est désastreux pour l’exemple car c’est bien la confirmation que c’est tout ou partie du corps politique lui-même, par son soutien silencieux ou complaisant, garant pourtant de nos institutions qui assassine l’autorité, méprise la morale, l’éthique et par extension les lois sous le prétexte du principe que ce qui n’est pas interdit est légal et que de toute façon les usages de la maison ont en quelque sorte force de loi.
    Le contrat social sans lequel il n’y a plus de société est également remis en cause même si chacun de nous garde à l’esprit la présomption d’innocence jusqu’au prononcé du jugement définitif.
    Pour un candidat à la charge suprême, le comportement et le degré de responsabilités par rapport au citoyen lambda n’est néanmoins pas le même et les attentes à son égard sont nombreuses.
    Evoquer ensuite la séparation des pouvoirs comme argument de défense a sa raison d’être j’en conviens.
    Cependant, cette séparation des pouvoirs nous protège tous dans la mesure où le pouvoir arrête le pouvoir contre les dérives.
    Sur un plan plus général c’est un droit pour tous les citoyens de ce pays d’ être informé par le quatrième pouvoir car qui le ferait à sa place, avant de faire des choix éclairés pour une élection qui engage notre avenir. Sans lui régnerait l’omerta et la fin de la démocratie.

    René Floureux 16.03.2017

  2. A quand Marine Le Pen, Macron et pourquoi pas un autre…la France à nanars reprend des couleurs et relance la vie économique des médias!!!

  3. « Vous avez décidé de me convoquer de manière précipitée »…il ne manque par d’air ce Fillon, lui qui dès la révélation de l’affaire a dépêché son avocat, toutes affaires cessantes, avec des papiers sous le bras vers le PNF et en proclamant haut et fort devant caméras et micros qu’il souhaitait que la Justice aille vite !!!!

  4. Tout ce cirque a été politiquement organisé pour empêcher la droite et le centre d’avoir un candidat gênant pour le pouvoir en place

  5. Jean-Dominique GLADIEU // 15 mars 2017 à 15 h 48 min //

    Ne connaissant pas le dossier, je ne me permettrai pas de porter une appréciation sur le fond de l’affaire.
    Toutefois, je retiens une phrase de la déclaration de François Fillon :  » En définitive, depuis l’origine, la charge de la preuve a été renversée, me mettant dans l’obligation, contrairement à la règle, de démontrer mon innocence « .
    Pour moi (encore une fois sans préjuger du fond), le vrai scandale se situe à ce niveau : qu’une personne en soit réduite à devoir prouver son innocence !
    Car c’est rigoureusement impossible. Comment, en effet, prouver que l’on n’a pas commis tel crime ou tel délit ? Et c’est précisément pour cela que la charge de la preuve revient à l’accusation … Sinon, on peut accuser n’importe qui de n’importe quoi et lui faire passer des années en prison !
    Il me parait donc urgent de réformer la « justice » notamment en interdisant les mises en accusation par des gens qui n’y ont aucune légitimité et qui usent et abusent de la présomption de culpabilité alors que la seule présomption juridique réelle est la présomption d’innocence.
    Quand les journalistes véreux auront tâté de la paille humide du cachot, peut-être se mettront-ils enfin à exercer correctement leur métier ?

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  1. Gaullisme.fr:Fillon mis en examen (suite)-et avec des pétasses du SM | actualitserlande

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