Les placards bien chargés du FN

Cette année, Marine Le Pen pourrait atteindre le second tour de la présidentielle. Il n’est donc pas inutile de rappeler les raisons pour lesquelles le FN me semble toujours toxique : j’en avais dénombrées et étayées 20 à la veille du second tour des régionales. On peut évoquer les affaires troubles sur le financement des campagnes électorales, où le FN est accusé d’avoir surfacturer les kits de ses candidats pour dégager un bénéfice aux frais des Français. La semaine dernière, on a appris que le micro-parti de Jean-Marie Le Pen allait financer une partie de la campagne de sa fille : comme quoi, à l’approche des élections, les querelles s’éloignent, apportant de l’eau au moulin de ceux qui pensent, comme moi, qu’il y a une part de communication aux disputes familiales, destinées à dédiaboliser le parti.

Et même, si je pense que quelques gaullistes sincères peuvent soutenir le FN, je voudrais leur rappeler que ce parti est profondément anti-gaulliste, comme je l’avais rappelé et étayé il y a un an. Récemment, dans le Sud-Est, des élus du Front ont traité des élus régionaux « d’enfoirés de gaullistes », ce qui en dit long sur le rapport au gaullisme du FN. Pire, on peut rappeler que Louis Alliot publiait sur son site des hommages à Bastien-Thiry, qui avait organisé un attentat contre le Général. Et on peut aussi rappeler la lettre de Marine Le Pen à ses « amis pied-noir et harkis », où elle disait que Philippot n’est « qu’un des quarante membres du Bureau Politique du FN » et que « le FN n’est pas gaulliste même s’il ne s’interdit pas de faire référence à certaines idées gaulliennes ». Pourtant, dans sa campagne, il avait mis le feu frontiste à la croix de Lorraine, ce qui aurait dû satisfaire les anti-gaullistes du FN. À ne pas oublier en 2017.

Laurent Herblay


Voir aussi sur Gaullisme.fr

Le FN n’a pas changé : toujours aussi « pétainiste ». – Traité d’ enfoiré de gaulliste par le Front national


7 commentaires sur Les placards bien chargés du FN

  1. Jean-Dominique GLADIEU // 5 janvier 2017 à 10 h 17 min //

    « n’oublions jamais que ces deux horreurs [le parti fasciste en Italie et le parti nazi en Allemagne] sont arrivées démocratiquement au pouvoir » …
    Permettez-moi, cher Edmond Romano, de vous contredire pour une fois.

    En Italie, les fascistes ont tout de même bien « occupé » la rue (autrement dit : en y faisant régner un climat qui ressemblait bigrement à de la terreur) … très aidés en cela par le passage des « socialistes » au pouvoir qui n’ont pas hésité, au tout début des années 1920, à écraser les conseils ouvriers qui occupaient alors les usines. Si bien qu’il ne resta ensuite plus grand monde pour s’opposer à la montée du fascisme.

    En Allemagne, on retrouve également l’occupation « militaire » de la rue par les nazis. Là encore, les sociaux-démocrates ont sévi en écrasant dans les années précédentes le mouvement spartakiste, ce qui a considérablement affaibli le camp anti-nazi. Rappelons enfin qui contrairement, à ce qui se dit partout, les nazis n’ont pas pris le pouvoir grâce aux élections. Ils n’ont jamais dépassé 35% (ce qui est déjà beaucoup trop !) et lors du dernier scrutin libre de la république de Weimar, ils accusaient une perte de 2 millions de voix et de 36 députés. Leur ascension n’a donc rien d’irréversible mais est le produit de la duplicité de la haute finance allemande qui magouilla auprès de Hindenburg pour nommer Hitler chancelier.

    Dans les deux cas, la « démocratie » n’a donc que peu à y voir.

  2. La pauvreté des idées de l’électorat Bleu Marine nous renvoie à la pauvreté des projets de droite et/ou de gauche. Entre des candidats de droite comme de gauche qui s’appuient sur la misère galopante pour inventer autrement le futur immédiat des plus jeunes en panne d’avenir , soit en prônant un hyper contrôle de gestion des finances publiques façon « redressement judiciaire »,soit en instituant une « rente » à vie pour enthousiasmer un plus grand nombre de « chercheurs » de petit bonheur pas cher, soit en appelant une majorité de citoyen(ne)s à travailler pour soi même dans son petit jardin hexagonal de la France du futur des idées creuses et fugaces, l’avenir électoral des supporters de la tentation FN semble effectivement s’inscrire avec un certain succès dans la médiocritude ambiante des tous les protagonistes à cette élection présidentielle ,laquelle ,faute de nous faire retrousser les manches pour nous faire décoller vers un avenir meilleur pour le plus grand nombre risque de nous coûter très cher sans issue vraiment favorable pour la grandeur de la France qui doit s’attendre à devoir peiner encore d’avantage pour s’inscrire au tableau d’honneur des pays qui compteront pour ce troisième millénaire.

  3. Edmond Romano // 4 janvier 2017 à 15 h 24 min //

    il ne s’agit pas de condamner et de rejeter les Françaises et les Français qui s’apprêtent à voter pour Marine Le Pen. Tous ne sont pas racistes, nationalistes et xénophobes. Une grande partie de ces électeurs vivent dans des quartiers populaires laissés à l’abandon par les Pouvoirs Publics depuis des décennies. Si nous vivions dans ces quartiers où les trafics sont aux portes des immeubles, où les trafiquants règnent en maîtres, où si vous avez besoin des pompiers, du SAMU, d’un médecin ou même d’un taxi vous n’êtes pas certain de les voir arriver aussi rapidement qu’ailleurs, peut être alors, serions-nous, nous aussi tentés par le vote FN. Ce que je dénonce ce sont les responsables, les cadres de ce Parti et en premier lieu sa candidate qui exploitent médiocrement la peur de nos concitoyens. Ce que je dénonce, c’est un parti fascisant qui loin de proposer de véritables solutions veut s’emparer du Pouvoir à la faveur de la désespérance comme le Parti fasciste en Italie en 1923 ou le Parti National socialiste en Allemagne en 1933 car n’oublions jamais que ces deux horreurs sont arrivées démocratiquement au pouvoir et on connaît la suite. Non, il ne faut pas diaboliser les électeurs du FN mais il faut sans cesse dénoncer sa doctrine qui serait la fin de notre démocratie, la fin des valeurs de la République, la fin de ce en quoi nous croyons.

  4. Jean-Dominique GLADIEU // 4 janvier 2017 à 9 h 47 min //

    Pour illustrer le propos de J. Payen, je vous signale dans « Le Monde Diplomatique » de ce mois-ci un article très intéressant intitulé « Mon voisin vote Front National ».

  5. Edmond Romano // 3 janvier 2017 à 18 h 50 min //

    « Une classe qui a affaibli l’Etat, compromis la cohésion nationale par son clientélisme sordide et quelquefois criminel, favorisé le retour du régime des partis, commencé à démolir les fondements du Pacte Social Républicain etc etc. » Vous développez là cher monsieur Payen tout ce que je pense du Front National…Merci! Le retour au régime des partis est ce que prône Marine Le Pen en voulant établir la proportionnelle intégrale!

  6. Je vous approuve totalement M. Herblay. Mais…

    Mais… vos arguments m’empêcheront pas un grand nombre de nos concitoyens ( et parmi eux beaucoup se reconnaissant dans les actes fondamentaux de de Gaulle ) de vouloir sanctionner une caste politique globalement inculte, incompétente, aveuglée par des dogmes « l’E.U. » « l’Euro » « le vivre ensemble » et autres foutaises…

    Une classe qui a affaibli l’Etat, compromis la cohésion nationale par son clientélisme sordide et quelquefois criminel, favorisé le retour du régime des partis, commencé à démolir les fondements du Pacte Social Républicain etc etc.

    Ces électeurs, écœurés et en grande colère sanctionneront. Pour cela beaucoup choisiront Marine Le Pen pour que leur vote soit le plus significatif, le plus retentissant possible. Le plus déstabilisant.

    Sans pour autant adhérer aux thèses du FN.

  7. Edmond Romano // 3 janvier 2017 à 14 h 49 min //

    Merci, cher monsieur Kerhevé, pour cette piqure de rappel qui je pense peut être utile à certains. Pour ma part, je désire rappeler que le Général n’a jamais confondu Patriotisme (amour de sa Patrie) et nationalisme (haine de la Patrie des autres). Le FN se dit Patriote alors que tout indique qu’il est nationaliste.

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