CROISSANCE : MÊME BERCY NE CROIT PLUS À 1,5 % EN 2016 !

Il aura fallu du temps, beaucoup de temps, pour que François Hollande et son équipe se rendent compte que leurs prévisions de croissance étaient surréalistes. Ce n’est pas comme si tout le monde le disait depuis le début de l’année 2016… par PAOLO GAROSCIO

 La croissance en 2016 pourrait être moins élevée que prévu

Le 2 novembre 2016, lors du Conseil des Ministres, c’est l’illumination au gouvernement. Une illumination acceptée à demi-mot et, bien évidemment, justifiée par « des événements exceptionnels ». Dans le compte-rendu de la réunion on peut lire une petite phrase, un peu comme les conditions contractuelles cachées au fin fond des contrats :

« Il est possible que la croissance en 2016 soit légèrement plus faible que prévu ». A deux mois de la fin de l’année, après l’adoption de la Loi de Finances de 2017 et à quelques mois seulement de la Présidentielle 2017, c’est un aveu qui a dû être très compliqué.

Mais pas d’inquiétudes : « ceci n’est pas inquiétant » estime le gouvernement. Et puis c’est la faute aux « grèves du deuxième trimestre 2016 » (contre la Loi Travail), aux « attentats » et aux « mauvaises récoltes agricoles ». La croissance aurait donc été là si… tout s’était bien passé ! Monsieur de Lapalisse n’aurait pas pu dire mieux.

Tout le monde le disait depuis… toujours ?

L’aveu du gouvernement de ce mercredi 2 novembre 2016 paraît… tardif. En fait, et ce depuis le début de l’année, personne ne croyait à la prévision de croissance de Bercy. Ni l’OCDE, ni le FMI, ni Bruxelles, ni même la Banque de France… Tous tablaient sur une croissance comprise entre 1,2 % et 1,4 % mais l’exécutif, lui, s’entêtait sur sa prévision sur laquelle il avait basé, en 2015, le projet de Loi de Finances 2016. Il faut dire que l’Insee était plutôt de son côté et tablait même sur 1,6 % de croissance.

Mais ça, c’était avant. Fin octobre 2016 l’Institut de Statistiques a revu à la baisse toutes ses prévisions, une véritable douche froide pour le gouvernement. Non seulement le 2ème trimestre 2016 a vu la croissance française chuter de 0,1 % (dans le négatif) mais le troisième trimestre n’a connu que 0,2 % de croissance et le premier… seulement 0,6 % contre 0,7 % initialement prévu. Depuis, même l’Insee ne croit plus à cette croissance de 1,5 % pour la France en 2016.

Quid du déficit public qui devait se résorber ?

Si le gouvernement se veut confiant en déclarant que cela « ne change rien sur le front du chômage, qui baisse nettement, comme sur le front du déficit, qui recule et atteindra les objectifs fixés », ce n’est peut-être pas le cas. Atteindre l’objectif de réduction du déficit à 3,3 % en 2016 va s’avérer très compliqué.

La réduction du déficit était prévue sur une croissance de 1,5 % et sans les annonces faites par le gouvernement en cours d’année : aides aux agriculteurs, augmentation du point d’indice des fonctionnaires, déblocages de fonds divers et variés… Sans la croissance prévue et avec toutes ces dépenses supplémentaires, croire que le déficit de la France sera de 3,3 % fin 2016 paraît une utopie.

D’autant plus que même si on fait abstraction des dépenses supplémentaires, pour que les 1,5 % de croissance soient atteint en 2016 il faudrait… 1,4 % de croissance au quatrième trimestre. Soit une croissance au dernier trimestre supérieure à la croissance globale pour l’année 2015 (1,2 %).

Le Commissaire européen Pierre Moscovici doit déjà être en train de préparer la petite amende qu’il donnera à la France fin 2017 lorsque le prochain gouvernement devra annoncer à Bruxelles qu’il n’a pas atteint les objectifs fixés par le Pacte de Stabilité (un déficit de moins de 3 %)…

 

4 commentaires sur CROISSANCE : MÊME BERCY NE CROIT PLUS À 1,5 % EN 2016 !

  1. A Edmond Romano… la dette n’a jamais été en soi ni vertueuse ,ni toxique, dès lors que l’on provisionne des rentrées d’argent non volatiles pour son remboursement.
    Malheureusement ,nos apprentis sorciers de Bercy, misent tous en chœur sur des mobilisations de fric hautement incertaines, voire fumeuses , qui le moment venu du remboursement de la dette s’avèrent le plus souvent non disponibles. Emprunter sans se soucier que l’on disposera du fric pour rembourser pire, réemprunter pour remboursement ses échéances, c’est de la cavalerie financière.C’est cette pratique qui est condamnable et non la dette en soi.

  2. Menuet d’espoir

    L’optimisme déraisonnable agit comme un opium qui nourrit, grâce à ses effets euphorisants, l’illusion.
    Les désirs deviennent des réalités. Mirages ou réels oasis, difficile pour les rêveurs de détacher, le temps d’une parenthèse, leurs illusions de la réalité.
    Les erreurs ou les dissimulations n’existent plus. L’ivresse du moment, comme celle des profondeurs, annihile tout discernement.
    Hors du temps et des réalités, le révisionniste rêve de scènes surréalistes. Installé dans le confort de la négation, ses prévisions les plus optimistes s’enchaînent.
    Son enthousiasme atteint son paroxysme et se moque de toutes les servitudes.
    On peut se rappeler l’image de l’homme de 1981, avec une rose à la main, escorté par une foule en délire et pleine d’espoir, prendre avec elle la direction du Panthéon.

    Ce faisant, le temps se consume comme les rêves. La prise de conscience des réalités se réinstalle brutalement comme en 1983 pour nous rappeler les rythmes des cycles économiques immuables parfois entrecoupés de périodes fastes.
    La raison libérée rentre à nouveau en conflit avec les dures réalités vécues par la société, aussi inacceptables qu’absurdes.
    L’aveu honteux de l’impuissance face au réalisme est vécu comme une déchirure qu’il va bien falloir annoncer.

    Aussi cruelle soit-elle, l’évidence s’impose et défie toutes les lois les plus optimistes.
    Après le scepticisme, le pessimisme s’installe. On ne croit plus. Puis viennent le renoncement et la sinistrose dont l’effet multiplicateur engendre le marasme généralisé.
    On se trouve des excuses. C’est la faute à Voltaire ou à Rousseau. De plus, la loi des séries d’ événements fâcheux, paralyse nos actions.

    Mais ce qui est vrai aujourd’hui ne le sera pas forcément demain.
    Contre le déclinisme, ce mauvais sort que l’on conjure, on parie tel l’alpiniste sur le possible, l’atteignable. On relativise à propos de sa condition humaine.
    Il n’y a aucune raison de s’inquiéter. L’ espoir demeure. Il n’y a pas de déni des réalités, mais tout au plus des oiseaux de malheur qui cultivent la peur irrationnelle et le doute.

    En toute lucidité on vit l’instant présent avec passion et intensément.
    Le passé n’est déjà plus. Gardons le meilleur et la mémoire intacts. L’avenir n’est pas encore et peut encore nous rapprocher de l’idéalisme sans que nous terminions comme Icare.
    Après tout, la croissance n’est pas le seul indice du bonheur national brut.

    Si par dépit on conclu que le monde n’a pas de sens donnons lui déjà dans ce cas tout le sens qu’il mérite.

    René Floureux 5.11.2016

  3. Edmond Romano // 4 novembre 2016 à 13 h 54 min //

    Le pacte de stabilité! Quelle idiotie sans nom! Encore une chose inventée pour affaiblir la souveraineté nationale au profit de l’Europe « fourre tout ». Quant à la dette publique, il faudrait, un jour, enfin admettre qu’il y a une dette vertueuse quand elle permet les investissement et donc le développement national et la dette toxique qui ne permet que du gaspillage.

  4. Les apprentis sorciers qui misent sur la croissance pour réduire les déficits et donc la dette, seront une fois de plus désavoués par les faits têtus qui imposent qu’il faut d’abord remettre de l’ordre dans son train de vie et s’engager à lutter contre toutes les « fuites ou gaspillages » d’argent prélevé en impôts et taxes sur les entreprises et les ménages et comme un bon père de famille ne plus dépenser plus que ce que l’on gagne sauf à s’endetter déraisonnablement.
    Quant à Moscovici qui, en son temps , n’a pas particulièrement brillé à Bercy, je le vois mal faire payer la France mais plutôt trouver des excuses pour qu’une fois de plus la France puisse échapper aux sanctions de Bruxelles. Tout ,tout a continu , rien ,rien n’a changé….sur un air connu !!!

1 Trackbacks & Pingbacks

  1. Gaullisme.fr:Zineb El Rhazoui : pourquoi l’islamisme est un totalitarisme | documentation.erlande

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*