Défendre l’élection présidentielle au suffrage universel

Le general Charles de Gaulle, president francais, lors d'une conference de presse a l'Elysee le 27 novembre 1967 --- General Charles de Gaulle, french president, during a press conference on november 27, 1967

28-octobre-1962-suffrage-universel-direct2Faut-il l’accepter, faut-il la combattre ? Certains l’affirment, sans pour autant avancer aucune autre solution de remplacement : la suppression de la fonction présidentielle est dans l’air du temps.

Non ! Pour ma part, on ne doit pas changer la règle parce que les acteurs ne sont pas à la hauteur*. Il appartient aux Françaises et aux Français de choisir, librement et sans aucune pression, celui qui aura la charge suprême de l’État. L’élection présidentielle au suffrage universel doit rester avant tout la rencontre d’une conscience et d’une confiance.

Vendredi dernier, j’ai eu l’occasion au cours de l’émission « seul contre tous » sur Sud-Radio animée par Philippe David et en compagnie de Laurent Jacobelli, vice-président de Debout La France (Mouvement de Nicolas Dupont-Aignan), de défendre la constitution de la Ve République et de réclamer le rétablissement du septennat pour le mandat présidentiel.

sudradioÀ la fin de l’émission, le sondage fait en direct sur Sud-Radio a montré qu’une large majorité des auditeurs a été sensible à nos arguments. Satisfaction ! Les Français restent attachés à la République gaullienne, n’en déplaise aux éternels nostalgiques du régime des partis**.

Alain Kerhervé

Lire le texte ci-après.

** Sous la Ive République, de 1946 à 1958, il y a eu 24 gouvernements (suite à des crises ministérielles), soit en moyenne un gouvernement tous les 6 mois. De 1959 à nos jours, la Ve République a « enfanté » de 20 gouvernements en 57 années, la plupart du temps sans aucune crise politique et dans la continuité présidentielle.

Suffrage universel : lire ICI


Le lent déclin de l’autorité présidentielle


De la majesté gaullienne au bla-bla hollandais en passant par le bling-bling sarkoziste, la fonction de président a bien perdu de son aura depuis le début de la Ve République. Extrait.

« L’autorité ne va pas sans prestige, ni le prestige sans éloignement », écrivait en 1932 le commandant de Gaulle dans le Fil de l’épée, dessinant bien avant l’heure les grandes lignes de son charisme présidentiel. Que reste-t-il aujourd’hui de cette conception gaullienne du pouvoir ? Obsédé par le tropisme de la présidence « normale » et citoyenne, pourquoi François Hollande est-il passé à côté de ce qui fait en France le fondement historique de l’autorité présidentielle, associée à la sacralité, à la solennité et au rituel ? Comment en est-on arrivé là, à cette obsession mortifère de la proximité, qui conduit à la disparition de la présidentialité ?

L’exaltation de la grandeur

Souvenons-nous des conférences de presse du général de Gaulle, entre « lit de justice et discours du trône », écrivait Jean Lacouture, qui mettaient en scène le Général en majesté dans la salle des fêtes de l’Élysée, seul sur une estrade, face aux journalistes du monde entier. Souvenons-nous de ses allocutions télévisées, face à la France, dans un dialogue solennel mais direct avec son peuple. Souvenons-nous enfin de ses bains de foule, la haute stature du héros national dominant la marée humaine. « L’effet voulu est donc atteint, écrivait le Général dans ses Mémoires d’espoir, puisque le peuple a levé la tête et regardé vers les sommets. » C’était ainsi que de Gaulle concevait la relation entre le chef de l’État et son peuple, dans la verticalité de l’hommage et du commandement, mais aussi, soulignait-il, dans « l’exaltation du sentiment national ».

Le Général ayant placé si haut la barre de l’incarnation présidentielle, comment faire pour ceux qui l’ont suivi ? « Je ne suis pas le successeur, on ne succède pas au général de Gaulle », avoua d’emblée Georges Pompidou, en annonçant sa candidature à l’élection de 1969. Il fut néanmoins un héritier à la hauteur du legs symbolique de la présidence gaullienne, opposant à la raideur militaire et distante du Général la rondeur matoise et débonnaire du paysan du Cantal, mâtinée d’une vaste culture finement distillée. Chacun se souvient de sa conférence de presse du 22 septembre 1969, lorsqu’il cita Paul Éluard à propos de la malheureuse Gabrielle Russier, morte d’aimer. En dépit de la maladie incurable qui le rongeait, il fut un président à la hauteur de l’Histoire, maître de sa fonction et de son incarnation, populaire jusqu’au bout, jusqu’à ce que le mal l’emporte. « Comme tous les Français, je savais le chef de l’État condamné à une fin prochaine, et comme tous les Français elle m’a surpris », car « il y avait de la fierté dans cette façon d’afficher sa décrépitude », lui rendit hommage François Mitterrand en 1975 dans la Paille et le grain.

Jean Garrigues, Historien,
spécialiste d’Histoire politique
Dans Marianne

20 commentaires sur Défendre l’élection présidentielle au suffrage universel

  1. Gilles Le Dorner // 3 décembre 2016 à 20 h 04 min //

    une campagne de partis ou fragments de partis , de jeux de partis qui ne sont jeux que dans l’affligeant spectacle dont se gargarisent les médias tout émoustillés , une campagne d’ une France fragmentée , une campagne de programmes en détails et donc de premiers ministrables , une campagne de fin ou début de quelque quatrième république , une campagne qui ne devrait pas faire oublier qu’ il est encore un Président en France et que la France en ces jours doit encore être gouvernée , une campagne posant par défaut une simple question en somme , et depuis un pays et/ou peuple et depuis sa Constitution , qu’ est ce qu’ un Président de la République au nom de la France ?

  2. Vous dites : « Quasiment tous les politiques depuis le général de Gaulle ont été, à tort ou à raison, favorables au quinquennat » Je suppose que vous voulez dire : … « après de Gaulle »

  3. Flamant rose // 4 novembre 2016 à 13 h 19 min //

    L’idée du quinquennat ne date ni de Chirac ni de Jospin. Quasiment tous les politiques depuis le général de Gaulle ont été, à tort ou à raison, favorables au quinquennat. En 1973, le président Georges Pompidou qui disposait de la majorité dans les 2 chambres a fait voter dans les mêmes termes à l’Assemblée nationale et au Sénat un projet de loi relatif à une modification de la durée du mandat présidentiel à 5 ans. Il n’a pas donné suite car les socialistes et les communistes qui pourtant avaient également ce projet dans le programme commun de 1972 menaçaient de voter contre. Le projet n’aurait de ce fait pas obtenu les 3/5 des parlementaires nécessaires.

    Dans son programme en vue de l’élection présidentielle de 1981, François Mitterrand avait 110 propositions. Celle qui portait le numéro 45 prévoyait une modification de la constitution pour ramener le mandat présidentiel à 5 ans renouvelable ou 7 ans non renouvelable. Cela ne s’est pas fait et pourtant il a eu 2 septennats.

    Lors de l’élection suivante les 3 candidats principaux étaient Jacques Chirac, Edouard Balladur et Lionel Jospin. C’est Jospin qui le premier a lancé l’idée d’un référendum sur le sujet s’il était élu. Chirac lui a répondu que le moment n’était pas propice à une telle révision de la constitution mais qu’il n’était pas contre le principe. Quand à Edouard Balladur, après s’être montré favorable à un septennat non renouvelable, il s’est rallié à l’idée du quinquennat en disant que le président de la République élu pourrait être amené à conduire à son terme cette réforme.

    Entre Georges Pompidou et Mitterrand, il y a eu VGE. S’il n’a rien fait au cours de son mandat, c’est lui, qui en 2000, a cosigné avec Philippe Douste Blazy, Alain Madelin et José Rossi la proposition de loi visant a modifier la constitution et à ramener le mandat présidentiel à 5 ans renouvelable une seule fois. Jacques Chirac et Lionel Jospin ont alors donné leur accord. Cette modification a été votée par référendum avec 73 % de oui ce qui est un résultat incontestable.

    Voilà pourquoi, je combats l’idée que Jacques Chirac et Lionel Jospin seraient à jeter aux orties au prétexte qu’ils seraient est à l’origine du quinquennat. Ce n’est pas le cas.

  4. Edmond Romano // 3 novembre 2016 à 21 h 12 min //

    @cording:
    « Le passage au quinquennat en l’an 2000 sous le double égide du gaulliste Chirac et du socialiste Jospin a contribué à affaiblir la fonction présidentielle ». Non! Pas sous la double égide de Chirac et Jospin. Mais, selon la volonté de la Majorité des Françaises et des Français qui avaient voté pour les candidats de la Gauche plurielle et avec la complicité du FN qui en provocant des triangulaires a empêché la majorité sortante de le rester. La transformation du septennat en quinquennat était inscrit dans le programme du PS et de ses alliés. Ils ont mis en action leurs promesses électorales. Comment le leur reprocher?

  5. Edmond Romano // 3 novembre 2016 à 21 h 01 min //

    @BAERTJC:  » ni autre disposition les mettant en devoir d’accomplir ce pourquoi ils ont été élu(e)s ». Ce qui met en devoir un élu d’accomplir ce pourquoi il a été élu se nomme le suffrage. Si les électeurs ne sont pas satisfait, ils ne votent plus pour cette personne. C’est je crois ce qui s’est passé en 2012 concernant Nicolas Sarkozy et ce qui se passera (je le crois et l’espère) en 2017 pour François Hollande. Je ne vois pas en quoi « cette médiocratie » que vous dénoncez doit remettre en cause nos Institutions. A moins que vous ne préfériez le « Président potiche » de la IVème République ou une Monarchie héréditaire (qui nous dispenserait d’élection mais pas forcément de la médiocrité).

  6. « 3Défendre l’élection présidentielle au suffrage universel »…OK, mais pour quels résultats escomptés ?
    Toujours le même problème généralisé….confusion entre but et moyens !!!!!!!!
    L’élection Présidentielle n’est qu’un moyen….pour atteindre quels buts ?

  7. Dans tous cas, c’est bien à cause des hommes ou des femmes qui se présentent et qui défaillent ….avec 500 signatures pour seule garantie en poche de béni oui oui à leur cause, d’une déclaration de patrimoine contrôlée par leurs pairs, et de promesses dictées par démagogie électorale….que le peuple envoie par délégation des hommes et des femmes faire le boulot à leur place…..et ,ce, sans autre formalisme d’examen du sérieux de l’engagement désintéressé pour la France,des compétences pluridisciplianires, ni autre disposition les mettant en devoir d’accomplir ce pourquoi ils ont été élu(e)s. Alors après on fait du bla ,bla urne !!!! Au secours la Démocratie conjuguée de cette manière appelle la Médiocratie aux commandes du pays !!!!!!

  8. Edmond Romano // 27 octobre 2016 à 18 h 05 min //

    Que dit la Constitution de 1958 sur les partis politiques? » Les partis et groupements politiques concourent à l’expression du suffrage. Ils se forment et exercent leur activité librement. Ils doivent respecter les principes de la souveraineté nationale et de la démocratie.Ils contribuent à la mise en œuvre du principe énoncé au second alinéa de l’article 1er dans les conditions déterminées par la loi.
    La loi garantit les expressions pluralistes des opinions et la participation équitable des partis et groupements politiques à la vie démocratique de la Nation. » » (article 4)
    Dans l’esprit du Général de Gaulle, toutefois, l’Election Présidentielle devait être déconnectée des Partis politiques, puisqu’elle devait être la rencontre entre un homme (ou d’une femme)et le Peuple. Jusqu’en 2011 et la primaire socialiste c’est ce qui s’est produit. Un(e) candidat(e) se présentait et recevait le soutien de tel(s) ou tel(s) parti ou mouvement.
    Cette fois, pour 2017, les candidats se présenteront au nom d’un parti. Ceci est contraire à l’esprit des Institutions et obère fortement la légitimité du futur Président. Excusez-moi de ne pas employer l’éventuel féminin mais vous comprendrez pourquoi!

  9. Jean-Dominique GLADIEU // 27 octobre 2016 à 9 h 36 min //

    « Une assemblée constituante n’accouchera pas d’un miracle »
    Alain Kerhervé

    Tout à fait. Cependant, il y a des choses à repréciser dans l’actuelle Constitution.

  10. Que nous reste-t-il ?

    Le Général de Gaulle s’est distingué comme un stratège ingénieux doté d’un esprit révolutionnaire au cours de sa carrière politique.
    Le discours de Bayeux de juin 1946, première ville (normande) libérée, en est un exemple puisque de lui germa l’ossature qui devint celle de notre constitution du 4.10.1958 amendée maintes fois.
    Ce libérateur comblera un vide constitutionnel, neutralisera le régime des partis qui rendait les institutions de la 4ième République instables et affaiblissait notre pays et donnera au futur Chef de l’Etat, situé au-dessus des mêlées partisanes, des pouvoirs constitutionnels renforcés notamment au travers de l’article 16 de notre loi fondamentale qui lui confère toujours des pouvoirs exceptionnels en cas de menaces graves et immédiates.
    De ce que l’on pourrait retenir de plus éloquent, de plus reconnaissant, c’est ce pouvoir qu’il déléguait à son peuple qui avait souffert et avec qui il faisait corps, à savoir celui de pouvoir s’exprimer lors d’une consultation sur des projets d’envergure.
    Et c’est un plébiscite qu’il escomptait obtenir de son peuple à chaque question fondamentale qui engageait son destin quitte à se retirer du pouvoir mais avec panache en cas de désaveu.
    Après tout, la souveraineté nationale appartient au peuple qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum enclenchée selon les dispositions prévues par les articles 11 ou 89 de notre constitution.
    Elle s’est manifestée lors du référendum du 28.9.1958 qui approuva à plus de 82% le projet de constitution du 4.10.1958, et du 28.10.1962, qui approuva à 62 % l’élection du Président de la République au suffrage universel direct.
    Ce que le peuple a fait, seul le peuple pourrait le défaire.
    Comme Président, C. De Gaulle est allé jusqu’au bout de sa logique après trois référendums organisés entre 1961 et 1962 sur l’autodétermination puis l’indépendance du peuple algérien après les accords d’Evian, très largement approuvés de part et d’autre de la Méditerranée mais hélas avec les conséquences terribles que nous connaissons.

    Quant au quinquennat actuel, il n’est pas adapté à une stratégie à long terme, neutralisée par des campagnes présidentielles trop prématurées et tributaires des changements de majorité.

    Malgré les joutes juridiques d’ordre constitutionnel et les attaques de l’opposition, aucun candidat à l’élection suprême n’a remis en cause le désir et la volonté du peuple français de choisir directement son Président pas même François Mitterrand qui s’est bien accommodé de notre constitution durant les cohabitations.

    S’agissant de la fonction présidentielle, celle-ci a été dénaturée au fil des exercices successifs du pouvoir suprême après Georges Pompidou. Il manque cette grandeur qui fait les grands hommes préoccupés d’abord par l’intérêt de la nation. Cette dénaturation de la fonction s’est accélérée par l’abaissement de la fonction et depuis les transferts de souverainetés nés des traités et des délégations supranationales multiples consenties dans bien des domaines au prix de trahisons innommables.
    Notre Constitution a dû s’aligner sous peine de sanctions lourdes contre notre pays, à notre environnement juridique international, parfois contre le gré du peuple de France et non l’inverse ; ce qui était impensable dans l’esprit des fondateurs de la 5ième République.

    Pour le coup, on est bel et bien en plein dans le lent déclin de l’autorité présidentielle qui perd de son aura mais aussi en plein déclin d’une France puissante jadis dont la voix s’efface sauf lorsqu’elle intervient sur les théâtres d’opérations extérieurs sous mandat du Conseil de Sécurité de l’ONU dont elle est membre permanent.

    Ce qui manque d’abord à ce pays aujourd’hui c’est la voix du peuple dans les périodes charnières de son histoire ! Malheureusement lorsqu’elle s’exprime elle est étouffée d’un trait de plume.

    René Floureux 26.10.2016

  11. Edmond Romano // 26 octobre 2016 à 15 h 28 min //

    La transformation du septennat en quinquennat et par là-même la concomitance de l’élection Présidentielle et des élections Législatives a été mise en place par le Gouvernement Jospin. Est-ce un hasard? Certes pas, en agissant ainsi Lionel Jospin savait parfaitement qu’il affaiblissait les Institutions de la Vème République. Etant conscient que les Françaises et les Français sont attachés à l’élection du Chef de l’Etat au Suffrage Universel direct, il a (en bon trotskiste)contourné le problème et cherché une solution qui affaiblirait la fonction présidentielle. La solution est le retour au septennat qui de fait rétablirait la rupture entre la concomitance des deux élections. Par contre, afin d’assurer une meilleure représentation des différents courants politiques, je suis favorable à ce que le Sénat soit élu à la proportionnelle intégrale.

  12. L’utilisation actuelle de notre constitution souffre de deux chose : le quinquennat qui fait, en même temps , l’élection présidentielle et celle concernant l’Assemblée nationale qui se traduit par aucune séparation des pouvoirs, et donc la gestion de la vie politique par des structure partisanes ( les partis politiques, et notamment les plus importants) et le personnel politique qui ne pense qu’à une seul chose, la garantie d’une carrière politique à long terme. En conséquence, une assemblée constituante n’accouchera pas d’un miracle.

  13. Jean-Dominique GLADIEU // 26 octobre 2016 à 8 h 38 min //

    Une fois de plus, entièrement d’accord avec l’analyse d’Edmond Romano.
    Pour ma part, je n’ai pas de préférence entre un « vrai » régime parlementaire et un « vrai » régime présidentiel ni un « vrai » régime combinant l’un et l’autre. Le mot « vrai » signifiant, pour ce qui me concerne, dans le cadre de l’exercice effectif par le Peuple de son droit à la Souveraineté.
    Or que constate-t-on dans les faits ? Que le pseudo-régime parlementaire de la IV° République n’a rien à voir avec la Souveraineté du Peuple mais consiste en la colonisation de la vie politique par les partis.
    Par ailleurs, l’actuelle V° République est elle aussi pervertie par le quinquennat et également par la colonisation de la vie politique par les partis. Ce que dénonçait déjà le Général De Gaulle en son temps mais lorsqu’il était là, il pouvait mettre le poing sur la table et limiter les dégâts. Depuis son départ, c’est la « chienlit ».

    En conclusion, je pense qu’il faudra malgré tout une Assemblée Constituante soit pour refonder le régime mis en place par le Général (en améliorant éventuellement certains points)soit pour redéfinir un régime parlementaire en rupture avec la IV° République.
    Avec dans les deux cas, la même boussole : la Souveraineté du peuple.

  14. Edmond Romano // 25 octobre 2016 à 15 h 18 min //

    La VIème République! Voilà le marronnier que l’on ressort chaque fois que les hommes politiques ne sont pas à la hauteur des Institutions. Cela revient à casser le thermomètre pour être guéri de la fièvre!
    Il n’y a en Droit Constitutionnel que deux régimes: le régime parlementaire ou le régime présidentiel. La singularité de nos Institutions fait que nous avons un mélange des deux. Parlementaire, il est du fait que le Gouvernement peut être censuré par l’Assemblée Nationale devant laquelle il est donc responsable. Présidentiel, du fait que le Président de la République est élu au Suffrage Universel direct et qu’il nomme librement le Gouvernement. Les tenants de la « VIème République » prône en fait un retour au régime parlementaire tel que nous l’avons connu sous la IVème République et qui a conduit la France à la pire période d’instabilité institutionnelle de son Histoire. La conséquence directe de cette marche arrière ne pourrait être que la fin de l’élection du Président de la République par le Peuple puisque dans son esprit même un régime parlementaire ne reconnaît que la Légitimité du Parlement. Est-ce vraiment cela que certains veulent? Si oui qu’ils le disent franchement au lieu de se gargariser de mots! Comme toujours les plus acharnés partisans de la Vième République sont les héritiers politiques directs de ceux qui ont combattu le Général de Gaulle.

  15. Flamant rose // 25 octobre 2016 à 10 h 59 min //

    Le général de Gaulle a pensé bien avant 1962 à l’élection présidentielle au suffrage universel. Cette idée découlait d’un des credos majeurs du gaullisme, celui de la participation. La question que l’on peut alors se poser c’est de savoir pourquoi il ne l’a pas proposé lors de la création de la constitution de la V éme république. Il s’en explique dans le tome 2 des Mémoires d’espoir « L’Effort », je cite :

    «  Il est vrai , que parlant de Bayeux en 1946 du régime qu’il faut à la France, puis dirigeant en 1958 les travaux et les débats où s’élaborait la constitution, je n’avais pas encore spécifié que le chef de l’État devait être élu au suffrage universel et m’en étais d’abord tenu, pour sa désignation, à un large collège qui serait, à l’échelon national , du même genre que ceux qui, à l’échelon départemental, choisissaient les sénateurs. C’est qu’en effet je jugeais préférable de ne pas tout faire à la fois.

    De Gaulle explique alors que s’il n’avait pas jugé de tout faire à la fois, c’est qu’il voulait prendre son temps face à cette importante mutation que lui qualifie d’immense. Il voulait également dit-il se prémunir de l’accusation de « plébiscite » que ne manqueraient pas de faire ses adversaires.

    Par ailleurs, il est certain que l’attentat du Petit-Clamart a pesé sur sa décision et fait accélérer les choses puisque toujours dans « l’Effort » de Gaulle écrit « En effet, après celui qui, l’année précédente prés de Pont-sur-Seine, avait failli me tuer et dans la perspective de nouvelles tentatives dont tout indique qu’on les prépare, la question est de savoir ce qu’il adviendra de l’État si de Gaulle disparaît soudain. Elle se pose d’une manière pressante ».

  16. Le passage au quinquennat en l’an 2000 sous le double égide du gaulliste Chirac et du socialiste Jospin a contribué à affaiblir la fonction présidentielle en faisant du président le simple chef de sa majorité parlementaire par la coïncidence des calendriers électoraux, de la présidentielle à la législative. Comme de Gaulle l’a souhaité sans pouvoir le réaliser il fallait aller vers une monarchie constitutionnelle et parlementaire dans la quelle le chef de l’Etat aurait vraiment été au-dessus des partis. La vanité du Général et l’opposition de ses partisans à un tel projet n’ont pas permis d’aller jusque là pour avoir durablement un Chef d’Etat au-dessus de la mêlée partisane inévitable. Résultat son oeuvre institutionnelle est détruite par les partis qui ont récupéré le système mis en place contre eux. Notamment et surtout les présumés héritiers du Général.

  17. Jean-Dominique GLADIEU // 24 octobre 2016 à 15 h 08 min //

    Concernant Georges Pompidou (dont Jean Garrigues nous dit qu’il fut « un héritier à la hauteur du legs symbolique de la présidence gaullienne »), je crois me souvenir qu’il déposa (1973 ou 74, à vérifier)un projet de réforme de la Constitution visant à réduire le mandat présidentiel de 7 à 5 ans. Ce qui constitue (l’expérience depuis l’a prouvé)une atteinte à l’esprit de la V° République.

    En effet, dans la logique politique qui animait le Général De Gaulle, le président de la république est la clé de voute des pouvoirs publics, d’autant plus qu’à partir de 1962, la Constitution prévoit son élection au suffrage universel.
    C’est donc lui qui définit la ligne politique à tenir, charge au gouvernement de la mettre en application sous le contrôle et avec l’accord du Parlement.
    Dés lors, si l’on ne veut pas que le Parlement soit une assemblée-croupion, il est nécessaire que l’élection présidentielle soit déconnectée de l’élection législative.
    De plus, le président passant un contrat politique avec le peuple lors de son élection, il est également normal qu’il dispose du temps nécessaire pour que soit rempli ce contrat.
    Le retour au septennat ne me parait donc pas une hérésie. Le décalage avec la durée du mandat de l’Assemblée Nationale permet entre-temps de vérifier sa légitimité politique aux yeux du peuple et la concordance entre majorité présidentielle et majorité législative.
    En cas de désaccord, le Président a le choix : démissionner, dissoudre l’Assemblée ou cohabiter (sur ce dernier point, l’expérience en montre l’ineptie).

    Maintenant, on a, bien sur le droit, d’être méfiant vis à vis de la fonction présidentielle. Auquel cas, il faut être capable de proposer une alternative.
    L’expérience lamentable de la IV° République doit nous conduire à réfléchir à une autre conception du parlementarisme si nous étions amenés à revenir à ce type de régime.
    Les députés pourraient être élus au niveau du département pour préserver une proximité avec les administrés (la connaissance du terrain local pouvant par ailleurs être utile pour éviter les contradictions entre l’intérêt national et les réalités locales). Une fois constitué, le Parlement (qui se limiterait à une seule chambre) élaborerait un programme de mandature qui serait ratifié par le peuple par voie référendaire.
    Une fois le projet adopté, le Parlement désignerait et contrôlerait le gouvernement.
    Le Sénat serait supprimé et fondu dans le Conseil Economique et Social.
    Quant au mode de scrutin, il ne serait à proprement parler ni « majoritaire » (le scrutin actuel ne l’est guère puisque parfois plus de 2 candidats participent au 2e tour) ni « proportionnel » (sous la IV° il ne l’était pas beaucoup non plus si l’on se réfère au système des apparentements) mais serait « ouvert ».
    L’électeur se verrait remettre un bulletin récapitulant la liste des candidats dans le département et il lui reviendrait de cocher autant de noms qu’il y a de postes à pourvoir (voire moins si le nombre de candidats lui convenant est inférieur au nombre de postes à pourvoir). Les candidats ayant obtenu le plus de voix (jusqu’à concurrence du nombre de postes à pourvoir) seraient élus. Un 2e tour départagerait les éventuels ex-aequo.

    Quoi qu’il soit, régime présidentiel ou parlementaire, il s’agit que ce soit le peuple qui décide.

  18. Ben oui, mais c’est l’homme qui fait le Président et non le Président qui fait l’homme. Nous savions que pour virer Sarko on élisait un rigolo.
    Qui peut-être surpris du comportement du bonhomme ? Arrêtez de vous excitez, ce sera pareil demain, quelque soit le rigolo de droite qui risque d’être élu ! qui peut croire que Juppé fasse une politique gaullienne ! Ne me faites par rire. (il y en a qui rêve). Vous allez en voir défiler un tous les 5 ans, qui n’a jamais travaillé, qui ne connaît rien à la vie des Français. On se bat pour la France de 2100. La France est en standby. Soufflez, respirez, prenez de la hauteur. Et le Gaullisme, construisez le là où vous êtes : au bureau, à l’atelier, à l’université. Mettez en place un oasis de Participation et nous savons que la France est éternelle, elle en a vu d’autres ! Le Gaullisme c’est la France, les candidats à la présidentielle, c’est la soufFrance !

  19. faire coïncider législatives et présidentielle est une erreur historique !l’élection présidentielle doit être rendue aux français et la constitution renégociée via une assemblée constituante composée en partie de « tirés au sort » via des ateliers constituants vers la 6ème république , avec des processus révoquatoires ! J L M et N D A peuvent s’entendre là dessus ayant beaucoup de convergences de vue (il suffit de visionner certaines vidéos pour s’en rendre compte et en son temps Michel Onfray avait osé le dire )

  20. Edmond Romano // 24 octobre 2016 à 9 h 36 min //

    Tout à fait d’accord, l’élection du Président de la République au Suffrage Universel direct doit être défendue. Pour ma part, je suis favorable à un mandat de sept ans non renouvelable (ce qui éviterait que le Président ait à se soucier de sa réélection). Toutefois, si au bout de cinq ans, lors de nouvelles élections Législatives, son action est censurée par le Peuple qui enverrait à l’Assemblée une majorité opposée au programme présidentiel, le Président devrait remettre son mandat entre les mains du Peuple en donnant sa démission.

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