L’encombrant

d-jamet-16-05-2014-18h37-49-ELECTIONS-EUROPEENNES-INTERVIEW-DE-DOMINIQUE-JAMET-Dominique Jamet, vice-président de Debout la France depuis 2012 mais également journaliste depuis… toujours tient chaque semaine sur le site de Debout la France une chronique où il commente très librement l’actualité politique.

« Un président ne devrait jamais dire ça… » La publication, cette semaine, du livre de Gérard Davet et Fabrice Lhomme, fruit de dizaines de rencontres, d’entretiens et de dîners entre les deux auteurs et le chef de l’État actuellement en fonction, complète le portrait de l’homme néfaste dont le quinquennat s’achève heureusement – je précise : heureusement pour nous.

De François Hollande, nous ne connaissions que trop l’incapacité, amplement démontrée par la succession de ses échecs dans la lutte contre le chômage, les déficits, la dette, le terrorisme et par l’affaiblissement de notre pays à l’intérieur comme à l’international. Pour nous borner à l’actualité la plus récente, cette incapacité a été illustrée une fois de plus par la solution baroque et loufoque trouvée aux difficultés d’Alstom, ou par la réplique de Poutine aux aboiements de roquet venus de l’Élysée. Le gros livre de Lhomme et Davet, dont le contenu est directement puisé à la meilleure source, en éclairant d’un jour cru la médiocrité, le cynisme, la duplicité du personnage, dessillera les yeux jusqu’ici les plus obstinément fermés.

Quelle idée aussi, et quelle imprudence, d’aller se confier à deux journalistes, dont le métier, après tout, est de recueillir et de diffuser l’information ! Qu’un homme dont l’absence de principes et de repères, de convictions et de projet, fait, si haut placé qu’il soit, un ludion ballotté à la surface des événements, confie ses hésitations, ses doutes, ses fluctuations à son journal intime, que, s’il souffre, comme c’est visiblement le cas, d’incontinence verbale, il prenne pour confident un prêtre ou un psychanalyste, également tenus au secret, confessionnel ou professionnel, passe encore… Mais des journalistes, qu’il laisse libres d’utiliser le matériau qu’il leur a fourni, cela passe l’entendement.

Et c’est ainsi que nous découvrons, fixé par le flash de ses intervieweurs comme un lapin immobilisé dans le faisceau des phares d’une automobile, un tortueux Machiavel de sous-préfecture qui s’emmêle dans les toiles qu’il ourdit, un manipulateur pris la main dans le sac d’embrouilles, en flagrant délit de manœuvres, de mensonges, de mépris, mépris des hommes, mépris de la vérité. Fessenheim, qui ne fermera pas avant de longue années, Notre-Dame-des-Landes « qui ne se fera jamais », le Parti socialiste, qui est mort, Jean-Marc Ayrault, fidèle entre les fidèles, qu’il nomme Premier ministre puis aux Affaires qui lui sont étrangères tout en l’accablant de son dédain, la proposition de déchéance nationale à laquelle il ne croit pas plus que ça, sur chaque sujet, sur chaque personne, il y a le discours public, pour les gogos, et le discours privé, pour les intimes. Dernier exemple en date, encore tout frais et tout brûlant : la double faute, professionnelle et morale, commise contre la magistrature, qu’il croit compenser à l’oral de rattrapage en disant à Nice tout le bien qu’il n’en pense pas après avoir dit à l’abri des regards tout le mal qu’il en pensait… Mais que vaut désormais la parole du président ? Il l’a dévaluée comme il a abaissé sa fonction, comme il s’avilit lui-même dans le livre de Lhomme et Davet. Lui, normal ? Certainement pas. La normalité, Dieu merci, c’est autre chose. Il y a des hommes de fer, il y a des hommes de marbre, comme dans le film d’Andrejz Wajda, celui-ci est un homme de papier, de papier-bavard.

Un président ne devrait jamais dire ça tombe comme un pavé opportun dans la mare juste au moment où l’interview-fleuve accordée par le chef de l’État à l’Observateur devait sonner en fanfare le début de sa campagne. « Je suis prêt », y claironnait François Hollande. Prêt à remettre ça, à rempiler pour cinq ans. Il risque fort, désormais, d’être le seul à y croire.

Ce n’est pas seulement parce qu’il n’a aucune chance d’être réélu, pas seulement parce qu’il n’a aucune chance d’accéder au second tour, pas seulement parce qu’il n’a plus aucune chance de franchir l’écueil d’une primaire de la gauche, pas seulement parce qu’il est politiquement disqualifié, que François Hollande ne sera pas le candidat du Parti socialiste, mais plus simplement parce qu’il est moralement indigne, déchu de toute légitimité. Manuel Valls, Ségolène Royal et quelques autres piaffent d’impatience dans les starting blocks. Pour la gauche, pour son propre camp, François Hollande est devenu ce que les services de la voirie appellent un encombrant. À dégager.

9 commentaires sur L’encombrant

  1. Jean-Dominique GLADIEU // 21 octobre 2016 à 12 h 32 min //

    Edmond Romano : « Les juges ne sont pas illégitimes puisque ils sont nommés ».
    Vous avez raison si on considère qu’il suffit qu’une décision soit légale pour être légitime. Mais, on peut aussi considérer que la légitimité est liée à la volonté du Peuple.
    Quoi qu’il en soit, nous sommes d’accord sur l’essentiel dans le cas qui nous préoccupe.
    Bien amicalement.

  2. Notre chef est quand même un type formidable . Profiteur de la République à plein temps ,Dom Juan des lambris dorés, dispensateur de chloroforme politique, écrivain par procuration, homme d’Etat international de l’âne né, gendarme, militaire policier de l’état d’urgence de la tolérance, redresseur des comptes non calculés, dispensateur de fonds improductifs, polyvalent de l’industrie en déroute, sauveur de planète à 2° près,amuseur public à ses heures, etc. etc…cet homme va certainement encore épater la galerie de tous les écervelés qui confondent fromage et vache laitière…car c’est bien à cause de cette dernière que le fromage se fait et non l’inverse.
    Reste à savoir où sont passées les vaches ? Pour l’heure, le mou du flou garde le secret bien gardé !

  3. A Julian…vous avez raison…il se passera obligatoirement quelque chose avant la primaire socialiste (si elle est maintenue) et ne doutons pas un seul instant que le locataire de l’Elysée fera encore parler de lui puisque la balayette intelligente n’est toujours pas à l’oeuvre et que la cohorte des petits roquets ne dissuade aucunement « l’encombrant » d’en faire à ses aises et de ne pas se priver .

  4. Edmond Romano // 17 octobre 2016 à 11 h 37 min //

    Jean-Dominique Gladieu:
    Les juges ne sont pas illégitimes puisque ils sont nommés. Telle est l’organisation française de la Justice. l’Autorité judiciaire est légitime. Par contre, je suis d’accord avec vous sur l’abus de langage: on parle à tort de « Pouvoir Judiciaire » or le Pouvoir est issue du Peuple, c’est ainsi que l’on peut parler du « Pouvoir Exécutif » qui tient sa légitimité de l’élection du Président de la République élu au Suffrage Universel qui nomme le Gouvernement. On peut aussi parler du « Pouvoir Législatif » car les parlementaires sont issus du Suffrage. Pour la Justice, il me semble que le terme « Autorité Judiciaire » est plus adéquat.

  5. Le Président de la République est le Français qui a le moins de liberté de parler. Et c’est normal. C’est le poste qui impose cela. Il le savait avant ! Qu’il défende ses convictions dans la mesure où il considère que cela est important pour la France, OUI ! Mais dans le cas présent, il s’agit d’une faute grave envers la République. Il déshonore la fonction « présidentielle ».

  6. Il eut été plus équilibré , donc plus convenable ,de ne pas oublier les « encombrants » de droite qui battent actuellement le pavé :
    Cela dit, le Roi du flou n’a pas encore dit son dernier mot ni évité la survenance des maux qui frappent la France déboussolée et les chances de sa réélection sont encore au fond des urnes tout comme celle de ses adversaires, lesquels maladroitement sont un peu gauches dans l’usage de la balayette intelligente.

  7. Jean-Dominique GLADIEU // 17 octobre 2016 à 8 h 40 min //

    D’accord pour critiquer François Hollande qui est probablement le pire président de la république française depuis la création de ce poste.
    Toutefois, concernant ces critiques à l’égard des magistrats, on en fait une tempête dans un verre d’eau.
    Sommes-nous en « démocratie » ? Si oui, tout citoyen, y compris le président de la république, a le droit de penser ce qu’il veut et de dire ouvertement ce qu’il pense (en l’occurrence du mal) d’une corporation en charge d’un service public. Car la justice est rendu « au nom du Peuple ».
    Si les « magistrats » ne veulent pas être critiqués, qu’ils changent de métier !
    Le mot « magistrat » me parait d’ailleurs, dans le cas présent, déplacé. Dans l’esprit de la Révolution Française (et puisqu’on ne cesse de se gargariser avec la « république », ayons au moins le bon sens d’en revenir à son événement fondateur en France !), un « magistrat » est un élu du peuple. Or, je ne sache pas que « nos » juges ou procureurs aient été élus !
    Alors, en plus de tout ce dont on les accuse (pas toujours à tort) ils sont illégitimes !

  8. « …il n’a aucune chance d’être réélu, pas seulement parce qu’il n’a aucune chance d’accéder au second tour, pas seulement parce qu’il n’a plus aucune chance de franchir l’écueil d’une primaire de la gauche… »

    A votre place, cher Dominique Jamet, je serais un peu plus prudent. Mitterrand et Chirac ont été enterrés plusieurs fois et le couvercle vissé sur leur cercueil politique. Rappelez-vous : l’élection de Balladur en 1994 n’était qu’une formalité… Les surprises, en politique, sont monnaie ordinaire. Je serais très étonné que rien ne se passe, avant la primaire socialiste qui permette d’en rebattre les cartes.

    Par ailleurs, dans ce que l’on appelle le marais politique, centre-droit-centre-gauche, beaucoup de nos concitoyens sont certes écœurés et désorientés, mais des circonstances exceptionnelles ( grave attentat, implosion des Républicains à la suite de la désignation de Juppé, exacerbation d’une crise internationale etc etc) peuvent réveiller des réflexes légitimistes , des « replis » sur l’acquis, une re-légitimation de celui qu’on conspuait la veille…

    Le Machiavel de sous-préfecture dont vous parlez M. Jamet est un personnage visqueux qui exploitera à son profit, cyniquement et sans scrupules, toutes les opportunités, fussent-elles les plus tordues. N’oublions pas, dans nos réflexions, qu’une majorité de nos concitoyens (au moins pour le moment) déclare refuser de confier la magistrature suprême à la présidente du FN.

    Pour l’heure, c’est un point d’ancrage dans l’opinion que l’ectoplasme qui occupe l’Elysée tentera d’utiliser à son profit.

  9. Edmond Romano // 16 octobre 2016 à 15 h 09 min //

    En ce qui me concerne, je ne dirai pas l’encombrant mais: LA HONTE DE LA FRANCE.

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