Le PS face à la lente hémorragie de ses militants

Le PS est confronté à une lente hémorragie de ses militants. Entre 10% et 20% d’effectifs en moins. Les militants ne se reconnaissent plus dans la politique de l’exécutif.

« Les emmerdes ça volent en escadrille », disait Jacques Chirac avec son sens de la formule. En bon Corrézien, François Hollande pourrait allègrement reprendre l’expression tant les ennuis (pour rester poli ) s’accumulent. Après l’abandon de la révision constitutionnelle, les reculades sur la loi Travail ou encore les chiffres catastrophiques du chômage. Le chef de l’État doit aussi composer avec une gauche divisée et un parti socialiste qui perd de plus en plus e militants.

Entre 10 et 20% de baisse

Les chiffres sont insistants et tournent entre 10 et 20% de baisse des effectifs depuis 2012 dans plusieurs fédérations du Parti socialiste. C’est le cas à Paris, où la fédération du PS revendique 7800 adhérents, un recul de 10% depuis 2012, en Haute-Garonne (baisse de 4384 à 3760 en début d’année ), ou encore en Isère (2400 à 2000) et en Loire-Atlantique (3311 à 2895).

Exsangues

Cela s’aggrave dans les régions où le PS s’est retiré pour faire barrage au Front national aux régionales. « Dans le Pas-de-Calais, on est dans l’ordre de 5 à 6000 militants contre 8000 », dit un élu socialiste, sans préciser toutefois la période de référence. Mais, ajoute-t-il, « dans le département du Nord, ils sont exsangues, ils ont tout perdu, la région , etc… »

La fédération PS du Nord, longtemps l’orgueil du PS, revendiquait 5500 adhérents à jour de cotisation en février, loin de la moyenne de 10000 de ces dix dernières années.

Dans les Bouches-du-Rhône, le secrétaire fédéral Jean-David Ciot attribue la baisse des effectifs « aux batailles internes au PS marseillais » aux municipales et aussi au départ de l’ex premier secrétaire, Jean-Noël Guérini.

Des départs, mais aussi des arrivées

Du côté de la rue de Solferino, on ne s’empresse pas de fournir des chiffres récents. Le Parti socialiste revendiquait en mai 2015, au moment du congrès de Poitiers, 131000 militants « actifs », c’est-à-dire à jour de cotisation.

« Il y a davantage de gens qui partent mais il y a aussi des arrivées », assure un responsable socialiste, et les départs sont essentiellement des partisans de ‘la motion B’, autrement dit appartenant à l’aile gauche, très critique de la politique gouvernementale, jugée trop libérale.

Ce responsable estime d’ailleurs, sans trop cacher sa satisfaction, que cela peut « contribuer à changer le rapport de forces » au sein du Conseil national, le « parlement » du parti. Quant aux arrivées, il s’agit selon lui de personnes « qui en ont marre qu’on tape sur le gouvernement ».

Processus de mort lente

« Je n’identifie pas de mouvements massifs », déclare Emmanuel Grégoire, le « premier fédéral » parisien, mais « on surveille cela de près ». Il fait remarquer toutefois que « les formes d’actions militantes et d’organisation que proposent les partis politiques sont totalement périmées par rapport aux attentes des citoyens » et que le phénomène « touche tous les partis ».

« Les départs se font peu à peu. Il y en a qui sont partis sans rien dire », constate une militante parisienne. Il s’agit d’un processus de « mort lente », évoluant « à bas bruit »« Une érosion », abondent d’autres. « Vient un moment où les gens qui ne sont plus du tout d’accord s’en vont. On ne peut plus être à l’intérieur du parti en pensant à l’extérieur. Ce n’est plus possible », ajoute-t-elle.

Le parti se vide de ses militants

Julien Jusforgues, trente ans au PS, a quitté le parti et rejoint La Nouvelle Gauche Socialiste. Il déplore que « ne restent au PS que les gens qui veulent y faire carrière et qui sont dépendants économiquement, ou salariés par le PS. On a perdu ce qui faisait sa force, les militants syndicalistes, étudiants, travailleurs ».

« Le PS se vide totalement de ses militants. Je me demande bien comment ils vont pouvoir mettre en place la campagne (de 2017) et pouvoir, sans militants » participer aux campagnes électorales, renchérit Franck Rey, un ancien de l’aile gauche du PS.

Deux lignes

Il y a deux lignes au PS, celle de Manuel Valls, « plus que social-libérale », et la ligne de Martine Aubry « qui arrive trop tard », analyse Sabrina Ghallal, toujours au parti. « En 2017, je ne pourrai même pas distribuer un tract pour appeler à voter pour le PS. Cela m’est impossible », ajoute-t-elle. Sabrina fulmine : « aux régionales, des militants disaient « moi, je ne veux pas faire campagne parce qu’on m’insulte sur les marchés, dans les porte-à-porte. Et en plus, ils ont raison d’être en colère ».

(Ouest-France , avec AFP le 02/03/2016)

13 commentaires sur Le PS face à la lente hémorragie de ses militants

  1. Dieu se rit des prières qu’on lui fait pour détourner les malheurs publics, quand on ne s’oppose pas à ce qui se fait pour les attirer. Que dis-je? quand on l’approuve et qu’on y souscrit, quoique ce soit avec répugnance »
    Bossuet…

  2. BAERTJC, Edmond Romano,
    La réalité est difficile à admettre, mais elle n’en demeure pas moins la réalité…

    François Hollande s’est fait élire sur un programme dont il ne pouvait ignorer, lui, qu’il était incompatible avec les règles de fonctionnement et l’application des traités européens. Les gens y ont cru… Certains ont simplement voté contre Nicolas Sarkosy. Mais personne n’a relevé la supercherie.

    Tsipras aussi s’est fait élire avec un programme incompatible avec les traités. On a vu le résultat : le peuple grec s’enfonce dans une misère incroyable et leurs dirigeants encaissent toujours de beaux salaires et mènent grand-train…
    « Les élections ne changes pas les traités ! », concluait JC Juncker…

    En 2017, avant de choisir pour qui vous voterez, posez-vous la question de la compatibilité des programmes proposés, car sauf si vous désirez que se prolongent les politiques ultra libérales qu’imposent les traités européens via les directives de Bruxelles ( loi Macron, El Khomery…), il vous faudra choisir un programme proposant avant tout de sortir de l’Union Européenne.

  3. A Edmond Romano
    Mais pourquoi donc s’étonner que des citoyen(ne)s continuent à croire aux balivernes desservies par le PS alors que la fourberie est une marque de fabrique fondamentale de tout politicard Français qui se respecte pour la plupart sortis de la même école à enseigner les circonvolutions intellectuelles comme méthode d’enseignement politique…y compris ceux du PS !!!!!

  4. Edmond Romano // 8 avril 2016 à 21 h 15 min //

    A mon avis il est étonnant que le PS ait encore autant d’adhérents! Entre le Président de la République qui a renié un à un tous ses engagements vis à vis de ses électeurs, un parti dans un état de décomposition avancé, les tiraillements entre les différents courants, si j’étais adhérent du PS j’aurai déjà rendu ma carte.

  5. Alain Kerhervé.
    Votre remarque est certainement bienvenue et je suis conscient de l’accaparement de l’espace du débat par ceux qui, comme j’essaye de le faire, argumentent leurs commentaires à l’aide des idées particulières qu’ils trouvent à l’UPR.

    Toute la difficulté, pour s’appliquer une auto-discipline garante de la convivialité souhaitable dans ces débats,-et cela ne concerne pas seulement « gaullisme.fr » – provient en grande partie de la quasi-absence de contradicteurs ou de la piètre qualité de leurs arguments, face à un ou plusieurs blogueurs relayant la logique implacable, émaillée des arguments les plus pertinents, sous-tendue par le légalisme sans concession de ce parti et de son projet pour la France.

    Ne voyez aucune forfanterie dans mes propos car ils sont le fruit d’un constat critique concernant un problème récurrent et ne me sont dictés que par une pratique déjà longue, sur d’autres pages avant celles-ci…

    Si en politique, il est normal d’être certain d’avoir raison, il peut aussi sembler normal, qu’en défendant les idées du seul parti qui propose aux Francais de se rassembler au delà des clivages droite/gauche et des problématiques secondaires, l’on ait encore plus ce sentiment. Ce n’est pas une excuse !

    J’ai vu sur d’autres sites, dont certains plus fréquentés que le votre, que cela pose un problème majeur, puisque si l’on n’y prend garde, cette situation transforme un espace de débat en monologue stérile et en perte collective.

    Voila, j’espère que ces quelques lignes,s’ajoutant aux vôtres, aideront à mieux définir la bonne mesure nécessaire dans la communication, où le tout n’est pas d’être convaincu d’avoir raison, mais avant tout de respecter un espace commun dans un effort constant pour la qualité du partage, sans oublier que ce ne sont pas nos petits égos qui sont en jeu, mais l’avenir de la France et de tous les Français.

  6. Pas de problème pour le commentaire, mais je souhaite que mon site ne devienne pas une succursale de l’UPR. Je respecte, mais ….

  7. il n’y a qu’une solution pour rétablir la démocratie en France: sortir de l’Europe et de l’Euro car actuellement 80 % des lois sont édictées par Bruxelles et on l’a vu encore dernièrement avec les problèmes de nos agriculteurs

    un seul parti politique propose un tel programme de manière claire précise et avec de bons arguments : l’UPR

    allez voir leur site : upr.fr

  8. Delaisse Jean-Paul,

    J’en connais un !… Il montre sa tête, il mouille sa chemise sans faiblir depuis 2009, il balance tout et il a un vrai programme !

    C’est long mais on peut faire des pauses…
    https://m.youtube.com/watch?v=Bb8dB7d3BdE

  9. Delaisse Jean-Paul // 2 avril 2016 à 16 h 08 min //

    Martine Aubry……attendez, ce nom me dit quelque chose…..ah OUI !!! n’est-ce pas cette personne qui était avec Tonton ??? attendez…..en 81, c’est cela…!!! qui a torpillée l’économie entière avec cette savoureuse idée des 35 h, et son petit camarade, qui a torpillé le système social avec la retraite à 60 ans….
    Nous sommes en …?
    Et les autres…quels noms dites-vous …?

    Ne soyons pas surpris qu’en 2016, chacun et chacune s’attende à un tout petit renouveau…que ce soit au parti « socialiste », ou un autre.
    Voyons, quelle base de réflexion pourrait-on avoir, entre les « propositions de renouveau », soigneusement calculées pour se maintenir au pouvoir, (ou le retrouver), et une philosophie de gouvernance visionnaire et progressiste qui a fait ses preuves, quand la France était à genoux ? Mon choix est fait, manque la tête qui tarde quand même à se montrer…

  10. Entièrement d’accord avec M. Durand.

    La loi El Khomery met en œuvre les principes néo-libéraux qui ont inspiré tous les Traités européens depuis 1981.
    Traités approuvés et votés par Mme Aubry, par son père Jacques Delors et par pratiquement tous les hiérarques « socialistes ».

    La tartuferie de Mme Aubry n’a rien à envier à celle de son père et des dirigeants du parti.

  11. Voici le texte des directives que la Commission Européenne a adressées à la France en 2015 et dont la traduction en Droit national a engendré la loi El Khomri :

    « Voici les passages clés, par lesquels la Commission européenne dicte à notre gouvernement fantoche ce que doit être la politique de l’emploi en France :

    « • Maintenir les réductions du coût du travail découlant du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi et du pacte de responsabilité et de solidarité, notamment en les mettant en œuvre comme prévu en 2016; évaluer l’efficacité de ces dispositifs en tenant compte des rigidités du marché du travail et du marché des produits; réformer, en concertation avec les partenaires sociaux et conformément aux pratiques nationales, le processus de formation des salaires pour que ceux-ci évoluent au même rythme que la productivité; veiller à ce que les évolutions du salaire minimum soient compatibles avec les objectifs de promotion de l’emploi et de la compétitivité ; »

    « • Réformer le droit du travail afin d’inciter davantage les employeurs à embaucher en contrats à durée indéterminée ; faciliter, aux niveaux des entreprises et des branches, les dérogations aux dispositions juridiques générales, notamment en ce qui concerne l’organisation du temps de travail ; réformer la loi portant création des accords de maintien de l’emploi d’ici à la fin de 2015 en vue d’accroître leur utilisation par les entreprises ; entreprendre, en concertation avec les partenaires sociaux et conformément aux pratiques nationales, une réforme du système d’assurance chômage afin d’en rétablir la soutenabilité budgétaire et d’encourager davantage le retour au travail (dégressivité des allocations). »

    En bref, la pauvre Mme El Khomri a fait un copier-coller. »

    Bof, moi aussi, je fais un copier-coller…
    http://www.upr.fr/actualite/le-projet-de-loi-el-khomri-est-la-consequence-directe-de-notre-appartenance-a-lunion-europeenne

  12. Déclaration antinomique….hémorragie lente !!!!!!
    De deux choses l’une où c’est une hémorragie et ça va vite ou c’est une lente érosion et ce n’est pas une hémorragie !
    Quoi qu’il en soit mieux vaut qu’ils disparaissent du panorama « chienlitique » !

  13. Martine Aubry n’arrive pas trop tard, contrairement à l’analyse de Sabrina Ghallal… Elle est tout simplement en train de se prendre les pieds dans le tapis de ses contradictions :

    -En effet, on ne peut que dificilement trouver plus europeiste qu’elle, hormis son propre père. Elle est donc d’une mauvaise foi sans pareille lorsqu’elle dénonce la loi El Khomery ou sa version économique « Macron », puisqu’elle a elle-même voté pour les transferts de souveraineté qui autorisent aujourd’hui la Commission Européenne à exiger les réformes que mettent en œuvre ces collègues socialistes qu’elle feint de réprouver…
    Plus faux-cul,…!

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