Chevènement, la Corse, l’Etat !

Jean-Pierre Chevènement

Les nationalistes ont pris la tête de l’Assemblée territoriale de Corse ce vendredi. Que cela vous inspire-t-il ?

Jean-Pierre Chevènement : C’est le résultat d’une politique de complaisance à l’égard du nationalisme corse. Complaisance de la gauche d’abord, notamment avec le processus de Matignon promulgué le 22 janvier 2002. Complaisance de la droite également avec le référendum de Nicolas Sarkozy de 2003 qui proposait notamment une fusion des deux conseils généraux de Haute-Corse et de Corse-du-Sud au sein d’une collectivité territoriale unique. Une fusion qui avait été refusée par les Corses eux-mêmes. Qu’importe ! On leur imposera dans deux ans la collectivité unique qu’ils rejetaient alors, dans le cadre d’une réforme territoriale sur laquelle ils n’ont pas eu à se prononcer. Rappelons que les nationalistes corses sont responsables d’une cinquantaine d’assassinats.

Mais alors que veut-on de plus ? Appelle-t-on à une nouvelle conception de la République ?

A l’heure où l’on parle d’union sacrée, existe-t-il un risque de fracturer l’unité nationale ?

Oui, d’autant plus que dans le même temps, le préfet des Pyrénées Atlantiques prépare un projet de communauté de communes unique pour le Pays basque. Voilà qui devrait donner une caisse de résonance inespérée à l’ETA. Enfin, il faut ajouter à cela, la volonté du gouvernement de ratifier la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires. Aujourd’hui la loi, dans notre pays, n’empêche ni l’enseignement ni l’utilisation des langues régionales. Mais alors que veut-on de plus ? Appelle-t-on à une nouvelle conception de la République ? Veut-on faire des régions le laboratoire d’un nouveau communautarisme avec les Bretons, Basques, Alsaciens ou Occitans « de souche » ? Tout cela fait réfléchir. Veut-on le détricotage de l’État ?

4 commentaires sur Chevènement, la Corse, l’Etat !

  1. Jean-Dominique GLADIEU // 23 décembre 2015 à 11 h 07 min //

    D’ordinaire je suis d’accord avec JP Chevènement à 99,99% !
    Le 0,01% manquant porte précisément sur la Corse !

    Tout d’abord, puisque « JPC » précise que les « nationalistes corses sont responsables d’une cinquantaine d’assassinats » (encore qu’il faudrait éclaircir cette accusation), je rappellerai que depuis 2014, le FLNC a suspendu ses opérations militaires (d’aucuns diront « terroristes »).
    L’impératif de l’arrêt de la violence nationaliste, mis en avant par les « les démocrates », comme préalable à toute discussion (ne parlons même pas de négociation) est donc devenu une réalité (signalons également puisque « JPC » en parle qu’il en est de même en Euskadi où ETA a déposé les armes).

    Il faut également rappeler (et c’est essentiel) que les nationalistes ont gagné l’Assemblée de Corse grâce au suffrage universel. Les « républicains » sont-ils disposés à respecter ce verdict populaire ?

    Ce qui me gêne par ailleurs (et hélas) dans le discours de « JPC », c’est qu’il considère qu’un référendum (comme celui de 2003) est « une complaisance » vis à vis des nationalistes. Je croyais naïvement qu’un référendum était un instrument (pas le seul mais un instrument quand même !) de la souveraineté populaire …

    Je rejoins néanmoins « JPC » sur le fait qu’en 2003 effectivement, les électeurs corses ont rejeté la proposition de collectivité unique. Pour ma part, même si je suis favorable à cette mesure, je pense qu’il faut que les Corses soit à nouveau consultés à ce sujet car un référendum ne peut à mon avis être annulé que par un autre référendum (j’espère qu’on me pardonnera ce pléonasme !).

    Maintenant sur le fond, est-il judicieux qu’un territoire comme la Corse (environ 300.000 habitants) dispose de 2 assemblées départementales + 1 assemblée régionale (rebaptisée en l’occurrence territoriale) là où une assemblée unique suffirait ?

    Toujours est-il que le vote des Corses du 13 décembre 2015 oblige à s’interroger sur le référendum de juillet 2003. Y a-t-il compatibilité entre les deux votes ? La seule solution est de laisser les corses répondre eux-mêmes. Et pour cela, il faut un nouveau référendum !

    Quant à la question de la ratification de la « charte européenne des langues régionales », je suggère volontiers à « JPC » de supprimer « européenne » (moi aussi, ce mot m’écorche la glotte !). Toutefois, si une majorité de Corses se prononce pour la co-officialité du Corse et du Français (sur la terre de Corse bien entendu), je ne vois pas en quoi cela mettrait en danger la « république » (je mets entre guillemets car ce vocable est tellement mis à toutes les sauces qu’il finit par ne plus vouloir dire grand chose).

    J’irais même plus loin, si demain une majorité de Corses se prononce pour l’indépendance pure et simple, que doit-on faire ? Accepter leur choix ou le refuser au nom d’on ne sait quel universalisme ?

    Excusez-moi, ce sont là des propos pêle-mêle un peu en vrac !

    Ceci dit encore un fois, ce n’est pas de l’antichevènementisme. J’aime bien les analyses de « JPC » en général mais on a bien le droit d’avoir des divergences de temps en temps. Et le « souverainisme » peut aussi s’appliquer en Corse.

    Joyeux Noel et Bonne Année à tous.

    Amitiés Gaullistes et Paolistes (Pascal Paoli : général en chef de la Nation Corse de 1755 à 1769)

  2. Comment ne pas approuver M. Chevènement !

    L’embêtant c’est que cet homme hautement respectable, grand connaisseur de l’histoire et fin analyste ne tire jamais, jamais complètement les conséquences de ses fortes, et selon moi justes convictions.

    A-t-il fait voter contre les bradeurs de la République ? Contre ceux de l’UMP-LR sans doute, mais contre ceux, particulièrement nombreux, du PS ? A-t-il jamais fait voter contre le cynique et en chef François Hollande ?

    M Chevènement sera tout à fait crédible quand il appellera ouvertement à sanctionner ses anciens camarades du parti dit socialiste, y compris aux seconds tours des élections.

    Sinon ses témoignages et ses alarmes resteront, comme toujours, des vœux pieux.

  3. Pourquoi s’étonner, alors que les français et les françaises aux dernières élections Européennes ont envoyé au Parlement Européen des antieuropéens notoirement établis !!!!!
    Pour que la boucle de la médiocratie politique soit bouclée aux prochaines élections présidentielles il ne leur restera plus qu’à envoyer à l’Elysée un Royaliste convaincu !

  4. voyez l « Espagne , et autre pays, des régions puissante et leurs langues régionales , la FRANCE seul pays a ne pas avoir, la proportionnelle, ne pas avoir, respecté le référendum du NON. Mayotte FRANCAIS. référendum , la bas; PAS en FRANCE ? donc , pas d » inquiétude , les corses resteront FRANCAIS ,il on trop d » avantages, dans tout les domaines

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