«Ils combattent ce que nous sommes»

Au lendemain des attentats de Paris, l’abbé Grosjean* estime que la réponse qu’il faudra apporter aux djihadistes n’est pas uniquement matérielle et militaire ; elle sera aussi culturelle et spirituelle.

Notre pays vient de connaître le pire attentat terroriste de son histoire. Plus de 130 morts, des centaines de blessés graves. Nous sommes tous sous le choc. L’émotion, la peine immense pour les victimes, l’incompréhension devant le mal qui se déchaîne… la colère aussi, se bousculent dans nos cœurs.

Pour ceux qui croient en Dieu, pour les catholiques de France, la prière vient se mêler aux larmes. Dans toutes les églises du pays, nous prions pour tous ces morts et pour leur famille. Nous prions pour les blessés et ceux qui les soignent. Nous prions aussi pour tous ceux qui nous protègent, ici ou au loin : forces de l’ordre, militaires, «services» … Nous prions enfin pour nos dirigeants, afin qu’ils soient éclairés et à la hauteur de leur mission dans les semaines et les mois qui viennent. Il est vrai que Jésus-Christ nous demande aussi de prier pour nos ennemis, «ceux qui nous persécutent». C’est dur. Mais faisons-le aussi : Dieu seul est capable de nous garder de la haine aveugle et de nous faire espérer leur conversion.

Prier ne veut pas dire rester passif. Prier ne dispensera pas de réfléchir, ni d’agir.

Ne nous trompons plus : ceux qui ont fait cela ne sont pas des « déséquilibrés ». Au contraire, avec férocité et froideur, ils font la guerre.

Ne nous trompons plus : ceux qui ont fait cela ne sont pas des «déséquilibrés». Au contraire, avec férocité et froideur, ils font la guerre. Ils sont en guerre contre nous. Mgr Ravel, l’évêque aux Armées, l’a tout de suite dit : «ce n’est pas une question de sécurité, c’est une guerre (…) C’est collectivement que nous sommes attaqués. C’est la nation qui est visée. Il s’agit donc bien d’une guerre. Impitoyable. Elle ne fait que commencer.». Le Premier ministre, Manuel Valls, loin des hésitations et des polémiques des mois passés, l’a affirmé aux Français samedi soir au journal de 20h : «nous sommes en guerre». Les militaires le savaient depuis longtemps. Les chrétiens pouvaient l’entendre : nous savons ce que ces barbares font à nos frères d’Orient… Mais aujourd’hui, tous les Français doivent accepter le réel: nous sommes en guerre. Et le prêtre que je suis n’a aucun mal à assumer ces mots si lourds et si graves. C’est même un devoir désormais de faire sortir de l’aveuglement – volontaire ou non – tous ceux qui s’y trouvent encore.

Ils sont en guerre contre la France. Pas seulement contre ce que nous faisons là-bas en Syrie. Ils sont en guerre contre ce que nous sommes et contre ce que nous croyons. C’est essentiel de le comprendre. Dans sa revendication des attentats du 13 novembre, Daech affirme avoir visé Paris «qui porte la bannière de la croix en Europe». Et quand ils parlent de nous, c’est en nous appelant «les croisés». Tout cela, nos frères chrétiens d’Orient nous le criaient, nous sommes obligés aujourd’hui de le croire.

C’est essentiel de le reconnaître, car cela nous fait comprendre que cette guerre n’est pas simplement l’affaire des militaires, mais de chacun de nous.

C’est essentiel de le reconnaître, car cela nous fait comprendre que cette guerre n’est pas simplement l’affaire des militaires, mais de chacun de nous. La réponse à ses attentats ne pourra pas être que militaire, policière, ou judiciaire. La victoire dans cette guerre ne se jouera pas seulement en Irak ou en Syrie, ou dans les repaires du fondamentalisme sur notre sol. Bien sûr, il faudra anéantir Daech ici et là-bas. Toute la nation soutiendra nos armées et nos forces de l’ordre dans cette bataille-là, qui coûtera sans doute de nombreux fils à la France.

Mais il y a une autre bataille à mener. Elle est culturelle et spirituelle. S’ils combattent ce que nous sommes, alors c’est en se réappropriant ce que nous sommes justement, que nous serons victorieux. Nos valeurs, notre identité, notre histoire, notre culture et notre foi sont les conditions de notre survie et de la victoire. Face à l’islamisme, une France prisonnière de la culture libertaire et du relativisme est une France fragile et démunie de ce qui fait sa grandeur et sa force. Une France qui ne s’aime pas, qui ne transmet plus l’héritage culturel et spirituel des siècles passés, qui ne sait plus ce qu’est le vrai, le bien, le beau, qui n’assume pas son passé ni sa vocation, qui s’auto-flagelle en permanence… cette France-là ne sera pas forte devant ces barbares qui – eux – ne connaissent pas le doute.

La force d’un pays, c’est son âme, ce sont ses racines. C’est en s’appuyant sur son histoire de vieux pays chrétien mais à l’âme toujours jeune, que la France est solide.

La force d’un pays, c’est son âme, ce sont ses racines. C’est en s’appuyant sur son histoire de vieux pays chrétien mais à l’âme toujours jeune, que la France est solide. C’est bien en se réappropriant son identité, toute son identité, qu’elle pourra affronter cet ennemi. Nos convictions sont notre meilleur rempart. Nous sommes français : il va nous falloir retrouver ce que cela veut dire et comment cela peut nous rassembler. C’est bien dans notre histoire, notre culture, nos valeurs, et j’ose l’ajouter… notre foi ou tout au moins notre héritage spirituel, que nous trouverons cette force d’âme et cette unité dont nous allons avoir besoin dans les temps qui viennent.

Demain, très vite, nous aurons besoin de ces âmes fortes pour reconstruire. Que chacun ait cela à l’esprit, en particulier la génération qui vient. La France a toutes les ressources pour être victorieuse, quand elle est fidèle à ce qu’elle est vraiment, à son identité profonde et à sa vocation, quand elle est grande et généreuse, fière et courageuse. A chacun de nous, là où nous sommes, d’y travailler, sans faiblir et sans tiédeur.

Nous sommes la France


  • L’abbé Pierre-Hervé Grosjean, curé de Saint Cyr l’École, est Secrétaire Général de la Commission «Éthique et Politique» du Diocèse de Versailles. Il a récemment publié Aimer en vérité (Artège, 2014). Il est l’un des animateurs du Padreblog.
  • Source Le Figaro

9 commentaires sur «Ils combattent ce que nous sommes»

  1. L’urgence en l’état c’est de réduire en cendres par la gomme à effacer le sourire tous ces abrutis barbares qui nous pourrissent la vie.
    On ne combat pas un cancer sociétal avancé avec des médecines douces de la bien pensance mais avec des actes chirurgicaux forts de la mobilisation générale de nos forces. On attend cette mobilisation générale que seuls nos gouvernants peuvent décréter. Va-t-on attendre plus longtemps ?

  2. Peu importe leur âge, il faut éradiquer des abrutis de barbares et s’en donner les moyens pour frapper loin et fort avec détermination, courage et lucidité.
    On ne combat pas ce genre de cancer sociétal avec des médecines douces de la bien pensance mais avec des actes chirurgicaux de l’engagement de toutes nos forces.

  3. Delaisse Jean-Paul // 21 novembre 2015 à 10 h 39 min //

    Je pensais, et disais, que Daesh remontait 6 ou 7 siècles en arrière, mais, si les sources sont correctes, c’est encore plus loin que cela !
    http://www.linternaute.com/actualite/monde/1259192-daesh-comment-l-ei-prepare-son-apocalypse-en-europe/

  4. A Mr Gaudin…le jour où vous verrez un politique, un élu, faire son autocritique, les poules auront des dents. Mais si l’on remonte des conséquences aux causes, si l’on fait un brin de retour d’expérience….qui élit les politiques, qui leur confère ce droit de représentation, qui leur délègue par suffrage universel interposé le pouvoir de faire….les électeurs et les électrices.
    La racine de ces défaillances de gouvernances catastrophiques sur tous les plans de l’activité sociale et économique vient de cette racine. Le tonneau ne peut donc donner que ce qu’il a.

  5. Je suis atterré qu’aucun dirigeant ne fasse un examen de conscience pour savoir ce qui nous a amenés là, à amener les jeunes à choisir le djihad et l’Islam par idéal. Je vous livre une réflexion : “…nous avons été défaillants sur tous les bancs de cet hémicycle…” dit M. Accoyer, député et ancien président de l’Assemblée nationale.
    Alléché par le titre du Point je m’attendais trouver une critique des instances de l’état qui n’ont pas su faire intégrer les immigrés dans le giron national et des propositions pour le faire et rattraper le temps perdu.
    De 1962 à 2015 cela fait 53 ans, cinq générations d’élèves de 10 à 16 ans…que nous n’avons pas su intégrer et par eux, les parents.

    Je voudrais que nos politiques de tous bords nous fassent une confession, une autocritique comme disent les marxistes et proposent l’intégration dans la nation. G.

  6. Nul n’est prophète en son pays et hors de ses frontières.

    Tout barbare qui usurpe le titre de messager du prophète prêche dans le désert.

    Toute forteresse supposée imprenable sur la terre d’un califat autoproclamé n’est pas à l’abri d’une prochaine  «  tempête du désert », totalement imprévisible et irrésistible. Le moindre signe avant-coureur d’un déluge qui s’annonce est parfois imperceptible comme le déplacement de la vipère des sables avant qu’elle enfonce ses crocs dans la peau d’un « croyant » qui n’aura pas eu le temps de mourir en martyr au cours de sa « croisade » sur les terres des « mécréants » pour y planter son drapeau noir. L’odeur de sa mort sera le dernier signe de son passage sur les dunes malodorantes de ses abominations et de ses perversions.
    Mais laissons le dieu miséricordieux décider du sort de chaque idiot utile au moment qu’il décidera.

    C’est qu’il faut être prévoyant à défaut d’être éclairé. Un homme averti en vaut deux.

    Le mode de vie à l’occidentale continuera, envers et contre tout, avec ses excès également, comme sur tous les hémisphères, avec la participation active des hypocrites. L’idolâtrie ne succombera jamais sous le feu des Kalachnikov et des bombes. Une passion même éphémère laissera place à une autre, c’est ainsi de génération en génération. Il ne faut pas y voir fatalement de la perversité mais plutôt de l’amour, du partage, ou du plaisir selon les tendances, n’en déplaise aux fondamentalistes sanguinaires qui eux excellent au contraire dans l’art du vice et du mal.

    En prenant connaissance du communiqué de Daesh, ce torchon d’insanités, je dis à tous ces obscurantistes lâches venus d’un autre temps:
     «Rendez à Dieu ce qui appartient à Dieu et à César ce qui appartient à César… Foutez-nous la paix et dégagez ! Vous êtes persona non grata ! Votre monde n’est pas le nôtre ni vos modes de pensées archaïques, qui sont le reflet d’une grande tristesse et d’un profond ennui flirtant avec une morbidité malsaine et entretenue. Votre chant du cygne n’est en rien comparable au nôtre! L’écrasante majorité des habitants de notre pays et les 2000 ans de christianisme au-delà même de nos frontières, vous repoussent hors du temps ! Que Dieu soit loué. Etripez-vous, mais entre vous, ce qui arrivera. Mais avant cela vous compterez dans vos rangs les déserteurs et les soulèvements jusqu’à votre disparition complète.

    Si vous nous combattez pour ce que nous sommes, nos idéaux, nos croyances, nous vous combattrons pour vous anéantir avec vos perversités abominables. C’est dans votre stratégie d’expansion et de déstabilisation. Nous le savons bien. Personne n’est dupe de vos calculs.

    En attendant ce sera oeil pour œil dent pour dent pour vous en empêcher aussi longtemps que cela sera nécessaire.

    Utiliser la force et la terre brûlée pour faire plier les Hommes selon votre bon vouloir et déjà le signe de votre impuissance à convaincre les peuples du bien fondé de votre existence et de vos justifications des attentats du 13.11.2015 à Paris ». 

    René Floureux 18.11.2015

  7. Le piège tendu qui consiste à nous faire croire que ces abrutis de barbares seraient des fidèles d’une religion : à nous de ne pas tomber dedans.
    En effet selon les sources policières et judiciaires les principaux empêcheurs de vivre en paix qui sévissent sur notre sol n’ont qu’un rapport lointain avec la religion musulmane. Un nombre non négligeable parmi celles et ceux identifiés ont un profil psychiatrique établi.Ce sont des IMPOSTEURS MANIPULES par une bande d’assassins, bien au chaud à l’arrière des actions, qui se camouflent derrière une appartenance à l’Islam pour nous faire croire que et par la même diviser les musulmans entre eux et nous dans la foulée.
    Ne tombons pas dans ce piège de la supposée religiosité du combat qu’il nous faut mener. Eradiquons ces barbares sans foi ni Loi et pour cela arrêtons les discours et agissons sur le terrain car nous le pouvons, si nos politiques le décident !

  8. fremondiere // 18 novembre 2015 à 7 h 31 min //

    Lorsque un pays ne fait plus respecter les lois de la République LAÏQUE, les extrémistes en profitent. quelle autre religion impose cela ? Aucune

  9. Non Monsieur l’Abbé ,ils ne font pas la guerre ces barbares car ils se font sauter la cervelle eux-mêmes. Le » propre » de la guerre pour un soldat c’est d’offrir son corps aux balles de l’ennemi et mourir pour protéger son pays et ses frères, ce n’est pas un acte lâche c’est un acte de bravoure et de courage. Ces « fous de Dieu » entretiennent le flou, ne portent pas d’uniforme et sont prêts à se faire sauter lâchement au nom d’une idéologie dévastatrice. Non ils ne font pas la guerre ils nous « pourrissent » la vie !

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