Pour un collège de l’exigence

François Bayrou, Pascal Bruckner, Jean-Pierre Chevènement, Luc Ferry, Jacques Julliard, et Michel Onfray ont décidé de s’exprimer ensemble contre la régression qu’engage la réforme annoncée du collège. Ils vous invitent à soutenir cet appel pour obtenir le retrait du décret de « réforme » du collège.

Adresséeà Monsieur le Président de la République

POUR UN COLLÈGE DE L’EXIGENCE

Professeurs, écrivains, anciens ministres de l’Éducation Nationale, citoyens d’options politiques et personnelles différentes, nous sommes engagés pour défendre et servir l’école républicaine. Nous décidons de nous exprimer ensemble contre la régression qu’engage la réforme annoncée du collège.

Tous les élèves ont besoin d’une École forte et structurée pour réussir. École forte, parce qu’elle affirme sa mission de transmettre des connaissances et des valeurs. École structurée, parce qu’elle donne toute sa place aux savoirs disciplinaires.
Nous n’acceptons pas l’affaiblissement des disciplines au profit d’une interdisciplinarité floue, sans contenu défini, dont les thèmes sont choisis selon la mode et l’air du temps, imposés autoritairement et uniformément par le ministère, conduisant au « zapping » pédagogique. L’échange entre disciplines est fécond et mérite mieux que ces faux-semblants.

Nous n’acceptons pas que l’égalité des chances soit confondue avec l’égalitarisme niveleur et se résume à la suppression de tout parcours d’excellence.

Les victimes de ce renoncement, ce seront d’abord les enfants de milieux populaires ou défavorisés pour qui l’école est le seul recours, car ils ne peuvent avoir accès aux cours privés et aux leçons particulières de leurs camarades plus favorisés.

Fidèles à la maxime de Paul Langevin fixant en 1945 la mission de l’École républicaine : « la promotion de tous et la sélection des meilleurs », nous défendons la notion d’élitisme républicain pour que chacun puisse aller au bout de ses capacités.

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Quatre éléments sont pour nous fondamentaux :

  1. Nous affirmons que la plus efficace des réformes du collège est celle de l’école primaire, puisque les difficultés du collège naissent à l’école primaire.
  2. Nous défendons les langues vivantes. Nous n’acceptons pas que les classes européennes, bi-langues, internationales, soient rayées de la carte. Ces classes relèvent d’une pédagogie particulière. On les supprime, on ne les remplace pas. Prétendre imposer précocement deux langues vivantes à tous les élèves, quand une large partie d’entre eux peine à maîtriser le français et la première langue, est un leurre.
  3. Nous affirmons la légitimité des langues anciennes. Nous n’acceptons pas que le latin et le grec, qui ont fait le socle de la culture et de la pensée françaises, qui forment les racines de notre langue comme de la langue scientifique mondiale, disparaissent en tant qu’options offertes dans tous établissements, dotées d’un horaire garanti.
  4. Nous défendons des programmes clairs et compréhensibles par tous, loin des jargons indécents. Les programmes doivent partir de notions solides et fixer des objectifs clairs et atteignables. Le programme d’histoire en particulier doit proposer des repères chronologiques et ne peut réduire à de seuls traits négatifs ou facultatifs la civilisation européenne et l’héritage des Lumières.

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Sur des sujets aussi graves, aucun gouvernement n’a la légitimité de décider sans débat. Les citoyens sont en droit de l’obtenir et d’y participer.

Nous signons et appelons à signer cet appel pour obtenir le retrait du décret de « réforme » du collège. Nous demandons que ce décret soit refondu après les consultations et le débat républicain qui s’imposent.

François Bayrou, Jean-Pierre Chevènement, Luc Ferry
Pascal Bruckner, Jacques Julliard, Michel Onfray
Cet appel peut être signé à l’adresse : www.pouruncollegedelexigence.fr

 

2 commentaires sur Pour un collège de l’exigence

  1. Gilles Le Dorner (Bourges) // 8 juin 2015 à 6 h 36 min //

    Non on n’efface pas les consciences ni les votes ni la mémoire comme on effacerait le tableau . « La politique étrangère de la France est remarquable » , certes mais d’ un glissement et de fourvoiements et de reniements aussi et d’ un même alignement de l’ Europe à l’ Otan . C’est encore , de la liberté d’ expression , de la liberté de choisir , de la volonté de saisir à bras le corps les parfois sombres et conflictuelles réalités et même et jusqu’en bonnes volontés (dit on) d’ essayer de s’ interposer et d’ apaiser et de résoudre , oui au moins essayer , de l’ effort d’ essayer , c’ est encore le devoir de déranger les bien-pensants et de refuser la facilité des blocs et la dilution dans un bloc comme le fiel trempé de miel et d’ idéologie purement et simplement et mollement et trop facilement atlantiste , et c’ est encore le devoir de refuser en miroir des blocs la rémanence ou l’ utilisation ou l’ aggravation des schismes . Faut-il rejeter toute Europe ? L’ Europe comme un culte aveugle et un cercle fermé d’ obstinés atlantistes rampant de fédéralisme , c’ est non , c’ est encore non . Faut-il rejeter sur cette Europe tous les maux qui jonchent parmi d’ autres la France ? C’est non , c’ est aussi non . Car , et avoir voté non et d’ avoir voté en Mai 2005 et de votes réfléchis et du temps où les débats de fond avaient encore droit d’ existence , c’ est bien du sens et du fond et des choix des grandes lignes tracées dans la constitution de la cinquième république qui ne sont certes pas les tables de la loi tenues en statue rue Montpensier , c’ est bien du refus d’ effacer des votes , les votes , tous les votes , le résultat des votes ou encore le verdict des urnes , que nous revient le sens du respect des idées et des votes , en souveraineté partagée comme énoncé en la constitution , la constitution de la cinquième république naguère librement choisie aussi et au décours d’ efforts de liberté et d’ un référendum , comme nous revient aussi du passé l’ invective de forfaiture , et le devoir de rappeler qu’ il n’ est pas de nation sans constitution préservée sauf à vouloir nourrir encore les aventures et front et nationalismes et affronts et affrontements ou pire . Bien sûr que le débat sur l’ Europe mérite tout intérêt mais en proposant aussi enfin d’ autres bases , juridiques démocratiques librement acceptées par les nations et peuples , et depuis le respect de la correspondance intangible entre constitution et nation-politique douée d’ indépendance . Oser , devoir , vouloir , et d’ avoir voté et d’ avoir choisi et de choisir et du droit de choisir , droits et devoirs de votes , devoir de vote et droit de veto , devoir de mémoire aussi .

  2.  » ils ne peuvent avoir accès aux cours privés et aux leçons particulières de leurs camarades plus favorisés ». Quel aveu d’échec du système éducatif qui n’arrive pas dans le temps imparti à transmettre les savoirs nécessaires. Mais il est vrai que consommer des heures à des « divertissements » organisés sous l’effort budgétaire des communes et ainsi soustraire les enseignants à des heures de cours normales pour les inciter à se faire de  » la gratte » en heures de cours particuliers voilà qui permet de comprendre l’échec de notre système éducatif:
    Moins on consacre de temps à la transmission des savoirs fondamentaux, plus grand est le nombre d’élèves qui décrochent et donc plus importante est la demande d’heures de rattrapage supplémentaires grassement payées : CQFD

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