Chevènement : « On a détruit l’école de l’intérieur »

 

Jean-Pierre Chevènement était l’invité de France Inter, lundi 18 mai 2015. Il répondait aux questions de Léa Salamé.

  • Le fait que les djihadistes de Daesh aient été repoussés du merveilleux site archéologique de Palmyre me réjouit profondément. Ils ont été repoussés par l’armée syrienne de Bachar el-Assad.
  • Si Ramadi a été perdue par l’armée irakienne du gouvernement irakien actuel, c’est peut-être parce qu’il n’a pas reconnu aux sunnites la place qui était la leur.
  • Le gouvernement français ferait bien de réviser sa copie (sur ses relations avec le régime syrien). Un rôle de médiation serait plus utile et permettrait d’éviter davantage de souffrances qu’une prise de parti pour un groupe peut-être sympathique mais qui n’a aucune chance de gagner, car sur le terrain il ne fait pas le poids. En politique, il faut savoir choisir aussi ce qui est praticable.Sur la réforme des collèges
  • L’égalitarisme niveleur n’est pas la bonne solution. C’est souvent ce qui se passe dans notre école. On incrimine l’inégalité pour détruire ce qui reste de l’école. Or l’école n’a pas besoin de réformite.

    Cette réforme du collège diminue les horaires des disciplines pour promouvoir des enseignements pratiques interdisciplinaires. Or, il n’y a de véritable interdisciplinarité que sur la base de savoirs disciplinaires maîtrisés.

  • On a détruit l’école de l’intérieur. Prenons l’exemple de ce qui nous est proposé : 20% de temps libre, à l’appréciation du principal de collège, au profit de programmes interdisciplinaires… mais très franchement la baisse de niveau dans les disciplines dans tous les domaines condamne les enseignements interdisciplinaires ! On ne peut faire de l’interdisciplinaire, et je suis pour, que sur la base de bonnes disciplines !
  • Prenons l’exemple des programmes d’histoire également. M. Lussault, président du Conseil National des Programmes, confond ce qu’il appelle le roman national avec le récit national. Je défends le récit national, qui doit être objectif.
  • La France est une personne, qui évolue d’âge en âge : il faut apprendre son histoire, parce qu’autrement comment donner aux jeunes issus de l’immigration l’envie de s’intégrer à un pays qui passe son temps à se débiner tous les jours ?
  • Il faut procéder aux réformes strictement nécessaires. Une certaine mise à jour périodique des programmes est souhaitable, mais l’école est un sanctuaire, il faut éviter que la société y pénètre trop, et aujourd’hui nous souffrons que la société veut s’ingérer dans l’école à tout moment.
  • Il faut ramener l’école à son rôle : lui fixer ses missions. Elle doit transmettre les savoirs et les valeurs, et notamment former le citoyen à penser par lui-même.
  • Je ne pense pas qu’on puisse revivre une nouvelle guerre scolaire, mais je pense que Mme Najat Vallaud-Belkacem devrait montrer un peu de flexibilité et accepter que les horaires disciplinaires soient protégés.A propos de l’action en justice contre la proposition de l’UMP de se rebaptiser « Les Républicains »
  • Il peut y avoir plusieurs manières d’être républicain. Chacun peut se faire son idée de l’intérêt général. Ce qui me choque moi dans « Les Républicains », c’est « Les ». S’il y a « les » républicains d’un côté, les autres ne sont pas républicains. C’est ce que dit M. Sarkozy. C’est choquant. Il faut éviter cette appropriation particulière de ce qui nous rassemble.
  • Sarkozy avait mis le prêtre au-dessus de l’instituteur : ce n’est pas très républicain tout de même ! Je l’invite à travailler sur la cohérence et l’exigence de l’idée républicaine.
  • L’idée républicaine c’est l’idée d’un peuple de citoyens qui délibère dans un espace laique, délivré des dogmes, pour rechercher à la lumière de la raison naturelle le meilleur intérêt général. Et cela suppose que l’on donne à l’école le rôle de former le citoyen. L’école française n’est pas n’importe quelle école.

 

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