L’élection du Président au suffrage universel

Hollande se prend pour de Gaulle

Le fondateur de la Ve République a utilisé l’article 49-3 tant décrié par les socialistes. Et le général de Gaulle a su, en véritable démocrate, tirer les conséquences de l’expression de l’Assemblée nationale. Voici en résumé l’histoire de l’élection présidentielle au suffrage universel. 

Durant la décennie du général de Gaulle, par son action et son prestige, accentuant ainsi la prépondérance du Président, le débat sur les institutions – dont certains pensaient qu’elles ne survivraient pas à leur fondateur– n’a cessé d’alimenter les querelles politiques.

Cette querelle atteint un sommet lors de la crise de 1962. Après l’attentat du Petit-Clamart, le président annonce son intention d’obtenir, par révision constitutionnelle, l’élection du président au suffrage universel. En choisissant la voie du référendum, il engage un conflit avec le Parlement.

Le débat du 5 octobre à l’Assemblée nationale met fin à cette très longue relation qui liait le Général à Paul Reynaud depuis les années 30. Reynaud a toujours soutenu le militaire De Gaulle, ses idées et ses projets. Mais il s’agit maintenant de juger de la constitutionnalité de la procédure engagée pour réformer le mode de l’élection du Président de la République. Reynaud qui présidait le comité constitutionnel de 1958 va même jusqu’à évoquer un « viol de la constitution » et déclare que pour les républicains, la « France est ici et non ailleurs ». Une motion de censure est déposée et aboutit à la mise en minorité du gouvernement Pompidou par 280 voix contre 200

Le 6 octobre, suite au vote de cette première motion de censure de la Vème République, Georges Pompidou présente, la logique institutionnelle imposant une telle décision, la démission de son gouvernement. Le Général en prend acte et l’accepte. Le Premier ministre reste néanmoins en place jusqu’au renouvellement de l’Assemblée Nationale que vient de dissoudre (le 10 octobre) le Président de la République, la politique gouvernementale étant moins contestée que le projet de réforme constitutionnelle.

De Gaulle face aux partis politiques

Dès l’annonce de la dissolution, les leaders des partis d’opposition (Centre national des Indépendants et Paysans, M.R.P., Parti radical, Parti socialiste S.F.I.O.) ont constitué ensemble le « Cartel des Non », manifestant ainsi leur intention de rester solidaires, après le référendum, au moment des élections législatives.

Les 18 et 26 octobre, le général de Gaulle s’adressait aux électeurs. Il en profite pour brocarder une nouvelle fois « les partis de jadis », le camp de la « subversion » et les « factieux, tous partisans du non. Il a lancé alors un appel aux Français pour qu’ils lui accordent leur confiance et votent massivement pour le oui et contre la « confusion ». Si la réponse est non, ou si la victoire du oui est « faible, aléatoire, médiocre », il en tirera les conclusions qui s’imposent et partira : « Ma tâche sera terminée aussitôt et sans retour. »

28 octobre – Ce n’est pas un triomphe, mais à coup sûr une nette victoire sur les conservatismes hérités de la IVème république. Le référendum portant sur l’élection du Président de la République au suffrage universel rassemble une large majorité de oui, avec 62,25% des suffrages exprimés*. Le taux d’abstention est de 23,03%.

La petite phrase du Général : « Les soi-disant chefs des soi-disant partis auraient préféré continuer à jouer à la belote. Mais moi, je les ai obligés à jouer au poker. Et là, je suis le plus fort. »

Les nostalgique de la 4e république n’admettent pas leur défaite

6 novembre – Par 6 voix contre 4, les « sages » du Conseil Constitutionnel se déclarent incompétents face au recours de Gaston Monnerville. Le Président du Sénat a réclamé l’annulation du référendum, arguant de l’inconstitutionnalité de la loi du 28 octobre sur l’élection au suffrage universel du Président de la République. Au congrès du Parti Radical, il avait qualifié ce scrutin de « forfaiture, de violation délibéré, réfléchie et outrageante de la constitution.

Le 25 novembre, les élections législatives découlant de la motion de censure votée le 5 octobre précédent voient le succès des gaullistes crédités de 32% des voix au premier tour. L’UNR-UDT obtient 229 sièges (42% au deuxième tour), un score sans égal pour aucun parti depuis la Libération. C’est une double victoire pour le général de Gaulle. Dans cette opération, il balaie les partis et élimine des adversaires emblématiques tels Paul Reynaud et Pierre Mendès France. Avec l’appui des 35 élus indépendants de Valéry Giscard d’Estaing, il dispose de la majorité absolue à l’Assemblée.

* OUI : 13.150.516 – NON : 7.974.538

2 commentaires sur L’élection du Président au suffrage universel

  1. Le Gl de Gaulle en avait marre de la chienlit encouragée par ces « veaux ». Il a selon moi, et d’autres observateurs plus avisés politiques que moi, délibérément posé la question pour que la réponse fût NON. C’est cela l’Intelligence suprême du Gl, renvoyer les « veaux » à leurs mamelles ou leurs « gamelles ». !!! Passer pour un idiot aux yeux d’un imbécile ;voilà un plaisir suprême ! Quant à dire qu’aujourd’hui avec plus de 470 députés élus au second tour avec moins de 30% des inscrits, c’est un NON majoritaire qui s’est exprimé, c’est renvoyer Pascal à ses études !
    Mon général, ne soyez pas surpris , c’est l’époque où la médiocratie a remplacé la Démocratie….question de i en trop, comme idioties !

  2. Flamant rose // 21 février 2015 à 12 h 54 min //

    Le cartel des « non » représentait quasiment le pays puisque les communistes appellent à l’union de tous les républicains pour frapper l’adversaire commun le P.S.U. proclame son hostilité unanime au projet de référendum plébiscitaire du président de la République, les radicaux réunis en congrès à Vichy, font une ovation enthousiaste au discours enflammé de Gaston Monnerville qui s’écrie : « A la tentative de plébiscite qui est en train de se développer , je réponds : Non ! ». Le Centre Républicain, le mouvement Poujadiste, les rapatriés d’Algérie prennent parti pour le Non. Enfin le C.N.R, créé par Georges Bidault et Jacques Soustelle, donne pour consigne de voter Non. Côté syndical même chose. La C.G.T. prescrit à ses mandants :  » Les travailleurs agiront pour emporter par un Non sans équivoque le refus du blanc-seing que de Gaulle demande aux français »,.l’union des syndicats F.O appelle les travailleurs à répondre Non au référendum, la C.F.T.C.confirme le jugement défavorable porté par le conseil confédéral sur le référendum ». Les syndicats d’enseignants appellent à voter Non, idem pour la F.N.S.E.A. et le M.O.D.E.F qui demandent aux agriculteurs de se prononcer contre la politique agricole du gouvernement en votant Non au référendum. Et à toutes ces oppositions, le Conseil d’État joint la sienne en donnant un avis défavorable. On est donc bien au-delà d’un cartel.

    Même aprés le résultat favorable au Général, le Président du Sénat s’adresse publiquement au Conseil Constitutionnel pour l’inviter à déclarer nul le vote de la nation française. Vincent Auriol, membre de droit du conseil en sa qualité d’ancien président de la République, mais qui jusqu’alors n’y avait jamais paru, vient soudain y siéger pour appuyer Gaston Monnerville. comme vous le soulignez leur requête est rejetée.

    Compte tenu du titre de votre billet  » l’élection du président de la République au suffrage universel « , peut être auriez vous pu développer les raisons qui ont amené le général de Gaulle à prendre cette décision ?

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