La probabilité d’une crise majeure se renforce de jour en jour

Entre la Grèce et le marché obligataire, la montée du populisme et l’explosion de la majorité de gauche, la France voit se rapprocher à vitesse grand V un risque de crise majeure.

Les spécialistes des marchés et les politologues sont pour une fois d’accord. Le risque d’une crise grave pour le printemps de l’année prochaine se renforce en Europe et en France. Peut-être avant. Nous courons trois risques de crise à la fois.

Premier risque de crise : une crise financière à l’intérieur de la zone euro. La zone euro ne fera pas de miracles si la majorité politique en Grèce tourne le dos aux engagements de redressement. Le prochain gouvernement s’assiera sur ses obligations budgétaires et, du même coup, il oubliera la moitié de ses créanciers. Or, les créanciers de la Grèce, ce sont les épargnants grecs. Mais les dettes grecques ont été surtout financées par des banques européennes ainsi que par le budget communautaire. Si la Grèce refuse d’honorer ses engagements, elle met à mal l’équilibre de la zone euro, comme en 2011.

Mais cette fois-ci, il est peu probable que les contribuables allemands acceptent de faire un échéancier.

Le problème, c’est qu’aujourd’hui la Grèce n’est pas le seul maillon faible de la zone euro. L’autre maillon faible, c’est évidement la France qui ne remplit pas ses engagements budgétaires et qui tire aussi sur le crédit de l’Europe.

La chute d’un des pays de la zone euro, ou même l’éclatement de la zone euro, entrainerait l’effondrement économique de l’Europe du Sud, dont la France, qui ne tiennent aujourd’hui que par la solidarité européenne et par la force des pays de l’Europe du Nord.

Deuxième risque de crise : une crise obligataire liée à la hausse des taux d’intérêt. Cette fragilité de la zone euro est aggravée aujourd’hui par le risque d’une remontée des taux d’intérêt. Tous ces pays ont été perfusés avec de l’argent à coût nul ou presque, compte tenu des excès de liquidités.

Ces excès de liquidités ont perturbé tous les systèmes économiques en les exonérant de prendre en compte la gestion des risques. Un taux zéro agit comme de la morphine et, contrairement à ce que l’on croit, cela n’encourage pas l’investissement puisque ça ne promet aucun rendement. C’est vrai dans tous les pays en Europe et au Japon, qui est en dépression depuis 15 ans en dépit d’une overdose de liquidités. C’est moins vrai aux USA et en Grande Bretagne, où l’effet de richesse lié au renchérissement des actifs dope un peu les machines économiques mais sont souvent guettées par les bulles.

Toujours est-il que beaucoup de banques centrales ont annoncé un changement de politique monétaire qui se traduira par une remontée des taux et une raréfaction de la création monétaire.

Le plus spectaculaire changement se prépare au Japon où le premier ministre a annoncé qu’il fallait désormais changer d’attitude et s’attaquer aux structures et à l’offre des entreprises. Enfin, la baisse du prix du pétrole va commencer à gêner les pays pétroliers et assèche leurs fonds souverains. Tout cela, c’est de la liquidité en moins. La banque européenne, si généreuse soit-elle, ne pourra pas compenser le tarissement des flux orientés vers les pays où les taux sont plus importants. Toujours est-il qu’une hausse des taux d’intérêt aurait des effets catastrophiques sur le financement des États européens les plus endettés.

Troisième risque de crise : une crise politique. L’effondrement de la majorité actuelle entrainerait de fait un changement de gouvernement. Le retour d’une gauche dure stopperait les apparences de réformes et nous fermerait la porte des marchés financiers. L’hypothèse d’une dissolution rendrait la France ingouvernable, avec une droite républicaine incapable de proposer un projet alternatif qui serait compatible avec les obligations européennes et un Front National qui sortirait en situation de tout bloquer. Dans tous les cas de figure, les marchés se bloquent.

 ***

Certains peuvent toujours dire qu’ils s’en fichent. Sauf qu’ils n’expliquent pas comment ils financent le fonctionnement de l’appareil d’État et les retraites. Dans tous les pays du monde, il n’y a que deux moyens pour financer cela : l’impôt ou l’épargne.

Il n’y a pas un seul « irresponsable politique » qui serait capable de nous expliquer comment on fait, dans une démocratie, pour vivre ensemble sans les impôts de ceux qui travaillent où l’épargne du plus grand nombre. Ni Jean-Luc Mélenchon, ni Marine Le Pen n’ont d’explications et de solutions.

Jean-Marc Sylvestre
Publié le 16 Décembre 2014

7 commentaires sur La probabilité d’une crise majeure se renforce de jour en jour

  1. Monsieur JM Sylvestre sait-il que « la politique de la France ne se fait pas à la corbeille » encore moins en fonction des marchés financiers où règnent le court-terme et une exigence de rentabilité financière du capital exorbitant eu égard aux réalités de l’économie réelle celle qui consiste en la production de biens et de services dans un cadre national.

  2. celle bafouée par tous les Jean Marc Sylvestre de la terre et Dieu sait qu’ils sont encore nombreux et plastronnent dans des médias complaisants qui ne font que réciter le prêt-à-penser ultralibéral et européiste!
    Vous seriez mieux avisé de reprendre la dernière livraison du carnet de Jacques Sapir « la morue et le chômage ». Des analystes hétérodoxes!

  3. Je persiste à penser que donner la parole à JM Sylvestre, qui n’est pas une vieille mais une fausse gloire, est une erreur.Il a toujours été un journaliste économique conformiste d’ailleurs ce qu’il dit sur la Grèce est faux voire odieux quand on se donne la peine de s’informer sur la façon dont la Troïka: FMI-BCE-UE a traité la Grèce est scandaleux voire criminel à cet effet je vous invite à lire le site en ligne « greek crisis » de Grigorios Panagiotys. Un pays sous tutelle allemande avec la complaisance de gauleiters locaux c’est ce que Monsieur Sylvestre aime, pas moi! Il fait toujours preuve d’un conformisme bien épais dans sa chronique au service du capitalisme financier apatride. Nous ne sortirons de la crise entamée en 2008 que lorsque le capitalisme financier aura été mis au pas par des Politiques respectueux de la volonté populaire notamment celle exprimée le 29 mai 2005. Celle bafouée par tous les JeMoi, j’espère qu’il en sera pour vous ainsi, quand l’euro crèvera et nous aurons enfin notre monnaie le Franc ce sera « champagne »!

  4. En réaction à l’article de Jean-Marc Sylvestre voici mon billet d’humeur avant la trêve des confiseurs 2014-2015.
    En cette période de notre histoire, vouloir le pouvoir rend aveugle et méprisant, et, sur fond de capacité de nuisance alternative, de démocratie à minima, de recherche de la minorité de blocage, la course au bonheur épuise les plus lucides, rend féroce les plus impatients, et fossilise sur leur ilot de confort les plus nantis.
    Au lendemain de ces déferlements de débats politiciens sans foi, ni loi, à la veille de de cette nouvelle année 2015 tant attendue par certains, il serait pourtant intéressant de se rappeler que nul ne peut consommer le bonheur qu’il ne produit pas, sauf à pourrir la vie de celles et ceux qui devraient en profiter !
    Car la question est bien là et non pas de savoir si un « irresponsable politique » peut expliquer comment l’Etat pourrait gagner du fric sans impôt ni épargne populaire en effet:
    Si nous hypothéquons chaque jour nos capacités à rendre les gens heureux par des politiques irresponsables, comment peut-on, pour les pessimistes, imaginer l’avenir autrement que dans un trou noir, ou pour les plus optimistes, dans un trou gris?
    La jeunesse doit nous donner des motifs d’espérance, dès aujourd’hui et non pour un demain que nul ne connaît. Encore faudrait-il prévenir les maux qui la guettent, car, le monde est ainsi fait qu’il reproduit plus vite ses mauvais penchants qu’il n’enracine son excellence.
    Etre lucide n’est pas synonyme de désespoir, bien au contraire, cela renforce nos capacités psychologiques pour faire face aux évènements, fussent-ils en devenir terribles.
    La France dépense beaucoup de » pognon » pour aider les uns et les autres : entreprises, associations, simples citoyens, collectivités locales, etc. Une question légitime se pose : est-ce que cela contribue à l’amélioration de la « richesse vive » du pays ?
    Non, franchement Non, telle est la réponse de la majorité des experts qui travaillent sur la question.
    Autrement dit, les pauvres restent aussi pauvres et sont de plus en plus nombreux.
    Dans un monde de fric et de frime, où les milliards manipulés par de vrais nantis satisfont exclusivement un égo personnel démesuré, produisent chaque jour de nouveaux surendettés , à commencer par l’Etat qui entretient une dette publique abyssale, incitent à une triche entretenue à tous niveaux par des vrais faux citoyens (travail dissimulé, corruption, compromission, trafic en tous genres, fausses déclarations etc.), la France va plonger d’ici vingt ans avec baisse du pouvoir d’achat généralisée et deux à trois millions de pauvres supplémentaires alors que plus de 30% de la population aura plus de 60 ans avec plus de 2 Millions de retraités supplémentaires.
    Alors, persuadés de cette perspective , les gourous du management par l’illusion vont s’employer à nier la réalité….tout simplement parce qu’elle les dérange pour asseoir leur carrière sur un véritable ilot de confort rendu inaccessible pour une population en majorité schizophrène, aveugle, sourde et ignare, mais finalement tellement semblable à ces élus du pas grand-chose pour ne rien faire de franchement positif pour l’avenir du plus grand nombre de nos compatriotes.
    Parodiant un humoriste de Clermont-Ferrand , à la lumière du chemin parcouru en France depuis 20 ans sur tous les fronts de l’économie-politique par des gouvernements successifs transhorizon politique :
    Y a comme un défaut de voyance des mages de l’économie-politique! JC BAERT

  5. A cording : A partir du moment où ceux que vous qualifiez de « vieilles gloires » reconnaissent par leurs écrits que le gaullisme est porteur d’avenir, même si en d’autres temps ils ne furent pas des nôtres, il me semble utile de le faire savoir. A quoi serverait-il que sur ce site nous ne publions que des textes des « gaullistes » de toujours ? Ce site n’est pas que celui d’anciens combattants du gaullisme. Il veut aussi montrer que le gaullisme a existé, qu’il existe encore, et que demain, porté par des plus jeunes, il existera encore pour défendre les valeurs que nous a laissées en héritage le Général. Le gaullisme rassemble. Vous ne semblez pas l’avoir compris !

  6. Il est désolant de voir « gaullisme.fr » recycler les vieilles gloires de l’idéologie dominante : le néolibéralisme et l’Europe.
    Après le vieux con, le mammouth Claude Allègre voici maintenant le journaliste thuriféraire du libéralisme économique genre Madelin-Longuet.
    Grandeur et décadence du gaullisme!

  7. Après Todd, Sapir, Michéa, Naulot, Jorion, Gave, et tant d’autres…si Jean Marc Sylvestre « soi-même » est saisi par un tel pessimisme… Lui le chantre des marchés forcément auto-régulateurs. Lui, l’euro-béat.
    Lui le mondialiste forcément optimiste…

    La crise qui vient -seule- délivrera de leurs chaines et de leurs contradictions les nations européennes et singulièrement notre pays.

    Elle aura des répercussions terribles.

    Mais nous y retrouverons quelque chose qui n’a pas de prix : notre liberté.

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