Sacrifier l’avenir de l’Europe au nom de quoi?

Jean 1

par JEAN BACHÈLERIE

Le traité de Maastricht a imposé des critères arbitraires et intenables. Le traité constitutionnel, rejeté par plusieurs: Hollandais, Irlandais et français, a réduit l’Union Européenne à un grand marché unique, dont la valeur suprême est la concurrence libre et non faussée. Le traité Budgétaire (TSCG) a défini le fonctionnement de la politique budgétaire des l’Union Européenne, en soumettant les budgets votés par les parlements nationaux au contrôle de la Commission et à son approbation. La cohérence entre ces trois traités est limpide, le choix définitif d’une politique économique au service des rentiers, c’est à dire des marchés financiers et des actionnaires et des hauts revenus. L’économie d’un pays et sa mise  en œuvre par une politique budgétaire est monétaire a été décidé une fois pour toute par traités internationaux. C’est une aberration. Une aberration, car les crises, les dérapages imprévisibles, la vie économique ne peut être gérée sans laisser de marges de manœuvres non définies.

La grande erreur et est d’avoir négocié, à la française les critères Maastricht. Pensant que le traité serait appliquée pragmatiquement. Une marge de manœuvre pour faire face à l’imprévisible aurait du être négociée.

Cette erreur originale est lourdement aggravée par la ratification des traités constitutionnel dit de Lisbonne, et  budgétaire (TSCG).

Ce n’était pas responsable de ratifier le traité sans débat,  et donc sans vote par référendum. Cela aurait permis de renégocier en position de force, les problèmes rencontrés avec l’Euro.

Les allemands sont des réalistes. De Gaulle l’avait compris, lui qui avec Adenauer a signé le traité franco-allemand en 1963, n’hésita pas à provoquer la première grande crise de la construction eurpéenne,  en pratiquant la politique de la chaise vide:   politique de blocage des institutions européennes menée par le gouvernement français du général de Gaulle du 30 juin 1965 au 30 janvier 1966 en raison de la réforme proposée de la politique agricole commune et du passage à la règle de la majorité.  De Gaulle suspendit la participation de la France aux réunions du Conseil des Ministres de la CEE, bloquant de fait le fonctionnement de la Commission Européenne.

Cette politique de rapport de force obligea, les dirigeants européens à négocier un compromis: le compromis de Luxembourg (janvier 1966). la France obtient que lorsqu’une question concerne un « intérêt vital », les membres du Conseil doivent trouver un compromis jusqu’à ce que cette solution fasse un accord unanime.

Renégocier avec la Commission et le pays dominant : l’Allemagne, ne peut se faire que par un blocage des institutions européennes. La France est la deuxième puissance de l’UE, elle a les moyens de bloquer et d’obtenir une renégociation.

L »Allemagne est un puissance vieillissante.  Comme l’avait dit Pierre Mendès France en 1935, débat du plan Laval, à l’assemblée nationale. Le plan Laval est une   politique déflationniste menée Pierre Laval en France, et Brüning en Allemagne. Pierre Mendès France déclara: » votre politique  sacrifie l’avenir, la jeunesse au seul bénéfice des rentiers ». Il s’agissait à l’époque de sauver le système monétaire fondé sur l’étalon or dominé par la Grande Bretagne, pour protéger les pays européens des conséquences de la crise de 1929!

Le résultat chacun le connaît. Les politiques d’austérité et de déflation salariale menée partout en Europe, ont conduit à son affaiblissement et  à la destruction du modèle économique et social, qui étaient sa force. Les gouvernements allemands successifs imposent l’ordo néolibéralisme à toute l’Europe. Politique qui sert leurs intérêts à court terme, mais affaiblit l’Allemagne, et la construction Union Européenne à long terme.

Le traité de Maastricht doit être renégocié ainsi que ceux qui ont été signés depuis en particulier le TSCG qui renforce à court terme l’économie et la puissance financière allemande, mais affaiblit durablement toutes les économies européennes, et plus particulièrement la France seul pays de l’UE dont la population s’accroit. Comme Pierre Mendès France l’a dit en 1935, notre gouvernement sacrifie l’avenir et notre jeunesse pour satisfaire les rentiers défendus par Angela Merkel au nom de son pays vieillissant.

6 commentaires sur Sacrifier l’avenir de l’Europe au nom de quoi?

  1. Autre élément de compréhension des incompréhensions de toutes nos misères Européennes : le syndrome de la chambre sourde. Mettez plusieurs personnes coupés du monde dans une chambre sourde pendant quelques jours voire seulement quelques heures….le résultat à la sortie pour les survivants (la mortalité est un des effets possibles) ne sera pas beaucoup différent de celui que nous proposent nos gouvernants Européens….développement de pathologies mentales sur fond d’idées suicidaires.
    Qu’est-ce qu’une chambre sourde…c’est un lieu bati pour qu’aucun bruit extèrieur ne puisse pénétrer à l’intérieur et que seul l’écho du truc placé à l’intèrieur puisse être clairement entendu .

  2. Mythe ou réalité de sociétés déboussolées…ainsi se développe l’Europe par la volonté de technocrates qui naviguent (doux euphémisme)le nez dans le guidon au motif de la dictature de l’urgence!
    Cette ancienne affaire de viande de chevalvenue de la Grande Bretagne,des Pays bas,de la Roumanie,de la France et d’ailleurs, vendue comme viande de bœuf met une nouvelle fois le projecteur sur des comportements sociétaux mus par l’ivresse de la technologie qui nous fait prendre à la vitesse de la lumière des vessies pour des lanternes.
    Les discours politiques relayés instantanément tout autour de la planète s’inscrivent désormais dans l’urgence du 20h télévisé pour certains, dans la quête du 1er bzz des réseaux sociétaux et pour d’autres dans l’affichage d’une promptitude à se saisir d’une solution à un problème qui n’a pas encore été étudié !
    La technologie dans cette course au raccourcissement dans le temps de tous les processus qui font la vie en société nous entraine ainsi vers des désenchantements de plus en plus nombreux, de plus en plus diversifiés et de plus en plus planétaires.
    Les démocraties, bercées par les douces illusions des technologies porteuses d’un nouveau bonheur pour les peuples, dilapident ainsi les dividendes de la paix, de la croissance, du développement, jusqu’aux formes les plus subtiles des religions ou des croyances d’un monde prêt à ne plus croire en rien.
    Ainsi est né le gaspillage des savoirs, savoir-faire, savoir-être dans les relations humaines et les conflits sociaux qui secouent des entreprises qui ont cessé d’investir pour les générations futures au prétexte d’une rentabilité à court terme devenue insaisissable, nous renvoient sur le chemin des turpitudes du coureur solitaire, qui le nez dans le guidon, ne distingue plus le bitume et peine à rester sur la route.
    Le miracle technologique du raccourcissement du temps, des distances, des efforts, des langages aussi, nous propulse vers un monde absurde, où, par exemple, on ne sait plus très bien, comme en France, distinguer un père d’une mère.
    Comment donc dans ces sociétés jacassantes donner du sens à des étiquettes fussent-elles intelligentes ? Comment donc dans ces sociétés ou le flou est la constante dimensionnante de toute l’action politique donner du sens au vote citoyen ? Comment donc dans ces sociétés du zapping accorder du temps à l’élaboration de projets structurants ? Comment donc dans ces sociétés du consommer plus pour certains éviter le consommer moins pour le plus grand nombre ? Comment donc dans ces sociétés de l’apparence croire que quelqu’un nous aime….au moins autant que le fleuriste un jour de St-Valentin ?
    Toutes ces questions demeureront sans réponse jusqu’au jour ou par un singulier hasard de la chute d’une météorite ,un peu plus grosse que les autres, l’Europe découvrira que l’espace-temps a aussi ses limites dans cette course effrénée de l’homme à tout vouloir maîtriser le plus vite possible.
    Sortir de ses peurs n’était pas seulement le slogan d’un pape de renom, mais un formidable encouragement pour toutes celles et ceux qui sur la planète Européenne entendent donner du sens à la vie humaine et ne pas subir la dictature de l’urgence.
    Cet épisode de la viande de cheval vendue comme viande de bœuf aura-t-il le mérite de nous faire prendre conscience que lorsque la faim croit, l’orgueil décroit ?

  3. Denis Griesmar // 24 décembre 2014 à 17 h 33 min //

    Il faut cesser de dire « gaullisme » tout en pensant « Europe ». De Gaulle avait compris, avec l’échec du Traité franco-allemand, que la France devait trouver des partenaires ailleurs, tel François 1er avec Soliman. D’où Phnom Penh, l’Amérique du Sud, Montréal. Il nous faut rassembler la Latinité, comme nous avions, au niveau associatif, commencé de le faire au Forum Social Mondial de Porto Alegre II en 2002, et tendre la main à la Russie. L’attitude du « gouvernement » « français » actuel est d’une rare stupidité. La politique française doit être « tous azimuts », et s’appuyer sur les derniers acquis de la recherche en économie (néo-chartalisme), et les pistes lancées par exemple par Christophe Guilluy.

  4. Bellenger Pierre // 15 décembre 2014 à 10 h 37 min //

    A l’Attention de Jean Bachelère
    Merci de ce premier pas. Le traité de Maastrich n’existe aque depuis 1993, mais son esprit date de 1944, quand nos alliés débarquaient pour à la fois débarrasser le monde d’Hitler et occuper l’Europe avec une monnaie d’occupation et lui imposer son systèeme économique. Entre temps, en 1959, ce système est devenu une systématisation du seul profit financier comme moteur économique. C’est un déraillement par excès. Il faut trouver un équilibre entre Démocratie et Libéralisme. Cet excès de Libéralisme nous empêche de réaliser l’Europe, et cela date de 1959, soit 55 ans, et nous nous entêtons à ne pas comprendre pourquoi. Merci Monsieur Bachelère.
    Pierre.Bellenger@wanadoo.fr

  5. Je ne suis pas d’accord avec l’auteur de ce billet lorsqu’il écrit, je cite  » De Gaulle l’avait compris, lui qui avec Adenauer a signé le traité franco-allemand en 1963, n’hésita pas à provoquer la première grande crise de la construction eurpéenne,  en pratiquant la politique de la chaise vide ». A mon sens, en 1965, la politique de la chaise vide n’est pas la premère mais la seconde crise majeure du Marché commun.

    Il faut avoir à l’esprit ce qui s’est passé quelques années auparavant à un moment où la politique gaulliste concerne de nombreux domaines et, parmi eux, celui de la communauté européenne encore bien fragile. Les négociations sur le plan Fouchet et la méthode utilisée par le Général pour dire non à la demande des Anglais d’entrer dans le marché commun heurtent voire irrite certains partenaires

    A l’automne 1960 sort l’idée de « l’Europe des patries », autonome par rapport aux États-Unis. C’est dans ce contexte que s’écrit la genèse du plan Fouchet avec, en novembre 1961, l’idée d’un renforcement de l’Alliance atlantique et l’ouverture à d’autres pays et on pense évidemment à la Grande-Bretagne. Mais, au moment où le projet revient à la mi-janvier 1962, c’est une autre mouture, qui sort avec des conditions qui ont changé. Il n’y a plus de référence valable à l’Alliance atlantique et il n’est plus question de l’entrée de nouveaux membres dans l’organisation ce qui irrite les partenaires de la France et en particulier les Belges.

    L’échec de la relance politique de l’Europe augurait le capotage de la négociation sur l’arrivée des Anglais qui posent en 1962 des conditions inacceptables en demandant un délai de 12 à 15 ans pour appliquer les règles agricoles communes ce qui a le don d’exaspérer de Gaulle qui, le 14 janvier 1963, fait un coup de force. En effet, alors que depuis la veille les six ministres sont réunis en séance, les huissiers apportent des extraits de la conférence de presse que le général de Gaulle est entrain de tenir à Paris. Il torpille ainsi la négociation sans avoir pris contact avec ses partenaires et crée ainsi la première crise majeure du marché commun,

    La politique de la chaise vide, 2 ans plus tard, en 1965 sera donc la seconde.

  6. la vérité est tout autre..nous n »étions pas prêt a rentrer dans cette EUROPE.. trop d »impôts , de taxes, de TVA.. nos prix de reviens ; ne peuvent , lutter avec les autres pays et la mondialisation , on fermes des entreprises, on fabrique , dans ses pays et on importe , eux, les multinationale on comme patrie : le tiroir caisse..on y ajoute la robotisations , l » informatiques et on retrouve des entreprises , avec très peu de travailleurs , et on écrase de charges , les métiers qui emploie de la mains – d »œuvres , l » EUROPE va a sa perte , on le savait depuis toujours

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