Loi Macron: la gauche divisée, l’exécutif à la recherche d’une majorité

AFP/AFP/Archives - Le ministre de l'Economie Emmanuel Macron (c) à l'Assemblée nationale le 22 octobre 2014

Le projet de loi Macron n’est pas encore présenté qu’il divise fortement la gauche, y compris les socialistes, et une majorité semble pour l’heure difficile à dégager, en particulier sur la question épineuse du travail dominical.

Le président de l’Assemblée nationale Claude Bartolone a déjà lancé des appels « à l’unité » sur le texte: s’il y a des « réserves », « après le temps du débat, il fau(dra) le temps du compromis ».

« Réserves », le mot est faible. L’aile gauche du PS, pour la première fois, appelle à « voter contre », y voyant « la remise en cause de tous les combats historiques de la gauche ». Le député « frondeur » Christian Paul, proche de Martine Aubry, a une position d' »hostilité » a priori, parce que le texte « participe d’une mise sous pression des salariés ».

Le premier secrétaire Jean-Christophe Cambadélis lui-même a plaidé pour que le projet de loi, qu’il a qualifié de « fourre-tout », revienne « à son objet initial, c’est à dire la lutte contre la rente ».

Point d’achoppement chez les socialistes: l’assouplissement du travail dominical pour les commerces non alimentaires (passage de 5 dimanches à 12 dimanches par an).

Olivier Faure, député (PS) de Seine-et Marne, a prévenu lundi qu’il n’y avait pas de « majorité » de gauche à l’Assemblée pour voter la mesure.

Le Parti socialiste, dans un « memorandum » envoyé la semaine dernière au ministre de l’Economie et dont l’AFP a obtenu copie, écrit qu’il n’est « pas nécessaire?d’aller sur l’ensemble du territoire national au-delà de cinq dimanches ouverts par an ». Il ne souhaite pas non plus « banaliser le travail de soirée jusqu?à minuit », jugeant que le travail au-delà de 21H00 reste « un travail de nuit ».

Dans les deux cas, « la compensation salariale » doit demeurer « la règle », et ce « pour toutes les entreprises de plus de 10 salariés » ajoute le parti, qui souhaite une « loi de gauche » pour la croissance et l’activité.

– ‘Un texte difficile à soutenir’ –

Malgré tout, Manuel Valls s’est dit lundi soir « optimiste » sur l’adoption du projet de loi: « Moi, je suis toujours optimiste à partir du moment où il y a un bon débat et nous arrivons les uns et les autres à avancer dans un seul intérêt qui est l’intérêt général ».

Le débat devra également se faire avec les partenaires de la majorité à l’Assemblée nationale, les écologistes. S’ils ont obtenu le retrait de l’article concernant l’enfouissement des déchets nucléaires, les écologistes n’en demeurent pas moins « circonspects ».

« On n’aborde pas ce texte avec un état d’esprit de soutien positif et enthousiaste », dit à l’AFP François de Rugy, coprésident du goupe écologiste à l’assemblée nationale. « On ne voit pas ce qu’il y a de positif, mais on voit ce qu’il y a de négatif ».

« C’est un texte qu’il me semble difficile de soutenir », renchérit la secrétaire nationale d’Europe Ecologie-les verts (EELV) Emmanuelle Cosse. La patronne des écologistes, qui a rencontré Emmanuel Macron, craint que le texte n’autorise « des modifications importantes de la loi ALUR (logement, ndlr), en passant par la voie des ordonnances ».

« C’est le texte qui, depuis le début du mandat de François Hollande (…), a la plus grande incertitude quant à son adoption », dit François de Rugy, pour qui le retrait de l’article sur les déchets nucléaires « ne vaut pas acquiescement pour les pages suivantes ».

Cette loi ressemble « à la voiture balai de tous les sujets que les ministères cherchent à faire passer sans que ça se voit trop », ajoute-t-il. « Il faut que sur son contenu il y ait des évolutions importantes, là on est entre abstention et vote contre, on est même plus proches du vote contre ».

Pierre Laurent, secrétaire national du PCF, est contre cette loi, « tout entière tournée vers la déréglementation sociale ». Quant à Jean-Luc Mélenchon, il fait du vote contre « le ticket d’entrée » de toute discussion entre lui et les frondeurs.

afp Par Karine PERRET, Katell PRIGENT

 

1 commentaire sur Loi Macron: la gauche divisée, l’exécutif à la recherche d’une majorité

  1. Franchement , pourquoi cette médiocritude galopante qui frappe notre si beau pays, pourquoi les socialistes après un Nicolas Sarkosy hyper gonfleur éxaspérant , la France est-elle livrée aux mains de fantaisistes incapables et incompétents?
    La faute en est peut-être à cet électorat qui fuit les scrutins ,à cette image déplorable donnée par les habitants de l’Aube qui à 75% se sont abstenus de passer par la case élection législative ce dernier week end.
    D’après un sursaut de lucidité du socialo de base éjecté, les électeurs auraient pour excuse que puisque le gouvernement de gauche ne fait rien pour eux pourquoi se déplaceraient-ils pour eux ?
    Rendez-vous compte , l’élu de cette mascarade ira « percher » au Palais Bourbon avec au plus 15% des inscrits dans la « musette » si au deuxième tour les Auboises et les Aubois jouent les désintéressés au même niveau d’enthousiasme qu’au 1er tour.
    Halte au tir de la médiocritude citoyenne, la France est en grand danger car ce sont les français et les françaises qui font leur malheur !!!!!!
    François Baroin, le recasé Sénateur, avait coutume de dire ,et il n’avait pas tort : Mais ce sont les électeurs qui nous ont placé à ces responsabilités et personne ne les a obligé à le faire !!!!!!!
    On ne subit pas l’avenir , on le fait !!!!!

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