De Gaulle ne cesse de recruter

Le franc-parler de Claude Allègre

 

cdg1De Gaulle. Le Général s’établit de plus en plus comme la Référence politique. A chaque consultation politique, notamment lors de l’élection présidentielle, les candidats essaient, sans y parvenir toujours, à s’inscrire dans la continuité.

Dernièrement, lors de la désignation des sénateurs fin septembre, Dany le rouge (Daniel Cohn Bendit) donne raison au Général concernant le référendum de 1969*. Hier, Roland Dumas, ex-ministre des Affaires étrangères de François Mitterrand, regrette que la politique étrangère du fondateur de la Ve République ne soit plus poursuivie. Dont acte.

Aujourd’hui, Claude Allègre se déclare.

Alain Kerhervé

Victime d’un très grave accident cardiaque en 2013, l’ex-ministre de l’Éducation nationale, Claude Allègre, retrouve avec précaution l’avant-scène en publiant un livre. Il se définit désormais comme « gaulliste ».

 Les combats du « miraculé » Allègre

Dans son appartement de l’Est parisien, Claude Allègre, 77 ans, est assis dans sa chaise roulante, pas encore totalement remis du très grave malaise cardiaque qui l’a fait s’effondrer le 17 janvier 2013 à Santiago, au Chili, à la tribune du colloque scientifique où il s’apprêtait à prendre la parole. L’ex-ministre de l’Éducation nationale de Lionel Jospin n’est pas peu fier. Certes, il est resté longtemps dans le coma. Certes, sa rééducation a été – et demeure – laborieuse, du moins lente. Certes, il aimerait un jour marcher de nouveau (si possible « sans canne ») et parler, comme jadis, en amoureux des mots, alors que les mots, aujourd’hui, se chahutent dans sa bouche. Mais qui à sa place aurait eu – avec l’aide décisive des siens, il est vrai – l’énergie et la force pour tenir, pour résister et pour commencer à remonter la pente?

Voici devant lui, sur sa table, son dernier ouvrage, Toujours plus de science pour tout le monde*. Sans doute voudrait-il pouvoir, comme autrefois, en parler ­devant micros et caméras. Pour le moment, ce n’est pas possible. Mais ce livre – écrit pour l’essentiel avant sa chute à Santiago qui aurait pu être mortelle, sans l’aide immédiate de ses amis qui se sont précipités à son chevet –, il existe. Il témoigne de la fureur de vivre du bagarreur Allègre.

Des Verts « antiscientifiques »

« Contre les obscurantistes, c’est une défense de la science, ­aujourd’hui tant mise à mal », confie l’auteur que la récente aventure de Philae sur la comète Tchouri, a enthousiasmé. À la fois, dit-il, comme européen et comme amoureux du progrès. Fidèle à lui-même, Allègre, rappelant qu’il a été le premier en France à se faire dans un livre l’avocat de la « croissance verte » et glissant que les éditions Plon lui ont passé commande d’un « dictionnaire amoureux de la Terre » (pour le moment en attente, par la force des choses), lance dans la foulée un coup de griffe à ses amis-ennemis de toujours : les Verts. « La plupart, tonne-t-il, sont des antiscientifiques. Ils ne retiennent de la science que ce qui conforte leurs idées. »

« Je ne savais pas que j’étais aussi aimé », glisse l’ancien ministre, évoquant les visites qu’il reçoit désormais de tant de ses collègues « quand ils passent par Paris ». Évoquant aussi quand il était sorti du coma, mais encore bien mal en point à l’hôpital, à son retour du Chili, la visite de Nicolas Sarkozy, les visites de l’ami de toujours : Lionel Jospin ou encore la lettre si cordiale que lui a adressée François Hollande.

« Hollande est assez décevant. C’était prévisible »

Hollande dont Allègre avait glissé le nom à son ami Lionel quand ce dernier allait devenir Premier ministre en 1997 et qu’il s’interrogeait : après lui au PS, qui? Hollande dont, pourtant, Allègre, s’est depuis éloigné, franchissant même le Rubicon en votant Sarkozy en 2007 et à nouveau en 2012. Même si Allègre confie aujourd’hui qu’il se sent « gaulliste », rien ne pourra cependant effacer tant d’années de compagnonnage, ni la fameuse « dream team » du début du « quinquennat » Jospin (DSK et Aubry en tête), ni ce remords éternel : « Ah! si j’avais été auprès de Lionel pour le retenir quand, au soir du premier tour de 2002, sur un coup de tête, il a dit qu’il abandonnait la politique. »

A propos du Hollande 2014, Allègre, plus que jamais partisan du gaz de schiste et des OGM, dit sobrement : « Il est assez décevant. C’était prévisible. » Au sujet du Sarkozy 2014 : « Il a mûri. Il pense gaulliste (sic), il voit juste. » De Juppé : « Il n’est pas si mal, mais en écologie, hélas, il a le zèle du converti. » De l’union nationale : « C’est la solution, la seule. À l’allemande, sans proportionnelle. » De Marine Le Pen : « Tactiquement, elle est différente de son père. Sur les fondamentaux, pas du tout. » Quant au futur congrès du PS, en expert : « Il faut qu’ils évitent le KO. Ce parti est l’un des piliers de la démocratie française. »

* Fayard, 400 p., 23 euros.


Source JDD


Présentation de l’éditeur – Après le remarquable succès des deux premiers volumes de la série Un peu plus de science, Claude Allègre reprend la plume pour mettre les découvertes scientifiques à la portée de tous. Dans ce troisième volet, il s’intéresse aux grands acquis de la science dans les domaines de la biologie, de l’écologie (théorie des systèmes), de la chimie (classification périodique des éléments), des ressources naturelles et des mathématiques. Ni ouvrage technique, ni manuel d’enseignement, il s’agit d’un livre de culture générale à destination de l’honnête homme du XXIe siècle, un savoir qui paraît de plus en plus rapide, essentiel, mais aussi indéchiffrable. Or la science ne doit pas intimider ni rebuter ; bien au contraire, elle concerne chacun des aspects de notre vie et recèle une foule d’histoires passionnantes. Agrémenté de nombreuses figures en noir et blanc, le texte privilégie l’approche culturelle des grandes découvertes. Le cheminement de la pensée scientifique nous est restitué à travers l’évocation de la personnalité des découvreurs et de l’humeur du temps qui les a vus naître. Sans prétendre écrire une histoire des sciences ou de la pensée scientifique, Claude Allègre parvient à rendre intelligibles à tous des résultats scientifiques complexes, avec un objectif : faire partager son amour de la science.

Biographie de l’auteur – Géologue internationalement reconnu, ancien ministre de l’Education nationale et de la Recherche de 1997 à 2000, Claude Allègre est professeur à l’Institut universitaire de France et à l’université Paris VII-Denis Diderot.²

2 commentaires sur De Gaulle ne cesse de recruter

  1. Je n’ai toujours pas confiance en Claude Allègre! Lui, un gaulliste, cette bonne blague! Il a l’illusion de penser que Sarkozy a changé, serait gaulliste! Je suis convaincu qu’il n’a pas changé du tout, qu’il reste le plus a-gaulliste des présidents de la Vè. Il reste un opportuniste, un personnage agité, grossier, vulgaire et inculte. N’a aucune conviction sur quoique ce soit, la preuve en est sa pseudo-volte face sur le mariage pour tous.
    Recruter Allègre comme gaulliste c’est une illusion, un mirage qui ne trompe que ceux qui veulent bien être trompés.

  2. Flamant rose // 8 décembre 2014 à 12 h 04 min //

    Claude Allègre n’est pas un phénomène isolé

    Depuis de nombreuses années et aujourd’hui encore, des cercles de réflexion, des clubs, des mouvements se réclament de de Gaulle, mais encore, il n’est pas de ses adversaires les plus acharnés qui n’éprouvent ou n’ont éprouvé le besoin d’y faire référence à des occasions multiples, variées et souvent inattendues. Tout le monde a été, est ou sera gaulliste « . La prophétie semble réalisée : la quasi-totalité des Français semble maintenant réclamer sa part de l’héritage du général de Gaulle.

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