24 octobre 64 : le monde agricole en colère.

 

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« Le Conseil national de la F.N.S.E.A., réuni à Paris le 18 septembre 1964, décide à la quasi-unanimité une grève des approvisionnements en lait de consommation destiné aux grandes agglomérations. » Telle est la communication du syndicat majoritaire auprès des parlementaires. Cette décision découle d’un compromis de l’ensemble des adhérents, mais cache, en réalité, une division interne réelle.

Pour les uns, les plus « activistes », il s’agit en réalité d’en découdre avec le pouvoir. Pour d’autres, les plus jeunes, il convient d’attirer l’attention du gouvernement sur leurs préoccupations premières, et notamment sur la fixation du prix du lait[1].

Mais chacun sait aussi que les grandes manœuvres de la gauche en vue de la première élection présidentielle au suffrage universel de la fin 65 ont débuté.

Au cours de la conférence de presse du ministre de l’agriculture Edgard Pisani, ce dernier dénonce l’ingratitude du monde agricole : « Jamais, à aucun moment, nulle part, nous n’avons eu le sentiment que le monde agricole concédait que depuis dix ans un effort énorme avait été fait pour lui. Jamais à aucun moment nous n’avons eu le sentiment que ces hommes savaient gré à la nation tout entière de ce qu’elle avait fait pour eux »

C’est la FNSEA qui demande aux parlementaires de l’opposition de censurer le gouvernement de Pompidou.

Ainsi, le 28 octobre suivant, l’Assemblée Nationale doit se prononcer sur une motion de censure.

Pour le Chef de l’Etat (il le précise dans une note adressée à Georges Pompidou le 19 septembre précédent), « accepter d’y céder et augmenter les prix serait une faute très grave, non seulement du point de vue du plan de stabilisation, mais encore en ce qui concerne l’autorité nécessaire de l’Etat ».

Texte de la motion.

« L’Assemblée Nationale, considérant que le Gouvernement n’applique pas les dispositions votées par le parlement, notamment les articles 8 et 31 de la loi du 5 août 1960 qui concernent la réorganisation des structures et la fixation des prix, par exemple celui du lait ; déplorant que se trouve ainsi compromis le développement des régions françaises à prédominance agricole, censure le Gouvernement ».

Cette motion sera repoussée. 209 députés (sur 242 votes requis) votent cette censure : 41 communistes, 68 socialistes, 39 du rassemblement démocratique et 50 du centre démocratique de Jean Lecanuet, 6 Républicains indépendants sur 35 (Parti de Giscard d’Estaing) et 5 non-inscrits.


[1] Les paysans les plus modérés ne veulent pas « être les fantassins des gros producteurs de blé et de betteraves ».

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