Duflot dégaine : "Hollande ? J’y ai cru, je me suis trompée…"

La majorité présidentielle explose : les “verts” (Mais aussi à l’intérieur du parti), le “PRG”, les députés PS frondeurs… et demain ? La rentrée économique et sociale risque le coup de chaud !

L’ex-ministre du Logement sort de son silence avec un livre-réquisitoire, « De l’intérieur. Voyage au pays de la désillusion » (Fayard). Le « Nouvel Observateur » en publie des extraits.

 

clip_image004La « muselière » appartient définitivement au passé. Lorsqu’elle était ministre du Logement, Cécile Duflot avait utilisé cette image pour décrire à ses amis verts la difficulté de ne pas pouvoir « l’ouvrir » comme elle le voulait, solidarité gouvernementale oblige. Depuis qu’elle a dit non au pont d’or (le poste de numéro deux) proposé par François Hollande et Manuel Valls pour rester au gouvernement après les municipales, la chef de file écologiste a retrouvé sa liberté de parole. Elle a décidé d’en user.

Sa rentrée, Cécile Duflot la signe dans un livre écrit avec la journaliste Cécile Amar, dans lequel elle revient sur ses deux ans au gouvernement et dont « l’Obs » publie en exclusivité des extraits. Un ouvrage préparé dans le plus grand secret et dont le titre – « De l’intérieur » – est moins éloquent que le sous-titre : « Voyage au pays de la désillusion ».

Hollande, Sisyphe et son rocher

Celle qui incarnait l’aile verte de la majorité prononce un réquisitoire sévère contre le début du quinquennat de François Hollande. En quelques phrases, sa désillusion est dite :

J’ai fait le même chemin que des millions de Français. J’ai voté Hollande, cru en lui et été déçue… J’ai essayé de l’aider à tenir ses promesses, de l’inciter à changer la vie des gens, de le pousser à mener une vraie politique de gauche. Et j’ai échoué. Alors je suis partie. »

L’ex-« chouchou » du président conteste aussi bien son mode de gouvernement « solitaire » que ses choix économiques. « François Hollande contre la dette, écrit-elle, c’est pire que Sisyphe et son rocher. Un discours d’affichage non suivi d’effets… » Elle poursuit :

On devait tenir les 3% de déficit, on ne l’a pas fait. François Hollande passe son temps à fixer des objectifs qu’il ne peut pas tenir. L’effet est dévastateur. »

Une charge qui tombe au moment où le gouvernement vient de reconnaître qu’en 2014, une fois encore, ni la croissance ni la maîtrise du déficitn’atteindraient les niveaux annoncés.

L’austérité, Cahuzac…

De quoi relancer le débat, alimenté par les députés socialistes « frondeurs », sur la nécessité d’un changement de cap. L’erreur majeure, selon Cécile Duflot ? Ne pas avoir renégocié le traité budgétaire européen et s’être ainsi soumis à « l’austérité » continentale.

Dans un style qui lui ressemble – direct, où l’affectif et le politique s’entremêlent, avec un mélange de « fraîcheur et de fausse naïveté », comme dit Michel Sapin –, elle souligne aussi une faute morale : la complaisance dont ont fait preuve, selon elle, les socialistes vis-à-vis de l’un des leurs, Jérôme Cahuzac, jusqu’à ses aveux sur son compte caché. Quant à Manuel Valls, l’homme qui a provoqué son départ, il apparaît aux yeux de l’écologiste quasiment comme un homme de droite :

Dans la ligne qu’il incarne, je ne me reconnaîtrai jamais. Elle est contraire… à ce que je suis. »

EXTRAITS :

1. L’ultime tête-à-tête avec Hollande

Les municipales ont été catastrophiques pour le PS. Manuel Valls est sur le point d’être nommé à Matignon. Cécile Duflot annonce à François Hollande son intention de quitter le gouvernement :

« J’applique ma méthode, je dis les choses avec franchise : les conditions politiques qui permettaient la présence des écologistes au gouvernement ne sont plus réunies depuis un moment. Ce n’est pas la première fois que nous en parlons. Mais je lui rapporte surtout que ce que j’ai entendu le soir du premier tour des municipales (…), le discours selon lequel nous allons dans la bonne direction – il faut simplement aller plus vite et plus loin, nos électeurs n’ayant « pas compris » –, est une fable. (…)

Je comprends [que François Hollande] ne va rien bouger (…) Son problème n’est pas de ne pas savoir décider, c’est de toujours vouloir trouver la solution qui ne fait pas de vagues. Résultat, cela ne fait pas de vagues, mais cela crée un tourbillon qui aspire tout le monde vers le fond. »

2. Hollande, le « président de personne »

« Il n’est pas mou, mais parfois il est hésitant. Il sait décider, mais il préfère quand la décision vient toute seule ou quand tout le monde l’accepte. C’est bien plus confortable. (…) Sa principale qualité est son calme. Il a des ressources de contrôle de lui-même impressionnantes, et cela reste à mes yeux une qualité primordiale à son niveau de responsabilité. Son principal défaut est de ne pas dire ce qu’il pense. (…)

« Faute d’avoir voulu être un président de gauche, il n’a jamais trouvé ni sa base sociale ni ses soutiens. A force d’avoir voulu être le président de tous, il n’a su être le président de personne. Cela n’est pas une question de tempérament, c’est la conséquence d’une succession de choix souvent inattendus et, parfois, incohérents entre eux. »

3. Valls, cet homme de droite

« Manuel Valls est sérieux, obsédé par la politique depuis de très longues années. Il a un vrai plan de carrière, il veut réussir. (…) Je ne connais pas assez Manuel Valls et Nicolas Sarkozy pour savoir s’ils se ressemblent. Mais je sais que celui qui fut le premier ministre de l’Intérieur de François Hollande utilise des recettes similaires. Il déploie les mêmes techniques : saturation de l’espace médiatique, transgression. La figure est facile : le mec de gauche qui tient des discours de droite, c’est un peu l’écolo qui défend le nucléaire ! C’est ce que j’appelle la triangulation des Bermudes. A force de reprendre les arguments et les mots de la droite, de trouver moderne de briser les tabous, et donc de défendre la fin des trente-cinq heures, de dénoncer les impôts, de s’en prendre aux Roms, de prôner la déchéance de la nationalité pour certains condamnés, de taper sur les grévistes, quelle est la différence avec la droite ? Une carte d’adhésion dans un parti différent ? Le fait de proclamer toutes les trois phrases « je suis de gauche » ? Formellement, factuellement, quels sujets les opposent ? A force de trianguler, ils ont fait disparaître la gauche.

Mael Thierry


source : http://tempsreel.nouvelobs.com/politique/20140819.OBS6675/exclusif-duflot-degaine-hollande-j-y-ai-cru-je-me-suis-trompee.html?cm_mmc=EMV-_-NO-_-20140820_NLNODERMIN-_-hollande-j-y-ai-cru-je-me-suis-trompee-extraits-exclusifs-du-livre-de-cecile-duflot#xtor=EPR-4-[DerMin]-20140820


1 commentaire sur Duflot dégaine : "Hollande ? J’y ai cru, je me suis trompée…"

  1. UNIVERSITE DU BON SENS
    La France politico-économique va mal. Ce n’est pas un scoop, mais cela dure depuis des lustres et finit par entamer le moral du plus grand nombre. Comment voulez-vous gagner les plus hautes marches du podium de la concurrence mondiale avec des troupes qui se déchirent, n’ont plus le moral et finissent par déserter à la fois les urnes et le pays ?
    Le simple bon sens veut que l’on remonte des conséquences aux causes si l’on ambitionne de redresser une situation calamiteuse. Mais pour y parvenir encore faut-il ne pas confondre but et moyens, gouvernance et comédie politico-médiatique.
    Alors ne perdons pas de temps en palabres devenues indigestes pour une majorité de citoyen(ne)s rendue au seuil de pauvreté interculturelle globale. L’augmentation régulière et incontestable du taux d’abstention aux différentes consultations électorales en est l’indicateur le plus marquant. Notre déclassement régulier sur les échelles de notation de l’éducation générale et supérieure dans bon nombre d’instances internationales d’évaluation de nos performances éducatives en est une bien triste réalité. Nous surfons à reculons face à des compétiteurs qui, paradoxalement, à notre contact passé, ont su tenir compte des enseignements de qualité d’une France de « savants » et de « besogneux » qui, tous, chacun à sa manière et selon ses moyens, d’un même élan, faisaient et défendaient la richesse vive d’un grand pays , étaient les garants de nos intérêts vitaux !!!!!
    Que se passe-t-il donc dans les têtes aujourd’hui en France pour que l’on condamne celles et ceux qui font encore des efforts, entreprises, fonctionnaires, secteur privé, notamment en jetant par la fenêtre des déficits et d’une dette colossale les surplus exorbitants de la fiscalité et des charges qui les touchent ?
    A quoi cela sert-il d’enrichir tous les préteurs qui nous permettent de faire face à nos échéances budgétaires, institutions financières et les banques, au lieu d’encourager celles et ceux qui font l’avenir de la France, en France, pour la France et le peuple de France par une démonstration de saine gestion de leurs deniers ?
    A quoi cela sert-il sans cesse d‘augmenter les déficits de tous ordres, de fermer les yeux sur les gâchis financiers, de mollement lutter contre toutes sortes de fraudes financières et fiscales, de renoncer momentanément à un train de vie incompatible avec notre PIB, si le redressement des finances de l’Etat ne permet plus à cet Etat d’être le 1er investisseur dans la croissance du pays et le moteur, la fusée, du rayonnement des françaises et des français dans le monde ?
    A quoi cela sert-il de mettre à l’honneur le Patronat représenté essentiellement par les entreprises du CAC 40, alors que plus de 2 millions de TPE et PME font l’essentiel du PIB français ?
    Remonter des conséquences aux causes, c’est ne plus confondre but et moyens, gouvernance et comédie politico médiatique, c’est se retrousser les manches en commençant par virer du pouvoir tous les profiteurs à bon compte du malheur des autres, c’est investir dans la compétence, c’est donner au culte du résultat son seul sens : rendre un maximum de gens heureux.
    C’est in fine chasser la médiocratie qui contamine toutes les forces vives de notre pays et redonner à la Démocratie ses lettres de noblesse en évitant que les minorités, fussent-elles agissantes, ne précipitent par le bout du nez « les moutons » vers l’abime ! JC BAERT

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