Economie : des étudiants disent non à la "pensée unique"

Je vous propose cet article paru dans le Nouvel’Obs qui montre bien qu’inconsciemment nos élites nous imposent une seule vision de l’organisation de notre économie, et en conséquence de notre avenir.

Gaulliste, je ne peux me résoudre à subir cette seule vision néolibérale. Il me semble évident, à la lumière de ce que nous vivons aujourd’hui, que l’Etat doit intervenir, orienter, inciter comme cela était le cas lorsque le Plan traçait un avenir pour notre Nation (Le Plan, cette ardente obligation comme le qualifiait le général de Gaulle). Il appartenait alors au Gouvernement de créer les conditions pour y parvenir, et les Français étaient en mesure d’accepter les efforts nécessaires qui en découlaient ; ils savaient où allait la France. C’est bien ce qui manque aujourd’hui.

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Alain Kerhervé

 

  • Par Arnaud Gonzague – Le Nouvel Observateur

Les jeunes économistes de 19 pays réclament que ce qui est enseigné en fac soit davantage "pluraliste". En clair, que la pensée néolibérale ne soit plus la seule à avoir droit de cité.

Imaginez une école de cuisine où, au fil des années, les étudiants n’apprendraient qu’à accommoder les viandes, à l’exclusion des poissons, des entremets, des sauces et autres crudités. On trouverait que les cours pour le moins… incomplets. C’est un peu ce sentiment qui habite un certain nombre d’étudiants en économie, convaincus que cette science humaine (et "morale" selon un ancien Prix Nobel) ne se résume pas à ce qui est actuellement enseigné dans les amphithéâtres.

Au point que 41 associations étudiantes dans 19 pays (France, Canada, Allemagne, Israël, Brésil…) publient un manifeste pour réclamer davantage de "pluralisme théorique". Autrement dit, qu’une seule école de pensée n’accapare pas toutes les énergies : l’école dite "néoclassique", donc partisane du libéralisme économique, du libre-échangisme, du moins d’Etat, etc.

Sens de la réflexion et du débat

Il existe en effet d’autres écoles et courants intellectuels, plus à gauche sur l’échiquier politique, qui méritent tout autant attention, estiment les signataires : les pensées "post-keynésienne (prônant l’intervention de l’Etat), institutionnaliste, écologique, féministe, marxiste"…

Des philosophies contradictoires, contestables parfois, mais qui pourraient cultiver un sens de la réflexion et du débat chez les jeunes économistes. Une urgence pour les signataires qui assurent que "ce qui est enseigné aujourd’hui façonne la pensée des décideurs de demain et influence ainsi les sociétés dans lesquelles nous vivons".

"Nous ne sommes pas contre la pensée néoclassique, mais contre son omniprésence, nuance Arthur Jatteau, doctorant en économie du développement à l’université Picardie-Jules-Verne, animateur de l’association PEPS-économie (Pour un enseignement pluraliste dans la supérieur en économie) et signataire du manifeste. Au sein de la communauté professorale, pour être crédible vis-à-vis de ses pairs et publier, il faut enseigner à la manière néoclassique, même si l’on est de gauche !"

Economie = monde réel

Une "manière" qui se veut à l’extrême scientifique – les économistes ayant, paraît-il, le complexe d’être rangés dans les sciences humaines plutôt qu’"exactes" – donc truffée d’équations complexes et noyée dans un jargon mathématique volontiers abscons. "Mais l’économie, c’est la vie des sociétés, des peuples, c’est aussi l’environnement, la relation Nord-Sud ou les rapports entre citoyens !", martèle Arthur Jatteau.

La tribune qu’il a cosignée le réaffirme donc : "Le monde réel doit réinvestir les salles de classe" et les cours aborder les questions sociétales, alimentaires ou environnementales. Une exigence ancienne déjà, puisque les premières tribunes contre l’’autisme" idéologique rédigées par des étudiants en économie datent de l’été 2000.

On ne peut pas dire qu’en une grosse décennie, elles aient beaucoup été entendues à l’université. Le manifeste mondial pour le pluralisme espère porter davantage ses fruits. Un signe ? Thomas Piketty, l’économiste français dont le dernier ouvrage fait un carton inattendu aux Etats-Unis, l’a signé.

Arnaud Gonzague – Le Nouvel Observateur

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