Un tsunami politique digne de la grandeur de la France

 

Charles de Gaulle a pris la décision de reconnaître la nouvelle Chine dans un monde divisé par la guerre froide. Le France était le premier pays capitaliste qui a établi la relation diplomatique avec la Chine. Les Chinois apprécient beaucoup l’effort du Général de Gaulle.

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De Gaulle reconnait la Chine

Dans un bref et sobre communiqué publié à Pékin et à Paris le 27 janvier 1964, l’instauration de relations diplomatiques entre la France et la Chine devient une réalité. Une décision que le général de Gaulle justifie lors de sa conférence de presse du 31 janvier suivant par le “poids de l’évidence et de la raison” mais qui dans un monde divisé par la guerre froide eut l’effet d’un “tsunami politique”.

La France est alors le premier pays capitaliste à établi une relation diplomatique avec la Chine. Les Chinois apprécient beaucoup l’effort du Général de Gaulle. La France confirme à cette occasion sa volonté d’avoir sa propre politique indépendante.

Une longue démarche volontariste

Cette reconnaissance est le résultat d’une longue démarche comme le précise le général de Gaulle dans une note datée de janvier 64 (Lettres, notes et carnets) à Jacques de Beaumarchais* : "Cette question avait été abordée par le maréchal Tchen Yi dans les conversations que j’avais eues avec lui à Genève en 1962, à l’occasion de la Conférence sur le Laos. Elle a été reprise il y a peu de temps lors du voyage que M. Edgar Faure a effectué en Chine sur l’invitation du gouvernement de Pékin".

Mais les consignes sont claires tant les discussions ont été âpres : "De part ni d’autre il ne peut être question de poser des conditions. Il s’agit donc essentiellement de définir une procédure : la plus simple semble être la meilleure. Il suffirait d’annoncer par un communiqué la décision prise d’un commun accord par les deux gouvernements. Ce pourrait être un communiqué conjoint, ou deux communiqués identiques publiés simultanément dans les deux capitales. Le texte mentionnerait simplement la décision d’établir des relations diplomatiques et d’échanger très prochainement des ambassadeurs."

S’émanciper des contraintes de la guerre froide

clip_image002Le témoignage concret de Claude Chayet, chargé par le général de Gaulle d’ouvrir l’Ambassade de France à Pékin afin d’accueillir Lucien Paye**, premier ambassadeur de cette nouvelle ère gaullienne (64-69) insiste sur l’importance d’une telle décision politique. La reconnaissance de la Chine communiste, rappelle-t-il "cela a été dans l’ordre politique un tsunami, une gigantesque nouvelle qui a secoué toutes les chancelleries, qui les a pris presque de court. Nous vivions une situation normale, établie et subitement voilà un des grands acteurs de l’époque qui décide tout seul et sans en avertir personne de reprendre les relations diplomatiques avec la Chine ?"

Vue de Chine, la reconnaissance Française est une "explosion nucléaire diplomatique" comme nous le détaille Zhang Xichang*** dans ses souvenirs.

Témoin direct de cet évènement qu’il qualifie de "portée historique" de sa longue carrière diplomatique, il expose : "Dès 1949, il y avait des contacts officiels ou officieux entre la Chine nouvelle et la République française, malgré l’absence de relations diplomatiques. Au milieu des années 50, il y eut quelques sondages officieux de la part des autorités françaises sur certains arrangements transitoires d’ordre économique, culturel ou consulaire. Cependant, avant 1963, aucun gouvernement, aucun homme politique français n’a pris de contact officiel ou officieux avec le gouvernement chinois en vue de la normalisation de nos relations".

La Mission d’Edgar Faure

Zhang Xichang nous raconte : "…le 22 octobre 1963, un invité mystérieux arriva à Beijing, sans titre ni dignitaire officiel ni diplomate, qui hébergeait à la Résidence des honneurs d’Etat Diaoyuatai dans un beau quartier ouest de la capitale. Edgar Faure (ancien président du Conseil des ministres de France), désigné comme envoyé du Général de Gaulle avait la mission de faire des marches visant à établir de relations diplomatiques avec la République populaire de Chine sous la direction du président Mao Zedong****."

"En qualité de chargé du Service de France au Ministère chinois des Affaires étrangères, j’allais à la rencontre de M. Faure à la frontière entre le continent et Hongkong. Il était porteur d’une lettre manuscrite du Président de Gaulle. Au lieu d’écrire au gouvernement chinois que la France ne reconnaissait pas encore, le Général de Gaulle se contenta d’écrire à Edgar Faure lui-même, mais, en fait, le vrai destinataire était le gouvernement chinois. Cette lettre "personnelle", sans donner un mandat officiel à Faure, était destinée à l’investir des pouvoirs nécessaires pour entrer en négociation avec nos dirigeants au sujet de l’établissement de relations diplomatiques."

Taïwan, une épine dans le pied

La difficulté d’établir une procédure entre les deux Nations trouve son origine dans les relations de Taïwan***** avec certains pays dont la France. Tout au long de la négociation, les autorités chinoises ne veulent pas la création de deux "Chine". Après l’étude de multiples formules, Edgar Faure et ses interlocuteurs MM. Zhou (Premier ministre), le Maréchal Chen, Liu Shaoqui et Deng Xiaoping arrivent à une version acceptée par le Président Mao.

Et Zhang Xichang entrevoit alors une issue favorable du côté de Paris : "Après le retour d’Edgar Faure, le Président de Gaulle donna une suite positive à l’affaire et le document signé par les deux parties en Chine fut rendu officiel. Un contact fut établi entre l’ambassadeur de Chine à Berne Li Qingquan et Jacques de Beaumarchais, directeur d’Europe au Quai d’Orsay, pour mettre un point final à l’établissement de nos relations diplomatiques."

Pour la France, une seule Chine

Le 6 février, le général de Gaulle, dans une note adressée à MM. Pompidou et Couve de Murville, indique que "du point de vue international il n’y a qu’une Chine" et que cela implique "de ne pas reconnaître le statut diplomatique" de Taïwan."

Le 10 février suivant, le maréchal Chiang Kai-Shek, Chef du Gouvernement chinois de Taïwan, rompt les relations diplomatiques avec la France.

Alain Kerhervé


 

* Ministre plénipotentiaire, Directeur de cabinet de Maurice Couve de Murville, Ministre des Affaires étrangères.

** Lucien Paye (1907-1972), ancien ministre du Gouvernement Michel Debré.

*** Chargé du Service de France au Ministère chinois des Affaires étrangères.

**** Mao Zedong, également retranscrit Mao Tsé-toung, est un homme politique et chef militaire chinois, fondateur et dirigeant de la République populaire de Chine. Fils de paysans aisés, il est né à Shaoshan le 26 décembre 1893, et mort à Pékin le 9 septembre 1976.

Un des membres historiques du Parti communiste chinois (Shanghai, 1921), Mao Zedong parvint progressivement à s’en faire reconnaître comme le dirigeant suprême, notamment lors de l’épisode de la Longue Marche (1934-1935). Après de longues années de guérilla contre les nationalistes du Kuomintang dirigés par Tchang Kaï-Chek, ainsi que contre l’envahisseur japonais pendant la guerre sino-japonaise(1937-1945), Mao sortit vainqueur de l’ultime phase de la guerre civile chinoise, avec la victoire de l’Armée populaire de libération (1949). Il proclame la République populaire de Chine, le 1er octobre1949 à Pékin ; il en sera le président de 1954 à 1959. Ses principaux postes, qu’il occupa jusqu’à sa mort en 1976 et qui lui permirent de rester le numéro un du régime, étaient ceux de Président du parti communiste et de Président de la Commission militaire centrale, le premier lui garantissant la maîtrise du Parti, et le second celle des forces armées.

***** À la fin de la guerre civile chinoise, le 1er octobre 1949, la République populaire de Chine est proclamée à Pékin à la suite de la victoire des communistes sur les nationalistes chinois. Les dirigeants de la République de Chine se replient alors à Taïwan, accompagnés d’un transfert massif de population. A partir de 1950, la République de Chine ne contrôle plus que l’île de Taïwan et quelques autres territoires insulaires plus petits.


La reconnaissance de la Chine par la France a fait couler beaucoup d’encre . Pour en parler, Serge MAFFERT a réuni sur le plateau : Louis CHANDERNAGOR, député socialiste de la Creuse, Jean LECANUET président du MRP, et Jacques BAUMEL secrétaire général de l’UNR UDT

 

 


Après le texte relatant les conditions de la reconnaissance de la République Populaire de Chine par la France, ce même évènement, mais cette fois vu du côté de la diplomatie chinoise

Souvenir de Zhang Xichang :

les négociations confidentielles et l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France

6 commentaires sur Un tsunami politique digne de la grandeur de la France

  1. Gilles Le Dorner (Bourges) // 21 mars 2014 à 8 h 33 min //

    C’ est un îlot , fêtu de paille et grain de sable et de poussière . L’ un de ces quelques grains de sable , hors du temps et aussi hors-les-murs , comme Gavroche et Jean Valjean . Des Mémoires d’ Outre-Tombe , Chateaubriand nous dit au-revoir , petite lettre et plus qu’ humanisme , nous laissant libres , autres grains de sable , essayant n’étant que de passage , hors du temps et aussi hors-les-murs . Mémoire des Justes et des Saints-Innocents . Enfants de Syrie et d’ ailleurs , sans âges et sans étiquettes , réfugiés et cherchant refuges , prisonniers du fracas des vagues et des trop réels murs de bombes , réalités comme en Jeux Interdits , se taisant et muets de leurs cris rappelant , autres Lampedusa , qu ‘ il est bien long le temps des guerres et des exodes en hiver , en ces temps , aussi , de Carême ; enfants de tous âges et doublement meurtris du Yalta des empires , de l’oubli et des chamailleries . « Des ponts , pas des murs » , pas oublié . D’Orient chrétiens , chrétiens d’ Orient , pami d’ autres et d’ Assise en journées encore , multiples pas passés et à venir , plus forts que l’oubli , les doctrines et les chamailleries . Intra-muros et hors-les-murs ? nous ne sommes que des générations de passage , du Mendiant au Mont des Oliviers Une Espérance plus longue que le temps et plus forte que le malheur

  2. Gilles Le Dorner // 19 mars 2014 à 8 h 18 min //

    Quelle Europe ? Un empire , un vassal , un être désincarné , une nation , un pays , des peuples , des électeurs , un Etat de droit , des racines , une mémoire ? Pas cette Europe jouant en bannière les vierges effarouchées de ces , de ses aussi , manques de démocratie , suivant les incantations de quelque prophète toujours prêt aux interventions et insultant indirectement la Russie , pas cette Europe se jetant tête baissée du haut de ses oeillères idéologiques dans les turbulences d’ un pays à l’ histoire séculaire politique et religieuse complexe , pas cette Europe titillant sans cesse et ignorant la Russie jusqu’ à la conforter sur elle-même et la pousser dans une même logique d’ empire , pas cette Europe feignant de découvrir l’ existence en Ukraine d’ une base géostratégique de la Russie , pas cette Europe préparant sans doute , mais pour le temps d’ après et suivant ses habitudes après les débats et les votes , en réplique , l’ adhésion de la Turquie qui n’ est pour elle déjà et par ses intérêts qu’une base géostratégique , pas cette Europe qui nous ressortira sans doute sa thèse rampante de la dite adhésion successivement dans un mélange d’ esprit d’ouverture , de grande Europe , de laïcité , d’ apaisement comme de racines tour à tour non nommées ou nommées au gré de ses intérêts stigmatisant les opposants qui n’ont pourtant pas d’ aversion personnelle envers cette autre nation , opposants à une telle adhésion et de ce fait dangereux coupables d’ ostracisme , voire coupables par anticipation d’ affrontements religieux ou de chocs de civilisation mais qui ne sont qu’opposants à ces constructions d’ empires . Pas cette Europe sans corps ni tête puisqu’elle n’est pas et ne peut être sans pays ni nation ni Constitution un Etat de droit , quand bien même certains s’expriment en son nom mais par-dessus les peuples , pas plus qu’ elle n’ est l’ Europe de la dite paix , pas plus qu’ elle n’ a le droit de se parer du monopole de quelque espérance . Cette Europe , leur Europe ? Un masque , une sinistre mascarade , s’ appropriant encore des commémorations de conflits , un calque variation sur Yalta , un calque de l’ ‘Atlantique à l’ Otan . Un peu de lucidité tout de même , sans cynisme , ni opportunisme , et sans vouloir non plus tirer à soi la couverture de nos dites racines chrétiennes , et sans utiliser comme cette Europe le fait déjà deça delà ou le fera en d’ autres commémorations ou canonisations les discours de l’ Europe de la paix mais au prix de et jusqu’ à conforter de vieux schismes . Pas cette Europe construction d’ empire , vécue aussi comme un mensonge , de France et d’ autre referendum passé . Pas cette Europe de l’oubli et comme une poutre , préférant de fait ses intérêts à l’ apaisement des conflits . Discours d’ hommes et d’ empires , chamailleries ? Droit d’ expresion , orthos doxa , constat : aux enfants de Syrie et d’ ailleurs , sans âges ni étiquettes , doublement meurtris de l’ oubli dans de dites chamailleries . Allons , il ne faut pas désespérer ni mélanger , d’ empires ou d’esprit d’empire , le pouvoir et l’ espérance . Qu’ humains nous ne sommes en somme . Mais d’ un vieux continent fait de vieilles ou jeunes nations , une autre Europe existe déjà , parmi d’ autres jeunes ou vieilles nations , autre et qui nous dépasse , pas cette Europe de l’oubli . De maquillages comme de loups déguisés , est-ce cela l’ Espérance ? Aux votes , toutes raisons sont en fait défendables , droit et devoir d’un simple bulletin de vote . Mais du choix , Fides et ratio , qu’ elle est difficile la conciliation de la sagesse et l’ Espérance . Mais d’ Assise et de journées encore comme en actes et jour après jour , un brin d’ Espérance face à l’ oubli

  3. « Je t’ ai apppelé par ton nom ; et moi ? » . Espérance . Laissant raisons défendables , élections et ambitions personnelles , mais sans toutefois déraison . L’ Espérance n’est pas bulletin de vote , on n’achète pas l’ Espérance . Méditations sur Carême , parmi d’ autres aussI . En actes et en mémoire aussi . Et jusqu’ en trêves et plus que des trêves , refusant les Yaltas et extrêmes se nourrissant des conflits . Pas cette Europe de l’ oubli . D’ Assise , déjà , aussi et hors-les-murs , partager en Espérance

  4. Il n’y a pas eu de conditions sur les relations des deux pays, je suis un peu surprise. La Chine elle ne pose généralement pas de conditions dans ses relations internationales mais la France, du moins actuellement; ne donne son amitié que sous conditions. Alors maintenant je comprends pourquoi les gens admiraient tellement De Gaulle.

  5. Gilles Le Dorner (Bourges) // 6 février 2014 à 8 h 47 min //

    L’omerta non . Mais à l’ ONU , grands et gens de ce monde et comme de la poutre , occupez-vous et depuis les nations s’ il en est de casques bleus s’il en faut et d’ autres et réels cessez-le-feu plutôt que d’ étaler les miasmes au nom de la vérité et d’agiter les salissures en pâture supplémentaire . Combien d’ enfants en Syrie et d’ ailleurs ? D’un « plus jamais! » repris par « des ponts , pas des murs! » , de Paul VI ou de Jean-Paul II parmi d’autres et d’autres étiquettes , avez-vous entendu , car la liste est bien longue , et , passés les courbettes polies et faux-semblants diplomatiques , que voulez-vous bien en actes et dans l’effort comprendre , retenir et annoncer ? Le silence oui , un certain silence , le silence des armes Espérer en partage

  6. Gilles Le Dorner (Bourges) // 3 février 2014 à 8 h 54 min //

    Syrie de plusieurs chemins : l’option d’ignorer comme d’ un je-m’en-lave-les-mains , celle délibérée du pourrissement et de la force des intérêts et des empires en partage du monde , le choix partagé d’un cessez-le-feu de fait , ou l’embrasement interventionniste jetant une fois encore le dé d’ une troisième et de / d’ Assise comme en 1986 Mains de la Paix de multiples chemins

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