Armées : une désinformation orchestrée ?


afghanistan-kajiki-dam-taliban-fight-wide-horizontalDans le contexte de menaces montantes et multiples que nous connaissons, se prépare, de façon masquée, l’affaiblissement inéluctable et irréversible de nos forces armées. L’ASAF propose donc à ses nombreux lecteurs et sympathisants de la rejoindre afin de peser davantage sur les décisions à venir qui engageront l’indépendance de la France et la protection des Français pour la décennie à venir.


 

Le texte de présentation du projet de loi de programmation militaire (LPM) et les propos de certains relais d’opinion illustrent la désinformation dont les questions militaires sont l’objet.

Des propos qui masquent la réalité

« Le président de la République a pris la décision de sanctuariser notre effort de Défense ».

Il serait plus exact d’écrire « geler notre budget de Défense » car l’effort de Défense se mesure au pourcentage du PIB qui lui est consacré. Or celui-ci va baisser mécaniquement puisque le budget de la Défense sera maintenu de 2014 à 2016 à son niveau de 2013 en euros courants c’est-à-dire sans intégrer l’inflation.

En outre, le montant du budget est « gelé » jusqu’en 2016 à son niveau de 2013 sous réserve que les ressources exceptionnelles attendues soient au rendez-vous et que les annuités de la loi de programmation soient respectées, ce qui n’a jamais été le cas dans les décennies précédentes.

D’ailleurs, on peut se demander pour quelles raisons le budget, qui est censé être « sanctuarisé », n’est pas financé par des ressources garanties. Dans ce cas, en effet, plutôt que d’être affectées au budget de la Défense, les ressources exceptionnelles escomptées auraient été versées au budget général de l’Etat.

De 1,5% du PIB aujourd’hui, notre effort de défense va probablement descendre à 1,3%, voire 1,1% du PIB en fin de LPM. L’allusion à une remontée à partir de 2017 au niveau de 2% ne trompe personne…

« Les déflations d’effectifs que nous allons entreprendre ne porteront pas atteinte aux capacités opérationnelles attendues de nos armées ».

Cette expression est une véritable pirouette qui tendrait à faire croire que nos capacités opérationnelles ne seront pas diminuées au cours de la LPM. C’est évidemment faux.

Elles le seront inévitablement. Mais comme le contrat opérationnel, c’est à dire ce qui est « demandé » aux armées », est réduit pour tenir compte de la réduction des effectifs – parfois de moitié – alors, effectivement les suppressions d’effectifs (35 000 personnes entre 2014 et 2019 !) ne devraient pas empêcher les armées de remplir ce nouveau contrat opérationnel fortement diminué. Mais par rapport aux capacités actuelles, il s’agit bien d’une réduction de nos capacités. Cela s’appelle une pirouette.

Des slogans erronés

« La Défense doit participer à l’effort budgétaire actuel ».

Si l’on omettait ce qui s’est passé depuis 30 ans, cette affirmation serait évidente. Mais faut-il rappeler que pendant cette période, la part du PIB consacrée à la Défense a été ramenée de 3% à 1,5%, c’est-à-dire que des dizaines de milliards de francs puis d’euros ont été économisés sur la Défense ? Aucun autre budget de l’Etat n’a été ponctionné à ce point. Ces réductions n’ont d’ailleurs pas empêché les budgets successifs de l’Etat d’être votés systématiquement en déficit, accroissant d’autant une dette publique qui se monte aujourd’hui à 1 900 milliards d’euros (60 années de budget actuel de la Défense !), dont les seuls intérêts s’élèvent, en 2013, à plus de 56 milliards d’euros soit près de 2 fois le seul budget annuel de la Défense.

« Les Français ne s’intéressent pas aux questions de Défense »

Cette assertion est infondée. Il est certain qu’au regard de leurs préoccupations vitales et immédiates – chômage, insécurité -, la Défense n’est pas la première préoccupation des Français d’autant que ce sujet fait rarement la une des médias ; mais le taux de confiance de plus de 80% qu’ils affichent pour leur armée (contre 15% pour la classe politique !) et leur sentiment de fierté après l’opération Serval confirment l’intérêt qu’ils portent à leurs soldats.

L’enregistrement quotidien de nouvelles adhésions à l’ASAF tend à confirmer cette prise de conscience de la place centrale de l’armée en ce temps d’incertitude et de trouble.

Le « coup » de la condescendance

Enfin et pour conclure cet échantillon de contrevérités insinuées ou assénées, il convient de noter la réaction quelque peu condescendante de l’animateur d’un blog consacré à la Défense à l’encontre des membres du club des « Sentinelles de l’agora » qui ont « osé » dénoncer ce qu’ils estiment être le processus de démantèlement de l’institution militaire.

L’attitude de ce journaliste, proche du cabinet du ministre, met en lumière la volonté politicienne de dénigrer les officiers supérieurs et généraux qui ont pour certains le tort de parler vrai et à visage découvert.

Mais les temps ont changé. Si l’armée d’active ne s’exprime encore aujourd’hui qu’à travers la voix de ses chefs d’état-major et uniquement, hélas, devant les seules autorités politiques, ceux qui ont quitté le service actif après avoir assumé de hautes responsabilités ont non seulement le droit, mais le devoir, de contribuer à l’information des citoyens et au débat national sur la Défense qui demeure malgré tout la première raison d’être de l’Etat.

En guise de conclusion

Les Français en ont assez du filtrage déformant des réalités et des illusions habilement entretenues.

Ils estiment et ont confiance dans l’armée en raison du courage et du sens de l’intérêt général de ceux qui y servent. Mais il est essentiel qu’ils la connaissent mieux et comprennent qu’elle est menacée non seulement dans ses capacités opérationnelles mais aussi comme élément central de cohésion et de résilience de la Nation.

L’ASAF, soutien indéfectible de l’armée, apportera son aide à tous ceux qui contribuent à briser le carcan de l’hypocrisie, du mensonge et de l’omerta sous toutes ses formes.

Rédaction de l’ASAF – (www.asafrance.fr)

4 commentaires sur Armées : une désinformation orchestrée ?

  1. Gilles Le Dorner (Bourges) // 15 février 2014 à 7 h 49 min //

    Article 35 de la Constitution de la France et question de constitutionnalité : envoyer du renfort signifie-t-il faire intervenir ? doit-il faire l’ objet d’ une information gouvernementale au Parlement et dans le délai requis ? peut-il déplacer le début réel d’ une intervention et repousser dès lors le vote du quatrième mois du Parlement ? Mais imagine-t-on un vote négatif qui signifierait lâcher ou désavouer nos soldats et leurs pertes humaines ? Voilà le piège et l’absurdité de cette réforme constitutionnelle , pourtant adoptée par la voie du Congrès , puisque l’ initiative et le coût humain et matériel de telles interventions sont laissés au seul choix d’ un exécutif reproduisant d’ une tête à une autre et après une alternance du changement les mêmes initiatives de réponses fortes diplomatiques qui sont aussi de réels engagements militaires .

  2. Jean Claude Genty // 4 novembre 2013 à 19 h 48 min //

    Ayant été « mauvais soldat » du temps de l’armée de conscription, je me retrouve à défendre NOTRE armée.
    Eh oui, en ce temps-là, j’ai été confronté, en temps de paix, à la vie de caserne, entouré de sou-offs et autres chiens de quartier, ne voyant plus très bien devant eux, à 10 heures du matin, après un long séjour devant le zinc du mess.
    Cet état de « troufion » n’incitait pas à aimer la « grande muette ».
    A l’heure actuelle, tout a bien changé et j’ai aussi bien veilli.
    Armée de métier, niveau intellectuel et technique bien supérieur et discipline plus intelligente font que, même si aucun conflit européen n’est à redouter à court terme, il est nécessaire de posséder une puissance militaire
    à hauteur de notre liberté d’action politique dans le concert des nations.
    Comme pour le reste de son action, nos gouvernants, eurobéats internationalistes d’une bêtise crasse affaiblissent notre armée, préférant, comme Sarkozy devenir les valets de l’OTAN.
    De renoncement en renoncement, bientôt nous ne serons plus rien.

  3. Votre article correspond malheureusement a la realité d un gouvernement qui a ostensiblement arbitré la Defense contre un renforcement inapproprié de sa clientele de l Education Nationale et de la fonction publique et territoriale en géneral.
    Vous teouverez dans  » manifeste pour le Renouveau  » d oct 2012 et dans diverses autres prises de position du blog France -Rebelle a l occasion de la Lybie, du Mali, et de la Syrie, une vive critique de la politique de Defense actuelle et du gouvernement précédent.
    Je serai ravi de participer a votre action pour une restauration des moyens dont les armées ont besoin.

    Roger Franchino
    Membre du Conseil National DLR

  4. Les militaires et leurs familles sont-ils au courant qu’il existe un moyen d’expression ? Le VOTE. Les militaires n’ont pas le droit de se syndiquer ou de manifester — ce qui est parfaitement normal et ne devrait pas être le propre de l’Armée mais de tout ce qui est en situation de monopole, c’est-à-dire de tous les services de l’État. Mais les militaires ont le droit de vote.

    Je suis prêt à parier que nombre de militaires, soit les jeunes sous contrat, soit ceux qui changent fréquemment de garnison, ne sont pas inscrits sur les listes électorales de leur commune. Ce qui signifie que s’il y avait un événement particulier conduisant à l’organisation d’un référendum, ils n’y participeraient pas. Ce qui signifie que pour les seules élections intermédiaires qui subsistent et à l’aide desquelles il est possible d’envoyer un signal fort à la dictature quinquennale, ils n’y participeront pas.

    Si les militaires se mobilisaient pour aller s’inscrire sur les listes avant la fin de l’année, le mouvement, pour aussi faibles que soient les effectifs des militaires, serait significatif. Et cela leur permettrait de renforcer le signal national qui sera donné l’année prochaine et qui ne sera pas un signal d’approbation.

    Avant d’inventer des moyens détournés de peser (et des intermédiaires), autant utiliser les moyens qui existent. Et les utiliser n’aurait pas un impact négligeable. 2014 sera l’année terrible.

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