Henri Guaino : «La France n’a pas besoin d’avoir moins de riches, elle a besoin d’avoir moins de pauvres !»

Vous êtes candidat à la présidence de l’UMP en défendant un message gaulliste. Jean-François Copé peut avoir une image plus droitière ou plus libérale, mais ne craignez-vous pas, dans l’esprit de vos électeurs, une confusion avec celle de François Fillon qui peut aussi apparaître comme gaulliste ?

Henri Guaino : Chacun y reconnaîtra son gaullisme. Moi, si je me reconnaissais dans ce qui est dit aujourd’hui dans cette campagne, je ne me présenterais pas. Si je trouvais que c’est mieux dit que je ne pourrais le dire, je ne me présenterais pas. …

Henri Guaino, ancien conseiller de Nicolas Sarkozy à l’Élysée et député UMP des Yvelines, a annoncé sa candidature à la présidence de l’UMP. Il nous explique sa démarche et commente l’actualité politique de la semaine. Il était l’invité de Yannick Urrien Mardi 11 septembre 2012 à 8h10 sur Kernews.

 

289247Vous êtes candidat à la présidence de l’UMP en défendant un message gaulliste. Jean-François Copé peut avoir une image plus droitière ou plus libérale, mais ne craignez-vous pas, dans l’esprit de vos électeurs, une confusion avec celle de François Fillon qui peut aussi apparaître comme gaulliste ?

Henri Guaino : Chacun y reconnaîtra son gaullisme. Moi, si je me reconnaissais dans ce qui est dit aujourd’hui dans cette campagne, je ne me présenterais pas. Si je trouvais que c’est mieux dit que je ne pourrais le dire, je ne me présenterais pas. Je ne me décerne pas de brevets de gaullisme, de sarkozysme ou de séguinisme, mais je ne retrouve pas l’idée que je me fais du gaullisme ou du séguinisme, donc je me présente. Chacun fera le tri en fonction de ses convictions et de sa perception du message que chacun porte.

Quelles sont vos idées fortes ?

Elles sont très simples. D’abord, s’agissant de cette élection, c’est une élection qui se déroule dans des conditions démocratiques assez contestables. Trouver 8000 parrainages, sans avoir les moyens de faire campagne, sans avoir accès au fichier des adhérents, c’est évidemment quelque chose de très difficile. Si cela devait conduire à la fin à permettre simplement à deux candidats de se présenter, ce serait clairement et simplement un déni de démocratie. On peut avoir une dizaine de candidats à l’élection présidentielle, on a eu six candidats aux primaires socialistes, il n’existe aucun système démocratique au monde où deux candidats seulement ont le droit de se présenter au premier tour. Il ne s’agit pas de choisir le futur candidat aux élections présidentielles, ce n’est ni une primaire, ni une pré-primaire, il s’agit simplement de choisir le président de l’UMP. Cela veut dire que nous devons choisir ce que l’UMP va incarner aux yeux des Français dans les mois et les années qui viennent. Quelqu’un m’a dit l’autre jour très justement : «Je veux savoir où j’habite». Je trouve qu’il n’y a pas assez de gaullisme à l’UMP. C’était jusqu’à présent la seule sensibilité qui n’avait pas vraiment droit de cité, dont on ne parlait jamais, comme si c’était quelque chose de démodé et qu’il fallait cacher. Je pense au contraire que c’est très moderne, que c’est en phase avec l’évolution actuelle du monde, notamment depuis la crise de 2008. Je  veux donc réaffirmer la nécessité de porter une sensibilité gaulliste. Nous ne sommes pas en train d’élaborer un projet : le projet, nous l’avons, nous l’avons défendu pendant l’élection présidentielle, c’est le projet que portait Nicolas Sarkozy. Je me suis trop engagé devant les Français pour aujourd’hui prendre mes distances avec ce projet.

Finalement, vous souhaitez être un chef d’orchestre qui va donner une impulsion «gaulliste» à ce projet…

D’ailleurs, dans ce projet, il y a beaucoup d’idées et de direction que m’inspire le gaullisme, c’est-à-dire cette histoire qui est celle du général de Gaulle et de ceux qui l’ont accompagné, entre le 18 juin 1940 et son départ du pouvoir en 1969. J’ai trouvé, dans la synthèse de toutes les tendances faites par Nicolas Sarkozy une aspiration qui me paraissait assez fidèle aux valeurs auxquelles je crois. Ce projet évoluera évidemment dans les années à venir en fonction de l’évolution du monde. Pour l’instant, quelques mois après l’avoir présenté aux Français, cela ne peut être que notre projet. Il ne peut pas y en avoir d’autre et ceux qui pensent le contraire doivent se lever et dire : «Au fond, ce n’était pas mon projet…» Encore une fois, il s’agit de savoir ce que nous allons incarner, c’est-à-dire au nom de quels principes nous allons parler aux Français, avec un fil conducteur…

Peut-on encore parler de gaullisme et de souveraineté à l’heure où nous avons tant de dettes à l’extérieur ?

Lorsque le général de Gaulle est arrivé au pouvoir, à la Libération, la dette de la France était au moins de 200% du PIB ! Cela ne l’a pas empêché de reconstruire l’autorité de l’État, de ramener la République, jusqu’en 1946, date à laquelle il est parti, non pas parce que nous avions trop de dettes, mais parce que les Français avaient accepté la Constitution de la IVème République. Il restait encore beaucoup de dettes en 1958, la situation de la France était difficile, après les deux ans de gouvernement de Guy Mollet, la France était au bord de la faillite et elle appelait le FMI à l’aide ! Cela n’a pas empêché le général de Gaulle de remettre la France debout en 1958. Plus la situation est difficile, plus les valeurs du gaullisme sont d’actualité. Je vous rappelle que le gaullisme est né dans une période absolument désastreuse pour la France. Le général a gouverné après la guerre, il fallait tout reconstruire et on est allé le rechercher en 1958 parce que la guerre civile nous menaçait. C’est un message politique tout-à-fait adapté aux temps de crise, comme ceux que nous vivons… Notre problème n’est pas simplement la dette – tout le monde a des dettes aujourd’hui – le problème est de savoir comment éviter la catastrophe, la récession, la déflation et remettre notre pays debout.

9 commentaires sur Henri Guaino : «La France n’a pas besoin d’avoir moins de riches, elle a besoin d’avoir moins de pauvres !»

  1. Quand on s’est mis au service du plus a-gaulliste président de la Vè puisque Sarkozy en bon laquais de GW Bush nous a fait réintégrer le commandement militaire de l’OTAN qui n’est que le bras armé en Europe des US, on a perdu toute crédibilité mais ce monsieur doit faire vendre son bouquin que je ne lirais pas!
    Il n’est pas nécéssaire de faire la leçon à Nicolas Dupont-Aignan quand on donne la parole à un pareil traitre.

  2. Avec Soixante-dix députés Nicolas Dupont-Aignan a voté contre le TSCG, c ‘est le France du gaulisme qui se réveille; faisons honneur aux derniers patriotes français
    André JACQUES

  3. si le sieur bellenger rejette Nicolas Dupont-aignan sur la thése du traité de Maastricht, il ferait bien de relire le programe de DLR
    André JACQUES

  4. Jacques des Ecrins // 22 septembre 2012 à 19 h 26 min //

    Exception faite de Philippe Seguin, tous les prétendants aux très hautes fonctions gouvernementales se sont révélés, depuis 40 ans, être des carriéristes cyniques et sans scrupules, à droite, à gauche. Par courtoisie, je ne citerai pas de noms qui fâcheraient.

    Le problème d’une bonne tête politique, non Énarque et ne contrôlant pas l’appareil d’un grand parti, comme Henri Guaino, pétri de convictions , est terrible. Ne pas se raccrocher à une « locomotive », c’est, dans le système médiatique tel qu’il est se condamner à l’impuissance.
    Choisir un « patron », c’est se condamner à être son jouet et à devoir tordre ses convictions tous les jours

    Une seule solution : faisons du gaulliste Guaino un grand leader « libre » !!!!!

  5. Gilles Le Dorner // 22 septembre 2012 à 8 h 40 min //

    Le fil conducteur en temps de manque de France : la Constitution , la Nation , les Nations , l’Europe des Nations et l’indépendance de la France . Pas l’autarcie . Mais l’ autonomie en quelque sorte , au sens de la liberté de choisir et de se gouverner . Quel que soit le prix de l’effort partagé et des serrements de ceintures . Le temps manipulé n’ effacera pas deux referendums . Celui de 2005 , occulté dans la fuite en avant supranationale et de la démocratie démembrée . Celui de 1969 , (hélas) , mais du vote respecté . Des Mémoires d’ espoir répondant aux Mémoires d’Outre-Tombe , de l’espoir et de l’ espérance aussi , ne laissons pas mourir la France . De Gaulle , une magnifique leçon d’histoire et de respect . DLR 02100

  6. Henri Guaino est un homme respectable et même sincère. On peut simplement regretter qu’il fut le conseiller d’un homme (faut-il le nommer?) qui, a bien des égards, a démontrer, à l’instar de ce que firent J.Chirac et F.Mitterrand , qu’il s’était tourné exclusivement vers le projet européen fédéraliste, monétariste et libéral dans la mondialisation « libre-anarchisante ». L’UMP a perdu en partie les élections parce qu’elle est devenue l’UDF d’hier de VGE…
    Le gaullisme peut il exister sans De Gaulle? C’est finalement là la vraie question. De Gaule pensait deux choses contradictoires : la première est qu’il considérait qu’après lui, en politique, il y aurait un trop plein…faudrait-il ajouter de politiciens ou « politichiens »? La seconde, c’est qu’il considérait aussi que sa conception de la France, de l’Etat, de l’action politique reviendrait un jour sur le devant de la scène…
    De Gaulle c’est la rencontre d’un homme et de circonstances exceptionnelles. Tout le monde le dit et le souligne.
    Par chance, les difficultés actuelles renforcent cette idée que nous pourrions revenir aux fondamentaux… à moins que d’ici là le projet « européen » ait fini par arriver à faire disparaître les Etats (ce qu’on appelle des transferts de souveraineté…sans parler de la fameuse règle d’or signé par NS et qui sera votée par nos parlementaires, les fameux « représentants de la nation » saufs quelques exceptions…)…pour placer les « super régions  » comme interlocuteurs de Bruxelles car c’est là la finitude du projet européen depuis toujours… Ensuite? Ensuite les Etats-Unis auront en face d’eux une Europe juridiquement unifiée et contraignante pour les européens mais politiquement divisée et donc affaiblie….Pour eux, l’Europe unifiée mais divisée sera alors le pire des alliés, celui sur lequel on ne peut compter….Alea jacta est. E.POURCEL

  7. On peut se dire ou se croire gaulliste et soutenir le sarkozisme, c’est n’avoir rien compris au film ni à l’Histoire. Dommage pour M. Guaino !

  8. Monsieur Guaino parle pour ne rien dire,comme d’habitude .Et sa ce dit Gaulliste un de plus ,tout est bon pour avoir la place.comme disait le Général De Gaulle ce que je reproche à mes collaborateurs de droite ,c’est qu’ils aiment trop l’argent. Et bien,depuis 30 ans on a vu le résultat ,et là,De gaulle était aussi visionnaire.

  9. Bellenger Pierre // 19 septembre 2012 à 9 h 48 min //

    Je serai Gaulliste encore, si je trouvais un gaulliste qui reste idèle aux principes du Général de Gaulle, à savoir la Primauté du Politique etlka Primauté de l’intérêt général sur les intérêts privés. Des Gaullistes, on en trouve dans nombre de partis politiques :
    -à l’UMP qui est accro à la Pensée-Unique, c’est le comble de l’illogisme
    -au FN, qui n’a pas voté Maastricht,il est vrai, mais qui refuse de le dénoncer ???
    -à DLR qui a dénoncé Maastricht de 2007 à 2010, puis qui ne dénonçait plus Maastricht, donnant le change en dénonçant l’Euro. DLR s’est comporté comme une girouette. Voilà ce que c’est de faire de la politique sentimentale ! Le Général avit des principes et les appliquait. Les trente glorieuses ont été faite avec lui.

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