Le champ des six reines – par JC BAERT

 

Quand on parle de pognon, à partir d’un certain chiffre, tout le monde écoute «  Michel Audiard  »

Selon l’AFP, «  les dirigeants des quatre principales économies de la zone euro, réunis vendredi à Rome, ont appelé à mobiliser quelque 120-130 milliards d’euros en faveur de la croissance, désormais érigée au rang de priorité, pour tenter de sortir de la crise une Europe plombée par l’austérité.

Lors de ce mini-sommet Italie-France-Allemagne-Espagne, destiné à préparer le sommet européen crucial des 28 et 29 juin, le chef du gouvernement italien Mario Monti, le président français François Hollande, la chancelière allemande Angela Merkel et le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy se sont fixé pour « premier objectif » la « relance de la croissance », a déclaré M. Monti.

Une relance passant par la mobilisation de « 1% du PIB européen, c’est-à-dire 120 à 130 milliards d’euros », a indiqué M. Hollande. « C’est déjà une première étape », a-t-il commenté un peu plus tard devant la communauté française de Rome.

Même Mme Merkel, apôtre de la rigueur, a vu dans cet objectif commun, qui sera proposé au sommet européen de la semaine prochaine, « un signal important ».

« Qui aurait pu dire, il y a encore quelques semaines, que (la croissance) serait à ce point à l’ordre du jour d’un Conseil européen », s’est félicité M. Hollande, qui avait promis de faire bouger les lignes sur ce thème. »

Ainsi donc ,à la veille d’un sommet Européen, une fois de plus consacré à la crise financière qui frappe l’Europe par Irlande, Grèce, Portugal, Italie, Espagne et France interposées, le champ des six reines de la dette financière insupportable par la Zone Euro sera à nouveau passé à la moulinette des palabres Bruxelloises de dirigeants atteints pas le syndrome d’effondrement de la croissance. Ce phénomène dont l’ampleur devient épidémique en Europe est cependant largement explicable, même si d’un pays à l’autre les ressorts de la croissance ne sont pas de même nature.

Le surcoût financier astronomique imposé par les remboursements des dettes contractées par les Etats ,les entreprises et les particuliers, plombe les capacités d’investissement et de fonctionnement des pays concernés ,alors que, dans le même temps ,en particulier pour la France, on produit moins de richesse dans une économie mondialisée et comme les dépenses, notamment sociales pour des pays vieillissants, se gonflent à vue d’œil , sans véritable contrepartie au rétablissement de la compétitivité ,l’endettement de chacun ne cesse de croitre et d’embellir et finit par impacter tout le monde.

Face à ce constat, connu de tous, nous nous installons dans la zone infernale du décrochage économique et financier de toute la zone Euro avec la complicité de dirigeants politiques qui continuent à penser que rembourser ses dettes par un nouvel emprunt est la solution d’avenir pour les pays en panne de liquidités, la baisse des coûts de fonctionnement des Administrations, une rêverie politicienne ,et, la réduction du train de vie des Etats, une potion amère insupportable !

Ce type de pratiques délirantes faisait dire récemment à Boris Cyrulnik, ethnologue et psychiatre : Le panurgisme psychologique participe à la course économique jusqu’au moment où les moutons euphoriques sautent dans le vide !

A confondre conséquences et causes, une fois encore, dans l’univers de la lutte contre de nouvelles catastrophes économiques et sociales, les solutions homéopathiques de colmatage des brèches financières mises en œuvre ne sont pas à la hauteur des enjeux et ne rassurent personne tant la confusion est grande entre richesse vive et croissance. La perte de croissance n’ est en effet que la conséquence d’ une mauvaise optimisation de nos facteurs clé de succès dans les échanges entre pays, entreprises et individus et non la cause de l’ effondrement de notre richesse vive.

Le manque de croissance n’est donc pas la cause principale de la crise économique et financière qui secoue l’Europe depuis de nombreuses années, c’est la conséquence d’erreurs de pilotage du crédit et des placements financiers, lesquels, intimement liés, ne produisent plus de richesse vive face aux autres pays de la planète. La corrélation entre crédit et placements financiers est en effet on ne peut plus évidente. Par exemple, la dynamique des comportements avant la crise montre que les prix de l’immobilier s’envolant, ​les vendeurs nets d’immobilier, (y compris les Etats ) ont bénéficié de plus-values, qu’ils ont réinvesties en produits financiers. Dans le même temps, les acheteurs nets d’immobiliers, par exemple les primo-accédants ou les ménages revendant leur logement pour en acquérir un plus grand, ont dû prélever le surcoût sur leur patrimoine financier. Mais le recours au crédit a aussi contribué à couvrir l’augmentation des prix de l’immobilier, de telle sorte qu’au final, les prélèvements des acheteurs sur leurs actifs financiers ont été moindres que les réinvestissements des vendeurs. Au total, le patrimoine financier des « ménages » a augmenté au cours des vingt dernières années, indépendamment même des effets de revalorisation des portefeuilles sous l’effet de la spéculation boursière.

Ainsi donc, suivant certaines enquêtes de l’OCDE, les ménages français épargnent beaucoup – environ 16 % de leur revenu disponible brut –, taux record en 2011 de 16,8%. Ils ne sont, de ce point de vue, guère originaux en Europe continentale, leur taux d’épargne brut étant un peu moins élevé que celui des Allemands et, depuis quelques mois, identique à celui des Espagnols .Jusqu’à la crise, il ne se différenciait pas de celui des Italiens. L’opposition est en revanche nette avec le Royaume-Uni, où l’épargne à certes augmenté par rapport à l’immédiate avant-crise, tout en restant nettement inférieure aux niveaux observés dans la zone euro. L’évolution des taux de placements financiers est contrastée selon les pays .Les Français consacrent environ 8 % de leur revenu aux placements financiers et le Livret A connaît un regain de succès. C’est quatre points de moins qu’avant la crise, mais c’est plus que dans la plupart des autres pays européens. On remarque en particulier l’évolution en dents de scie de l’Espagne et du Royaume-Uni, dont les placements financiers se sont effondrés après la crise, avant de se redresser légèrement ces deux dernières années.

Les crédits font, depuis les années 1970, les placements financiers et la toxicité d’un tel comportement peut certainement avoir un lien avec le syndrome d’effondrement de la croissance Européenne. Rendements moindres et taux de moins bonne qualité affolent maintenant les épargnants et les dirigeants confrontés au devoir de restauration immédiate de la performance économique et financière dans le champ des six reines de la pensée unique. Depuis la crise des subprimes, de la déconfiture boursière et des pertes cachées dans des actifs bancaires toxiques qui firent que près de 4500 milliards de dollars partirent en fumée sur toute la planète, ce sont les liquidités de court terme qui font défaut.

Alors que faire pour enrayer une nouvelle descente aux enfers : se servir de l’épargne pour rembourser les dettes et relancer ainsi l’économie par la mobilisation des ressources existantes au développement et à la restructuration des potentiels de richesse vive des pays concernés apparaît comme une solution envisageable. Ce principe de bonne gestion de père de famille nous éviterait de mourir à petit feu au désert de la croissance introuvable alors que sous nos pieds dorment des milliards qui deviennent de plus en plus toxiques pour une richesse vive qui seule peut faire effet de levier sur nos sociétés en mal de devenir ! Inventer, innover, améliorer la compétitivité, conquérir de nouveaux marchés à l’international, remettre de l’ordre dans les architectures administratives des pays, améliorer le cadre de vie du plus grand nombre, sont des objectifs de long terme qui nécessitent une capitalisation massive des liquidités disponibles pour un effort de longue haleine..

La mobilisation générale des citoyens européens de la zone Euro pour mettre l’épargne au service de la croissance et non de la rente, va-t-elle sonner au champ des six reines et ainsi assurer la survie du plus grande nombre et non la garantie de sauvegarde d’une épargne dormante, stérile, capable de partir rapidement en fumée sous l’effet d’un nouveau crack boursier ?

Un prélèvement exceptionnel de 1000 Milliards d’Euros dans le champ des six reines, justement réparti entre tous les possédants d’épargne au prorata des montants disponibles, pourrait conduire à un effort rapide et suffisamment lourd de refinancement des outils économiques et permettre ainsi le redécollage de la richesse vive des six reines. Au-delà de cet effort commun, cela permettrait aussi de montrer que la mobilisation générale en Europe pour la guerre économique a autant de sens que pour celle qui fût militaire.

Là est le dilemme posé à nos politiques qui devront convaincre les citoyens européens à faire jeu collectif et quitter leurs bastions individualistes suicidaires du bas de laine et de l’ilot de confort et se souvenir que « celui qui n’ose pas, ne doit pas se plaindre de sa malchance (proverbe Indien) » !

JC BAERT

1 commentaire sur Le champ des six reines – par JC BAERT

  1. Je précise que selon une enquête d’Ecoscore3, la principale raison invoquée par les épargnants français sur les Livrets d’épargne à liquidité directe, est à 85% de se prémunir contre un coup dur contre seulement 11% qui invoquent un projet personnel à terme lié à ce type de placement dit de précaution .
    Le coup dur est arrivé chez les six reines atteintes par les dettes souverraines colossales,la perte de richesse vive et des batailklons de sans emploi qui grossissent à vue d’oeil.
    Verrons-nous les français et les autres peuples européens concernés se tourner vers les bas de laine pour venir au secours de leurs Etats impécuniers ?
    Cela n’est pas gagné , c’est même d’un certain point de vue complétement utopique, et ,il faudra beaucoup de volonté aux dirigeants politiques pour faire circuler « le pognon » qui dort !!!!!

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