Y aura-t-il un « Etat PS » après la prise de pouvoir du parti ?

En 1958, lorsque le général de Gaulle revient au pouvoir, certains commentateurs et représentants de la classe politique s’ingéniaient à le qualifier de « dictateur ». D’où la réplique du Général restée célèbre : « Pourquoi voulez-vous qu’à 67 ans, je commence une carrière de dictateur ? »

Depuis la réforme électorale conduisant à l’élection du Chef de l’Etat au suffrage universel (1962), les différents mouvements politiques antigaullistes affirment que le premier chef de l’Etat de la Ve République avait tous les pouvoirs.

En 1958, lorsque le général de Gaulle revient au pouvoir, certains commentateurs et représentants de la classe politique s’ingéniaient à le qualifier de « dictateur ». D’où la réplique du Général restée célèbre : « Pourquoi voulez-vous qu’à 67 ans, je commence une carrière de dictateur ? »

Depuis la réforme électorale conduisant à l’élection du Chef de l’Etat au suffrage universel (1962), les différents mouvements politiques antigaullistes affirment que le premier chef de l’Etat de la Ve République avait tous les pouvoirs.

Plus qu’une erreur, un mensonge !

Ceux qui ont connu cette période ou, à défaut, ceux plus jeunes qui s’en préoccupent aujourd’hui, savent que Gaston Monnerville, alors Président du Sénat, s’est toujours opposé au Général, attitude qu’il n’aura de cesse de manifester durant toute sa Présidence, qualifiant l’action de de Gaulle et celle du gouvernement Pompidou de « forfaiture ».

Aujourd’hui, suite aux dernières élections présidentielle et législative, force est de constater qu’un seul parti détient tous les pouvoirs. Le parti socialiste est omniprésent :

· Pouvoir exécutif : présidence de la république et gouvernement

· Pouvoir législatif : Assemblée Nationale et Sénat

· Collectivités territoriales : Communes, grandes ou petites, communautés de communes, Départements(75%) et régions (21 sur 22).

Il n’est pas question de contester leur légitimité. Le dernier mot appartient toujours aux électeurs.

Cependant, il n’est pas inutile de rappeler que la gauche minoritaire a toujours brandi la menace de dictature politique quand la droite était au pouvoir. « L’Etat RPR ! »

« Le coup d’Etat permanent » *

Combien de fois n’avons-nous pas entendu ces slogans qui visaient à faire passer les élus de droite pour de vulgaires dictateurs.

Par ailleurs, relevons que l’utilisation du référendum a toujours été rejetée, par principe, par la gauche, car considéré par elle comme un plébiscite, quand même bien elle a eu recours à la pratique référendaire en 1988 (Nouvelle Calédonie), 1992 (Maastricht) et 2000 (Quinquennat).

Rappelons aussi l’acharnement de Nicolas Sarkozy à rejeter cette forme de démocratie directe, au point, par une collusion de l’UMP et du PS, de faire fi de la décision du peuple souverain lors du référendum qui portait sur la « Constitution de l’Europe » en 2005.

A qui la faute ?

Malgré le référendum du 28 octobre 1962 qui institue l’élection présidentielle au suffrage universel, avec une large approbation des électeurs (62,2% de oui), le Général et le gouvernement Pompidou ont été confrontés à des oppositions partisanes.

Des propos de Paul Reynaud qui évoquaient un « viol de la constitution » au dépôt d’une motion de censure à l’Assemblée Nationale initiée par le « cartel des Non » composé des partis politiques encore attachés aux pratiques de la IVe république, à savoir  le CNI, le MRP, le Parti Radical, PCF et la SFIO (Socialistes), le ton est donné : à leurs yeux, l’élection du Président de la République au suffrage universel est la marque d’un pouvoir personnel, autoritaire, que le général de Gaulle entendait implanter.

Ce refrain, entretenu depuis des lustres, et maintes fois repris notamment par les partis de gauche, fait encore des émules aujourd’hui.

Aujourd’hui, au sein de la majorité de gauche, certaines personnalités comme Arnaud Montebourg, membre du gouvernement, mais aussi ses alliés, à la gauche de la gauche, le « Front de gauche », réclament une VIe république, sans jamais la définir, ni même sans envisager ni préciser les principes. Ils proposent une nouvelle République qui entend revenir sur l’élection au suffrage universel du Chef de l’Etat.

Cet esprit de revanche est d’autant plus insupportable que le peuple a fait un choix très majoritaire en 1962, validé et appliqué depuis plus de 50 ans. L’élection présidentielle n’est-elle pas la grande respiration politique de la démocratie dans notre pays ? Ne rythme-t-elle pas la vie même de notre République ? N’est-elle pas l’élection majeure, celle qui recueille la plus grande adhésion et ferveur des citoyens ?

Sinon, comme expliquer le fait que le taux de participation à l’élection présidentielle est le plus élevé de toutes les élections organisées dans le cadre de notre démocratie ?

Ces faits, cette réalité, déconsidèrent et disqualifient les adversaires du mode d’élection du Président de la République au suffrage universel. N’en déplaisent aux esprits aigris et nostalgiques de la 3e et 4e République, on doit ce grand acquis démocratique, cette confiance placée dans le peuple, au Général de Gaulle !

Une abstention record

Le scrutin qui vient de se terminer par l’élection d’une majorité « socialiste » à l’Assemblée nationale a été marqué par une abstention record sous la Ve République. Certains avancent l’inversion du calendrier comme remède miracle à cette situation. Mais en réalité, c’est la concomitance des élections nationales après la mise en œuvre du quinquennat, œuvre commune de la gauche, de l’UMP et des centristes giscardiens qui est à l’origine de ce phénomène particulièrement préoccupant. La seule parade et solution : un mandat présidentiel plus long que celui des parlementaires en rétablissant le septennat qui permet d’assurer dans des bonnes conditions et la continuité de l’Etat et la cohérence des politiques.

Alain Kerhervé

* Car si François Mitterrand est un opposant de la première heure au nouveau régime gaulliste, il semble vouloir, dans Le Coup d’État permanent, paru en mai 1964, faire franchir à son combat une nouvelle étape : en choisissant l’arme littéraire pour affronter le Général, il veut à son tour prendre date avec l’Histoire, ayant l’intuition que son propre destin doit passer par une opposition encore plus irréductible au gaullisme, quitte à en caricaturer la présentation de façon à susciter la polémique.

3 commentaires sur Y aura-t-il un « Etat PS » après la prise de pouvoir du parti ?

  1. A chaque échéance, nous entendons la même chose :
    -ceux qui accèdent au pouvoir s’accomodent très rapidement du système institutionnel qu’ils dénonçaient encore quelques minutes auparavant et ne voient plus rien de dangereux à ce qu’une formation politique ait pour un temps le contrôle de la présidence, et des chambres, en sus des collectivités territoriales;
    -ceux qui retournent aux portes du pouvoirs dénoncent aussitôt le système institutionnel comme injuste voire dangereux (l’Etat RPR, hier, PS aujourd’hui…etc) et ceux qui restent aux portes de ce même pouvoir continuent à dénoncer sa dangerosité…
    C’est vraiment une tempête dans un verre d’eau!
    La vérité est que la démocratie suppose l’alternance politique et elle a lieu, c’est un fait.

    On évoque ensuite le sempiternel abstentionnisme en le regrettant, en le dénonçant… Mais on aura vite oublié cela.
    Mathématiquement, c’est un fait, un scrutin ou 42 % des électeurs inscrits s’abtiennent pose problème puisque les élus sont grosso modo élus avec la moitié des 58 % d’électeurs inscrits votant, soit 29% dans le meilleur des cas (en faisant abstraction des bulletins blancs, nuls et des triangulaires…). Bref, un élu est élu minoritairement ce qui est le contraire de la démocratie qui suppose une décision du peuple et le phénomène majoritaire absolu (51 %). Que faire?
    Rien juridiquement, car il n’existe pas de solution en droit.
    Tout politiquement car le désintérêt des français s’explique par deux sentiments profond : les élus se servent et ne servent plus. Les élus n’ont pas le pouvoir de régler leur problème.
    J’ai 45 ans et ce sont les mêmes plats que l’on me ressert depuis l’age de 18 ans sans horizon.
    Et la France sombre.

  2. Allons, allons, Monsieur Alain Kerhervé, approfondissez plus avant votre analyse pour ne pas sombrer dans le parler vrai pour ne rien dire.
    « La seule parade et solution : un mandat présidentiel plus long que celui des parlementaires en rétablissant le septennat qui permet d’assurer dans des bonnes conditions et la continuité de l’Etat et la cohérence des politiques. »
    Non, non et non, cela confine en la confusion entre conséquences et causes.
    Ce n’est pas à cause des électeurs que le taux d’abstention est élevé, c’est la conséquence d’une imprévoyance, d’un laxisme, d’une naïveté des politiques qui se sont mis en place et qui favorisent avant tout l’ilôt de confort à la française !!!!
    Alors que les françaises et les français boudent de plus en plus nombreux les élections législatives, paradoxalement ils sont de plus en plus nombreux à obtenir aides et subventions de toutes natures et qu’ils réclament sans cesse de manière plus abondante !
    Ainsi nos politicards s’abandonnent à faire plaisir .A chacun son domaine de redistribution….pour faire plaisir à ses partisans.
    La France sombre dans l’incohérence de sa politique, toujours guidée par le souci « de faire plaisir » et non par le souci de sérieux
    Ce sont donc bien aux politiques de se remettrent en question en exigeant la stricte application de l’égalité entre devoirs et droits.
    Si donc un électeur,ou une électrice boude les urnes c’est que, appramment,sauf cas de force majeure,l’administration de la France lui passe au dessus de la tête et surtout qu’il n’est pas convaincu de l’UTILITE de son vote !
    Alors pourquoi attribuer des aides financières à celui qui ne rejoint pas la collectivité ?
    Ainsi donc pour éviter de donner à la MTO la prochaine responsabilité dans le renoncement à l’exercice du DEVOIR de vote,remettez donc l’électeur, l’électrice en face de ses responsabilités !
    Chiche, qui le fera ?
    Bien cordialement,
    JC BAERT

  3. Jean-Dominique GLADIEU // 18 juin 2012 à 14 h 27 min //

    Je reprends les termes d’Alain Kerhervé :
    « Arnaud Montebourg, membre du gouvernement, mais aussi ses alliés, à la gauche de la gauche, le « Front de gauche », réclament une VIe république, sans jamais la définir, ni même sans envisager ni préciser les principes. Ils proposent une nouvelle République qui entend revenir sur l’élection au suffrage universel du Chef de l’Etat. »

    Mais avant de les commenter, je précise que je suis d’accord avec son analyse générale et que je ne veux absolument pas, par conséquent, isoler une ou deux phrases de leur contexte pour pouvoir leur faire dire ce qui m’arrange.

    Donc, à propos de la VI° république que MM. Montebourg et Mélenchon appellent de leurs voeux, M. Kerhervé a parfaitement raison d’écrire qu’ils se gardent bien de la définir ou d’en proposer les principes si ce n’est qu’ils souhaitent revnir sur l’élection au suffrage universel du chef de l’Etat. En fait, je crois que MM. Montebourg et Méléchon restent prisonniers de la bien-pensance PS qui les empechent d’exprimer clairement leurs principes de peur de se marginaliser.
    A leur décharge, cependant, sur la question de l’élection du président au suffrage universel, ils sont surtout opposés à un régime présidentiel et favorables à un régime parlementaire dans lequel le président a plus un rôle symbolique de représentation qui effectivement ne nécessite pas le recours au suffrage universel.
    Le régime instauré en 1958 ne se conçoit, à mon sens, que par rapport à la situation de l’époque qui aboutit au retour au pouvoir de l’homme du 18 juin (bon anniversaire au passage !) lequel a besoin d’avoir les mains libres pour accomplir son programme. C’est une situation de guerre et le Général a besoin d’une constitution qui lui permette de mener cette guerre. C’est une constittution qui n’a de sens que par rapport à ce contexte. D’ailleurs on voit bien les dérives qui se produisent depuis le départ de son fondateur.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.


*