Juppé se rappelle brusquement ses origines gaullistes

img_6084En meeting à Lyon, le ministre des Affaires étrangères a marqué sa différence -et sa prise de distance ?- en prononçant un discours emprunt de gaullisme et d’humanisme, bien loin des déclarations marino-compatibles du président-candidat.

 

Alain Juppé était-il en service commandé, ce dimanche 29 avril, au Palais des congrès de Lyon ? L’avenir immédiat nous le dira. Nicolas Sarkozy n’hésite jamais à rappeler à l’ordre ceux qui sortent sans son autorisation des sentiers battus. Le dernier à en avoir fait les frais ? Juppé himself, taclé par le monarque pour avoir osé afficher sur RTL sa volonté de garantir la cohésion de l’UMP en cas de défaite à la présidentielle. « Il ferait mieux de s’occuper du second tour», avait tempêté Sarko, furieux, sur le plateau des « 4 vérités ».

Aucun doute donc, si le discours prononcé par le locataire du Quai d’Orsay ne sied pas au président-candidat, tout le monde le saura.

Ce qui pourrait déplaire à Sarzkoy ? Les phrases à double tiroir distinctement articulées par son ministre devant des militants enthousiastes. « Entre Français, il faut se garder de toute stigmatisation, de tout mépris condescendant », a, par exemple, déclaré Alain Juppé. A priori,le maire de Bordeaux entendait rappeler l’importance de prendre en compte les électeurs de Marine Le Pen sans les pointer du doigt. Mais Juppé est bien trop fin pour ignorer qu’en choisissant d’employer le terme « stigmatisation », souvent utilisé pour qualifier la campagne menée par Nicolas Sarkozy, il prend le risque d’être mal – ou trop bien – compris par les observateurs de la vie politique. Malgré son silence étonnant durant cette première semaine de l’entre-deux tours, Juppé a certainement du mal à supporter ce virage marino-compatible emprunté par le président-candidat.

Pour ne pas écorner trop visiblement son image de fidèle sarkozyste, il n’a pas oublié de condamner ce système médiatique qui crie à « la vertu républicaine quand Hollande dit qu’il veut parler aux électeurs de Marine Le Pen » et qui accuse son candidat de « vice pétainiste quand il rappelle ses propositions du premier tour sur l’immigration ». Une fois débité sa profession de foi sarkozyste, l’ancien Premier ministre a imploré : « Prenons un peu de hauteur dans le débat politique ! » Un cri du cœur lancé à Nicolas Sarkozy ?

Juppé a ensuite poursuivi son allocution en confiant : « Je veux partager avec vous mes convictions, loin du tolu bohu médiatique, je veux vous dire, comme ça inquiète les médias, que je me sens parfaitement à l’aise avec mes valeurs. » Et de rappeler ses fameux « principes qui ont inspiré l’action politique du général de Gaulle […] une certaine idée de la France, oui le gaullisme est un patriotisme. » Une réponse habile à ceux qui ont reproché à Nicolas Sarkozy son hymne à la patrie entonné dès le soir du premier tour lors de son discours à la Mutualité.

Après avoir vanté les mérites du président-candidat, ce grand réformateur qui a su tenir la barre pendant la tempête financière et économique, le ministre a longuement parlé économie. Pas question d’évoquer les thèmes favoris de Sarkozy, Juppé ne prononcera jamais le mot « immigration », ni même celui de « frontière », thème principal du discours prononcé une heure plus tard par le candidat en meeting à Toulouse. Pour lui, le problème central c’est celui de la « compétitivité ».

S’il n’a pas rechigné à évoquer « l’assistanat », l’occupant du Quai d’Orsay  a, en revanche, tenté d’apaiser les esprits en appelant à plus de « lucidité » et, en filigranes, à davantage d’humanisme et de compréhension : « Quand nous disons que le travail est libérateur, tout le monde ne le reçoit pas ainsi. » Sarkozy qui répète à longueur de réunion que « le travail c’est la liberté » appréciera.

Tout au long de cette allocution, Alain Juppé s’est donc écarté, avec habilité mais fermeté, du chemin tracé par son candidat. Un écart de conduite personnel ou la mise en œuvre d’une stratégie électorale décidée en haut lieu ? A écouter Nicolas Sarkozy quelques minutes plus tard chanter une ode à la frontière, certes, mais sur un air plus conciliant et républicain que celui fredonné cette dernière semaine, on s’étonne. Et si Juppé ne faisait que participer à un revirement tactique destiné à séduire, à J-7, les électeurs centristes apeurés par les discours dérangeants de la semaine passée ? Comme dirait Raffarin, « le temps de l’analyse viendra après le 6 mai ».

1 commentaire sur Juppé se rappelle brusquement ses origines gaullistes

  1. olivier Rubens // 1 mai 2012 à 8 h 12 min //

    M.JUPPE a du sang lybien sur les mains.

    Dans l’affaire syrienne, il a été aussi dangereux que ridicule en
    posant sans cesse l’exigence première dun changement de gouvernement
    à Damas.

    Peut-être a t’il été gaulliste un jour. ajourd’hui, philosioniste, il l’est
    sûrement. Dangereux pour la paix, c’est évident.

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