A droite, les voix s’élèvent contre la stratégie droitière de Sarkozy

Par Le Nouvel Observateur avec AFP

clip_image003Jean-Pierre Raffarin, Dominique de Villepin, Etienne Pinte ou encore Chantal Jouanno… les voix dissonantes se multiplient au sein de la majorité. Nicolas Sarkozy a justifié vendredi sa stratégie de reconquête des électeurs du Front national en vue du second tour de la présidentielle et ironisé, chiffres du premier tour à l’appui, sur le fait qu’il n’avait « pas vu venir » un « référendum pour Hollande ».

 

« Effrayé » par la campagne du président-candidat de l’UMP et ses « gages à l’extrémisme », l’ancien Premier ministre Dominique de Villepin, sans aller jusqu’à donner de consigne de vote, s’est prononcé clairement contre Nicolas Sarkozy, vendredi 27 avril.

« Halte au feu ! (…) Mon rôle n’est pas de dire pour qui voter, car chacun doit prendre ses responsabilités » mais « le 6 mai, que chacun vote en pensant à la France et à ce qu’elle a toujours porté de meilleur, à ses valeurs de respect, de dignité et d’humanisme, parce que, en conscience, il faut bien choisir », déclare-t-il dans une tribune au vitriol contre Nicolas Sarkozy, intitulée « La droite m’effraie, la gauche m’inquiète », publiée vendredi sur LeMonde.fr.

Après une campagne de premier tour « indigente », celle du second « devient indigne », aux yeux de celui qui n’a pu concourir à la présidentielle faute d’avoir recueilli les 500 parrainages d’élus requis. Et de dénoncer, sans jamais citer son nom, la stratégie à droite toute assumée par le chef de l’Etat: « instrumentalisation de faits divers », « improvisation de bien des propositions » du Front national, « débauchage sans vergogne de voix extrémistes ». « Les lignes rouges républicaines sont franchies une à une », affirme l’ex-président de République solidaire.

Nicolas Sarkozy « se trompe » de stratégie

Le député UMP Etienne Pinte, proche de François Fillon, juge que Nicolas Sarkozy « se trompe » de stratégie en reprenant les thématiques chères au FN et estime que l’aile modérée du parti présidentiel doit « avoir le courage de le dire » et de « lui montrer ce désaccord ».

« Je regrette qu’on reprenne aujourd’hui ce qu’on a rejeté, à savoir certaines thématiques de Marine Le Pen: immigration, identité nationale, fermeture des frontières. Ce ne sont pas les préoccupations des Français. Les priorités, ce sont le pouvoir d’achat, l’emploi, le logement, la formation, la santé. On se trompe en voulant reprendre ces thématiques », déclare-t-il dans un entretien avec Mediapart.

Selon l’élu des Yvelines, « la stratégie du premier tour, celle de Patrick Buisson (conseiller du chef de l’Etat, issu de l’extrême droite, ndlr), est un échec ». Sans elle « Nicolas Sarkozy serait arrivé en tête au premier tour et Marine Le Pen n’aurait pas été si haut », dit-il.

Ce n’est pas comme cela qu’on ramènera les électeurs frontistes et cela peut dégoûter les électeurs centristes », dit-il.

S’il votera quand même pour le président-candidat le 6 mai, il affirme qu' »un grand nombre de parlementaires » UMP sont « très gênés » et, « même s’ils ne disent rien, (ils) n’en pensent pas moins ».

« Chez certains, c’est l’omerta, d’autres, entre quatre yeux, s’ouvrent », affirme M. Pinte. Mais, d’après lui, « il faut avoir le courage de dire ce sur quoi nous ne sommes pas d’accord ». « Il faut lui montrer ce désaccord: en interne -si tant est qu’il ne soit pas fermé à cela, car j’ai lancé beaucoup de messages, à plusieurs reprises, et je n’ai eu que des silences radio- mais aussi à l’extérieur », insiste-t-il.

Raffarin : « le temps de l’analyse viendra »

L’ex-Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, estime que l’heure est au « combat » et à la « loyauté » mais prévient que « le temps de l’analyse » de la stratégie de campagne du président-candidat Nicolas Sarkozy « viendra après le 6 mai », dans un entretien au Monde daté de vendredi.

Si j’exprimais aujourd’hui des réserves, j’affaiblirais mon camp et l’affaiblissement du centre et de droite républicaine sert le Front national et le PS », déclare le vice-président du Sénat.

« La meilleure façon de gagner contre nos adversaires, c’est de rassembler, dans une même famille, la Droite populaire et les Humanistes. Je me souviens des suites de la dispersion de la gauche en 2002 mais je reste évidemment attaché aux valeurs humanistes de notre projet. Ce qui exclut tout avec le FN », ajoute-t-il.

Interrogé sur la stratégie « droitière » élaborée par le conseiller du chef de l’Etat, Patrick Buisson, et sur le fait de savoir si elle n’a « pas nourri l’extrême droite », M. Raffarin juge que « cette question n’a pas d’intérêt aujourd’hui ». « Pourquoi voulez-vous que je participe à une campagne contre mon candidat et que je permette à François Hollande de dire ‘Raffarin tire sur Sarkozy’ ? J’ai fait mon service militaire chez les pompiers, j’ai appris que, au feu, sur la grande échelle, on n’a pas d’état d’âme », insiste-t-il.

Jean-René Lecerf refuse la « course à l’échalote »

Le sénateur UMP Jean-René Lecerf, proche de Jean-Pierre Raffarin, a dénoncé vendredi la campagne droitière de Nicolas Sarkozy en refusant la stratégie consistant, selon lui, à « faire la course à l’échalote avec le FN ». « Les valeurs du FN ne sont pas les nôtres. Et toute démarche à l’égard du FN me paraît inutile », déclare l’élu du Nord dans un entretien à PublicSenat.fr.

« Sur l’immigration, plutôt que faire la course à l’échalote avec le FN, il y a d’autres réponses », estime-t-il, se disant « sidéré que Patrick Buisson, dont on sait d’où il vient (l’extrême droite, ndlr), puisse être un conseiller privilégié du chef de l’Etat ».

L’ancien secrétaire national de l’UMP à la Justice est par ailleurs « en total désaccord » avec la proposition du président-candidat d’instaurer une présomption de légitime défense pour les policiers, une mesure formulée de longue date par le Front national. En cas de duel FN/PS au second tour des législatives, il votera lui aussi PS « comme Chantal Jouanno ». « Je choisis le PS, il n’y a pas de problème ».

Jouanno contre la droitisation

La sénatrice UMP et ex-ministre Chantal Jouanno a jugé lundi que, face à la montée du FN, la réponse n’était pas « dans la droitisation », annonçant qu’en cas de duel PS-FN aux législatives, elle voterait socialiste.

« Je ne pense pas que la réponse soit dans la droitisation de nos propres idées », a déclaré l’élue de Paris sur Public Sénat.

Que ferait-elle en cas de duel entre un candidat du FN et un candidat du PS au second tour des législatives ? « Ah bah moi, ma position, elle est très, très claire, moi. C’est pour les socialistes ».

« Je ne devrais pas le dire comme ça, je sais que ça va râler, mais ma position elle est très, très claire (…) Le front républicain et les valeurs, méritocratie, autorité certes, mais respect », a-t-elle souligné.

La semaine dernière, Mme Jouanno avait provoqué un tollé à l’UMP en assurant dans un tweet qu’elle voterait Nicolas Sarkozy même si elle avait, comme Fadela Amara et Martin Hirsch, « des raisons personnelles d’être contre lui ».

A 20 Minutes, elle avait expliqué avoir « eu des oppositions violentes avec Nicolas Sarkozy, notamment sur la taxe carbone. Il m’avait alors traînée dans la boue… Ou du moins, désavouée violemment ».

8 commentaires sur A droite, les voix s’élèvent contre la stratégie droitière de Sarkozy

  1. Le VOTE SARKOZY, PLUS que JAMAIS,
    Un VOTE de SALUT PUBLIC !

    Le vote Hollande, de part l’engagement du candidat, de ratifier la charte européenne des langues minoritaires, et d’inscrire, pour le permettre, le particularisme identitaire dans les principes fondateurs de la République au sein de la Constitution, pourrait se révéler dangereux, car cela mettrait à mal l’unité du pays en renforçant les communautarismes.
    L’article 1er de la Constitution consacre ce qui unit et rassemble et non ce qui différencie et divise.
    Aussi, malgré les déceptions, sans état d’âme et parce qu’il en va de l’intérêt national, le vote en faveur de Nicolas Sarkozy est devenu, plus que jamais, un vote de salut public.

    Robert HADJADJ
    Villeneuve lès Maguelone
    robert.hadjadj@live.fr

    Cela ne s’invente pas !
    « J’entend ceux qui ne parlent pas mais qui n’en pensent pas moins » ???
    François Hollande aujourd’hui au meeting de Bercy

  2. JUINKARANTE // 1 mai 2012 à 15 h 38 min //

    Il ne faut pas oublier que la plupart des éléments de l’O.A.S. étaient de l’extrème-droite ,des anti-Gaulliste ,ils étaient et doivent toujours l’être des Pétainistes ,ils ce cachent derrière un manteau d’honorabilitée ,ils veulent qu’ont les perçoivent comme un parti républicain et démocratique ,la couleuvre est difficile à avaler .

  3. JUINKARANTE // 1 mai 2012 à 15 h 31 min //

    Monsieur N. Saközy de Nagy-Bocsa est pratiquement devenu le porte-parole du Front National ,quelle idée de la France a t-il dont le président-sortant? Le Général de Gaulle c’est battu durant toute sa vie pour défendre La France éternelle,son indépendance,son rayonnement.Nous sommes tombaient bien bas!

  4. Réponse à H. Peter : Je n’ai rien contre MLP. Mais le FN n’est pas ma tasse de thé. Je ne peux oublier le passé du FN (anti-gaulliste) et ce n’est pas les discours actuels de MLP qui changent le fond. FN et gaullisme ne sont pas compatibles. Nous verrons bien mieux dans quelques semaines.

  5. Réponse à Gaudin : Je lis le Monde, je ne vote pas FN, je ne suis pas de gauche, ni de droite, mais simplement gaulliste de conviction.
    Classer les gens dans des boites n’est pas conforme ni à la démocratie ni au simple bon sens.

  6. Est-ce aussi important les propos de MM. Raffarin, Villepin et autres de Mmes Jouanno and C° ? Tous ces gens sont à gauche et n’ont jamais servi le peuple français.

    Ils lisent VSD, Libération, Le Monde et votent FN à 6,2% taux parisien alors que la France Paris compris est à 18%.

    Ils ne représentent pas la France mais qu’eux-mêmes. Si Sarkozy peut les virer, alors votons Sarkozy. G.

  7. Henri Peter // 30 avril 2012 à 18 h 15 min //

    Vous feriez mieux de publier la lettre ouverte de Marine le Pen François Hollande et Nicolas Sarkozy , lettre qui est finalement plus gaullienne sur l’essentiel que ces petits marquis de la droite., que vous citez avec un peu de délectation, elle, Marine qui défend l’honneur perdu » de celles ou ceux qui ont voté pour elle, par ce que , à travers quelques désaccords , elle aime vraiment notre pays; mais en aurez vous le courage ou l’honnêteté élémentaire ou le gaullisme ou son héritage est-il l’otage de ces gens là.!

  8. Tous ces représentants de la droite molle ont un coimportement irresponsable.
    Le vrai sujet est : par l’admission des étrangers au vote pour les élections locales, ceux qui croient aux vraies valeurs (c’est à dire tout autre chose que ce droit de l’hommisme mou prôné par les Villepin et consorts) sont ils prêts à se voir imposer progressivement et le plus légalement du monde des pratiques communautaristes et intolérantes que les islamistes qui viendront inévitablement au pouvoir dans un certain nombre de villes, voire de départements, ne manqueront pas de légaliser ?
    Cette question devrait primer toutes les autres. Je n’ai jamais voté FN, mais là, je dis clairement NON à cet avenir sinistre qui nous serait ainsii promis. Il n’y a là aucune « course à l’échalote avec le FN, mais un réflexe de bon sens.

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