Nous voulons une autre Europe, solidaire et volontaire

La publication de cet article sur Gaullisme.fr est purement informative pour nos lecteurs.

Mais il nous semble important de noter que, dans le cadre de la campagne présidentielle, des soutiens à François Hollande rappellent que la France a voté « Non » en 2005 au référendum relatif au projet de constitution européenne.

Ils prennent ainsi un engagement à construire une autre Europe que celle qui nous a été imposée par Nicolas Sarkozy, avec le soutien de l’UMP et du PS.

Alain Kerhervé

clip_image001Tribune de Jean-Pierre Chevènement, Arnaud Montebourg et Guillaume Bachelay parue dans le quotidien Libération, mercredi 18 avril 2012.

Nous représentons trois générations de militants et responsables de gauche. Trois générations aussi de républicains inquiets de l’Europe telle qu’elle va, ou plutôt telle qu’elle ne va pas.

En 2005, nous avons refusé le traité constitutionnel au nom d’une Europe plus offensive et moins naïve dans la mondialisation. Depuis, la réalité a hélas dépassé nos craintes. Elus de territoires industriels, nous vivons les effets de l’investissement timide, de la concurrence rigide, de la politique monétaire fautive, de la stratégie commerciale passive.

Pro-européens convaincus mais alter-européens résolus, nous voulons que l’Europe soit la puissance solidaire et volontaire qu’attendent les peuples. C’est pour que le changement en France rende possible le changement en Europe que nous nous engageons aux côtés de François Hollande.

En 2007, le candidat sortant avait promis de se battre pour une Europe qui protège. Ont suivi cinq ans de renoncements face à l’ultra-libéralisme et à l’hyper-austérité sur le continent. L’agenda social et les enjeux commerciaux n’ont pas été inscrits à l’ordre du jour de la présidence française de l’UE en 2008, pas plus qu’ils n’ont été abordés au G20 que M. Sarkozy présida en 2011.

Les pactes « de compétitivité » et « pour l’euro plus », conçus par le président français et la chancelière Merkel, ont imposé le versant libéral du modèle allemand : pseudo-règles d’or dans les constitutions des Etats, désindexation des salaires sur les prix, retraite progressivement reculée à 67 ans, harmonisation de l’impôt sur les sociétés vers le moins-disant. En revanche, ont été ignorées des solutions, positives celles-là, éprouvées outre-Rhin tels que le financement des PME ou la formation des salariés.

Même approche pour le « Traité de stabilité » adopté à l’initiative des droites franco-allemandes : tout pour l’austérité, rien contre la récession et le chômage. Qu’elle étrangle le peuple grec ou asphyxie l’Espagne n’ébranle pas leur dogmatisme.

Face à cette panne d’Europe, l’élection de François Hollande est d’intérêt général européen.

Parce que son projet vise à dépasser le Oui et le Non de 2005 sur la base d’une synthèse dynamique. Parce qu’il sait que sans relance de gauche, l’Europe libérale ne fera que renforcer les inégalités sociales et géographiques.

François Hollande renégociera et complètera l’accord européen pour combattre la crise et préparer l’après-crise. Dès son élection, il proposera à nos partenaires un pacte de responsabilité, de gouvernance et de croissance : coordination des politiques économiques pour des projets d’infrastructures énergétiques, de transport et de santé ; fonds européen face aux marchés avec la Banque centrale européenne ; euro-obligations pour financer les grands chantiers et mutualiser une partie des dettes souveraines ; reprise en main du secteur bancaire ; réciprocité commerciale face au dumping ; politique du taux de change pour en finir avec l’euro cher qui plombe les entreprises européennes. Afin de relever ensemble ces défis, François Hollande proposera un traité d’amitié dans l’égalité entre la France et l’Allemagne. Cinquante ans après le texte de l’Elysée signé par De Gaulle et Adenauer, il symbolisera la nouvelle espérance européenne.

De son côté, le candidat sortant agite les peurs : « vous n’y arriverez pas ». Ce n’est pas parce qu’il a déserté la cause de l’Europe et échoué à changer la vie des Européens qu’il doit interdire à la gauche de vouloir réussir.

Au fond, ce qu’il dit importe peu. Déterminante, en revanche, est la mobilisation des citoyens – et d’abord à gauche – à l’heure où peuvent bouger les lignes et où la gauche européenne a tiré les leçons de l’expérience.

A la fin des années 1990, le libéralisme était triomphant. Aujourd’hui, les solutions régulatrices et interventionnistes sont portées à tous les échelons : par les socialistes français et leurs alliés, par le SPD allemand, par le Parti socialiste européen. A gauche en Europe, tous en conviennent : nous vivons une crise de système et non de conjoncture.

En 1997, rares étaient les dirigeants à considérer que l’Europe faisait fausse route. En 2012, alors qu’une nouvelle crise financière est possible et que l’Union compte 25 millions de chômeurs, la prise de conscience se généralise. Certes, face à l’urgence, les dirigeants européens ont accepté les conditions dictées par les conservateurs allemands pour tenter de juguler la spéculation. Les pays qui avaient le couteau sous la gorge n’ont guère eu le choix. Quant à M. Sarkozy, il les a acceptées sans ciller, commettant à nos yeux sa plus lourde faute. Si la réduction de l’endettement ne fait pas débat – il en va de la souveraineté du politique face aux marchés –, le consensus grandit pour admettre que l’austérité généralisée relève du suicide collectif et non du plan de sauvetage. La dette ou la diète n’est pas une alternative.

Pour s’enclencher, la réorientation européenne doit être portée par un pays et un responsable profondément attachés à la construction européenne. C’est le cas de la France, pays fondateur dont les choix furent souvent des avant-gardes. C’est le cas de François Hollande, militant inlassable de l’unité des Européens, qui sait que les révoltes doivent trouver un débouché politique dans les réformes. Changer d’Europe suppose d’être sérieusement à gauche et d’une gauche sérieuse.

Droite autoritaire ou gauche de croissance ? Le choix de l’élection présidentielle ne concerne pas 43 millions d’électeurs français, mais un demi-milliard de citoyens ou futurs citoyens en Europe. Une fois encore, pour une Europe de progrès, la France a rendez-vous avec l’Histoire.

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Jean-Pierre Chevènement, président d’honneur du Mouvement Républicain et Citoyen (MRC).

Arnaud Montebourg, député PS de Saône-et-Loire.

Guillaume Bachelay, vice-président PS de la Région Haute-Normandie.

3 commentaires sur Nous voulons une autre Europe, solidaire et volontaire

  1. Bellenger Pierre // 22 avril 2012 à 9 h 43 min //

    Aujourd’hui, jour de vote, on ne peut rien dire de la campagne électorale.
    Je me conteterai donc cette observation :
    Nous sommes en Démocratie,système politique qui dépasse la loi de la sélection naturelle. Nous avons voulu la marier avec un système économique qui est l’expression la plus brutale de la loi de la sélection naturelle.
    Il y a incompatibilité.
    La Démocratie ne peut se marier qu’ avec un système économique dépassant aussi la loi de la sélection naturelle, par exemple « le socialisme ». C’est le seul système compatible expérimenté à ce jour. Et encore, il faudrait relooker ce socialisme à la lueur du dépassement.
    C’est faisable. Il faut simplement se mettre en perspective de l’histoire humaine : Humanisme, Renaissance, Siècle des Lumières, Abolition de l’esclavage, Abolition de la Torture, Abolition de la peine de mort, invention de la Démocratie, invention du Libéralisme. Il nous est demandé en ce moment de trouver l’équilibre entre ces deux inventions. Pour l’instant, nous avons restauré la féodalité de l’ancien régime, sous la forme financière. Quelle marche arrière ! Et nous sommes étonnés que tout aille mal !

  2. Théodore // 22 avril 2012 à 9 h 11 min //

    Je ne crois malheureusement pas que le salut viendra de F.Hollande et du PS soutiens inconditionnels du traité de Maastricht et de l’euro , qui se sont abstenus lors de l’adoption du traitéde Lisbonne, inféodés à l’atlantisme et à cette Europe néo-libérale mise en place dans la coulisse par les USA depuis 1945..
    Il suffit de relire, par exemple, le site Weakiliks pour trouver les noms des principaux dirigeants du PS venus en visite régulièrement à l’ambassade américaine de Paris…Pour quoi faire ?
    La seule solution pour la France et pour l’avenir des Français est non seulement de quitter l’euro mais aussi de quitter l’Europe, comme les Traités lui en donnent la possibilité , afin de batir , hors l’influence américaine , une Europe des peuples.
    La France n’a nul besoin de la protection américaine qui se paie par l’aliénatiion de la démocratie.

  3. Que de circonlocutions !
    Que d’euphémismes !
    Que de tortillements diplomatiques !
    Bande de tartufes, vous avez déserté le pôle souverainiste !
    Vous avez troqué vos futures places contre un ralliement sans gloire au Capitaine du pédalo.

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