L’imposture européenne de Nicolas Sarkozy

Dimanche, le président sortant a fait un grand meeting à Villepinte. Devant la persistance de sondages négatifs, il a décidé de changer de braquet sur les propositions en s’adressant aux Français qui avaient voté « non » en 2005. Mais quelle crédibilité donner à de telles propositions ?
Des propositions alter européennes.
Nicolas Sarkozy a fait un véritable festival de critiques contre l’Europe…

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Dimanche, le président sortant a fait un grand meeting à Villepinte. Devant la persistance de sondages négatifs, il a décidé de changer de braquet sur les propositions en s’adressant aux Français qui avaient voté « non » en 2005. Mais quelle crédibilité donner à de telles propositions ?

Des propositions alter européennes

Nicolas Sarkozy a fait un véritable festival de critiques contre l’Europe. Il a attaqué le traité de Schengen, qui ferait de notre continent une « passoire ». Il s’en est pris aux frontières orientales de l’Union Européenne qui ne protègent pas bien le reste du continent. Puis nous avons eu droit à un festival protectionniste où le président a dénoncé le fait que l’Europe soit ouverte à tous les vents et ne nous protège pas. Pourtant, il a récusé et même critiqué le terme de protectionniste !

Il a également proposé une protection des marchés publics sur le modèle du Buy American Act. Pour lui, l’Europe doit « nous protéger, pas nous exposer ». Lundi soir sur TF1, il a eu le culot de dire qu’il avait obtenu la fin du dumping fiscal en Europe alors que l’Irlande n’a pas touché à son taux d’imposition sur les sociétés malgré le plan européen de l’automne 2010. Il a même eu le culot de demander aux journalistes s’il était normal de ne pas tenir compte du « non » !!!

Le précédent de 2007

Après avoir chanté les louanges de l’Europe pendant près de cinq ans, il y a quelque chose de troublant à retrouver le candidat très euro critique de la campagne de 2006 – 2007. Nicolas Sarkozy n’a pas hésité deux secondes à tourner casaque de manière assez radicale, comme quand il critiquait l’euro cher début 2007 et promettait de négocier un « mini traité limité aux questions institutionnelles, prenant en compte le non de 2005 » au Traité Constitutionnel Européen.

Le problème est que toutes ces promesses n’ont pas été tenues. L’euro est resté cher. Il est même devenu extrêmement cher quelques mois après son arrivée au pouvoir, du fait d’une politique monétaire absolument absurde. Idem sur le traité européen où il a fini par accepter un décalque du TCE refusé par les Français à peine un an après à Lisbonne. Bref, il est très peu probable que les nonistes de 2005 tombent dans le panneau de ces nouvelles annonces.

Euro critique en campagne, euro béat en mandat

Du coup, tout ce discours tourne à vide. Comment accorder la moindre crédibilité à ces critiques de l’Europe sachant qu’elles ressemblent à s’y méprendre à celles qu’il portait il y a cinq ans ? Pire, Nicolas Sarkozy avait une opportunité unique en 2007 de réformer les traités européens dans un sens qu’il jugeait meilleur. Mais il a perdu cette occasion historique et perd donc en grande partie le droit de critiquer des traités qu’il a validés et qu’il n’a même pas cherché à modifier !

Encore pire pour lui, il est pour le moins paradoxal d’annoncer avec un ton aussi martial qu’il va renégocier les traités et que s’il n’obtient pas satisfaction, il fera cavalier seul, tout en déniant à ses opposants la capacité de renégocier les traités, comme une partie de la gauche l’a souligné. En faisant ainsi, il a désarmé sa critique de Hollande, ce qui a imposé à ses équipes de construire un argumentaire bien alambiqué pour défendre le président tout en critiquant le candidat du PS.

Décidemment, pendant cette campagne, Nicolas Sarkozy ose tout. Certes, il le fait avec un aplomb et une conviction proportionnels à l’ampleur de ses contradictions. Mais la machine est cassée depuis assez longtemps. Sa parole est démonétisée, notamment sur l’Europe

4 commentaires sur L’imposture européenne de Nicolas Sarkozy

  1. On brûle de connaitre la position de M. Galouzeau de Villepin.

  2. etienne tarride // 17 mars 2012 à 18 h 46 min //

    L’imposture est plus grande encore.
    Nicolas Sarkozy fait des mouvements de biscotos pour faire croire qu’il va retirer la France de Schengen. Il oublie le Traité de Lisbonne dont il est l’auteur principal et qui consacre ( Article 2 Alinéa 2″) la liberté de circulation intérieure. Suspendre Schengen n’aurait plus, par conséquent aucun effet, les Traités Européens ne pouvant être modifiés qu’à l’unanimité
    Il veut, dit-il, que ce soit L’Europe et non plus chaque pays qui contrôle les frontières extérieures. Cela signifie que les Frontières Atlantique et Méditerranéennes Françaises seront contrôlées par les Européens.
    Après le plombier polonais, ce que veut Nicolas Sarkozy c’est le douanier Croate.
    A vous de juger

    Etienne TARRIDE

  3. Denis Griesmar // 16 mars 2012 à 18 h 07 min //

    Panem et circenses … Ni l’un, ni l’autre des « principaux candidats » (sic) ne peut l’assurer, car ni l’un, ni l’autre, n’a les outils intellectuels pour le faire … et l’un comme l’autre sont tenus politiquement par des décennies d’européisme béat. Leur univers s’écroule, et il serait désastreux de faire perdre à la France encore 5 ans !!!
    Lire à ce sujet, sur Marianne 2, l’article sur le « hollandisme révolutionnaire » (sic) …

  4. « Circus y panem »? Sarkozy démontre qu’il est l’homme du cirque. Pas du pain. La métaphore s’arrête là. Car le constat d’un yo-yo politique du tout et de son contraire devrait mettre en garde les français quant à la fiabilité d’un tel homme. Que veut-il au fond? Être réélu, c’est sa finalité absolue, hédoniste et même égoïste. Il est un tribun qui cherche la plèbe. Mais la plèbe n’as pas de pain. Alors il a le cirque de l’élection. Le problème est que ce tribun est un oligarque qui représente une conception du monde oligarchique, un monde sans frontière, un monde des affaires, de la spéculation, un monde profondémment hollywoodien et inégalitaire. Dit autrement, en 5 ans, il a démontré sa capacité à ignorer deux choses, le fait national et le progrès social et s’inscrit même dans le démantèlement de la patrie (en ratifiant un traité refusé par le peuple français mais plus encore en réceptionnant sans coup ferrir une directive sur les marchés d’armements qui va impacter le drnier bastion de la puissance de l’Etat, et l’industrie de la défense et l’armée….) et dans la dégression sociale : un référendum sur l’indemnisation des chômeurs! La belle affaire, il est tellement facile de faire croire que le chômeur est responsable du chômage et des grands déséquilibres de la société française… 5 ans perdus après tant d’années perdues… Car on peut concéder une circonstance atténuante à N.S., c’est qu’il a finalement, sur le fond, et au delà du discours de circonstance dont les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent, appliqué la même politique, en accélérant, que ses prédécesseurs : mondialisation jamais remise en cause et construction d’un Etat fédéral européen noyé dans la mondialisation sous le contrôle bienveillant d’une puissance étrangère belliciste, les Etats-unis.
    Et si la France vivait en choisissant ce qui dans ce monde brutal et libéral, anarchisant, sert ses intérêts vitaux. Et si la France commençait à considérer que l’Homme, ce seul objectif pertinent de la polis, est bien plus important que la libre circulation des capitaux. Et si la France revenait à sa devise, la Liberté, l’Egalité, la Fraternité, à parité, cette alchimie subtile qui s’oppose à l’Europe libéral de reagan et Tatcher, aux régimes déviants soviétiformes, et aux régimes fascistes. Et si De Gaulle était là…pour finalement nous rappeler cet axiome de l’action qui est au fondement du tout : la souveraineté ne se divise point et l’épée est l’axe du monde. « Adieu la Fille, Adieu… »

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