Il y a 50 ans : les dernières heures de l’Algérie Française

De 1960 à 1962 c’est l’Algérie pluriethnique qu’on assassine.
L’objectif des extrémistes, c’est contraindre le général de Gaulle au départ. Grossière erreur de jugement.
Le Général n’appartient pas à la race des hommes d’Etat frileux.

Le 24 janvier 1960, Alger présente son visage des mauvais jours. Le « Front National Français » de Jo Ortiz, le cafetier du Forum, décrète la grève générale.

coup_detatDe 1960 à 1962 c’est l’Algérie pluriethnique qu’on assassine. L’objectif des extrémistes, c’est contraindre le général de Gaulle au départ. Grossière erreur de jugement ; le Général n’appartient pas à la race des hommes d’Etat frileux.

Le 24 janvier 1960, Alger présente son visage des mauvais jours. Le « Front National Français » de Jo Ortiz, le cafetier du Forum, décrète la grève générale. Officiellement il s’agit de protester contre le rappel du général Massu, considéré comme le plus sûr garant de l’Algérie Française. En réalité, le patron des unités territoriales (les « UT ») veut rallier l’armée à sa cause.

Dès 15 h 00, des jeunes gents dépavent la rue Charles-Péguy et montent une barricade. Une foule immense envahit le plateau des Glières. On veut congratuler les 2000 « UT » d’Ortiz et les 500 volontaires regroupés autour de Lagaillarde dans l’université transformée en bunker. Un peu après 18 h 00, les gendarmes mobiles, descendant les escaliers du Forum pour dégager le centre, se font tirer à vue et ripostent pour se dégager. Pour la première fois en Algérie, des Français ont pris pour cibles d’autres Français. Lourd bilan : 14 morts et 125 blessés pour les forces de l’ordre, 6 morts et 24 blessés chez les manifestants.

Dès le lendemain, le mauvais folklore cocardier reprend ses droits. De Gaulle y met un point final en prononçant l’un de ses plus grands discours (29 janvier 1960) : « Eh bien, mon cher et vieux pays, nous voici donc ensemble une nouvelle fois face à une lourde épreuve. En vertu du mandat que la peuple m’a donné et de la légitimité nationale que j’incarne depuis vingt ans, je demande à tous et à toutes de me soutenir quoi qu’il arrive » Si de Gaulle cédait aux coupables qui rêvent d’être des usurpateurs, « la France ne serait plus qu’un pauvre jouet disloqué sur l’océan des aventures ». Tout est dit. Les hommes de Lagaillarde se rendent « avec les honneurs ».

Le 20 avril 1961, les généraux Challe et Zeller embarquent clandestinement dans un « Nord 2500 » dont la destination est Blida dans la Mitidja. Le général Jouhaud, seul pied-noir du pronunciamento se trouve déjà sur place. La présence de Maurice Challe à la tête de la conjuration étonne d’autant plus qu’il est particulièrement attaché aux valeurs républicaines.

Le 22 avril, les putschistes contrôlent Alger grâce aux régiments parachutistes. Morin et Cambiez, placés à la tête de l’Algérie par de Gaulle, sont mis aux arrêts. Très vite, Challe comprend que pour gagner, il faut que l’Oranais, le Constantinois et la Kabylie le rejoignent. Or, les responsables militaires des trois régions se dérobent. L’arrivée de Raoul Salan en provenance d’Espagne le 23 avril ne modifie en rien le problème. Challe n’est qu’un personnage fourvoyé et pathétique rivé à un téléphone pour essayer de convaincre encore ceux qui ne veulent plus l’être.

salan_oasLe 23 avril 1961, le discours du général de Gaulle dénonce le putsch des Généraux et interdit à tout soldat d’exécuter aucun de leurs ordres. Comme les appelés relayent ces consignes, le putsch tourne à vide.

Le 25 avril tout est consommé. Challe regagne Paris où il sera emprisonné, Zeller en civil se perd dans la foule et Salan s’éclipse aussi discrètement qu’il était venu. Seul Jouhaud continuera la lutte par d’autres moyens. Ces mois-là furent des mois de sang et de haine.

Les accords d’Evian sont signés le 18 mars 1962, mais le 26 mars, contrairement aux ordres du général Ailleret, les tirailleurs algériens sont pourtant rue de l’Isly, alors qu’une manifestation monstre entend soutenir les habitants de Bab-El-Oued sévèrement contrôlés. Un coup de feu part, suivis de beaucoup d’autres que les « haltes au feu » lancés par des pieds-noirs affolés n’interrompent pas : 41 morts, 103 blessés.

En avril et mai 1962, les commandos de l’OAS (Organisation de l’armée secrète) entendent dresser les deux populations l’une contre l’autre. Rien ne les rebute. Un jour, une voiture piégée sur le port explose : 24 dockers musulmans sont tués. Les jours suivants, cette boucherie se poursuit.

Pour le seul 1er avril 1962, une vague terroriste fait plus de cent victimes. Le FLN mitraille les terrasses des cafés fréquentés par les notables européens.

Le 3 juillet, jour de l’Indépendance, Alger n’est qu’un immense drapeau vert et blanc.

 

Les accords d’Evian

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