Le courage ? Oui, mais pour faire quoi, au juste ?

malika_sorelIl est beaucoup question de courage ces derniers temps. Vous vous souvenez de ce que ce mot évoque pour moi, à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’hommes et de femmes politiques. Accomplir leur simple mission ne peut en aucun cas être qualifié de courage ! De vous à moi, s’il s’agit d’augmenter des impôts et autres taxes ou d’aller prélever dans la poche de certains pour redistribuer à d’autres – sans autre forme de procès –, en quoi cela dénote-t-il du courage ? Le courage politique, à mes yeux, c’est celui dont ont fait preuve des de Gaulle ou Churchill qui ont osé se mettre en travers d’une histoire qui semblait écrite d’avance.

J’observe avec incrédulité les discussions à n’en plus finir sur la dette et le renflouement de la sécurité sociale, sans qu’aucune réflexion de fond ne soit menée sur l’origine des dépenses, le retour sur investissement, et encore moins sur le fameux « tonneau des Danaïdes » que j’évoque longuement dans mon dernier ouvrage, et qui pose la question du projet politique collectif. Se sont-ils donné le mot ?

Dans un autre registre, je suis indignée par la chasse aux Français de souche qui est menée au travers d’approches comme celle que décrit cet article du Figaro : « À l’inverse, les enfants de cadres et de professions libérales sont surreprésentés dans toutes les filières, surtout en classes préparatoires (50,9 %). » Qu’ils aient donc le courage de dire aux Français de souche européenne qu’ils sont proportionnellement trop nombreux à leur goût, et qu’ils souhaitent limiter leur présence dans certaines formations et entreprises ! Ça serait du courage pour le coup que de l’assumer clairement !

Autre extrait du même article : « Salima Saa se dit, quant à elle, favorable à une pondération entre les épreuves écrites et orales : “Les épreuves orales défavorisent certains jeunes car les jurys ont inconsciemment tendance à choisir des gens qui leur ressemblent.” » Pas de chance, des études ont été menées qui ont prouvé le contraire, à savoir qu’à l’oral les étudiants du Sud réussissent mieux qu’à l’écrit, car les examinateurs ont tendance à être plus « cléments » envers eux, intégrant toutes les difficultés que ces étudiants ont vraisemblablement dû affronter dans leurs parcours (famille nombreuse, absence de calme et de respect des exigences du travail scolaire, parents ne disposant pas d’un niveau de formation suffisant pour aider leurs enfants…)

Nos « élites » font semblant d’ignorer que l’école ne sert pas seulement à délivrer des bouts de papier – diplômes –, mais qu’elle a aussi pour mission, outre celle de préparer des citoyens avertis, de former ceux qui créeront les richesses de demain sans lesquelles nous serions, tôt ou tard, condamnés à perdre la maîtrise de notre destin.

Vous souhaitez un autre exemple de la mise de côté des Français de souche et du châtiment du tonneau des Danaïdes infligé à notre pays ? Prenons le logement social. Voici ce que déclarait Benoist Apparu (secrétaire d’État au logement) le 10 janvier dernier sur France Info, dans l’émission Tous en campagne : « Nous aurons construit cette année 120 000 logements sociaux, l’année dernière 130 000. Pendant tout ce quinquennat nous aurons fait 600 000 logements sociaux, record toutes catégories depuis 30 ans. À l’époque de Lionel Jospin Premier ministre, on faisait 38 000 logements sociaux par an (…) Il faut construire plus de logements sociaux en France et il faut les construire surtout, et c’est ça l’essentiel, là où c’est nécessaire. Aujourd’hui, on fait deux fois plus de logements en Auvergne qu’en Île-de-France. Eh bien, il faut inverser la tendance. C’est en Île-de-France qu’on a besoin de construire des logements (…) » Chacun sait bien quelle est la démographie de l’Auvergne, et quelle est celle de l’Île-de-France. Voici un passage de mon dernier ouvrage où j’évoquais également la question de la pauvreté en Auvergne : « Ce ne sont pas les territoires peuplés par les populations de l’immigration extra-européenne qui sont aujourd’hui les plus démunis dans notre pays. Parmi les territoires les plus pauvres, les départements ruraux de la Creuse, de l’Aude et du Cantal (…)[1] » L’intérêt sélectif de notre classe politique est insupportable et inacceptable !

Nous avons besoin de grands hommes qui savent s’entourer, et certainement pas de techniciens qui ne nous tracent aucune perspective vers des lendemains qui garantissent la préservation de l’unité de la France. D’où venons-nous, où en sommes-nous et où voulons-nous aller ? Où est en effet le projet politique en tant que peuple ? Comment faire pour que la campagne présidentielle et celle des législatives abordent les vrais sujets, à savoir ceux dont dépend l’avenir du peuple français ?

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PS : je connais Salima Saa, car nous avons siégé ensemble au Haut Conseil à l’Intégration. Je peux vous dire que sur les sujets qui nous concernent ici, nous n’étions pas sur la même longueur d’onde et ne combattions pas dans le même camp…

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[1] Voir Laurent Auzet, Magali Février, Aude Lapinte, « Niveaux de vie et pauvreté en France », Insee Première n°1162, octobre 2007.

1 commentaire sur Le courage ? Oui, mais pour faire quoi, au juste ?

  1. L’intérêt sélectif de notre classe politique est insupportable et inacceptable ! Trés bien dit, mais alors que fait-on pour sortir du constat et entrer dans le redressement de ces moeurs politiques ,voire politiciennes. Parce que un copain à NS habite le coin d’Yssingeaux (Haute Loire) on trouve vite fait un arrangement pour recaser les employées dont la boutique vient d’être liquidée par le Tribunal de commerce de Lyon. Mais qu’advient-il de la majorité des employés de la même boutique qui ne travaillaient pas sur Yssingeaux…..mystère et Pôle Emploi en perspective!
    C’est quand même curieux que les sauveurs trés épris des caméras et micros des médias pour célébrer le coup de pouce salvateur n’aient rien vu venir à propos de cette entreprise et favorisé le redressement par anticipation ?
    Entre deux voyages sous les tropiques NS va faire un brin de causette aux hébergés d’un centre du Samu social en blanlieue parisienne….tiens il fait froid ici et on va s’occuper de vous..Mais que n’a-t-on fait en faveur des plus démunis sinon des manoeuvres médiatiques depuis cinq ans ?
    Tout cela est dérisoire plus qu’insupportoble ou inacceptable et n’honore pas la France.J’en profite pour vous soumettre cette petite parabole politique à la veille d’une période 2012-2017 qui s’annonce exaltante :
    Il était une fois quatre individus qu’on appelait : Tout le monde, Quelqu’un, Chacun et Personne. Il y avait un important travail à effectuer pour que les habitants de ce pays béni des dieux soient heureux, libres, égaux et fraternels envers les autres et on a demandé à Tout le monde, c’est-à-dire aux élus de le faire. Tout le monde était persuadé que Quelqu’un le ferait. Chacun pouvait l’avoir fait mais ce fut Personne qui le fit. Quelqu’un se fâcha car c’était le travail de Tout le monde ! Tout le monde pensa que Chacun pouvait le faire et Personne ne doutait que Quelqu’un le ferait. En fin de compte, Tout le monde fit des reproches à Chacun parce que Personne n’avait fait ce que Quelqu’un pouvait faire.
    MORALITE : Sans vouloir tancer Tout le monde, il serait bon que Chacun fasse ce qu’il doit sans nourrir l’espoir que Quelqu’un le fera à sa place, car l’expérience montre que, là où on attend Quelqu’un, généralement on ne trouve Personne.
    Si cette réflexion universelle vous paraît juste et pertinente, n’hésitez pas à la communiquer autour de vous à tous les responsables politiques, associatifs, syndicaux, qui ne représentent plus personne là ou chacun attend quelqu’un d’honnête, qui ne confonde pas pédagogie et démagogie, qui ne triche pas par rapport au travail qu’il devrait accomplir, qui ne soit pas un idéologue ,sectaire, naïf, corrompu, compromis , qui ne cumule pas les mandats au risque (vérifié) de ne pas être à fond sur ce qu’attendent les électeurs , et qui n’évite pas d’affronter les problèmes qui fâchent , bref ,quelqu’un qui, par chacun, ne laissera à personne d’autre le soin de faire tourner correctement « la boutique » pour le bien de tous les citoyens en particulier et non pour la »gloriole » de tout le monde en général .C’est peut-être comme cela que chacun n’en voudra à personne des piètres résultats annoncés par quelqu’un qui se méfiait à juste titre de tout le monde.

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