Le Gaullisme est en deuil : Pierre Lefranc est mort

Pierre Lefranc est mort samedi après-midi à Paris. Proche du Général de Gaulle, il était le fondateur de la Fondation du même nom. J’ai eu l’occasion de le rencontrer deux fois. Il était simple, il écoutait ceux qui “osaient” lui parler, et pourtant … comme je me sentais tout “petit” face à cette homme indissociable de la vie du Général et également une référence pour le gaullisme authentique.
C’est une figure de la résistance qui disparaît.

pierre-lefrancPierre Lefranc est mort samedi après-midi à Paris. Proche du Général de Gaulle, il était le fondateur de la Fondation du même nom. J’ai eu l’occasion de le rencontrer deux fois. Il était simple, il écoutait ceux qui “osaient” lui parler,  et pourtant … comme je me sentais tout “petit” face à cet homme indissociable de la vie du Général et également une référence pour le gaullisme authentique.

C’est une figure de la résistance qui disparaît. Pierre Lefranc, l’un des barons du gaullisme, est mort samedi à Paris à l’hôpital du Val-de-Grâce à la veille de son 90e anniversaire,

Né le 23 janvier 1922 à Paris, Pierre Lefranc était marié et père de deux enfants. Son cercueil sera exposé mercredi à la Fondation Charles-de-Gaulle avant des obsèques dans l’intimité familiale.

Il est parmi les premiers résistants en 1940

Le 11 novembre 1940, encore électrisé par l’Appel du 18 juin 1940 du général de Gaulle, dont il avait eu connaissance le 20, il fait partie des 1000 manifestants contre l’occupant allemand, sur les Champs-Élysées. À cette occasion, il est blessé par une grenade et placé en état d’arrestation. Libéré au bout de six mois, il gagne la zone libre, et contribue à fonder le réseau de Résistance Liberté, avant de gagner l’Espagne et Gibraltar, où il rencontre pour la première fois le général de Gaulle, qui l’accueille en ces termes : « Vous en avez mis, du temps, à venir ! Il nous reste beaucoup à faire. ». Il accompagne ensuite le Général à Londres.

En 1944, il sort diplômé de l’École des Cadets, Saint-Cyr de la France libre, est parachuté dans le maquis, puis participe les armes à la main à la Libération de la France et à la campagne d’Allemagne qui s’ensuit.

Fidèle au général de Gaulle

Après la guerre, il intègre les instances dirigeantes du Rassemblement du peuple français (RPF), le parti politique créé par le Général, renonçant par la même occasion à un emploi dans le privé. Il retrouve finalement ce dernier en 1951.

Resté toujours fidèle au général, notamment pendant sa « traversée du désert » des années 50, Pierre Lefranc l’avait suivi à partir de 1958 à Matignon puis à l’Elysée.

En 1958, cependant, le général de Gaulle lui demande de prendre la direction de son cabinet à la présidence du Conseil. il devient conseiller technique à la présidence de la République jusqu’en 1963, date à laquelle il intègre le corps préfectoral. En 1965, le Général le charge de diriger sa campagne présidentielle.

Il est ensuite nommé président de la Société financière de radiodiffusion (SOFIRAD). En mai 1968, il organise, en collaboration avec Pierre Juillet et Jacques Foccart, la grande contre-manifestation du 30 mai 1968. Après le succès de l’entreprise, André Malraux lui dit avec humour : « Maintenant, Lefranc, vous pouvez aller à la pêche… ».

Il était proche de la famille du Général

Le 10 novembre 1970 au matin, au lendemain de la mort de De Gaulle, Pierre Lefranc est chargé par l’amiral Philippe de Gaulle (le fils du Général) de s’entretenir avec le président Georges Pompidou, à qui le Général a remis en 1952 un exemplaire de son testament, des dites dispositions testamentaires. Par la même occasion, il informe le Premier ministre Jacques Chaban-Delmas, qui venait d’arriver à l’Élysée, du décès du Général.

En 1971, quelques mois après la mort du Général, et conformément aux instructions que celui-ci lui avait laissées, il crée avec André Malraux l’Institut Charles de Gaulle.

Le gaullisme, une valeur sûr.

Pierre Lefranc fait figure, parmi d’autres, de théoricien du gaullisme. Pour lui, le gaullisme est à la fois la défense de certaines valeurs (l’indépendance et l’identité nationale, par exemple), une théorie politique et constitutionnelle (acceptation du principe de séparation des pouvoirs cher à Montesquieu, mais en affirmant la primauté du pouvoir exécutif sur le législatif, refus en conséquence du régime d’assemblée, élection du président de la République au suffrage universel direct…) et un comportement particulier (l’insoumission, la capacité à dire « non », un certain goût, finalement, pour la rébellion…).

Les premières réactions

Il « était un homme de fidélité (…) au Général de Gaulle (…), à l’esprit de résistance (…), à l’indépendance de la France qui était le combat de sa vie. Avec lui nous quitte un homme de loyauté (…). C’est un acteur privilégié de l’histoire du gaullisme qui disparaît », a déclaré le Premier ministre, François Fillon, dans un communiqué.

“Il a constamment refusé les compromissions de toutes sortes, et fidèle à ses convictions il a toujours rejeté le faux gaullisme : ainsi, il s’est notamment pleinement engagé dans la campagne pour le « non » lors du référendum de 2005.” (Nicolas Dupont-Aignan).

Pierre Lefranc que j’ai eu l’honneur de rencontrer en 2002 laissera la trace d’un patriote et d’un républicain impeccable. Chef de cabinet du général de Gaulle, il semblait tenir de lui, sans rien perdre de son naturel, la prestance, la voix et le regard aigu qu’il portait sur les choses.  Il laisse un exemple, celui d’un homme désintéressé, ne se déterminant qu’à l’aune des intérêts de la France, d’une France dont il gardait une haute idée. J’exprime à tous les siens et à tous ses compagnons mes sentiments de profonde tristesse et de sympathie. (Jean-Pierre Chevènement)

Je veux saluer avec émotion la mémoire de Pierre Lefranc, un amoureux de la liberté et une figure du courage politique, de l’exigence morale qui est au cœur du gaullisme ainsi que de l’esprit d’indépendance. C’était un combattant, un fidèle en temps de solitude et un serviteur de l’État. Sa vigilance en faveur de nos principes républicains, il n’a jamais cessé de l’exercer. La fondation Charles de Gaulle est aujourd’hui orpheline d’un inspirateur et d’une mémoire. (Dominique de Villepin)

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5 commentaires sur Le Gaullisme est en deuil : Pierre Lefranc est mort

  1. BOBET francois // 10 janvier 2012 à 21 h 46 min //

    En notre temps où tant de termes sont galvaudés, un mot me vient: authentique.
    Patriote, gaulliste authentique.
    Merci pour votre oeuvre, Monsieur Lefranc, et notamment, en ce qui concerne ma génération,pour l’organisation de la contre-manifestation de Mai 68 sur les Champs-Elysées: inoubliable!
    Une des très rares occasions données à la « majorité silencieuse » de s’exprimer.
    Tristesse, recueillement, respect, et vive la France!

  2. Jean-Guy DUBOIS // 10 janvier 2012 à 19 h 39 min //

    Cher ami,
    Au moment ou nous apprenons la disparition de Pierre LEFRANC, c’est tout a la fois un sentiment de tristesse et un instant de recueillement qui m’animent; mais c’est aussi et surtout une profonde reconnaissance envers tous ceux qui dans le sillage du Général ont su dans un élan de don de soi conserver intact l’âme éternelle d’une France Libre fidèle à son histoire et consciente de sa mission universelle. Retenons aujourd’hui la voie qu’ils nous ont montrée en faisant notre cette leçon de volonté face aux défis qui nous attendent: « Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas que les choses sont difficiles ». Toute notre fière et noble reconnaissance a tous ceux qui ont osé rester debout pour une France Libre. Aujourd’hui nos pensées vont vers Pierre LEFRANC.
    Jean-Guy DUBOIS

  3. Pierre LEFRANC : un Combattant de l’épopée gaulliste

    Il est des hommes qui rencontrent la France sur un chemin de Damas. Ce fut le cas d’André Malraux qui « épousa la France » lors de la défaite de 1940, alors qu’il avait quarante ans. Il en est d’autres qui naissent avec ce lien charnel et spirituel avec la Patrie : tel fut Pierre LEFRANC qui, après avoir été l’un des organisateurs de la manifestation étudiante du 11 Novembre 1940 sur les Champs Elysées, poursuivi, blessé, emprisonné, s’en échappe miraculeusement et rejoint les Cadets de la France Libre à Londres. Il a 18 ans.
    Dès lors, il n’aura qu’un combat, celui de la France ; qu’une fidélité, celle qu’il voua au Général de Gaulle.
    Il fut de tous les chapitres de la Geste gaullienne : la Résistance, le Rassemblement du Peuple Français, la traversée du désert, le retour du Général aux affaires en 1958, la Vème République jusqu’en 1969, la défense intransigeante des idées gaullistes jusqu’à son dernier souffle.
    Très proche du Général de Gaulle puisqu’il en fut son premier Chef de Cabinet en 1958, on ne le vit cependant jamais sous le halo des projecteurs comme ce fut le cas de la plupart des « barons » : Debré, Guichard, Frey, Chaban. Mais c’est lui qui créa l’Association Nationale pour la Fidélité à l’Action du Général de Gaulle qui eut un rôle éminent, notamment dans les campagnes référendaires ; c’est lui qui créa, en 1968, les comités pour la défense de la République (CDR) et organisa l’immense manifestation gaulliste du 30 Mai sur les Champs Elysées ; c’est lui qui créa l’Institut Charles de Gaulle.
    Après le départ du Général de Gaulle en 1969, il devint un censeur vigilant de Georges Pompidou, et ne reconnut jamais le RPR ni l’UMP comme les continuateurs légitimes du gaullisme.
    Sa passion pour une France libre et indépendante, l’idée exigeante qu’il se faisait du service de l’Etat, son attachement à la République en faisaient une vigie dans un système où le régime des partis a repris ses droits et ses avantages.
    A plusieurs reprises, il s’était montré auprès de Nicolas DUPONT-AIGNAN et avait soutenu publiquement son combat lors du rassemblement annuel de Debout La République à Dourdan.
    Pour un certain nombre d’entre nous qui nous sommes engagés jeunes derrière le Général de Gaulle, il était la caution vivante à notre détermination à ne pas céder à la politique politicienne et à considérer que le gaullisme comme la France demeurent une idée d’avenir.
    En ces temps de « grande pitié pour le Royaume de France », et à l’heure où Pierre LEFRANC rejoint la terre de notre Patrie à laquelle il a voué sa vie, puissent les Français retrouver l’ardeur et la foi des combattants de sa trempe.
    Dominique LAPORTE
    Secrétaire Départemental – Debout La République – Alpes Maritimes

  4. eric pourcel // 9 janvier 2012 à 9 h 00 min //

    J’ai eu la Chance, grâce aux diners organisés par l’association des amis de la fondation Charles de Gaulle mais aussi par le Club de la France Libre de rencontrer, d’écouter et même boire les paroles de Pierre Lefranc. Il eut même la gentillesse de me dédicacer son dernier livre « Gouverner selon de Gaulle ». Grand homme, ce dernier avait du coeur, ce qui est une valeur sûr par les temps qui courent; mais au delà de ces quelques considérations, Pierre Lefranc savait que la politique était un sacerdoce, que gouverner était une perception du service de l’Etat, un art au service du peuple, et non une construction de partisan, devant tenir compte des réalités, et non d’utopies qui tuent les démocraties comme l’Europe et la chimère poison de la mondialisation, avec pour objectif la France, et non un dogme quel qu’il soit à l’instar du capitalisme, du libéralisme et de la concurrence. Il savait enfin et le disait à haute voix que les imposteurs du gaullisme sont nombreux, ces politichiens qui se prévalent d’une idée par promotion personnelle (forme de « labellisation » mercantile aux antipodes du gaullisme) alors même qu’ils prennent mesure après mesure pour en saper les fondements, pensons en particulier à celui qui pris la décision de faire ratifier par le congrès le traité dit de Lisbonne que les français avaient rejeté….A Pierre Lefranc, Vivat, Vivat, Semper Vivat! et Vive la France! E.POURCEL

  5. On ne refondera un Etat, garant du bien Public, qu’en chassant , dans les cercles politiques, journalistiques, universitaires, économiques et bancaires , tous les corrompus.
    M. Lefranc savait cela.
    Respect et hommage à cet homme droit qui, lui, aura vraiment servi la mémoire de De Gaulle.

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