Législatives : Hollande pris dans la nasse du PS

  • Gérald AndrieuMarianne

Avec la multiplication des affaires et des bisbilles autour des circonscriptions aux législatives, le Parti socialiste vient une nouvelle fois fragiliser son candidat à la présidentielle.

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«Les Verts sont capables du meilleur comme du pire. Mais c’est dans le pire qu’ils sont les meilleurs ». Il est des sentences, comme celle prononcée par Gaby Cohn-Bendit qui mériterait d’être recyclées à l’usage du Parti socialiste. On avait déjà eu droit à l’affaire DSK, à sa saison 1 new-yorkaise et sa saison 2, tout aussi glauquissime, du Carlton de Lille. Dans un tout autre registre, on avait eu droit à l’affaire Guérini et à la «pizza connection» d’un autre baron local, Robert Navarro. Et voilà que l’on écope désormais du « scandale du Pas-de-Calais », la nouvelle « affaire qui embarrasse le PS ». Et pour couronner le tout, dans ce dernier dossier encore une fois tout à la gloire du premier parti d’opposition, on apprend que Jack Lang compte porter plainte contre Arnaud Montebourg. Parce qu’au PS, plus encore que chez les Verts, le meilleur du pire est toujours certain.

Évidemment, toutes ces affaires ont peu à voir les unes avec les autres. Bien entendu, les Français semblent faire la part des choses entre les histoires à haute teneur en testostérone de l’ex-directeur général du FMI et le Parti socialiste lui-même. Il n’empêche l’effet d’accumulation fonctionne à plein. À l’heure où, nous dit-on, François Hollande veut « dialoguer » directement avec eux, il se retrouve avec un boulet en fonte solidement fixé à la cheville. Un boulet qui ne lui facilitera pas cette rencontre. Un boulet décoré de deux belles et grandes lettres : PS.

Ce PS qui, pour le meilleur et surtout pour le pire, s’est donc allié à des experts en la matière, les écologistes. Certes, François Hollande a depuis pris ses distances avec l’accord liant sa formation à Europe écologie. Il n’empêche, encore une fois, l’effet d’accumulation fonctionne à plein. Car la cession de circonscriptions à EELV a exacerbé les tensions entre socialistes. Ceux qui doivent désormais composer avec des candidats Verts sur ce qu’ils jugent être « leurs terres » (Gérard Collomb, Danièle Hoffman-Rispal…)  sont pareils à une Rachida Dati redoutant de voir débarquer un François Fillon à Paris : de véritables « grenades dégoupillées ».

Mais il faut être honnête, les socialistes n’ont pas toujours besoin des écologistes pour se dévorer entre eux par médias interposés et nuire in fine à leur candidat. Surtout quand vient l’heure de la grande distribution des « circos ». Là encore, l’effet d’accumulation fait des ravages. On a eu droit au duel Faouzi Lamdaoui (pro-Hollande) versus Pouria Amirshahi (pro-Aubry) au sujet de la 9e circonscription des Français de l’étranger. On a aujourd’hui droit à l’affrontement entre deux anciens « potes » de SOS-Racisme, Malek Boutih et Julien Dray, le premier accusant le second de fraude lors de sa désignation dans la 10e circonscription de l’Essonne. Comme on a droit à un Christophe Borgel tentant de justifier bizarrement son parachutage dans la Somme et à une Ségolène Royal qui, si elle reconnaît que sa désignation à La Rochelle relève d’une « procédure inhabituelle », la justifie par sa situation « hors du commun » (sic) d’ancienne candidate à la Présidentielle ! Elle qui avait déjà fait savoir très hâtivement (histoire sans doute que François Hollande et Martine Aubry tiennent leur promesse) qu’elle visait la Présidence de l’Assemblée nationale…

Et c’est sans compter sur ceux qui ont choisi le mauvais cheval lors de la primaire, qui n’ont pas non plus réussi à décrocher une circonscription aux législatives, et reconnaissent déjà « préparer » le prochain congrès du PS… « Désolant Parti socialiste », doit se dire aujourd’hui François Hollande qui a peut-être oublié qu’il hérite d’une situation dont il est en partie responsable. Ce boulet qui l’entrave dans cette campagne, il a contribué à le façonner lorsqu’il était, près de dix ans durant, à la tête de Solférino. À moins qu’il n’arrive à se libérer de ce boulet. Les socialistes lui permettront-ils seulement de le faire ? Avec eux, François Hollande peut s’attendre à tout. Surtout au pire

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