EELV, « une secte fanatique » selon Chevènement

0che266146Jean-Pierre Chevènement, candidat à l’élection présidentielle, s’en prend, dans un entretien à Métro vendredi (lire ci-après), à Europe Ecologie-Les Verts, qu’il qualifie de « secte fanatique » avec laquelle le PS a conclu un accord « totalement inopportun », selon lui.

« L’accord PS-Verts est totalement inopportun. Il fallait que François Hollande acquiert, en résistant aux écologistes, cette stature que la droite lui conteste. En faisant d’eux les arbitres d’une éventuelle majorité de gauche, il se met à la merci d’une secte fanatique: c’est un mouvement anti-science, obscurantiste, régressif », affirme le président d’honneur du Mouvement républicain et citoyen (MRC).

M. Chevènement estime encore que « les socialistes ont tourné le dos depuis trop longtemps à l’électorat populaire », mais il continue de ne pas s’interdire de retirer sa candidature « si je fais bouger François Hollande ».

Dans un entretien à La Dépêche du Midi (lire ci-dessous) cette fois, le candidat souverainiste juge que François Hollande « est mal entouré« . « Son bras droit Michel Sapin est sans doute compétent en matière budgétaire mais pour le reste, il ne saurait distinguer le MOX du sucre en poudre », attaque-t-il.

M. Chevènement n’épargne pas non plus le président de la République. « Le triple A de Sarkozy, c’est triple zéro. Il ne propose que l’austérité à perpétuité ».

 
 
Entretien de Jean-Pierre Chevènement au journal Metro France, vendredi 25 novembre 2011.

"Je ne m'interdis aucun optimisme"

Qu’est-ce qui vous a poussé à vous lancer à nouveau dans la bataille présidentielle ?

Jean-Pierre Chevènement : Je l’ai fait car j’ai le sentiment d’une crise gravissime. Peut-on faire confiance à ceux qui nous ont fourvoyés pour nous sortir de l’ornière ? Ils ne parlent que d’abandon de notre souveraineté budgétaire et fiscale, de plans de rigueur. Le triple A de Nicolas Sarkozy, c’est le triple zéro. François Hollande doit sortir de cette logique budgétaire.

En 2002, vous vouliez « faire turbuler le système ». Quel est votre credo pour 2012 ?

Faire bouger les lignes. Je ne suis pas un démagogue, je ne suis pas Marine Le Pen. J’essaie d’expliquer comment le pays peut s’en sortir à moindre frais : soit en mettant un moteur dans la zone euro, en renforçant les pouvoirs de la Banque centrale, soit en transformant l’euro de monnaie unique en monnaie commune.

Pourquoi axez-vous votre campagne sur les visites d’usines ?

Les socialistes ont tourné le dos depuis trop longtemps à l’électorat populaire.

Irez-vous jusqu’au bout de votre candidature, contrairement à 2007 ?

Si je fais bouger François Hollande, je peux modifier mon point de vue. Mais c’est mal parti. L’accord PS-Verts est totalement inopportun. Il fallait que François Hollande acquiert, en résistant aux écologistes, cette stature que la droite lui conteste. En faisant d’eux les arbitres d’une éventuelle majorité de gauche, il se met à la merci d’une secte fanatique : c’est un mouvement anti-science, obscurantiste, régressif.

Vous pensez pouvoir créer la surprise dans cette campagne ?

Je fais déjà frémir les sondages. La dernière enquête BVA me donne 3 points. Eva Joly est à 4, Jean-Luc Mélenchon à 5. Mais ils sont en campagne depuis très longtemps. Donc je ne m’interdis aucun optimisme.

Comprenez-vous que la polémique sur votre appartement parisien de 120 m2, loué 1519 euros par mois, ait choqué ?

Il ne s’agit pas d’un HLM mais d’un logement du secteur libre. En 2009, j’ai accepté de payer un loyer supérieur de 48% après une première polémique, déjà orchestrée par mon bailleur, la Régie immobilière de la ville de Paris. On reprend la distillation de ces ragots malveillants quatre jours après ma déclaration de candidature. Mais les Français connaissent mon intégrité. J’ai démissionné trois fois du gouvernement, réduisant à chaque fois ma rémunération de moitié. Je n’ai jamais reçu de rémunération privée. Tout cela est fait pour m’empêcher de parler.

Propos recueillis par Gilles Daniel

 

Entretien de Jean-Pierre Chevènement à La Dépêche, vendredi 25 novembre 2011.

"Nous sommes confrontés à la politique désastreuse de la monnaie forte"

Comment on réindustrialise la France avec des coûts de production supérieurs à nos concurrents ou aux pays émergents ?

Jean-Pierre Chevènement : Il faut corriger cette différence de coût par une différence de productivité. Nous possédons des atouts, des facilités techniques qui n’existent pas ailleurs. Il faut les valoriser. Par ailleurs, la politique de l’Euro fort nous défavorise. Avec une monnaie trop chère, nos industriels sont tentés d’investir à l’étranger. Mais rien n’est inéluctable : si l’on retrouve de la croissance, ce dont nous sommes tout à fait capables, il n’y a aucune raison de délocaliser. L’industrie est la locomotive qui tire le reste. Mais nous sommes confrontés à la politique désastreuse de la monnaie forte. Moi je me propose de remettre la gauche et la France à la hauteur. Le triple A de Sarkozy, c’est triple zéro. Il ne propose que l’austérité à perpétuité. Quant à François Hollande, il est mal entouré. Son bras droit Michel Sapin est sans doute compétent en matière budgétaire mais pour le reste, il ne saurait distinguer le MOX du sucre en poudre.

Pourriez-vous renoncer à votre candidature ?

Je me suis porté candidat par devoir, c’est une épreuve difficile que je m’inflige. Je veux faire bouger les lignes mais pour l’instant, elles ne bougent pas dans le bon sens. Après, toute campagne a ses dynamiques. En 2007, je m’étais retiré sur la base d’un accord politique.

À Toulouse, un jeune homme s’est fait assassiner dans le quartier de La Reynerie. Qu’inspire ce fait divers au père de la police de proximité ?

En matière de sécurité, la situation s’est dégradée. Les Français peuvent juger sur pièces. Une bonne connaissance de la population, c’est la base de la police de proximité. Lorsque j’étais ministre de l’Intérieur, j’avais nommé Jean-Pierre Havrin directeur de la sécurité publique de Haute-Garonne pour la mettre en place. Je regrette que Nicolas Sarkozy l’ait supprimée. La police ne doit pas se réduire à la seule BAC mais recouvrir un spectre plus large : discussion, prévention et répression.

Vous avez fondé le Ceres, l’un des courants du Parti socialiste auquel a adhéré Pierre Cohen. Quels souvenirs en gardez-vous ?

D’excellents souvenirs. J’entretiens du reste des relations très amicales avec le maire de Toulouse.

 
Propos recueillis par Sébastien Marti

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