La défaite des fédéralistes

pinsolle1Bien sûr, le FESF* comporte des éléments fédéralistes, dans la lignée des traités européens. Pire, certains commentateurs veulent utiliser la crise actuelle pour un grand bond en avant fédéraliste. Cependant, les 18 derniers mois ont sans doute condamné l’idée pour très longtemps.

Ce qu’accepte et veut l’Allemagne

Il ne faut pas se voiler la face et il est clair que les dernières propositions européennes sont franchement révoltantes. Attac a bien expliqué les mécanismes scandaleux de supervision budgétaire des Etats, puisqu’ils feront des Parlements nationaux des acteurs de second rang de la souveraineté budgétaire. Cette surveillance et ces sanctions sont d’autant plus inacceptables que, comme souvent avec cette Europe, elles viendront de technocrates irresponsables.

Pire, ces mécanismes pourraient être encore renforcés à l’occasion des innombrables plans de sauvetage de l’euro puisque l’on parle même de confier à la Cour de Justice Européenne la surveillance des Etats. Dans cette Europe, la démocratie est de plus en plus soumise au pouvoir tentaculaire et autoritaire de technocrates, qu’ils soient issus de la Commission, de la BCE ou de la Cour de Justice, faisant de l’UE une monstruosité démocratique.

Ce que l’Allemagne ne veut pas

Mais si l’Allemagne est prête à mettre en place des mécanismes supranationaux pour surveiller les budgets des membres de la zone euro, elle n’est pas prête pour autant à mettre en place des mécanismes budgétaires supranationaux. En effet, il est bien évident qu’une intégration budgétaire coûterait extrêmement cher à Berlin, qui est le premier contributeur de l’UE. Bref, la supranationalité vaut pour imposer l’austérité à l’allemande partout mais pas pour la solidarité.

Mieux, les crises à répétition et les doutes sur le remboursement au FESF rendent les Allemands encore plus méfiants. Les fédéralistes peuvent bien sauter sur leur chaise en disant « intégration, intégration, intégration », ils n’auront pas ce qu’ils veulent car l’Allemagne a déjà avancé 200 milliards de garantie pour le FESF et Berlin n’ira pas plus loin. Une Union de Transfert est totalement inconcevable de l’autre côté du Rhin, ce qui condamne un grand bond en avant fédéraliste.

Des parapluies pour beau temps

En outre, tout le monde sait que les règles européennes n’ont qu’une valeur relative. En effet, de telles contraintes avaient déjà été mises en place dans les années 1990, avec le Pacte de Stabilité. Mais quand l’Allemagne et la France se sont retrouvées en difficulté au début des années 2000, personne n’a songé appliquer ces règles. Bref, comme pour l’ingérence humanitaire, l’ingérence économique ne peut être que celle du ou des plus forts sur les plus faibles.

Il est bien évident que si l’Allemagne ne respectait pas les règles qu’elle a demandées, elle pourrait les fouler du pied comme elle l’a fait avec le Pacte de Stabilité. Bref, même si ces papiers sont révoltants sur le principe, ce ne sont que des bouts de papier que des grands pays comme la France ou l’Allemagne peuvent déchirer à tout moment. Et surtout, l’Europe n’a pas fait le grand saut fédéral sur le budget que certains espéraient, facilitant ainsi la déconstruction de la monnaie unique.

Bien sûr, les fédéralistes ont gagné une bataille. Mais en perdant la bataille de l’opinion publique allemande, ils vont perdre la guerre car leur édifice baroque n’en est que plus instable et plus facile à détruire. Le fédéralisme européen est un canard sans tête qui va bientôt s’effondrer.

Laurent Pinsolle
Porte parole de DLR

 

* Fonds européen de stabilité financière

4 commentaires sur La défaite des fédéralistes

  1. Mais que proposez vous ?
    Pour prétendre à notre ancienne grandeur, il faudrait en avoir les moyens, non ?
    La voix de la France vantant un repli sur nos frontières et notre passé n’est plus qu’un chuchotement indécent !
    Certes la voie empreintée des premiers fondateurs d’une autre Europe ne pouvait que proposer le premier pas -celui d’empêcher la guerre par la commuauté du charbon et l’acier…
    Mais depuis du chemin a été fait… lnon ?
    Oui aujourd’hui il nous manque un fédérateur d’énergies et de volonté pour passer à autre chose….
    Le futur choc des blocs – constitués par les EU, la Russie et la Chine – nous y poussera dans la douleur si nous n’y arrivons pas par la négociation pacifique

  2. Les Français Libres, les Résistants, apprécieront la référence à hitler que fait Gaudin, pour nous sortir de la dette
    Vendémiaire

  3. Ou nous restons avec une dette insolvable dans l’europe en payant des intérêts (50 milliards par an…), ou nous sortons de l’euro, nous retournons au franc et battons notre monnaie. Roosevelt s’en est sorti…Hitler s’en est sorti…et pas nous ? Il faut, il nous faut RESISTER dans notre pré-carré avec le nucléaire pour une électricité pas trop chère et produire. G.

  4. répubikewarzaoatao // 11 novembre 2011 à 23 h 41 min //

    Le Général De Gaulle ne voulait pas de cette Europe.D’ailleurs il en avait déjà parler , »L’adhésion à l’Europe vue comme une construction dans laquelle des technocrates formant un exécutif et des parlementaires s’investissant du législatif ,la grande majorité des uns et des autres étant formée d’étrangers ,auraient qualité pour régler le sort du peuple Français.

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