Chevènement : « Il faut consulter les peuples »

 

Entretien de Jean-Pierre Chevènement à L’Est républicain, vendredi 4 novembre 2011.

 

 

  • L’Est républicain : La Grèce est-elle la plaie de l’Europe ?

Jean-Pierre Chevènement : L’arbre grec ne doit pas cacher la forêt de l’euro. Il y aura d’autres maillons faibles après elle. Le cas de la Grèce illustre surtout la difficulté d’appliquer des politiques d’austérité à des peuples qui n’acceptent pas sans rechigner d’être mis sous tutelle au nom d’un fédéralisme disciplinaire.

  • Vouloir le consulter par référendum, même si cela ne se fait pas, était-il une bonne solution ?

Sur des sujets aussi essentiels, il n’est pas concevable de ne pas consulter les peuples et d’agir dans leur dos. Sauf, comme le dit Hubert Vedrine, à admettre que nous sommes dans une Europe « post-démocratique ».

Cette consultation peut se faire par référendum, mais aussi passer par un vote du Parlement. Il arrive que le vote d’un Parlement annule le résultat d’un référendum… Oui et c’est scandaleux ! Ce n’est pas comme ça qu’on fait avancer l’Europe. Le traité de Lisbonne était inadéquat, il n’a donc pu en rien éviter la crise.

  • Que faut-il faire, alors ?

En finir avec l’aveuglement chez nos dirigeants et comprendre qu’il n’y a pas de solution sans une profonde refonte structurelle. Qu’il bénéficie de l’aval du Parlement ou d’un référendum, ce qui est nécessaire, un plan d’austérité sévère ne peut redonner de l’espoir. La Grèce ne sait pas quel est son horizon. Il faut accorder à la Banque centrale européenne les mêmes moyens qu’à la Réserve fédérale américaine de racheter la dette pour éviter la spéculation et de maîtriser la politique de change. Puis, soit réformer l’architecture de la zone euro, soit passer de la monnaie unique à une monnaie commune.

  • La sortie de la Grèce de l’euro serait-elle l’issue ?

Elle ne réglerait pas le vice constitutif de la monnaie unique qui veut juxtaposer des pays trop différents. Les économies européennes n’ont pas convergé, elles ont divergé, et la spéculation en a profité. Si la Grèce sortait pour retrouver sa liberté monétaire, le compte à rebours serait enclenché car d’autres pays ne manqueraient pas de suivre l’exemple.

Propos recueillis par Jean-Pierre Tenoux

1 commentaire sur Chevènement : « Il faut consulter les peuples »

  1. « En finir avec l’aveuglement chez nos dirigeants et comprendre qu’il n’y a pas de solution sans une profonde refonte structurelle » Monsieur JP Chevènement étonnera toujours par ses formules en impasse !!!!!!:
    Monsieur Chevènement sait bien que l’Europe ne se construit qu’à petits pas comptés avec des A/R sur la mode du tango. Ainsi donner comme solution la remise à plat structurelle c’est ipso facto aller dans l’impasse car aucun dirigeant européeen actuellement aux manettes ne prendra le risque de consulter ses homologues sur la remise en cause des traités existants !Quoi que avec l’actuel locataire de l’Elysée qui se prend pour Obama bis, tout est envisageable .
    Quant à singer les américains en faisant fonctionner la planche à billets de la BCE cela est tout aussi consternant quand on voit à quoi cela financièrement conduit . Non on ne finance pas de la dette par de nouveaux emprunts et le recours à la dévaluation .Non une fois encore ce n’est pas la monnaie unique qui est en cause…mais c’est ce que l’on en fait en tolérant un découplage profond et stupide entre la valeur de change de l’Euro et les régimes politiques, fiscaux,et pratiques économiques et sociales qui plombent la solidité de la maison Europe. C’est aussi cela l’impasse de la construction européenne..A vouloir la quadrature du cercle de la construction européenne , avec ou sans les peuples, avec ou sans le AAA des agences financières, l’usine à gaz d’une construction européenne à la carte qui plait à certains est une impasse et quelque part une faute politique.
    Assainir les finances des Etats et la lutte contre la fraude fiscale(TVA,comptes sociaux), permettront au moins d’occuper plus de fonctionnaires et d’assurer pleinement leurs salaires au travers des colossales sommes qui sont à récupérer.L’Europe toute entière aura à y gagner en évitant ainsi que le syndrome Grec de la fraudse fiscale ne se transforme en pandémie européenne!

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