Les Européens font comme les Shadoks, ils creusent, ils creusent…

 

Les Européens font comme les Shadoks, ils creusent, ils creusent...Les dirigeants européens réunis à Bruxelles ont effacé la moitié de la dette grecque et garanti les banques pour permettre leur recapitalisation. Le Fonds de stabilisation a été abondé à hauteur de 1000 milliards et la création d’un fonds de garantie privé, où sont espérés les capitaux notamment chinois, est envisagée et doit faire l’objet d’une rencontre entre Nicolas Sarkozy et le numéro un chinois. Mais les solutions trouvées ressemblent au gag d’un feuilleton célèbre diffusé au temps de l’ORTF, lorsqu’on ignorait ce qu’était une crise financière.

 

Cette fois-ci les banques vont devoir afficher leurs pertes potentielles. C’est du moins la première décision prise par le Conseil européen (qui regroupe les dirigeants 27 membres de l’Union européenne, qu’ils soient ou non dans l’euro). D’ici au mois de septembre, les principales banques, dites « systémiques » parce que leurs faillites provoqueraient des dégâts collatéraux d’une ampleur inconnue, devront afficher la vérité des comptes. Mais attention, il ne s’agit pas de savoir combien d’emprunts à tiroirs, de CDS improbables, de swaps sans contreparties ou de subprimes diverses elles conservent dans leurs livres.

Non, les Etats membres leur demande de valoriser les emprunts d’Etat au « prix du marché », tel qu’il était au 30 septembre.  Mine de rien. C’est une sorte de petite révolution. D’abord parce que les banques conservaient leurs obligations d’Etat jusqu’à la fin de leur durée  en les comptabilisant au prix d’émission, car celles-ci étaient considérées comme le placement le plus sûr et le plus liquide possible. C’était du « fonds propre dur ». Ensuite parce que des Etats demandent que leurs propres obligations soient dévalorisées. On devrait donc comptabiliser les obligations grecques à environ 46% de leur valeur d’émission, celles de l’Espagne et de l’Italie aux environs de – 20%, peut-être les françaises à – 10%, ou – 5%.  Cela s’appelle se tirer une balle dans le pied, car lors des prochaines adjudications d’obligations publiques, les banques qui viennent acheter du « papier » des Etats pourront dire aux directeurs du Trésor de leurs pays : « compte-tenu de la décote au 30 septembre, il faut me verser un taux d’intérêt plus élevés ». Et ce sont les contribuables, qui ensuite assumeront cette charge.

Donald Tusk, Premier ministre polonais et président en exercice du conseil européen a eu beau préciser qu’il s’agissait là « d’une  mesure exceptionnelle, et transitoire qui ne durera que de un à trois ans », cela risque bel et bien de renchérir le coût du crédit pour les Etats.

Les banques, elles, devront, avant le 30 juin 2012,  trouver de quoi combler non seulement le « trou » comptable constaté à la suite de la dévaluation des emprunts d’Etat, et augmenter leurs fonds propres « durs », à 9% (contre une obligation de 6% aujourd’hui). Selon une estimation de la délégation française, cela représente une masse globale de 106 milliards d’euros au niveau européen, dont une dizaine pour les banques françaises. Pour ce faire, les banques devront chercher l’argent chez elles, en restreignant les bonus et les dividendes versés, sur les marchés, et auprès des Etats si les solutions de marché ne fonctionnent pas. Donald Tusk, visiblement traumatisé par l’expérience socialiste vécue par son pays, avertit : «l’appel aux Etats ne doit pas amener un traitement injuste des propriétaires des banques». Enfin lorsque les Etats ne peuvent pas aider les banques en difficulté, il sera fait appel au fonds européen de stabilité financière.

Ce sera sans nul doute le cas des banques grecques. Bien sûr le budget d’Athènes est incapable de sortir le moindre cent. De plus ce sont les banques grecques, comme les Grecs, qui vont subir en premier le choc de la « décote » appliquée aux emprunts grecs, qui se discute, non pas à 27 pays, mais entre les seuls 17 membres de la zone euro. On évoque, du côté des négociateurs français, une décote de 100 milliards sur les 210 milliards d’emprunts placés auprès du privé. Donc 45%. Mais sur ces 210 milliards, 141 milliards sont entre les mains des banques  grecques, des fonds de pensions grecs, des assurances grecques, etc… Il faudra bien recapitaliser les principales institutions, du moins les banques et les fonds de retraites, pour permettre au pays de simplement fonctionner. Il faudra donc que le FESF prenne des participations, ou engage des prêts, à hauteur de dizaines de milliards. Vue ainsi, la solution du défaut partiel, logique pour soulager les comptes publics d’un pays en récession depuis trois ans, ressemble à l’histoire des Shadoks qui creusaient des trous pour en reboucher d’autres, puis s’apercevaient de l’existence des trous qu’ils venaient de creuser, et donc se remettaient à creuser pour les reboucher. …

Les dix sept chefs d’Etat et de gouvernement de la ze euro sont donc les shadocks du 21e siècle. A l’heure où sont écrites ces lignes, ils sont à la recherche de la solution pour faire du FESF un instrument capable de faire face à la crise italienne. Il faut avoir une force de frappe d’au moins 1600 milliards d’euros sans faire appel à la banque centrale européenne, solution que n’importe quel Gibi aurait adoptée..

Toujours acharnée à creuser les pauvres bêtes que sont les dirigeants européens tentent de convaincre les banques d’abandonner la moitié au moins des créances qu’elles détiennent sur la Grèce. La discussion n’est pas facile. D’abord parce que officiellement, les négociations ont pour but d’obtenir un accord « volontaire » des banques, avec une association, l’Institut de la finance internationale, basée à Washington. En plus les banques ont compris une chose: plus elles accepteront une décote importante sur les obligations grecques, plus elles devront chercher de la l’argent pour se recapitaliser.

Là aussi, on creuse un trou d’un côté, qu’on  rebouche de l’autre. On recreuse, on re-rebouche… Pour un peu, on comprendrait la rebuffade du président de l’IFI, Charles Dallara, qui a créé la surprise en pleine nuit en déclarant  dans un communiqué publié aux Etats-Unis: « il n’y a aucun accord sur une décote de la dette grecque », au beau milieu du sommet de la zone euro. Comme la décote de la dette grecque conditionne le niveau de la recapitalisation des banques, qui conditionne la hauteur du FESF…. Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et Christine Lagarde ont quitté précipitamment la réunion de l’Eurogroupe, pour négocier avec les banquiers…Ils leur ont fait savoir que faute d’un accord raisonnable, la Grèce pourrait bien faire défaut sur la totalité de sa dette, et la facture pour les banques serait alors deux fois plus élevée. Il semble que les banquiers soient sensibles à la menace la plus brutale: un accord semble acquis aux alentours de 4 heures du matin…

Alors les Shadocks creusent, creusent… On ne sait quand ils sortiront du trou…

Marianne2
Modifié à 1 heure,
le 27 octobre 2011

2 commentaires sur Les Européens font comme les Shadoks, ils creusent, ils creusent…

  1. Ce qu’il fallait faire que la B.C.E. soit établi à Strasbourg Capitale Européenne,et non à Francfort.Le jour ou les Allemands égoïstes décideront de quittés la zone Euros car « Deutschland überallès oblige » et bien ont pourra peut-être travaillés normalement et pouvoir dévalué l’euro selon les besoins pour être compétitif ,et non avec un euro fort pour faire plaisir aux seuls Allemands.L’Europe c’est tous les 27 pays ou personne,il faut choisir.

  2. Les Shadocks, les vrais, eux étaient drôles !

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