Le PS est irrécupérable

Dimanche, avait lieu le premier tour des primaires socialistes. Sans grande surprise, le second tour verra s’affronter Martine Aubry et François Hollande. Même si Arnaud Montebourg a fait un très beau score, la finale 100% deloriste démontre toutes les limites du PS.

L’alternance, mais pas l’alternative

Certes, Arnaud Montebourg créé la surprise du premier tour, en réussissant à distancer Ségolène Royal et Manuel Valls, dont on se demande souvent ce qui le distingue de l’UMP. Mais malgré tout, l’aile gauche du Parti Socialiste a seulement réuni un sixième des voix. Elle reste relativement marginalisée dans un parti qui l’a toujours maltraitée, à part pendant la parenthèse collectiviste de la fin des années 1970 et du début 1980 et qui l’avait alors mené au pouvoir.

En fait, le Parti Socialiste a de nouveau démontré qu’il est un parti de centre-gauche, absolument pas réformiste et qui ne remet pas en question la libre circulation des biens, des capitaux et des personnes, par un internationalisme imbécile qui continue de lui faire rejeter la nation et les frontières, qui restent vues comme des notions interdites. Seul Jean-Pierre Chevènement ose porter ces idées que Jean-Luc Mélenchon hésite toujours à enfourcher.

Bien sûr, Martine Aubry pourrait apparaître à certains comme plus à gauche que François Hollande. Mais il faut surtout y voir une question de forme et pas tellement de fond. L’ancienne première secrétaire a pris pour conseiller économique Daniel Cohen, elle fréquente Alain Minc et son héritage familial ne la place pas dans une position très confortable pour remettre en cause la liberté de circulation des capitaux que son père avait mis en place avec Pascal Lamy il y a 20 ans.

L’alternance avant l’explosion

 

La probable candidature de François Hollande sera néanmoins du pain béni pour démontrer l’impasse idéologique dans laquelle s’est enfermé le parti « socialiste ». Voilà un candidat qui ne voit pas de problème à ce que la création monétaire soit privatisée au seul profit des banques. Voilà un candidat favorable au libre-échange, quitte à ce qu’il se fasse au détriment des citoyens Français et à la faveur du reste du monde, comme le montre cet échange avec Emmanuel Todd.

Alors bien sûr, il est probable que le PS gagne en 2012. Je ne vois pas comment une majorité de Français pourrait vouloir prolonger le bail de Nicolas Sarkozy à l’Elysée après un quinquennat calamiteux, tant d’un point de vue de la forme que du fond. L’aggravation de la crise de la zone euro sape tous les jours davantage le seul argument auquel se raccrochait la majorité, à savoir que le président sortant aurait bien géré la crise et que lui seul serait à la hauteur de la situation.

Mais si la crise continue trois ans après, c’est qu’elle n’a pas été bien gérée et le bilan est tellement négatif qu’il devrait être balayé de manière bien plus sévère que Valéry Giscard d’Estaing en 1981. Et tant mieux après tout. Il faut sans doute encore que les socialistes démontrent leur incapacité à gérer la crise économique actuel pour que les Français aient l’envie d’envoyer balader ce personnel politique, comme celui de la 4ème République avait été envoyé au musée en 1958.

Dans une semaine, François Hollande devrait être investi candidat du PS. Se posera alors la question aux électeurs sincères de gauche de soutenir un homme qui continuera toutes les politiques menées depuis 25 ans ou de soutenir un candidat de rupture avec cette mondialisation néolibérale.

2 commentaires sur Le PS est irrécupérable

  1. Jean Wilster // 12 octobre 2011 à 20 h 35 min //

    Oui le Dolorisme est à l’oeuvre, hélas, depuis longtemps dans les têtes socialistes et centristes… Pour le grand malheur de notre pays… Européisme borné, bonne conscience urbi et orbi, et surtout tartuferie, les principales directives bruxelloises ouvrant les vannes à l’ultra libéralisme portant la signature Delors !

    M. Pierre Nora soulignait,avec tristesse et sans doute un peu d’exaspération, ce matin sur France Inter, la formidable impuissance du PS, depuis 30 ans, à proposer à la Nation dans son ensemble une réponse globale à la globalisation financière.

    Si le candidat socialiste désigné par la Primaire ne s’empare pas et ne traite pas les questions de fond, qui sont celles de…la liberté de disposer de son destin… alors on peut penser que le Président sortant, aidé par Henri Guaino, s’emparera de ces thèmes, et réussira, contre toute attente à renverser le cours des choses…

  2. Denis Griesmar // 12 octobre 2011 à 14 h 56 min //

    A une question récente, François Hollande a répondu que les affaires commerciales relevaient du droit communautaire et dépendaient de Bruxelles … Autrement dit, pour M. Hollande, les abandons de souveraineté au profit de l’ « Europe » sont irréversibles, et il y a là un effet de cliquet qu’il convient de respecter religieusement !!!
    Le fait que la France en tant que telle ne soit pas représentée à l’OMC (non plus que le Québec, ni la Wallonie) ne le choque pas … (Etonnez-vous qu’on n’y parle qu’anglais …)
    Cela étant, M. Hollande est incapable de proposer la moindre mesure sérieuse pour réindustrialiser la France. Et, par inertie sociologique, des millions de Français s’apprêtent à voter pour lui ! La France va-t-elle encore perdre cinq ans, avant que les électeurs ne s’aperçoivent que les vraies questions n’ont pas été posées ? …

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