La perte du Sénat obscurcit l’horizon de Nicolas Sarkozy pour 2012

 

1244272142A sept mois de la présidentielle, la défaite historique de la droite dimanche 25 septembre aux sénatoriales constitue un nouveau revers inquiétant pour Nicolas Sarkozy, déjà en difficulté pour cause de crise financière, de hausse du chômage et d’affaires politico-financières.

Si l’Elysée s’est contenté très sobrement de « prendre acte » du basculement inédit de la chambre haute à gauche, les principaux responsables du PS se sont plu à « personnaliser » les résultats de ce scrutin atypique considéré comme une défaite « prémonitoire » pour le chef de l’Etat.

« C’est plus qu’un échec, c’est un traumatisme pour la droite (…) c’est d’une certaine façon prémonitoire de ce qui va se passer en 2012?, a pronostiqué le favori de la course à la primaire socialiste, François Hollande. C’est « le premier acte de la reconquête pour la gauche », a renchéri le premier secrétaire par intérim du PS Harlem Désir.

A droite, seul le secrétaire général de l’UMP Jean-François Copé a concédé une « défaite » de son camp, alors que le Premier ministre François Fillon s’est contenté de constater une « forte poussée » de l’opposition.

Pour en réduire l’impact, l’Elysée comme la majorité ont voulu d’abord souligner que cette défaite n’était qu’une « conséquence » des victoires successives de la gauche dans les scrutins locaux et ont préféré renvoyer aux « vrais rendez-vous » de 2012. Mais d’ici-là, cette défaite devrait compliquer encore un peu plus la tâche du président.

« Concrètement, cela ne va pas changer grand-chose puisque le dernier mot revient à l’Assemblée nationale », résume un ministre, « mais, c’est vrai, cette défaite envoie un mauvais signal pour 2012?.

Première victime de ce scrutin, la fameuse « règle d’or » de retour à l’équilibre budgétaire que Nicolas Sarkozy voulait inscrire dans la Constitution ne le sera pas. « C’est mort », concède un cadre de la majorité. Avec le basculement du Sénat, le gouvernement a perdu toute chance de réunir une majorité des trois cinquièmes des députés et sénateurs.

Autre conséquence: une majorité de gauche au Sénat pourrait retarder l’adoption de certains textes législatifs, même si l’actuel président du groupe PS au Sénat et désormais candidat au perchoir du palais du Luxembourg Jean-Pierre Bel s’est défendu de toute volonté d’obstruction.

« Sans doute le Sénat aura des exigences sur certains textes, en matière de fiscalité ou de République exemplaire », anticipe un responsable de droite. « Il pourrait aussi adopter des textes qui, comme ils seront refusés par l’Assemblée et le gouvernement, feraient passer Nicolas Sarkozy pour un président qui bloque. Cette victoire est un vrai beau levier pour le PS ».

Autre souci pour le chef de l’Etat: cette nouvelle défaite de la droite, après celles des municipales et des régionales, a relancé le débat qui déchire les centristes et l’UMP sur la stratégie pour 2012.

François Fillon a lancé un message aux centristes en attribuant la responsabilité de la défaite aux « divisions de la majorité » et a sonné « l’heure du rassemblement ». Comme Jean-François Copé, qui a invité son camp à « réfléchir à la nécessité d’être rassemblés et de ne pas être divisés ».

« Cette défaite est essentiellement une défaite de l’UMP due au sectarisme de ses dirigeants », analyse pour sa part le vice-président du Parti radical et soutien de Jean-Louis Borloo, Dominique Paillé. « La majorité doit tenir compte de la nécessité d’avoir une expression plurielle pour 2012, sinon nous serons dans la chronique d’un désastre annoncé », dit-il.

« Cela devient très compliqué pour le président », résume un centriste. « Cette nouvelle défaite va inciter de plus en plus de responsables de droite à jouer leur carte personnelle et à se positionner pour 2017?, ajoute celui-ci pour qui « on est déjà dans l’après-Sarkozy ».

Beaucoup d’élus de droite rejettent (un peu tard !) la réforme des collectivités territoriales

Jean-Pierre Grand: Les élus locaux en ont « ras le bol »

Jean-Pierre Grand, nouveau président du parti de Dominique de Villepin « République solidaire », a estimé aujourd’hui que les élus locaux avaient exprimé hier un « ras-le-bol » prévisible mais que ce résultat était aussi « un appel » au gouvernement « à travailler ensemble ».

« Pour la majorité présidentielle, le résultat des élections sénatoriales ne peut uniquement se justifier par une diminution du nombre d’élus depuis 2007?, écrit Jean-Pierre Grand dans un communiqué.

« Il était prévisible que les élus locaux, porte-parole fidèles de leur territoire, expriment à cette occasion un vrai mécontentement, un véritable ras-le-bol », estime le député de l’Hérault, en évoquant « la situation économique, la réforme et le financement des collectivités territoriales, et un climat politique particulièrement malsain ».

Mais, ajoute M. Grand, « ce résultat, c’est aussi un formidable appel à travailler ensemble ».

« Les élus locaux (…) exigent d’être mieux entendus par le gouvernement, mieux impliqués dans l’établissement des politiques publiques », explique-t-il.

« Il est peut-être encore temps, comme le propose Dominique de Villepin, de travailler ensemble dans l’intérêt supérieur de la nation et des Français », conclut-il.

François Goulard pointe « une angoisse de nos territoires » et « un climat d’inquiétude »

Chef de file d’une droite morbihannaise laminée aux sénatoriales dimanche, le président du conseil général François Goulard (UMP) a attribué en partie sa défaite au « climat chargé d’inquiétude » régnant dans un certain nombre de territoires de son département.

« Sans parler de facteurs nationaux (…), je retiens comme un des enseignements de ce scrutin une préoccupation qui est importante, pour ne pas dire une angoisse, dans un certain nombre de territoires, de communes, de cantons », a-t-il déclaré devant l’assemblée départementale.

« Les difficultés économiques, dans l’agroalimentaire en particulier, des annonces quelquefois malheureuses en matière de service public, la mise en œuvre de la loi de décentralisation de décembre 2010 créent un climat chargé d’inquiétude », a-t-il déclaré. « Très probablement, les grands électeurs ont traduit cette inquiétude dans leur vote », a-t-il ajouté.

« En imposant à marche forcée une réforme des collectivités locales mal comprise, ignorant la cohérence des bassins de vie, floue sur le plan financier, recentralisatrice, le président Sarkozy et les députés et sénateurs nous ont offert cette alternance », a-t-il déclaré le président du groupe de gauche, Hervé Pellois.

Déjouant tous les pronostics, le Morbihan a élu dimanche trois sénateurs de gauche, la socialiste sortante Odette Herviaux, le communiste Michel Le Scouarnec et l’écologiste Joël Labbé. Les trois candidats de gauche ont réussi à recueillir des voix au-delà de leur camp, bénéficiant probablement du choix de la droite de maintenir au second tour deux UMP, François Goulard et Jacques Le Nay, au détriment du centriste Jo Kergueris qui s’est retiré.

2 commentaires sur La perte du Sénat obscurcit l’horizon de Nicolas Sarkozy pour 2012

  1. Ce n’est que le prélude de l’échec de Sarkozy en 2012. Ce sous Giscard, valet des US, de la Merkel, de la finance apatride. Le Président des riches selon le best-seller des sociologues Monique et Michel Pinçon-Charlot !

  2. Bof, il faut sans doute que les territoires s’expriment mais… une assemblée des pairs en bout de course ? Que pensait Charles de Gaulle du sénat déjà ?

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