« Notre meilleure protection serait une monnaie faible »

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0dd9c78e-e14e-11dc-aae7-ce6407cc366aIntervention de Jean-Pierre Chevènement au colloque « Protéger les intérêts économiques de la France : quelles propositions ? »

 

 

Verbatim

  • Sur l’adoption de mesures protectionnistes : L’Europe, l’Europe… ça a des limites. Moi je crois plus à des mesures nationales, ciblées.
    • Ce sera quand même très difficile compte tenu de notre insertion profonde dans l’Union Européenne avec ses règles, sa jurisprudence, la vigilance de la commission européenne toute entière acquise au libre-échangisme. De même celui-ci imprègne-t-il la cour de justice européenne. Donc il faut savoir que nos marges sont devenues très étroites.
    • J’en suis venu depuis longtemps à l’idée que notre meilleure protection serait une monnaie faible.
    • Le choix de la monnaie forte, il faut bien le comprendre, c’était déjà le choix de la monnaie unique.
    • L’hérésie étant évidemment le vice constitutif qui a consisté à mettre ensemble 17 pays hétérogènes par la structure économique, industrielle, les orientations politiques, les repères linguistiques et culturels.
  • On a fait quelque chose qui témoigne d’ailleurs de la puissance idéologique de la vision de Jean Monnet, qui voulait faire l’Europe à partir du marché, contre les nations, en réduisant les nations à un simple rôle d’exécution.
  • C’est cette Europe sans les nations, voire contre les nations, qui a présidé aux desseins européens depuis le départ.
  • La monnaie unique n’a pas amené les convergences supposées. Elle a accru les divergences : elle a renforcé les forts, elle a affaibli les faibles, elle a creusé l’écart entre notamment l’Allemagne et tous les autres.
  • Sur l’Allemagne : Elle vise la compétitivité externe, elle veut jouer dans la cour des grands à l’échelle mondiale, et en même temps elle déséquilibre la zone euro par sa puissance et par sa politique de déflation salariale.
  • On ne voit pas comment la Grèce pourra rembourser les dettes qu’elle contracte. C’est ça la fragilité du problème posé par la Grèce, mais celui-ci n’est que l’arbre qui cache la forêt. La forêt c’est l’euro, parce que derrière la Grèce il y a le Portugal, il y a l’Espagne, il y a l’Italie.
  • J’ai écrit au président Sarkozy au début du mois d’Août pour lui dire qu’il n’y a qu’une seule solution actuellement : c’est de permettre à la banque centrale d’acheter largement des titres de dette italiens et espagnols pour desserrer l’étreinte que les marchés financiers font peser sur ces pays.
  • Il m’a dit : « C’est très bien, c’est très intéressant, on a commencé d’ailleurs, mais on ne peut pas le dire publiquement parce que ça gênerait madame Merkel ».
  • Je crois très sincèrement que l’Allemagne, au fond, ne sait pas très bien ce qu’elle veut.
  • L’opinion publique a payé pour les länder de l’Est, elle n’a pas envie de payer pour le Péloponnèse, la Calabre, l’Algarve, le Connemara. Je pense que l’opinion publique allemande n’a pas envie d’ajouter aux 2000 milliards de dette allemande les 3400 milliards de dette des pays sous tension.
  • Quand j’entends parler d’eurobonds ou de doublement des ressources du fonds de stabilisation, je me demande si les contribuables seront d’accord en Allemagne et accessoirement en France. Mais en France, on ne dit rien, on paye. Probablement pas par générosité, mais par ignorance. Les allemands ont compris que eux devaient payer. Les français, rien que pour la Grèce, doivent mettre 40 milliards de plus mais ils ne semblent pas s’en être aperçu.
  • La situation est très difficile parce que je pense que l’Allemagne n’est pas prête à réviser le traité de Maastricht et à dire qu’on donne à la banque centrale les prérogatives du Federal Reserve Board américain. Et pourtant, je crois que si on voulait sauver la zone euro, ce serait le bon sens.
  • La difficulté de l’Europe c’est que jamais, il faut le comprendre, la solidarité européenne ne remplacera la solidarité nationale.
  • Ce n’est pas la Grèce qui va accepter de se laisser mettre sous tutelle, comme l’a dit à la télévision Jean-Pierre Jouyet. Mettre la Grèce sous tutelle, le pays qui a fait les Thermopyles, qui a inventé la démocratie, qui a résisté au fascisme italien, au nazisme allemand, courageusement, héroïquement…
  • Une Europe qui débouche sur ce déni de démocratie, c’est au fond ce qu’il y a derrière la fameuse règle d’or, que j’appelle règle d’airain, c’est à dire la dépossession des Parlements de la souveraineté budgétaire. Je ne crois pas que ce soit la bonne voie.
  • L’euro comme monnaie politique conduisant au fédéralisme, c’est comme ça que ça a été vu dès le départ.
  • Jamais les élites ne confessent leurs erreurs. (…) Il faut leur faciliter le travail et à mon avis, si on pouvait garder le mot euro, ce serait bien. Mais euro comme toit commun, monnaie commune.
  • On pourrait s’en servir dans les transactions internationales mais à l’intérieur on aurait ressuscité des monnaies nationales à usage interne dont le cours pourrait fluctuer dans une étroite bande de fluctuation, on a connu ça dans le passé, et tout cela serait renégocié tous les ans ou tous les deux ans.
    • On aurait de cette manière là le système souple dont on a besoin, le système qui aboutirait à abaisser le niveau de l’euro, qui conduirait à une monnaie beaucoup plus faible, qui redoperait la croissance en Europe, qui permettrait aux pays endettés de rembourser leur dette et qui nous donnerait un système à longue allée, un système sécurisant pour tout le monde parce qu’on saurait que ce système là est durable, et comme on dit « soutenable », alors que le système de la monnaie unique n’est pas soutenable.
    • Un système qui n’est pas sûr sur le plan monétaire, il faut prévoir sa mutation. Plutôt que de l’abandon ou de l’éclatement dont on entend parler, je préfère parler de mutation, parce que je tiens compte de la psychologie.
    • Pour tenir compte de leur psychologie, qui est une chose très importante, je propose de garder le mot « euro » mais de lui donner un contenu différent.

4 commentaires sur « Notre meilleure protection serait une monnaie faible »

  1. Dominique DAGUET // 7 octobre 2011 à 20 h 08 min //

    Lors de la campagne sur le Traité de Maastricht nombreux ont été ceux qui ont émis, dont moi, des réflexions qui vont dans ce sens : monnaie commune pour les affaires internationales, monnaies nationales pour les nations etc. Et depuis nous n’avons pas cessé d’argumenter dans ce sens, prévoyant les catastrophes qui se profilent parce que l’on est allé à rebours de la logique de ce qu’est réellement l’Europe : l’idéologie dogmatique et totalitaire des européistes a empêché que ces réflexions lucides soient entendues, comprises, étudiées. Le « revers de main » a été la seule façon de témoigner le mépris que l’on a, dans cette République, pour ceux qui osent penser différemment. Si ce n’était que sur les questions financières ! Mais l’idée de nation paraît une aberration mentale pour ces psychopathes idolâtres de l’Europe, dont le degré de compréhension de ce que fut notre histoire tiendrait dans un cerveau petit-pois ! De ce qu’est un peuple. On le voit bien quand on les entend qui osent parler aujourd’hui du « peuple européen » ! Où l’ont-ils trouvé ? Où son unité ? Où sa capacité à s’affirmer solidaire de tous ? Sous leur semelle ? L’Europe par bonheur compte « des » peuples qui ont droit de nature à rester ce qu’ils sont et non ce droit abusif, mortifère, de devenir seulement ce que les technomachins de Bruxelles imaginent qu’ils doivent devenir… Comme si ce devenir n’appartenait pas d’abord et essentiellement à chacun de ces peuples qui constituent une Europe tout autre que celle des marchands, celle de l’Esprit !
    Je n’ai pas parlé de la langue, mais quand je vois et entends ce qui se passe et se dit dans l’ubuesque Comité Central qui réunit en son sein des Commissions animées par des sortes de robots intellectuels, radoteurs d’idées fixes, je comprends pourquoi notre langue est laissée de côté, marginalisée, rabaissée à n’être plus, demain ou après-demain, que le patois réservé aux indigènes qui auront fui dans les montagnes de l’Auvergne pour y refonder la France. Certes, on nous assure à Paris qu’il n’en est rien : cependant l’arbre ne se juge pas sur les slogans colportés par ces invalides qui se sont laissés dépossédés de nos diverses subsidiarités – elles ne leur appartenaient pas, elles étaient nôtres ! –, mais sur les faits qui sont ses fruits.
    Bien à vous,
    Dominique Daguet

  2. Comme on patauge allègrement dans la choucroute !

    Notre organisation de vie en société est idiote, absurde. Comme disait Bossuet il y a 350 ans : « On s’affilge des conséquences tout en s’accommodant très bien des causes ». Personne ne dénonce la cause : la Pensée-Unique ! Que nous avons adoptée comme tout le monde en 1983 et sacralisée en 1993.

    Alors pataugeons encore dans la choucroute ….. elle devient nauséabonde …. à en crever.
    Pierre.Bellenger@wanadoo.fr

  3. Tout cela est bien trop mou et bien trop technocratique. Ces gens-là n’ont pas encore compris la violence du système qu’ils ont contribué à mettre en place! Alors oui! Le système explosera! Il n’y a pas d’autre solution, car l’Europe aujourd’hui est aussi aveuglée que l’était l’empire soviétique à une autre époque…

  4. Il faudrait mesurer l’antériorité des déclarations surtout lorsque celles-ci se recouvrent à l’identique.
    Ainsi, si en titre on ne met pas JPC, toute personne sachant lire reconnaîtra les propos de NDA !!!

    Plagiat, vous avez dit plagiat ! Quant à Marine Le Pen, elle est devenue orfèvre en la matière en pompant sans vergogne les déclarations de NDA. Mais le Hic, c’est l’absence de sincérité car comme le disait son père, »l’original est toujours meilleur que la copie » !!!

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