L’agonie de l’Euro

La crise de l’Euro est désormais entrée dans sa phase terminale, comme cela a été prévu à la fin de 2010. La crise actuelle est appelée à s’aggraver, rythmée par le défaut de la Grèce (octobre ou novembre), le déclenchement de la crise Espagnole et une crise bancaire généralisée dans les pays de la Zone Euro. Le temps de la crise s’impose désormais aux politiques.
Les conditions de gouvernance de la zone Euro sont clairement inadaptées, mais les conditions de réformes de cette dernière sont incompatibles avec la temporalité de la crise. Nous sommes donc face à l’agonie de l’Euro.

par Jacques Sapir

SAPIR_JacquesLa crise de l’Euro est désormais entrée dans sa phase terminale, comme cela a été prévu à la fin de 2010. La crise actuelle est appelée à s’aggraver, rythmée par le défaut de la Grèce (octobre ou novembre), le déclenchement de la crise Espagnole et une crise bancaire généralisée dans les pays de la Zone Euro. Le temps de la crise s’impose désormais aux politiques. Les conditions de gouvernance de la zone Euro sont clairement inadaptées, mais les conditions de réformes de cette dernière sont incompatibles avec la temporalité de la crise. Nous sommes donc face à l’agonie de l’Euro.

I – La crise de la zone Euro connaît depuis ces dernières semaines une accélération dramatique.

Celle-ci apporte le démenti le plus cinglant aux attitudes de déni de réalité dans lesquelles les responsables français, de la majorité comme de l’opposition, se sont pour la plupart enfermés. Désormais nous sommes en présence de la situation suivante :

La crise grecque a pris une tournure clairement incontrôlable. Un défaut de ce dernier pays ne peut plus être évité. Il peut seulement être retardé. Il peut survenir à partir du mois d’octobre 2011, même s’il est encore probable qu’il se produira entre novembre et décembre 2011. Ce défaut ne fait sens que si la Grèce sort de la zone Euro, ce qui pourrait survenir soit immédiatement soit dans un délai de 6 à 8 semaines après le défaut. Les conséquences sont alors les suivantes :

  1. La crise Grecque impose de fournir de 2012 à 2019 de 340 à 380 milliards d’Euros à ce pays, et ceci sans tenir compte d’une possible aggravation de son déficit et des besoins d’autres pays qui sont estimés à plus de 1000 milliards.
  2. Ce défaut est déjà clairement anticipé par les principales banques européennes. Mais le processus de transmission des « mauvaises dettes » à la BCE est loin d’être achevé.
  3. L’Allemagne a d’une certaine manière déjà « acté » de la sortie de l’Euro par la Grèce comme le montre le plan de soutien pour ses propres banques.
  4. Il est clair désormais que dans un certain nombre d’établissements bancaires européens on se prépare à la fin de la zone Euro. Les positions qui seront prises dans les jours qui suivent pourraient avoir des effets cumulatifs.

Avec le défaut et avant la sortie de la Grèce de la zone Euro, la spéculation se déchaînera contre le Portugal, l’Irlande, l’Espagne et l’Italie (et peut-être la Belgique). Elle se combinera avec une crise sociale grave en Espagne liée à l’interruption des allocations chômage pour une partie des chômeurs arrivant en fin de droit. Cette crise obligera l’Espagne à demander l’aide du Fond Européen de Stabilisation Financière (FESF) pour des montants excédant largement ce qui est pour l’instant prévu.

  1. Hors la Grèce, les besoins à court terme (2014) peuvent être estimés à 90 milliards pour le Portugal, 50 milliards pour l’Irlande, de 250 à 300 milliards pour l’Espagne. C’est donc un total de 390 à 440 milliards d’Euros qu’il faudra fournir pour les pays déjà en difficulté.
  2. Ce calcul laisse dans l’ombre le fait qu’avec l’aggravation de la spéculation, l’Italie et la Belgique devraient dès le début de 2012 demander une aide supplémentaire.
  3. Par ailleurs le rythme de la crise en Espagne est aujourd’hui imprévisible. Si une accélération se produit, les sommes nécessaires augmenteront en conséquences.

La combinaison de (1) et (2) a déjà été partiellement anticipée par les marchés depuis début août et a entraîné une chute dramatique et spectaculaire de la capitalisation des banques européennes. La chute de la capitalisation des banques européennes aura des conséquences importantes à court terme :

  1. La nécessité d’une recapitalisation de ces banques va se faire jour à très court terme. Elle sera massivement impopulaire dans tous les pays en raison du précédent de 2008.
  2. La crise mettra en évidence le caractère largement factice des « stress-tests » conduits au printemps dernier et qui excluait tout défaut sur la dette souveraine d’un État membre. Les sommes nécessaires, en dépit des dénégations des ministres, pourraient bien être supérieures à 200 milliards d’Euros.
  3. En France, il faut s’attendre à une dégradation de la note des banques qui précèdera celle de l’Etat.
  4. Le risque d’un run bancaire ne peut plus être totalement écarté. Il pourrait nécessiter une nationalisation de l’ensemble du secteur bancaire.

On assiste désormais à un phénomène de fatigue de l’Euro, qui se caractérise par :

  1. Une incapacité des gouvernements à trouver des solutions qui soient à la fois communes et efficaces.
  2. Un sentiment qui gagne l’opinion et les gouvernants, en dépit du déni de réalité qui prévaut encore, comme quoi la bataille est perdue.
  3. Une opposition croissante entre les pays de la zone Euro sur les solutions tant présentes que futures.

II – Cette situation va conduire à un enchaînement rapide dans les mois qui viennent, enchaînement qui va rendre obsolète un bon nombre de positions politiques.

Le véritable défi qui est posé à la classe politique consiste à être capable d’anticiper les évènements et de réagir en conséquence.

L’Euro, dans sa forme actuelle est condamnée. Les moyens évoqués pour stabiliser puis résorber les déséquilibres tant conjoncturels (comme la hausse rapide du poids des dettes souveraines) que structurels (le déficit de croissance avec le reste du monde développé, le phénomène d’euro-divergence entre les pays) sont aujourd’hui soit insuffisants soit politiquement impossibles.

  1. Les Eurobonds. Cette idée est désormais dépassée. L’émission de titres de dettes englobant les pays à risques et les pays réputés « sains » aurait un taux d’intérêt prohibitif.
  2. La monétisation des dettes. Une monétisation des dettes pourrait être faite par la BCE directement en faveur des États et non comme aujourd’hui en rachetant aux banques des titres publics. Mais un certain nombre de pays de la zone Euro s’y opposent.
  3. Une stabilisation volontariste de la dette. Outre qu’elle semble largement impossible dans de nombreux pays, si cette politique était appliquée, elle plongerait la zone Euro dans une profonde dépression que recréerait de la dette par disparition des ressources fiscales.

La poursuite de la politique actuelle tentant de sauver l’Euro va provoquer d’ici quelques mois une grave crise dans les relations franco-allemandes. L’opposition entre les deux pays est désormais systématique. La Chancelière, Mme Merkel, est aujourd’hui politiquement affaiblie et ne peut, sans se suicider électoralement, faire accepter à l’Allemagne l’ampleur de la contribution nécessaire. Cette dernière est estimée à 2% du PIB par an pendant 7 ans en transferts fiscaux et 4% du PIB par an et sur la même période en charge d’emprunts supplémentaires. Il faut donc décider aujourd’hui ce qui est le principal, la « survie » de l’Euro au prix d’un affrontement permanent entre les deux pays, qui risque in fine de compromettre son objectif, ou de bonnes relations entre les deux pays.

Les conséquences sur la France de cette politique risquent d’être dramatiques. Non seulement la contribution que notre pays devra verser, directement ou indirectement, sera lourde, mais les conséquences combinées sur la croissance d’une politique d’austérité draconienne et d’un taux de change surévalué nous condamneront à une longue période de récession et à une accélération du processus de désindustrialisation que nous connaissons déjà.

L’Euro importe moins que le principe de coordination monétaire. Plus que l’Euro, c’est le principe d’une coordination des politiques monétaires qu’il faut sauver. Si des dévaluations sont inévitables, il faut les accepter mais faire en sorte qu’elles ne sortent pas d’un cadre pré-établi. Pour cela, il importe de limiter les espaces de spéculations en contrôlant les mouvements de capitaux et en interdisant un certain nombre d’opérations sur les marchés. Ces mesures auraient du être prises dès le début de la crise en 2008. Il faut tirer les leçons de pourquoi il n’en fut rien et comprendre qu’une gouvernance active n’est pas possible avec un grand nombre de pays. C’est pourquoi il faut accepter de passer du principe de coopération (dont le meilleur exemple est la monnaie unique) au principe de coordination et à terme soit faire évoluer l’Euro, soit le recréer comme une monnaie commune. 

L’agonie de l’Euro peut durer de six à dix-huit mois.


Ses conséquences politiques peuvent être dramatiques tant à l’intérieur de chaque pays (et des élections sont prévues dans de nombreux de ces derniers en 2012 et 2013) qu’au sein de l’Europe.
Dans la situation actuelle, la meilleure des solutions consisterait en une dissolution de la zone qui permettrait de mettre en avant immédiatement les institutions nécessaires à une transition ordonnée. À défaut d’une telle solution, il convient de se prémunir contre les effets les plus néfastes de cette agonie en prenant les mesures unilatérales de sauvegarde qui ont été détaillées dans des documents ultérieurs et, le cas échéant, en sortant de l’Euro.

6 commentaires sur L’agonie de l’Euro

  1. Merci à Jacques Sapir pour ces propos auxquels nous adhérons.
    Que faut-il penser de tout cela finalement? Que peut comprendre le citoyen lambda dans cette situation dont il ne maîtrise ni les tenants, ni les aboutissants? Et surtout, que proposent les candidats à la présidentielle pour sortir la France de l’ornière?
    Pour ma part je ferai trois remarques :
    -la première, pour souligner qu’il est difficile d’y voir clair car il existe une posture dogmatique de la part de la majeure partie de la classe politique, médiatique et culturelle qui impose que la solution aux problèmes des dettes, de l’euro, de la désindustrialisation, de la paupérisation des peuples, de l’accroissement des inégalités et de la disparition des mécanismes de progrès sociaux, se trouverait à l’échelle de l’union européenne via la création d’un Etat fédéral européen…En clair, il faudrait achever le transfert des compétences souveraines vers un Etat fédéral européen à l’américaine, faire disparaître irrémédiablement les Etats membres en proclamation leur dissolution, achever la régionalisation européenne, c’est à dire la landérisation des ex-Etats-membres (par surpression en France des petites communes via les CA les CU, et par suppression des départements et la diminution du nombre de régions…) et le tour serait joué… Outre le fait que rien ne démontre que la création d’un Etat fédéral permettrait de résoudre ces différents problèmes (ou alors, les Etats-unis ne devraient pas avoir de dettes, ni de problèmes de paupérisation, ni de déséquilibre de balance commerciale…etc, malgrès l’avantage que représente pour eux le dollar) dès lors que le schéma européen reste soumis aux règles libérales (et dérégulées) de la mondialisation dont elle n’est qu’un espace géographique, il faut aussi souligner qu’une telle évolution supposerait un changement de système politique sans précédent ce qui nécessiterait l’usage de la voie référendaire, au moins en France, pour qu’un tel changement soit approuvé ; sauf naturellement à considérer que les politiques pourraient savoir mieux que les peuples ce qui est bon pour eux….
    -la deuxième remarque sera de se demander si un Etat ne peut pas aujourd’hui recentraliser sa politique monétaire en battant de nouveau monnaie, non de la monnaie nationale, mais de l’euro : l’objectif serait de financer sa dette; en clair, je rembourse mes créanciers en fabricant du papier que j’injecte dans le circuit financier et donc économique mondial; les puristes avancerons l’argument de droit (cela n’est pas prévu par les traités et c’est même interdit car la BCE a le monopole de frapper monnaie) et crieront à la catastrophe, mais les tenants de la puissance de l’Etat remarqueront que cela ferait augmenter la masse monétaire ce qui est toujours bon pour la consommation et baisser la valeur de l’euro ce qui est toujours bon pour les exportations…. On oubliera pas les contribuables toujours satisfait de pouvoir payer moins d’impôt sans parler du sauvetage des banques qui, au lieu de se retrouver face à des pays en faillite, se retrouveraient avec le remboursement de leurs créances d’Etat.
    -La troisième remarque serait de rappeler à ceux qui dénoncent aujourd’hui (avec un peu de mauvaise fois et de morgue) le système bancaire dérglementé que cela fut décidé et mis en place progressivement par toute la classe politique en une dizaine d’années conséquemment tant à la ratification de l’acte unique européen (1988) qu’à la ratification du traité de maästricht (1992) qui imposèrent, au nom des principes fondamentaux communautaires (puis de l’union européenne) de libre concurrence et de libre prestation de service, le décloisonnement des activités bancaires (et donc la suppression de la loi bancaire de 1984), c’est à dire la déspécialisation entre banques de dépôt, banques d’affaires…etc; cela s’est alors traduit par la faculté pour les banques d’exercer toutes les prestations de service possible et inversement aux acteurs qui n’avaient pas vocation à exercer le métier de banque à le faire : a ainsi émerger la « banque-assurance », c’est à dire des entités (banquiers ou assureurs) faisant toutes activités bancaires et d’assurances; à cela il faudra ajouter dans le même temps et selon la même dynamique européenne, la suppression de la règlementation des capitaux aux frontières en vertu du principe communautaire non fondamental de libre circulation des capitaux, principe au nom duquel les juages sanctionnent tout acte politique (loi et autres) qui y porterait atteinte. A contrario, recloisonner les activités bancaires en séparant les banques de dépôt et banques dites de spéculation est une ineptie juridique si l’on est légaliste européen : si le royaume-uni peut se permettre une telle réforme, c’est parce qu’il ne fait pas partie de la zone euro et qu’il a ratifié les traités moyennant des restrictions nettes et précises concernant l’application et donc la portée de ces principes généraux. En France, pour appliquer une telle réforme, il faudrait être gaulliste dans l’âme, c’est à dire, n’en déplaise à tous ceux qui pense que la pensée du général est obsolète, revenir au compromis de luxembourg de 1966 (qui est une jurisprudence politique bien supérieur à n’importe quel principe du droit communautaire) : en clair, il faudrait réactiver l’idée, juridiquement exact, selon laquelle les intérêts supérieurs de la France prime sur les engagements européens sauf à considérer que la France n’est plus souveraine.
    En conclusion, il existe des solutions mais qui nécessitent évidemment de bousculer les privilèges d’une synarchie au service d’une puissance étrangère qui a toujours réussi à s’immiscer dans le projet européen afin qu’il soit conforme à ses intérêts : aujourd’hui c’est l’argument de droit qui stérilise la puissance des Etats, mais ce droit, n’est pas un droit au service des peuples mais la traduction juridique d’une idéologie libertaire qui place les les intérêts privés au dessus des intérêts publics. A bien y regarder, on pourrait qualifier pénalement l’attitude de certains politiques de haute trahison dès lors qu’ils jouent contre les intérêts de leur propre pays, c’est à dire les intérêts du peuple qui leur donne substance et légitimité; et à ceux qui se défient des peuples tout en présentant comme des démocrates, il faudra toujours rappeler que sans peuple dans la boucle des décisions fondamentales, il n’y a que dictature quelles qu’en soient la forme ou la dénomination.
    E.POURCEL

  2. Dominique DAGUET // 18 septembre 2011 à 19 h 06 min //

    Ce que dit Jacques Sapir est limpidement intelligent, et ce qui se passe aurait pu être prophétisé dès la signature du Traité de Maastricht. N’étant pas économiste, j’avais cependant écrit dans notre presse quotidienne, celle de l’Aube, que l’euro, étant une monnaie rigide, ne pouvait pas couvrir à la fois des zones économiques fortes et faibles à des degrés divers. Et j’avais pronostiqué que cette monnaie de caractère totalitaire – du moins en ce que ses promoteurs en faisaient d’avance une divinité – provoquerait des désastres. Nous sommes au bord…

    Je vous envoie cette réflexion qui fleurte avec l’humour noir : Plaidoyer pour l’audace

    Plaidoyer pour l’audace

    On prédit, de sondage en sondage, l’échec du Président Nicolas Sarkozy au mois de mai 2012 : il semble bien parti pour, en effet, subir une adaptation de la loi du talion. N’a-t-il pas foulé aux pieds le choix de 56% des Français en 2005 ? N’avait-il pas, lors de sa campagne en 2007, laissé entendre que l’Europe n’avait d’autre mission que de nous « protéger » alors que nous voyons bien qu’elle n’a jamais cessé de nous exposer au pire : la stagnation et parfois le recul, l’épandage sournois sur tout le territoire de notions perverses, la désintégration de notre pays, de notre patrie, l’abandon progressif de notre langue bienaimée au profit exclusif de l’anglais… Je ne vois donc qu’un moyen pour notre actuel président de renverser la vapeur à son avantage et, je l’avoue, au nôtre aussi : quel moyen ? Proclamer sereinement mais avec force, quelques jours avant le dépôt de sa candidature, qu’il nous a compris, qu’il a eu tort de penser différemment de la majorité des Français en 2005 et que donc il conviendrait, dirait-il intelligemment, d’entamer d’urgence, pour ne pas préciser immédiatement, une négociation rapide avec Bruxelles, avec également les 26 autres membres de ce conglomérat de nations dont la spécialité est une impuissance certaine, afin que la France retrouve à la fois sa monnaie – l’euro n’ayant été qu’une parenthèse destructrice, ce que personnellement j’avais écrit lors de l’adoption du Traité de Maëstricht – ainsi que sa souveraineté dans un certain nombre de domaines essentiels de sa subsidiarité : sans aucunement exclure qu’elle soit imitée sur le champ par quelques autres pays non encore asphyxiés.

    Il faudrait évidemment faire en même temps des propositions pour établir une nouvelle Europe, libérée de tous les sectarismes idéologiques qui la ligotent, désenchantée, cela va de soi, des sirènes fédéralistes de ceux qui ont mis la France à l’encan si ce n’est au cimetière, une Europe rénovée qui pourrait parfaitement se nommer celle « des nations », et dont la « règle d’or » serait de mettre hors la loi toute tentative d’instaurer une unification en un super état incontrôlable et antidémocratique qui serait le temple réservé d’une oligarchie financière : tout en recommandant la mise en route immédiate d’une formule souple d’accommodements particuliers soit entre l’ensemble, si cela est désiré, de toutes ces nations, soit avec seulement quelques-unes, alors plus intéressées que les autres à s’« associer » (et sans visées institutionnelles unificatrices) sur des projets économiques, politiques, diplomatiques ou culturels… Vive Airbus et l’EADS, par exemple : alors pourquoi pas bien d’autres aventures technologiques genre ITER , entre autres ?

    Il va de soi, dans mon esprit, qu’on inscrirait sans discussion la formule spécifiant que nous appartenons d’abord et avant tout à « l’Europe de l’Esprit », lequel esprit doit l’essentiel de sa vigueur, de son intérêt et de sa pertinence à la civilisation chrétienne…

    Ce serait aller à Canossa, me dit-on : point, car il ne serait pas exigé de lui qu’il se revêtit d’un habit de pénitent comme l’empereur Henri IV le fit autrefois, pour aller, en la fin du mois de janvier 1077, voir le Pape alors réfugié dans ce minuscule village italien qui fait l’honneur des Apennins, en vue de négocier avec lui son investiture : de plus ce serait très mauvais signe car ledit empereur n’hésita point à trahir sa promesse fort peu de temps après l’avoir proférée…

    Puis devant qui devrait-il s’agenouiller ? Et qui déterminerait les caractéristiques du vêtement de pénitent ? Surtout aujourd’hui où nos éminences de l’intelligence, autoproclamées seules à tout savoir comme à tout décider en matière d’histoire et de philosophie, et même de monnaie, l’euro étant devenu un dogme, une religion et même une transcendance divine – malgré Monsieur Onfray –, nous affirment que le péché n’existe plus, surtout pas à Kigali où règne le fomentateur principal des horreurs d’il y aura bientôt vingt ans et que nous avons reçu avec des honneurs qui ne devraient être dus qu’à des chefs d’état honnêtes et vertueux… Mais alors est-ce qu’il serait possible d’en recevoir ?

    Certes, il faudrait des engagements fermes, indubitables, et déjà des textes signés avant la tenue des élections : mais nous savons que notre chef d’État a des réflexes rapides et qu’il sait, quand il veut, aller vite ! Or rien ne peut être plus plaisant pour un président, quel qu’il soit et de quoi que ce soit, notamment de la République, que d’être réélu, car alors, n’ayant plus à se soucier pendant cinq ans d’une troisième réélection puisque qu’interdite par notre Constitution, non encore totalement dévaluée par rapport à l’intruse qui dicte les jeux de Bruxelles et de Strasbourg, il pourrait enfin réaliser son programme sans le trahir.

    Je crois que le challenge – vieux mot français déjà en service au XIIIe siècle, notamment chez François Villon – vaudrait la peine d’être tenté : d’autant que Nicolas Sarkozy trouverait en cette occasion (à ne pas rater) une chance unique de se faire bien valoir dans les livres d’histoire du XXIIe siècle…

    Reste la nécessité qu’il y a une décision à prendre dans les jours qui viennent – et non dans les mois – si l’on ne veut pas que le peuple français se trouve soudain jeté dans le maelstrom grec et bientôt espagnol et peut-être italien : car alors le désastre de la misère ensevelirait pour longtemps toute l’Europe du Sud et du Nord. Seule nos indépendances politique et économique, monnaie comprise, reprises à temps, nous permettraient de mettre en place des solutions éprouvées sans avoir à en référer sans cesse à une multitude de responsables irresponsables. Sans pour autant cesser de coopérer avec nos voisins européens : mais sans chaînes !

    Dominique Daguet

  3. Cette analyse de Jacques Sapir est parue sur le blog de Bertrand Renouvin, directeur politique de la Nouvelle action royaliste il y a 3 jours avec la bienveillance de son auteur.

  4. Comme il est épuisant de lire ces Diafoirus .
    Pas un de ces crétins diplômés ne signale , ne relève que la dette publique est une création synthétique, créée de toutes pièces par la forfaiture du tandem rotschildien Pompidou Giscard par la loi du 3 janvier 1973 , dispositions étendues à toute l’Europe par l’article 123 du traité de Lisbonne.
    La dette publique est une arnaque qui ne profite qu’à la haute finance puisque l’État a renoncé à ses prérogatives régaliennes de battre monnaie.
    C’est simplement une trahison de nos dirigeants.
    L’habillage économique des pseudo expert est pathétique.
    La dette doit être répudiée , le système bancaire mis en faillite ,les banquiers arrêtés.
    C’est un problème éminemment politique nullement économique.
    Il est grand temps qu’un homme politique qui ne soit pas un pantin à la solde du système bancaire se lève pour combattre ce moloch bancaire qui ruine le peuple et détruit notre civilisation.
    Tout le monde peut constater notre régression sociale.
    J’attends toujours les déclarations précises et argumentées à la tribune de l’assemblée.
    Pour l’instant tout les élus se courbent.
    C’est un scandale.

  5. Castelin michel // 17 septembre 2011 à 22 h 45 min //

    Mais il (M.Sapir) reste toujours dans le cadre d’une monnaie commune…

    Or, je vous le demande, comment çà se gouverne ? une monnaie commune ?

    Ne serait-ce pas au moyen d’un agglomérat transnational (donc supranational !) de responsables chargés de faire croire que des économies to-ta-le-ment différentes peuvent s’accorder, s’équilibrer et prospérer de conserve?

    Comme la monnaie unique, cette monnaie commune est encore une construction intellectuelle faite par des experts, des intellectuels et portée- hélas- par des politi… ciens (et non des personnalités politiques) qui veulent biaiser avec l’opinion publique par souci électoraliste.

    La monnaie ciommune? c’est NON !
    Comme la monnaie unique : sortir des schémas supranationaux.

    Entente, concorde et coopération équitable de Peuples souverains et de Nations indépendantes. La vraie mondialisation.
    Castelin michel

  6. Vous allez trop vite en besogne , Monsieur SAPIR .
    En effet, les politiques actuellement aux manettes dans les diférents pays européens ne sont pas des avions en matière de résolution d’une crise économique et monétaire majeure. Ils font du vent et s’agitent à grands frais, comme des girouettes ou éoliennes mues par le seul désir de rester perchés !
    Dans ces conditions c’est plus une agonie de la Zone Euro qu’il faudrait entrevoir et chacun sait qu’en matière monétaire lorsque l’on prend son temps….l’ardoise s’accroit démesurément et c’est le cas!!!!.
    Effacer la dette des Grecs , qui seront quoi qu’on fasse incapables de produire la richesse vive nécessaire au remboursement de la dette abyssale contractée, serait la seule voie économique et monétaire les moins couteuses pour les « idiots bling-bling » qui ont prété les yeux fermés à la Grèce. On le sait , alors pourquoi insister ???????
    Cette décision courageuse éviterait de remettre en question la Zone Euro et remettrait la Grèce à flot. Certes, l’ardoise serait dans ce cas supportée par les « donateurs » , mais cela ne va-t-il pas dans le sens d’une réelle solidarité tant proclamée par tous les protagonistes européens !!!!
    Alors bien sûr personne ne voudra payer pour les « idioties » grecques…..mais tout le monde accepterait d’avoir les politiques les plus sots du monde ? Pour éviter d’entrer en Absurdie européenne rappelons-nous qu’on ne subit pas l’avenir, on le fait ! Bernanos,avait raison, alors même que l’Euro lui était inconnu !

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